Benjamin Baduel
François Marie Ambroise Benjamin Baduel d'Oustrac, né le au château d'Oustrac (Aveyron) et mort le à Saint-Flour (Cantal), est un ecclésiastique catholique français. Il est évêque de Saint-Flour de 1877 à sa mort.
François Marie Ambroise Benjamin Baduel | ||||||||
Biographie | ||||||||
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Naissance | à Laguiole (Aveyron) |
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Ordination sacerdotale | ||||||||
Décès | (à 72 ans) à Saint-Flour (Cantal) |
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Évêque de l'Église catholique | ||||||||
Ordination épiscopale | par Ernest Bourret | |||||||
Dernier titre ou fonction | Évêque de Saint-Flour | |||||||
Évêque de Saint-Flour | ||||||||
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Biographie
modifierPremières années
modifierFrançois-Marie-Ambroise-Benjamin Baduel naît le au château d'Oustrac, sur la commune de Laguiole. Son père, Pierre Baduel — dit « d'Oustrac » —, est un riche propriétaire ; sa mère est Marie-Gertrude Jalabert. Son précepteur est l'abbé Boutonnet, qui deviendra évêque de Guadeloupe. Benjamin Baduel fait ses études au collège royal de Rodez et semble être passé par le lycée de Clermont où il obtient un baccalauréat ès lettres. Il se dirige ensuite vers la prêtrise, tout comme son frère aîné : il entre en au séminaire d'Issy, puis étudie à partir d' au séminaire Saint-Sulpice où il côtoie François Richard de La Vergne et François-Narcisse Baptifolier. Il est finalement ordonné prêtre en et se voit affecté la paroisse Saint-Roch à Paris[1].
En , Jean-Antoine-Marie Foulquier, évêque de Mende, l'appelle à lui en tant que secrétaire particulier. Trois ans plus tard, il est de retour à Paris pour exercer les fonctions d'aumônier de la communauté de la Visitation de la rue de Vaugirard, où il devient proche de Louis-Gaston de Ségur. En , il est nommé vicaire de la paroisse de Saint-Martin-des-Champs, nouvellement instituée[1].
À partir de , il occupe les fonctions bénévoles d'aumônier militaire. Dans le quartier de Belleville — où il réside — ainsi que dans d'autres, il soutient les œuvres sociales catholiques avec ses fonds personnels. C'est durant ses années parisiennes que l'abbé Baduel rencontre l'abbé Bourret, un autre aveyronnais[1]. En , Joseph-Ernest Bourret, devenu évêque de Rodez, le choisit pour faire partie de son conseil diocésain. L'année suivante, il le nomme dans la paroisse de Villefranche-de-Rouergue[1].
Évêque de Saint-Flour
modifierDès , son nom circule pour accéder à la dignité épiscopale ; sa candidature est soutenue par Julien Costes et Jean-Antoine-Marie Foulquier, respectivement évêque et évêque émérite de Mende, et Ernest Bourret[1]. L'abbé Baduel reçoit l'appui de plusieurs hommes politiques conservateurs : Casimir Mayran — la fille de ce dernier est mariée au neveu de Baduel —, Joseph Brunet et Jean Delsol[2],[1]. Dans le contexte de la crise du 16 mai 1877, ces soutiens, tout comme celui de Bourret, très écouté du nonce, sont déterminants[3],[1]. Bourret le pressent pour le siège de Saint-Flour[4] et le présente à Félix Dupanloup en les termes suivants : « Né dans la partie haute du Rouergue et dans le voisinage du Cantal, il appartient à l'une des familles les plus considérables de notre pays ; […] il possède de son chef et par lui-même une fortune évaluée à plus d'un million dont il fait un excellent usage et qui ne lui sera point inutile dans un pays pauvre comme les montagnes du Cantal »[5]. Le , il est choisi pour l'évêché de Saint-Flour, le nonce ayant souligné qu'il était « spécialement dévoué au Saint-Siège » ; il est confirmé le [6],[1]. Sa consécration épiscopale a lieu le : son consécrateur principal est Bourret, assisté des co-consécrateurs Costes et Pierre-Alfred Grimardias. La cérémonie d'installation de l'évêque à Saint-Flour a lieu le [6]. Il succède à Pierre-Antoine-Marie Lamouroux de Pompignac, prélat connu pour ses orientations libérales[2].
