Attentat de Kocha Risaldar

Attentat de Kocha Risaldar
Localisation Peshawar, Khyber Pakhtunkhwa (Drapeau du Pakistan Pakistan)
Cible Civils chiites duodécimains
Coordonnées 34° 00′ 21″ nord, 71° 34′ 13″ est
Date
13 h 7 (UTC+5)
Type Fusillade
Attentat-suicide
Armes Pistolet
Ceinture explosive
Morts 63 morts[1]
Blessés 194 blessés
Auteurs Djoulaïbib al-Kabouli
Organisations État islamique au Khorassan
Mouvance Anti-chiisme
Géolocalisation sur la carte : Pakistan
(Voir situation sur carte : Pakistan)
Attentat de Kocha Risaldar

L'attentat de Kocha Risaldar désigne une fusillade et un attentat-suicide s'étant produits à proximité et à l'intérieur de la mosquée Imam Bargah de Peshawar au Pakistan, le .

L'attentat, ciblant spécifiquement des civils chiites duodécimains, est rapidement revendiqué par l'État islamique. Avec 63 morts et 194 blessés, il constitue au moment de sa perpétuation, l'attaque terroriste la plus dévastatrice commise dans le pays depuis l'Attentat de Mastung et Bannu, également revendiquée par l'État islamique, ayant frappé une réunion électorale du Parti baloutche Awami à Mastung, le (149 morts et 186 blessés)[2].

Contexte modifier

Le chiisme au Pakistan représente entre 10 et 15 % de la population, en majorité partisans du chiisme duodécimain, très peu apprécié par de nombreux pakistanais sunnite à cause de leurs doctrine (Aqidah).

Depuis plusieurs décennies au Pakistan, de lourds contentieux existent entre les musulmans sunnites et les chiites. Des factions djihadistes comme l'État islamique au Khorassan ou encore Jundullah, ont perpétré des attentats contre des cibles chiites, notamment une attaque contre mosquée à Shikarpur le .

L'Iran déploie aussi son influence pour recruter des Pakistanais chiites pour combattre en Syrie au sein de la Liwa Zainebiyoun. Les services de renseignements iraniens ont réussi à infiltrer le Pakistan grâce à des cellules militantes, que ça soit pour le renseignement, le recrutement ou le prosélytisme religieux[3].

Déroulement modifier

La cible de l'attentat est la mosquée Imam Bargah située sur la Kocha Risaldar, une ruelle étroite se trouvant à proximité du quartier historique de Qissa Khwani Bazaar (en) à Peshawar[4],[5],[6]. Le bâtiment est placé sous protection policière en raison de sa fréquentation par des chiites duodécimains, une communauté qui fait régulièrement l'objet d'attaques meurtrières dans le pays.

L'attentat débute à 12 h 55 heure normale du Pakistan (UTC+5) lorsqu'un homme vêtu de noir et armé d'un pistolet est déposé près la mosquée par deux complices se déplaçant en rickshaw motorisé[7],[8],[9].

L'homme poursuit son trajet jusqu'à la mosquée à pied et ne tarde pas à ouvrir le feu sur les deux policiers postés à l'extérieur de l'édifice. L'échange de coups de feu laisse un policier mort, l'autre policier, grièvement blessé, décédera de ses blessures. L'assaillant indemne, poursuivra son chemin[7],[10],[11],[12].

Une caméra de vidéosurveillance du couloir menant à la salle de prière le montre en train de courir pistolet au poing. À 13:07:15, elle montre l'assaillant en train de tirer à bout portant sur un autre homme, qui s'effondre aussitôt.

À 13:07:17, elle montre le terroriste entrer dans la salle de prière. Et à 13:07:28, elle montre le souffle de l'explosion balayer le couloir[13].

L'explosion s'est produite lorsque le terroriste a atteint le minbar selon un témoin et lorsqu'il a atteint la troisième rangée de prieurs selon Moazzam Jah Ansari (en), l'inspecteur général de la police du Khyber Pakhtunkhwa[7].

Selon la police, la ceinture du terroriste comportait une charge de 5 kilogrammes d'explosifs ainsi qu'un système d'une centaine de roulements à billes pour maximiser les dégâts autour de l'explosion, ce qu'on appelle communément l'effet Shrapnel[13].

Victimes modifier

Un premier bilan établi par l'hôpital Lady Reading (en) fait état d'au moins 30 morts et 56 blessés. Ces nombres sont dans revus à la hausse par la police pakistanaise qui parle de 45 morts et 65 blessés[14], puis par l'hôpital Lady Reading lui-même dont le porte-parole Muhammad Asim Khan indique à l'AFP qu'« au total, 56 personnes sont mortes et 194 blessées. Les blessés incluent 50 patients dans un état critique »[15].

L'imam de la mosquée, Irshad Khalili, est décédé dans l'attentat[16].

Selon un nouveau rapport publié par la police pakistanaise, le bilan de l'attaque est monté a plus de 63 personnes tuées, dont l'assaillant. Le bilan risque encore de s'alourdir compte tenu des personnes encore blessé critiquement[17].

Responsabilité modifier

L'État islamique au Khorassan revendique l'attaque la soirée du au . Selon l'organisation, l'attaque a été mené par un homme nommé Djoulaïbib al-Kabouli.

