Bénédictine

liqueur produite à Fécamp
Bénédictine
Image illustrative de l’article Bénédictine
Bouteille de Bénédictine.

Pays d’origine France
Ville d’origine Fécamp
Société Bacardí
Distributeur Bacardí
Type Liqueur
Degré d'alcool 40%
Site web www.benedictine.frVoir et modifier les données sur Wikidata

La Bénédictine est une liqueur digestive, fabriquée à Fécamp en Normandie.

La société de production appartient au groupe Bacardí-Martini France[1].

Histoire modifier

Création modifier

Selon la légende maison, un élixir de santé aurait été mis au point par un moine vénitien, Dom Bernardo Vincelli à l'abbaye de Fécamp en 1510. Alchimiste et herboriste, il aurait distillé quelques-unes des plantes médicinales qu'il trouvait en abondance sur le plateau cauchois. Le breuvage aurait été très apprécié par le roi François Ier[2]. Au fil des ans, la recette initiale aurait été perdue, puis retrouvée en 1863 par le négociant en vin Alexandre Le Grand.

Historiquement, il n'existe aucune trace monastique de l'existence d'un moine dénommé Bernardo Vincelli[3], ni du fait que François Ier ait apprécié un élixir provenant de l'abbaye de Fécamp. Une autre version explique en complément qu'à la dispersion de l'ordre des bénédictins lors de la Révolution française, le manuscrit contenant la formule est racheté par un notable de Fécamp en 1791 sans connaître son contenu, et que ce document soit retrouvé dans la bibliothèque familiale par son lointain descendant Alexandre Le Grand en 1863[2]. Sans doute plus précisément, il semble qu'Alexandre Le Grand ait concocté lui-même la liqueur, aidé d'un pharmacien[4], à partir de vieilles recettes médicinales qu'il possédait dans un livre, ayant appartenu à l'abbaye, un de ses aïeux maternels ayant exercé la charge de procureur fiscal de l'abbaye. Alexandre Le Grand entreprend la création d'un nouvel « élixir de santé » qu’il baptise « Bénédictine »[5],[6].

Industrialisation modifier

Alexandre Le Grand se lance dans sa fabrication industrielle en construisant un « palais-usine » de style néo-gothique et néo-Renaissance, œuvre de l'architecte Camille Albert, le Palais Bénédictine.

Le succès immédiat de la Bénédictine, dont la production atteint près de 150 000 bouteilles par an, dès 1873, oblige son créateur à lutter contre les contrefaçons de son produit. Le nom Bénédictine est déposé dès 1875[2].

En 1969, l'entreprise rachète GET Frères, produisant la liqueur Pippermint Get, qu'elle renomme Get 27[7].

En 1986, le groupe Martini & Rossi prend le contrôle de Bénédictine-Get[8], groupe lui-même racheté par le groupe familial Bacardí en 1992.

Internationalisation modifier

En 2010, 75 % de la production est exportée[9]. Ses plus gros consommateurs sont les États-Unis, la Malaisie et Singapour.

En 2020, Bacardi sort Bénédictine 1888, un assemblage de Bénédictine et cognac[10].

Bouteille modifier

Chaque bouteille de Bénédictine est munie d’un bouchon portant l’inscription : « Véritable Bénédictine » tout autour, avec en dessous le sigle D.O.M. (Deo Optimo Maximo, latin pour : « À Dieu, le meilleur, le plus grand »), et une large ligature de plomb autour du col des bouteilles avec l’inscription : « Véritable † Bénédictine ».

En 2019, 300 bouteilles de Bénédictine sont récupérées dans l'épave du SS Kyros coulé en 1917[11].

Ingrédients modifier

Certaines des épices entrant dans la composition de la Bénédictine.

La Bénédictine est composée à partir de miel et de vingt-sept épices orientales et de plantes locales où entrent l’angélique, l’hysope, le genièvre, la myrrhe, le safran, le macis, la fleur de sapin, l’aloès, l’arnica, la mélisse, le thé, le thym, la coriandre, la girofle, le citron, la vanille, le zeste d’orange, les baies rouges, la cannelle et la noix de muscade ; elle titre à 40 % d'alcool.