Parmi les évêques de la région, Baduel est des rares à être issus des notables locaux, la plupart étant d'extraction humble[5]. Sa théologie politique des relations entre l'Église et l'État est proche de celle de Louis-Édouard Pie et de son protecteur Bourret, qui défendent les droits temporels de l'Église et jugent que la grandeur de la France est intrinsèquement liée à la fidélité des autorités civiles vis-à-vis du catholicisme[7],[8]. La nomination de l'abbé Baduel à l'épiscopat peut-être rapprochées de celle d'autres prélats de caractère intransigeant pendant la même période[3].
Dans un diocèse dont les populations sont très catholiques, le clergé représente une force politique importante, que Baduel encourage[2]. Dans l'automne , avant les élections législatives, lui et Bourret s'emploient à rassembler les conservateurs et à résorber les progrès électoraux des républicains dans leurs départements respectifs mais avec peu de succès[9],[11]. Ces interventions conduisent La République française à s'attaquer le à l'influence politique de l'évêque de Saint-Flour[12]. Par la suite, le prélat apporte son soutien aux candidatures législatives ou départementales de son entourage. En , il fonde La Semaine catholique de Saint-Flour dont il confie la direction à son secrétaire, l'abbé Vassal ; cet organe de l'évêché se caractérise par un positionnement antiparlementaire et antirépublicain marqué. Baduel retire également son soutien à un journal catholique de Centre gauche, La Haute-Auvergne, préférant apporter sa caution morale à L'Impartial du Cantal, hostile à la République[2]. Le pouvoir républicain soumet l'évêque à une surveillance particulière ; ainsi, le , une circulaire d'Armand Fallières précise que les prédications, l'usage du Domine salvam fac Rempublicam et les déclarations du bas-clergé du diocèse de Saint-Flour seraient particulièrement scrutés par l'administration[13]. Baduel proteste officiellement le , et L'Univers lui donne un écho national[13]. En , Baduel, comme beaucoup d'évêques du sud du Massif central, dénonce la loi Jules Ferry sur l'enseignement laïque comme étant le fourrier de l'athéisme d'État[14]. Face à la politique de laïcisation de la société française menée par les républicains, il participe à la fondation d'écoles privées et se consacre aux œuvres sociales comme aux œuvres de catéchisme[1].
Baduel est le consécrateur principal de Jean-Pierre Pagis en et compte parmi les co-consécrateurs de Charles Lavigne et Julien Vidal en [6]. Il meurt le à Saint-Flour[1].
Bibliographie
modifier: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- « BADUEL, François-Marie-Ambroise-Benjamin », dans Jacques-Olivier Boudon, Dictionnaire des évêques français du XIXe siècle, Paris, Éditions du Cerf, (ISBN 978-2-204-14109-3).
- Jacques Gadille, La pensée et l'action politiques des évêques français au début de la IIIe République (1870-1883), Hachette, .
- Antoine Lesmarie, La vie et l'épiscopat de Monseigneur Baduel, évêque de Saint-Flour, Paris, imprimerie F. Boubounelle, , 198 p.
- Patrice Lesueur, Monseigneur Benjamin Baduel d'Oustrac, évêque de Saint-Flour : Histoire et couronnement d'une carrière de prêtre social au XIXe siècle, Aurillac, Société des amis de Villefranche et du Bas-Rouergue, .
Notes et références
modifier- Boudon 2021.
- Gadille 1967, tome I, p. 171-173.
- Gadille 1967, tome II, p. 41.
- Gadille 1967, tome I, p. 42.
- Gadille 1967, tome I, p. 28-29.
- « François-Antoine-Marie-Ambroise-Benjamin Baduel », sur Catholic Hierarchy.
- Gadille 1967, tome I, p. 127.
- Gadille 1967, tome I, p. 132.
- Gadille 1967, tome II, p. 76.
- « Léon Baduel d'Oustrac », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition].
- Léon Baduel d'Oustrac son neveu, est élu sous l'étiquette bonapartiste aux élections de dans l'Aveyron[10].
- Gadille 1967, tome II, p. 73.
- Gadille 1967, tome II, p. 116.
- Gadille 1967, tome II, p. 207.
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifierLiens externes
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