Le groupe accuse les forces militaires pakistanaises et les talibans de défendre la minorité chiite duodecimaine accusé par l'État islamique d'hérésie et de mécréance. Le groupe affirme avoir tué 50 personnes et blessés au moins 200 personnes avec divers degrés de blessures, sous entendant que le bilan risquera de s'alourdir. Voici la déclaration complète :

« Des dizaines de chiites ont été tués et blessés dans un attentat-suicide majeur qui a frappé leur temple au Pakistan.

Des sources sécuritaires ont indiqué à l'agence de presse "Amaq" qu'un combattant de l'État islamique a réussi aujourd'hui, vendredi, à prendre d'assaut un temple chiite dans la ville de Peshawar, au nord-ouest du Pakistan, après avoir abattu deux membres de la police pakistanaise qui gardaient le temple, tuant l'un d'eux et blessant l'autre.

Les sources ont ajouté que le martyr "Djoulaïbib al-Kabouli" s'est interposé au milieu des masses chiites à l'intérieur de leur temple, et a fait exploser une ceinture hautement explosive, tuant au moins 50 chiites et en blessant plus de 200 autres avec des divers degrés de blessures, et donc des possibilités d'augmentation du nombre de décès.

Les combattants de l’État islamique ciblent constamment les chiites vivant au Pakistan et en Afghanistan, malgré les mesures sécuritaires intensives imposées par les milices talibanes et la police pakistanaise pour sécuriser les temples et les centres chiites »[18].

Selon Evan Kohlmann (en), la nisbah du terroriste (i.e. al-Kabouli) indique qu'il est très probablement de nationalité afghane, ce qui est confirmé dans un second temps par les autorités du Pakistan, qui affirment qu'il a émigré dans le pays avec sa famille des décennies auparavant. Il serait néanmoins retourné un temps en Afghanistan pour y subir un entrainement militaire. C'est durant cette période que ses parents ont signalé sa disparition à la police et émis des soupçons quant au fait qu'il ait pu rejoindre Daech[8].

Suite modifier

Le mardi 8 mars, la branche afghane de l'État islamique a revendiqué une nouvelle attaque au Baloutchistan[19].

Lors de la visite du président de la République Pakistanais Arif Alvi, près de Sibi au Baloutchistan, un combattant de l'État islamique a fait exploser sa charge explosive au milieu d'un rassemblement de militaires et d'officiel pakistanais. Au moins six militaires ont perdu la vie, et vingt-deux autres ont été blessés[20],[21].

Références modifier

  1. https://www.google.com/s/www.lexpress.fr/actualites/1/monde/pakistan-62-morts-dans-un-attentat-contre-une-mosquee-de-peshawar_2169218.html
  2. « Au Pakistan, attaque meurtrière contre une mosquée chiite de Peshawar », France 24, .
  3. (en) « ANALYSIS - Iran-backed Zainabiyoun Brigade could become Pakistan’s new national security problem », sur aa.com.tr (consulté le ).
  4. (en) « Religious fraternity condemns Peshawar suicide attack », The Nation, .
  5. (en) Najibullah Lalzoy, « ISIS claims responsibility for Peshawar bomb blast », Khaama Press (en), .
  6. (en) Ismail Khan et Salman Masood, « ISIS Claims Bombing of Pakistani Mosque, Killing Dozens », The New York Times, .
  7. a b et c (en) Abu Bakr Siddiqi, Nadia Saboohi, Rizwan Yousufzai et Sheeba Haider, « Suicide attack on Peshawar mosque during Friday prayers kills 57 worshippers, injures close to 200 », Geo News (en), .
  8. a et b (en) Ismail Khan et Salman Masood, « Pakistan Identifies Peshawar Suicide Bomber and Network, Police Say », The New York Times, .
  9. (en) Sirajuddin, « Suicide blast in Peshawar mosque claims 56 lives, injures more than 190 », Dawn, .
  10. (en) « Dozens killed as mosque bombed in northwest Pakistan », Al Jazeera, .
  11. (en) Kathy Gannon et Riaz Khan, « IS claims Pakistan bombing that kills 56 at Shiite mosque », Associated Press, .
  12. (en) Kathy Gannon et Riaz Khan, « Death toll climbs to 63 in deadly Pakistan IS mosque attack », Associated Press, .
  13. a et b (ur) « پشاور مسجد میں خودکش حملے کی سی سی ٹی وی فوٹیج سامنے آگئی » [« Des images de vidéosurveillance de l'attentat-suicide de la mosquée de Peshawar ont fait surface »], sur Express.pk,‎ .
  14. (en) Riaz Khan, « Pakistan police say death toll in mosque bombing rises to 45 », .
  15. « Pakistan : au moins 56 morts dans un attentat contre une mosquée de Peshawar », Le Figaro, .
  16. (ur) « پشاور: مسجد میں نمازِ جمعہ کے دوران دھماکا، امام سمیت 56 افراد شہید », Dunya News (en),‎ .
  17. https://www.google.com/www.lexpress.fr/actualites/1/monde/pakistan-62-morts-dans-un-attentat-contre-une-mosquee-de-peshawar_2169218.html
  18. (en) « IS Takes Credit for Deadly Suicide Bombing at Shi'ite Mosque in Peshawar », SITE Intelligence Group, .
  19. (en) « Wassim Nasr (@SimNasr) on X », sur Twitter (consulté le ).
  20. Belga, « Pakistan : trois morts dans une explosion à proximité du lieu de visite du président », sur rtbf.be, (consulté le ).
  21. https://www.reuters.com/world/asia-pacific/six-pakistani-soldiers-killed-suicide-bombing-2022-03-08/