Au Planteur

bâtiment commercial dans le 2e arrondissement de Paris

Au planteur est un ancien marchand de café de Paris, en France. Son enseigne en céramique, représentant un esclave servant son maître, est inscrite aux monuments historiques depuis mais sa présence dans l'espace public est controversée en raison de son esthétique raciste et colonialiste.

Au planteur
Vue de l'enseigne en céramique de l'ancien marchand de café.
Présentation
Destination initiale
Marchand de café
Destination actuelle
Magasins
Construction
XIXe siècle
Propriétaire
Propriété privée
Patrimonialité
Localisation
Pays
Département
Arrondissement
Coordonnées
Carte

Localisation

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L'ancien magasin est situé au 10-12, rue des Petits-Carreaux, dans le 2e arrondissement de Paris.

Description

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Vue d'ensemble de l'immeuble.

Il ne subsiste plus que quelques éléments de la devanture de l'ancien magasin.

Entre les deux fenêtres du premier étage est installé un panneau en carreaux de céramique peints[1] qui représente, dans un décor tropical[2], un homme noir, esclave, servant une tasse de café à un homme blanc, probablement le planteur[3] (propriétaire de la plantation).

L'esclave n'est vêtu que d'une culotte rayée blanc et rouge, il est pieds nus, et porte des bracelets aux bras et aux avant-bras[4], ainsi qu'un collier et une boucle d'oreille. Le planteur est habillé dans un élégant style colonial, complet et chapeau blancs, et tient une pipe à la main.

Ce contraste de tenue souligne le rapport de domination entre les deux hommes, comme le fait aussi la différence de posture : l'esclave se tient debout tandis que le colon est assis sur des sacs de marchandises[2], accoudé sur une table.

Signature de Crommer.
Signature de Crommer.

Le panneau est signé Crommer[3] en bas à droite.

Au-dessus du panneau est affiché le nom de l'établissement : « Au planteur ». En dessous, un autre panneau précise : « aucune succursale ».

Mis à part ce panneau central, les deux premiers niveaux de l'immeuble sont coffrés de bois dans un style néo-classique[1].

Historique

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Le magasin, ouvert en [5],[6], est une épicerie proposant des produits exotiques, dont du café[7], ainsi que du chocolat et du thé[8]. L'enseigne actuelle est installée en . Le magasin ferme au début des années [9], après quoi le rez-de-chaussée de l'immeuble est occupé par deux boutiques sans rapport (en  : une boutique de cosmétiques Marionnaud et un studio de tirage photographique[10]).

La devanture est inscrite aux monuments historiques par arrêté du [11].

En , elle fait partie de l'exposition photographique Les statues meurent aussi de Falk Messerschmidt, Jan Mammey, et Fabian Reimann, au palais de la Porte-Dorée, qui documente des lieux de Paris témoignant de l'époque coloniale mais tombés dans l'indifférence[10].

En , de la peinture noire est projetée sur l'enseigne[12].

Références

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  1. a et b Valérie Chiche, Le 2e arrondissement : Itinéraires d'histoire et d'architecture (catalogue de l'exposition Paris en 80 quartiers, Paris, mairie du 2e arrondissement, ), Paris, Action artistique de la ville de Paris, coll. « Paris en 80 quartiers », , 144 p. (ISBN 2-913246-22-2), p. 106.
  2. a et b « Enseignes coloniales à Paris : Au Nègre joyeux et Au planteur », sur Archéologie du futur / Archéologie du quotidien, .
  3. a et b Anja Bandau et Rebekka von Mallinckrodt, « Introduction : Entre Bicentenaires,  », dans Anja Bandau (dir.), Marcel Dorigny (dir.) et Rebekka von Mallinckrodt (dir.), Les mondes coloniaux à Paris au XVIIIe siècle : Circulation et enchevêtrement des savoirs, Paris, Karthala, coll. « Hommes et sociétés », , 297 p. (ISBN 978-2-8111-0380-4), p. 11 [lire en ligne]. Une photo de l'enseigne est en couverture de l'ouvrage.
  4. Caroline Hauer, « Paris : Ancienne enseigne "Au planteur" 10 / 12 rue des Petits Carreaux, témoignage polémique du passé colonial de la France - IIème », sur parisladouce.com, .
  5. « La Chromolithographie et les Orléans », sur dorleans.org.
  6. « Jugement du Tribunal de commerce de la Seine du  », Gazette judiciaire et commerciale de Lyon, t. 11 (12e année), no 1380,‎ , p. 666 (lire en ligne).
  7. Julien Badaud, « À Paris, faut-il retirer les fresques du temps des colonies ? », sur Rue89, .
  8. Meryem Khouya, Paris 2e arrondissement, Paris, Parimagine, coll. « Mémoire des rues » (no 2), , 191 p. (ISBN 2-916195-17-9 (édité erroné) et 2-916195-17-3), p. 110.
  9. Il est encore ouvert lorsqu'il est mentionné par Le Figaro Magazine du , p. 107, mais est qualifié d'« ancien marchand de café » dans la liste des immeubles classés parmi les monuments historiques et inscrits sur l'inventaire supplémentaire des monuments historiques au cours de l'année , JORF, no 76, , p. 3741, sur Légifrance.
  10. a et b Raoul Mbog, « “Les statues meurent aussi” : Paris sur les traces oubliées de son passé colonial », Télérama, .
  11. « Ancien marchand de café », notice no PA00086084, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  12. Photographie d'Anne-Christine Poujoulat, Agence France-Presse, , reproduite dans Henry Laurens, « Le passé imposé - Épisode 10/11 : Minorités, mémoires coloniales et racialisation », Les Cours du Collège de France, sur radiofrance.fr, France Culture, et Étienne Huyghe, « Le postcolonialisme : une impasse conceptuelle à interroger ? », sur The Conversation,  ; le vandalisme est toujours visible en  : voir Hauer 2021 et Jean Rieucau, « Noms de rue et mémoires en conflit : Controverses liées aux odonymes coloniaux dans l'espace public urbain en France », Géoconfluences, .

Annexes

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Articles connexes

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Liens externes

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