Barrage de Bort-les-Orgues

barrage sur la Dordogne, en France
Barrage de Bort-les-Orgues
Vue du barrage.
Géographie
Pays
Régions
Départements
Communes
Coordonnées
Cours d'eau
Objectifs et impacts
Vocation
Propriétaire
EDF - Unité de production Centre
Date du début des travaux
Date de mise en service
Barrage
Type
poids-voûte en béton
Hauteur
(lit de rivière)
120 m
Hauteur
(fondation)
135 m
Longueur
390 m
Épaisseur en crête
m
Épaisseur à la base
80 m
Réservoir
Nom
Altitude
542,5 m
Volume
477 millions de
Superficie
10,7 km²
Longueur
21 km
Centrale(s) hydroélectrique(s)
Nombre de turbines
2
Type de turbines
Puissance installée
235 MW
Production annuelle
310 GWh/an
Localisation sur la carte de France
voir sur la carte de France
Localisation sur la carte du Cantal
voir sur la carte du Cantal
Localisation sur la carte de la Corrèze
voir sur la carte de la Corrèze
Localisation sur la carte d’Auvergne-Rhône-Alpes
voir sur la carte d’Auvergne-Rhône-Alpes
Localisation sur la carte de Nouvelle-Aquitaine
voir sur la carte de Nouvelle-Aquitaine

Le barrage de Bort-les-Orgues est un barrage en béton situé sur la Dordogne, sur les communes de Bort-les-Orgues (Corrèze) et de Lanobre (Cantal), retenant le lac homonyme. Il s'agit d'une des plus grandes retenues françaises pour un barrage en béton.

Géographie modifier

Le barrage de Bort-les-Orgues est situé en France, sur les communes de Bort-les-Orgues (Corrèze) et de Lanobre (Cantal), dans le Massif central.

Il retient les eaux de la Dordogne. Exploité par EDF, il est placé sous le contrôle de la DRIRE Limousin.

Histoire modifier

Le projet de barrage rencontre une opposition limitée, mais trouve son sens dans une volonté de la France de refuser la dépendance en charbon au Royaume-Uni et à l’Allemagne. Dès 1939, des experts fonciers démarchent les habitants des trois villages qui seront engloutis (Port-Dieu, Mialet et Valette), prédisant des offres d'achat très intéressantes et l'assurance d'exploiter les terres jusqu'à la mise en eau. Il est également prévu de submerger le château de Val, dont la propriétaire sera expropriée en 1948, mais une révision de la hauteur initialement envisagée permettra au château d'échapper à l'engloutissement.

En 1941, le conseil municipal de Bort-les-Orgues s’est opposé à la construction du barrage et à la fin de la Seconde Guerre mondiale près de 500 communes s’étaient mobilisées contre la suppression de la ligne de chemin de fer reliant Paris à Béziers, passant par la vallée de la Dordogne et s’arrêtant à la gare de Bort.

Les travaux débutent en juin 1942, avec un chantier de 300 personnes qui évitent ainsi le STO. Les conditions sont particulièrement difficiles : le chantier sera plusieurs fois emporté par les crues de la Dordogne, et les avaries multiples feront 23 morts au cours du chantier. Au cours des travaux, on découvre que les conditions géologiques ne correspondent pas aux prévisions et complexifient encore la mise en œuvre du barrage. Des travaux supplémentaires sont nécessaires, et en particulier la consolidation des fondations. En 1949, le nombre de travailleurs sur le chantier est porté à 1 500.

Les vannes du barrage sont fermées le , et la retenue se remplit en quelques semaines. Les travaux sont finalisés en 1952, ils auront duré dix ans.

L'importante quantité d'eau ainsi retenue submerge une partie de la ligne Bourges - Miécaze de la SNCF, plus précisément le tronçon Eygurande - Bort-les-Orgues, ainsi que les villages de Port-Dieu, Mallet et Vallette. Il était prévu que la ligne soit déviée à l'ouest, en utilisant le tronçon Eygurande - Ussel, puis une voie nouvellement construite devait continuer d'assurer la liaison ferroviaire Ussel - Bort-les-Orgues. Cette section a été mise en travaux mais ceux-ci ont été rapidement abandonnés. Bort-les-Orgues a par la suite subi les fermetures de lignes ferroviaires vers Neussargues et Miécaze (près d'Aurillac), qui se dirigeaient vers le sud. La disparition et le non-remplacement de la seule ligne venant du nord est à l'origine de cet abandon ferroviaire, dans une gare qui fut autrefois un centre de correspondances assez important.

En juillet 1957, un joint de la conduite forcée de Granges, qui amène les eaux de la Rhue, se rompt. Cet incident a provoqué une inondation dans certaines rues de la ville, causant une belle frayeur aux habitants.

Le , la vidange décennale est précédée d'une exploration par la capsule du commandant Cousteau.

Description modifier

Le barrage a une hauteur de 120 mètres et possède une retenue longue de 21 km[1] permettant de nombreuses activités nautiques. C'est la troisième plus grande retenue française pour un barrage en béton (hors DROM-COM).