La recette actuelle est toujours tenue secrète et il en existe trois exemplaires tenus cachés en trois endroits différents de la planète[réf. nécessaire]. Les alambics de cuivre que le visiteur peut apercevoir dans les locaux sont ceux d'origine du temps d'Alexandre Le Grand, toujours utilisés aujourd'hui pour la distillation. Le moelleux du produit fini nécessite plusieurs processus de distillation et environ deux ans de vieillissement en fût de chêne, toujours localisés dans le Palais de Fécamp. L'embouteillage, lui, se fait désormais dans l'usine du groupe Bacardí-Martini à Beaucaire, dans le Gard.

Gastronomie modifier

Spécialités normandes modifier

La Bénédictine est largement utilisée en Normandie dans la confection de confiseries telles que les « truffes à la Bénédictine » ou de desserts tels que les « crêpes », le « soufflé à la Bénédictine, » ainsi qu’à rehausser la saveur des gâteaux, comme le Bénédictin. Elle peut également être utilisée avec les légumes, la viande, les fruits de mer ou le poulet.

Cocktails modifier

La Bénédictine entre dans la composition de certains cocktails, dont :

  • Béné dégraissée (moitié Bénédictine, moitié calvados)
  • B & B (moitié Bénédictine, moitié cognac - le B est pour Brandy - à raison de 40 % de cognac et 60 % de Bénédictine)
  • Crazy Ben
  • Creole Cocktail
  • Gypsy Variation
  • Kentucky Colonel
  • Moonstar
  • Maxim's Coffee
  • Orient Express
  • Rolls Royal Cocktail
  • Singapore Sling
  • Sunny day
  • Tarantula
  • Toothfull
  • Vieux Carré
  • Winters Moon

Le B&B a été inventé par le barman du 21 Club à New York dans les années 1930 et est surtout vendu à l’export pour les pays anglophones, ce qui explique que le nom du produit soit en anglais.

Culture modifier

Publicité modifier

En 1990, l'affichiste Michel Bouvet est invité à composer une image.

À l'occasion du 500e anniversaire (1510-2010), trente-deux artistes contemporains exposent au Palais Bénédictine, les œuvres qu'ils ont conçues sur le thème des mystères de l'alchimie.

Art modifier

La Bénédictine et son flacon ont inspiré des artistes comme les peintres Paul Gauguin, Le Douanier Rousseau (La Bougie rose) ou Marcel Duchamp, et des affichistes comme Mucha, Paul Iribe et Leonetto Cappiello qui l'ont représenté dans certaines de leurs œuvres[réf. souhaitée].

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Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Notes et références modifier

  1. (en) Merrill Singer et J. Bryan Page, Social Value of Drug Addicts : Uses of the Useless, Walnut Creek, California, Left Coast Press, (ISBN 978-1-61132-118-0, lire en ligne)
  2. a b et c Jean Watin-Augouard (préf. Maurice Lévy), Marques de toujours, Paris, Éditions Larousse/VUEF, , 237 p. (ISBN 2-7441-7580-3), « Bénédictine »
  3. L'existence d'un Dom Bernardo Vincelli, qui aurait été le précurseur en inventant la recette est pour le moins énigmatique, car aucune liste de moine de Fécamp, ni liste de moines bénédictins conservées ne le mentionne. Source : abbaye de Saint-Wandrille.
  4. D'après une interview de M. Alain Le Grand, donnée pour FR3 dans le cadre du reportage Le Palais Bénédictine de Fécamp.
  5. (en) George Leonard Herter, How to Make the Finest Wines at Home, Herter's, , p. 212
  6. « L'élixir d'Alexandre Le Grand », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  7. La distillerie revéloise GET - lauragais-patrimoine.fr
  8. Saint-Orens-de-Gameville. Légion d'Honneur pour la PDG de Get 27, ladepeche.fr, 10 mars 2013
  9. Xavier Oriot, Bénédictine : de l'élixir de santé à la liqueur, ouest-france.fr, 6 novembre 2010.
  10. François de Guillebon, « Une quatrième appelation pour la célèbre liqueur Bénédictine », sur Whisky Mag, (consulté le )
  11. Par Laurent Derouet Le 19 novembre 2019 à 12h53 et Modifié Le 20 Novembre 2019 À 17h20, « 300 bouteilles de Bénédictine fabriquée à Fécamp, découvertes au fond de la Baltique », sur leparisien.fr, (consulté le )