Barrington Moore
Portrait de Barrington Moore
Biographie
Naissance
Washington D.C. (États-Unis)
Décès (à 92 ans)
Cambridge (États-Unis)
Nationalité Drapeau des États-Unis Américain
Père Barrington Moore (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Thématique
Formation Williams College
Université Yale
Profession Sociologue, historien, philosophe et politologueVoir et modifier les données sur Wikidata
Employeur Université HarvardVoir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
  • Les Origines sociales de la dictature et de la démocratie (1966)
Distinctions Ralph Waldo Emerson Award (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Membre de Phi Beta KappaVoir et modifier les données sur Wikidata

Barrington Moore Jr. est un sociologue américain né le à Washington D.C. et mort le à Cambridge. Il est notamment connu pour Les Origines sociales de la dictature et de la démocratie (1966), une étude comparative de la modernisation du Royaume-Uni, de la France, des États-Unis, de la Chine, du Japon, de la Russie, de l'Allemagne et de l'Inde, se concentrant sur les conditions historiques et sociologiques du totalitarisme.

Moore est souvent considéré comme un néo-marxiste[1], en ce qu'il a tendance à s'intéresser surtout à la superstructure. Il conserve de Marx une analyse des révolutions en termes de classes. Il se détache toutefois tant du matérialisme mécaniste que du culturalisme[2].

Biographie modifier

Travaux modifier

Les Origines sociales de la dictature et de la démocratie modifier

Dans cet ouvrage, Moore s'intéresse aux trajectoires étatiques du phénomène de modernisation. Selon lui, c'est avant tout la transformation de l'économie qui explique qu'un processus de modernisation étatique mène plutôt à la dictature ou à la démocratie.

Il constate que contrairement à ce que Marx avait prédit, les révolutions communistes ne se sont pas tant jouées dans les rapports entre prolétariat et bourgeoisie, mais plutôt entre paysannerie et aristocratie. De ce constat, il dégage des variables à analyser : 1) les structures sociales de la paysannerie ; 2) le mode de transformation du capitalisme ; 3) les relations entre la bourgeoisie et l'aristocratie[2].

Il distingue alors "trois voies de passage entre le monde industriel et le monde moderne" : la révolution bourgeoise, la voie capitaliste réactionnaire et la voie communiste[3].

La révolution bourgeoise modifier

L'exemple-type de cette révolution est la révolution anglaise. Il s'agit également de la trajectoire empruntée par la révolution française.

Son protagoniste principal est la bourgeoisie commerciale, qui conteste un État monarchique affaibli et entraîne de force l'aristocratie foncière dans une modernisation hostile à l'absolutisme royal. Face à cette alliance de circonstance se dressent les partisans de l'absolutisme, défendus par la paysannerie et la noblesse appauvrie[2].

L'issue de la révolution bourgeoise est l'installation d'un régime démocratique de type parlementaire. Tout est mis en œuvre pour éviter l'avènement d'un État absolutiste.

La voie capitaliste réactionnaire modifier

La voie capitaliste réactionnaire est celle empruntée par l'Allemagne ou le Japon.

Ses protagonistes sont l'aristocratie foncière et la bourgeoisie commerciale. Dans ces pays, le développement du capitalisme s'est fait plus tardivement, il a été imposé par une monarchie forte qui a fait pression sur la paysannerie et freiné le développement d'une bourgeoisie citadine comme la bourgeoisie anglaise ou française. Complètement dépendante de l'aristocratie, la bourgeoisie s'est alors alliée à l'État central, formant une grande alliance conservatrice procédant à une industrialisation par le haut[2].

Cette forme de capitalisme dirigé aboutit au fascisme[4]. Le régime se fonde sur une importante bureaucratie dirigée par un exécutif fort sans contre-pouvoirs. C'est le régime que Guy Hermet a pu qualifier d'autoritarisme libéral[5].

Ce type de régime a pu être assimilé par d'autres auteurs à des régimes comme la dictature brésilienne, l'Espagne franquiste ou encore l'Iran[3].

La voie communiste modifier

L'URSS et la Chine sont les régimes de référence ayant emprunté la "voie communiste".

Tout comme dans la voie capitaliste réactionnaire, ce sont deux pays caractérisés par un État central imposant et une aristocratie écrasante. Toutefois, en raison d'une quasi-absence du capitalisme, il n'y a presque pas de bourgeoisie. C'est la paysannerie qui est alors l'acteur clé de cette trajectoire : elle ne possède rien et a tout intérêt à renverser le système[2].

Le régime qui en découle est un État autoritaire, bureaucratique et collectiviste.

Œuvres modifier

  • Les Origines sociales de la dictature et de la démocratie, ([1]) Paris, Maspero, 1969, 431 p.
  • Critique de la Tolérance Pure, ([2]) Paris, J. Didier. édité par Barrington Moore & Herbert Marcuse, 1969, 134 pages.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Notes et références modifier

  1. Dario Battistella (dir.), Théorie des relations internationales, Paris, Presses de Sciences Po, (lire en ligne), chap. 14 (« Les analyses marxistes »), p. 237 - 268
  2. a b c d et e Lantz Pierre, « Barrington Moore, Les origines sociales de la dictature et de la démocratie, Paris, F. Maspéro, 1969. », L'Homme et la société « Sociologie et contestation », no 16,‎ , p. 365-367. (lire en ligne Accès libre)
  3. a et b Guy Hermet, « Dictature bourgeoise et modernisation conservatrice : Problèmes Méthodologiques de l’analyse Des Situations Autoritaires. », Revue Française de Science Politique, vol. 25, no 6,‎ , p. 1029–61 (JSTOR 43117956, lire en ligne)
  4. Yohann Aucante (dir.), À la recherche de la démocratie. Mélanges offerts à Guy Hermet, Paris, Karthala, (lire en ligne), chap. 14 (« Les substrats agraires de la (social-)démocratie. Réflexion sur la trajectoire scandinave »), p. 317-346
  5. Madeleine Grawitz (dir.) et Jean Leca (dir.), Traité de Science Politique. Tome 2. Les régimes politiques contemporains., Paris, Les Presses universitaires de France, , 714 p. (lire en ligne), chap. 4 (« "L'autoritarisme" »), pp. 269-312