Il est équipé d'un évacuateur de crue, de type « saut à ski » en raison de sa forme, capable d'assurer un débit de 1 200 m3/s d'eau. Cet évacuateur n'a jamais servi en dehors de tests.

Chaque année, 45 à 50 % de l’eau sont livrés par le barrage de Vaussaire dans le Cantal via la Rhue[2].

Usine modifier

Vue du complexe hydroélectrique et d'une partie de la ville depuis le haut du barrage.

L'usine hydroélectrique possède trois turbines de type Francis :

  • deux groupes principaux de puissance maximale 250 MVA pour un débit turbiné maximum de 250 m3/s ;
  • un groupe de restitution de puissance maximale 3,5 MVA pour un débit turbiné maximum de 3 m3/s.
  • deux groupes auxiliaires de 450 kVA.

La hauteur de chute nominale est de 114,8 mètres[1].

Le barrage de Bort-les-Orgues permet d'alimenter en électricité plus de 128 000 foyers[2].

Hydrologie modifier

À l'amont du barrage, le bassin versant de la Dordogne s'étend sur 1 010 km2. Les débits augmentent fortement en période de crue[1] :

  • débit moyen : 40,07 m3/s ;
  • crue décennale : 380 m3/s (estimation) ;
  • crue mesurée en 1952 : 477 m3/s ;
  • crue centennale : 670 m3/s (estimation) ;
  • crue millénale : 1 154 m3/s[3] (estimation).

Le barrage atténue les crues vers l'aval par une élévation du niveau d'eau de son bassin de retenue de 25 cm, pour atteindre sa cote de plus hautes eaux (PHE) de 542,75 m NGF. Le barrage possède deux vannes, de 8,25 m par 11,50 m, qui permettent un débit à plus hautes eaux de 1 200 m3/s, largement dimensionné par rapport aux débits de crue estimés. Le dernier essai en conditions réelles a été réalisé le 26 juin 2012[3].

Analyse des risques et conséquences modifier

L'exploitant du barrage, EDF, a réalisé une analyse des risques de rupture du barrage dans le cadre extrême d'une crue décamillennale (ayant une probabilité d'une chance sur 10 000 de se produire chaque année). Les risques de tremblement de terre et de glissement de terrain dans le bassin de retenue n'ont pas été retenus[1].

La hauteur de la lame d'eau résultant de la rupture du barrage, ainsi que le temps (t) d'arrivée ont été évalués en aval[1],[4] :

Les temps d'arrivée sont à majorer de 24 heures car l'exploitant doit avertir les autorités 24 heures avant le risque de rupture. Au passage de l'onde de crue, les barrages de Marèges, de l'Aigle, du Chastang et du Sablier à Argentat seraient également détruits[4].

Face à ces risques, un Plan Particulier d'Intervention (PPI) a été élaboré en octobre 2007[4].

Tourisme modifier

Depuis sa mise en service en 1952, le barrage de Bort-les-Orgues attire de nombreux visiteurs chaque année. Il existe, depuis juillet 2011, un espace de visite (appelé Espace EDF) situé au pied du barrage, à côté de l'usine hydroélectrique. Ouvert toute l'année, ce lieu pédagogique, ludique et interactif accueille les visiteurs qui peuvent découvrir les différents moyens de production d'électricité et leur fonctionnement. L'Espace EDF du barrage de Bort-les-Orgues est aussi un lieu de sensibilisation aux économies d'énergie et à la protection de la faune et de la flore. Par an entre 14 000 et 18 000 personnes viennent visiter cet Espace EDF[2].

Environnement modifier

L’installation joue également un rôle important dans la sécurisation de l’écosystème de l’ensemble de la région[pas clair], en régulant la Dordogne[5]. Les ingénieurs à l’origine de la construction ont notamment anticipé le débit de la crue millénale, en installant un évacuateur de crue. Encore jamais utilisé, il a notamment fait l’objet de travaux de maintenance en 2012 [6].

En 2015, le barrage aurait également joué un rôle déterminant dans la protection de l’environnement en empêchant des « tonnes de sédiments déversées dans la rivière Dordogne après l'ouverture d'une vanne à La Bourboule » de se propager plus en aval[7].

Notes et références modifier

  1. a b c d et e Plaquette de présentation du barrage de Bort-les-Orgues par la DRIRE Limousin
  2. a b et c Malik Kebour, « Dans les coulisses du barrage de Bort-les-Orgues (Corrèze), robinet de la Dordogne », La Montagne (journal),‎ (lire en ligne)
  3. a et b Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du Logement du Limousin, « Barrage de Bort-les-Orgues - Essais de l’évacuateur de crues », sur limousin.developpement-durable.gouv.fr, (consulté le ).
  4. a b et c Un mur d'eau de 19 mètres à Bergerac, Journal Sud Ouest du 2 décembre 2009
  5. Office du Tourisme Bort-Artense.
  6. Ministère de l'Environnement.
  7. France 3 Limousin.

Voir aussi modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier