Attentat du 18 juin 1961

attentat à la bombe du dimanche 18 juin 1961

L'attentat du ou attentat du train Strasbourg-Paris est un attentat à la bombe perpétré le dimanche sur la ligne ferroviaire de Paris à Strasbourg entre les gares de Vitry-le-François et Loisy-sur-Marne. Vers 15 h 10, le train rapide no 12 Strasbourg-Paris déraille à la hauteur du village de Blacy. Le déraillement est provoqué par une bombe placée sous le rail, qui explose au passage du train. Selon des historiens et des journalistes, la bombe aurait été placée par l’OAS dans le contexte de la guerre d'Algérie[1].

Attentat du
Localisation Blacy
Coordonnées 48° 43′ 45″ nord, 4° 33′ 51″ est
Date
Entre 15h10 et 15h15
Type Attentat à la bombe
Morts Entre 24 et 28
Blessés Entre 132 et 170
Auteurs présumés Organisation armée secrète
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Attentat du 18 juin 1961

L'attentat fait 24 morts et 132 blessés[1] ou 28 morts et 170 blessés[2]. Il reste l'attentat le plus meurtrier commis en France, devant l'attentat de la rue Saint-Nicaise visant Napoléon, qui fit 22 morts en 1800, jusqu'aux attentats du en Ile-de-France, qui ont fait 130 morts.

Attentat longtemps caché

modifier

En 1961, durant l’enquête, Jacques Duclos, un des dirigeants du Parti communiste français attribue lors de débats parlementaires cet attentat à l’OAS, qui dans une lettre laissée au chef de gare de Vitry-le-François, menace de faire sauter la voie.

Il critique également :

  • « les affirmations officielles faites à la suite de cette catastrophe pour écarter l'éventualité d'un sabotage »,
  • la longueur de l'enquête qui traine depuis plus de six mois,
  • l'absence d'explications donnée à la SNCF,
  • le refus d'indemnisation des victimes,
  • le fait que les autorités aient tenu à écarter toute responsabilité de l'OAS[3].

La cour de cassation a estimé qu'il n'y avait aucune preuve que les auteurs de l'attentat ne fissent pas partie de la SNCF[4].

Selon le journaliste d'investigation Pierre Abramovici, cet attentat de l'OAS est « l'attentat ferroviaire resté secret d’État », et dès le début de l'enquête la Sûreté parisienne écarte la thèse de l'attentat malgré une lettre anonyme reçue par le chef de gare de Vitry-le-François plusieurs semaines avant et donnée à la police mais sans suite[2].

L'attentat n'est reconnu qu'en 1966 par l'État qui accepte d'indemniser les victimes mais sans l'imputer à l'OAS[5].

Victimes

modifier

Parmi les victimes de cet attentat, on compte notamment[6] :

  • Hugues Henry (24 ans), élève officier ;
  • Jean Prudhomme (20 ans), militaire ;
  • Charles Fourrier (58 ans), monteur ;
  • Jean-Pierre Gay (29 ans), lieutenant ;
  • Marcel Cressot (65 ans), professeur de philologie à l'Université de Nancy ;
  • Tahar Mehdaoui (50 ans) ;
  • Jean-Pierre Neuberg ;
  • Dr Jacques Guibal[7] (64 ans), chirurgien ;
  • Madeleine Penet, épouse Guibal ;
  • Xavier Haas ;
  • Lombardini, étudiant ;
  • Dr Émile Rémigy (36 ans), hématologue et directeur-adjoint du Centre régional de transfusion sanguine[8] et de réanimation de Nancy[9], dont les travaux pionniers sur le traitement de l'hémophilie A par extraction du facteur VIII en exploitant le cryoprécipité[10],[11],[12],[13] furent brutalement arrêtés ;
  • Franco Mendosa ;
  • Boucher (55 ans) ;
  • Richardot, inspecteur du travail ;
  • Josette Cubialde, née Loubet ;
  • Robert Tozare (62 ans) ;
  • Michel Maecker, sous-chef de gare à la SNCF à Pantin ;
  • Trempe, âgé de 15 ans et demi, apprenti à la SNCF de Blainville ;
  • Micheline Oudol, jeune fille.

Commanditaire

modifier

Pour Le Parisien[14], en 2015, le doute subsiste sur le fait que le déraillement soit un attentat de l’OAS, mais plusieurs historiens, journalistes et Le Monde considèrent que c'est bien le cas[15] et le plus meurtrier attribué à l'OAS hors de l'Algérie[1]. Pour l'historienne Anne-Marie Duranton-Crabol, l'attribution de cet attentat à l'OAS s'est faite très tard parce que ses auteurs qui étaient très jeunes n'avaient pas été tous inculpés[1]. Les historiens Jacques Delarue et Odile Rudelle mettent cet attentat, réalisé à la date « symbolique » du jour anniversaire de l'appel du 18 juin 1940, « dans le sillage » du putsch des généraux du [16].

Notes et références

modifier
  1. a b c et d Duranton-Crabol 1995, p. 144.
  2. a et b Abramovici, Historia, 2004.
  3. Duclos 1962.
  4. Bulletin de la Cour de cassation 1967.
  5. Christophe Radé, Droit du travail et responsabilité civile, L.G.D.J, , p. 295.
  6. « Histoire. 18 juin 1961 : l’attentat du Strasbourg-Paris », sur www.dna.fr (consulté le ).
  7. « nom : GUIBAL Jacques », sur www.professeurs-medecine-nancy.fr (consulté le ).
  8. « Les Centres de Transfusion Sanguine de Nancy », sur www.professeurs-medecine-nancy.fr (consulté le ).
  9. « nom : REMIGY Emile », sur www.professeurs-medecine-nancy.fr
  10. (en) C. Sibinga, « Emile Rémigy and the discovery of anti‐haemophilic activity in cryoprecipitate », Haemophilia : the official journal of the World Federation of Hemophilia,‎ (DOI 10.1111/j.1365-2516.1996.tb00013.x, lire en ligne).
  11. (en) Albert Farrugia, « Factor VIII manufactured from plasma—the ups and downs, and the up again: a personal journey—part 1: history of the development of plasma-derived factor VIII therapies », Annals of Blood, vol. 3, no 2,‎ (ISSN 2521-361X, lire en ligne).
  12. (en) Albert Farrugia et Cees Th Smit Sibinga, « The discovery of cryoprecipitate as a modality for hemophilia A: Augmenting the allocation of credit », Transfusion, vol. 61, no 8,‎ , p. 2517–2518 (ISSN 1537-2995, PMID 34365667, DOI 10.1111/trf.16562, lire en ligne).
  13. Laurence Lacour, Le chant sacré: Une histoire du sang contaminé - 1945-1983, Stock, (ISBN 978-2-234-07292-3, lire en ligne).
  14. Le Parisien.fr, 7 janvier 2015.
  15. L'attentat le plus meurtrier depuis 1961, Le Monde, 7/1/2015.
  16. Delarue et Rudelle 1990, p. 8.

Voir aussi

modifier

Bibliographie

modifier

Articles connexes

modifier

Liens externes

modifier