Bernard de Vesins
Bernard de Lévézou de Vezins appelé Bernard de Vesins, dit le « colonel-comte », né le à Bourges et mort le à Maisoncelles-du-Maine, est un militaire, essayiste et homme politique français, militant de l'Action française.
Président de la Ligue d'Action française | |
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Naissance | |
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Décès | |
Nom de naissance |
Marie Joseph Pierre Bernard de Lévézou de Vézins |
Surnom |
Colonel-comte |
Nationalité | |
Formation |
École polytechnique (à partir de ) École d'application de l'artillerie et du génie (à partir de ) |
Activités |
Militaire, essayiste, homme politique |
Famille | |
Parentèle |
Jean-Aimé de Levezou de Vezins (grand-père) |
Parti politique | |
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Membre de | |
Conflit | |
Distinctions |
Biographie
modifierLe comte Marie Joseph Pierre Bernard de Vesins est issu de la famille de Lévézou de Vezins, l'une des plus anciennes familles de la noblesse d'Aveyron, ancien boulangiste[réf. nécessaire]. Petit-fils de Jean-Aimé de Lévézou de Vezins, soldat devenu évêque, il est le fils de Marie de Forcade de La Roquette et de Victor de Lévézou de Vezins, officier d'artillerie, lieutenant-colonel[1]. Son oncle était Ludovic de Lévezou de Vesins qui était marié à Louise Oudinot de Reggio, l'une des filles du maréchal d'Empire Nicolas-Charles Oudinot.
Il entre en 1888 à l'École polytechnique. Il est ensuite en 1890 élève à l'École d'application de l'artillerie et du génie à Fontainebleau, sous-lieutenant puis lieutenant d'artillerie au 32e régiment d'artillerie à Orléans. Il est promu capitaine en 1899. Il est ensuite stagiaire eux forges du Centre puis il est affecté au service des forges du Nord de 1900 à 1902. Il démissionne de l'armée en 1902 et devient capitaine de réserve[2], [3].
Il épouse Camille de Gastebois, fille unique du comte Gabriel de Gastebois, en 1893[4].
Il est ensuite directeur jusqu'en 1906 (?) d'une usine de laminage et d'emboutissage à Courbevoie[2], appartenant à la Compagnie des bi-métaux de Courbevoie, fondée en 1901 et dont son beau-père est l'un des administrateurs[5]. Il exploite de 1904 à 1919 un vignoble du Médoc, le Château Pédesclaux. Ce domaine appartenait à son beau-père, le comte de Gastebois, décédé en 1904[6]. Il exploite ensuite un domaine de 200 hectares dans la Mayenne. Il préside aussi le syndicat de la presse hippique dans l'entre-deux-guerres, à partir de 1921[7].
Royaliste et catholique, il rejoint la Ligue d'Action française. Il fonde à l'été 1905 et préside la section d'AF de Versailles[8],[9]. Il est le contemporain d'autres militants de l'Action française comme Marie de Roux et Eugène de Lur-Saluces. Il est aux avant-postes de la lutte menée par l'AF contre les inventaires en 1906 à la suite de la loi de séparation des Églises et de l'État de 1905. Il est condamné à deux ans de prison pour avoir résisté avec d'autres militants de l'AF le 8 février 1906 à un inventaire de l'église Saint-Symphorien à Versailles et blessé le préfet[10],[11]. Il assume et revendique son acte et ses convictions catholiques lors de l'appel en mars 1906, qui confirme la peine de prison[12],[13]. Vesins « campe la figure du martyr idéal » pour la propagande de l'AF[13]. Il est libéré quelques semaines ou mois plus tard à la suite d'une loi d'amnistie et reprend ses activités de militant royaliste[14],[15].
Son épouse meurt en 1907, à 32 ans[16],[17]. Il épouse ensuite Jeanne d'Erceville en 1911[18]. Elle était alors la présidente des jeunes filles royalistes de la Mayenne[19].
Avec Charles Maurras, il est l’un des cofondateurs en mars 1908 du quotidien L’Action française (qui succède au mensuel la Revue d’Action française), l’organe de presse du mouvement politique de même nom[20],[21]. Conférencier et propagandiste[22], il est aussi administrateur de L'Action française, signe quelques articles dans ce quotidien et est membre des comités directeurs de l'AF avant la Première Guerre mondiale[23]. La section de Versailles qu'il préside accueille en 1912 le banquet de clôture du congrès de l'AF[24].
Comme Maurras, il contribue aussi à la fondation en 1908 de La Veillée d'Auvergne où l'on retrouve Charles de Pomairols, Pierre de Nolhac et Léon de Montesquiou.
Il est révoqué de son grade d'officier de réserve en 1910 sur une décision du ministre de la guerre pour avoir signé comme d'autres officiers de réserve membres de l'AF une lettre jugée injurieuse, adressée au ministre, le général Brun[25].
Durant la Première Guerre mondiale, il s'engage cependant à nouveau dans l'armée. Il est affecté comme capitaine au 8e régiment d'artillerie en août 1914 et il est envoyé au front en 1915. Il est promu commandant (chef d'escadron) d'artillerie en 1916 puis lieutenant-colonel en 1918, commandant le 228e régiment d'artillerie, est légèrement blessé en 1917 par un éclat d'obus, plusieurs fois cité et reçoit de la République la croix de guerre (1915) et la croix de la Légion d'honneur[26],[2],[27], alors que ni Charles Maurras ni Léon Daudet, guère plus âgés, n'ont été mobilisés[28]. Il est promu officier de la Légion d'honneur en 1919[2],[29],[30]. Promu colonel de réserve en 1926, il est rayé des cadres en 1933[31].
Bernard de Vesins est l'un des représentants du catholicisme de l'Action française. Lecteur de Blanc de Saint-Bonnet, d'Hippolyte Blanc et penseur du corporatisme, il s'est également intéressé aux questions économiques dans la perspective ouverte par René de La Tour du Pin et l'encyclique Rerum novarum. Dès 1913, il a établi une liste de militants et abonnés entrés dans les ordres[32].
Après la Première Guerre mondiale, en 1919, le lieutenant-colonel de Vesins, de retour à la vie civile, succède à Henri Vaugeois (mort en 1916) à la présidence de la Ligue d'Action française[33]. Il quitte la présidence de la section de Versailles en 1920[34]. Il mène une liste de l'AF à Paris, dans le premier secteur, lors des élections législatives de 1924, obtenant personnellement un peu plus de 9 000 voix, pour plus de 193 000 suffrages exprimés[35],[36]. La même année, il alerte les catholiques dans une série d'articles publiés dans L'Action française contre les projets anticléricaux du gouvernement du Cartel des gauches[37],[38]. À la suite de la publication en 1925 d'une affiche affirmant « La République, c'est la banqueroute », il est condamné en tant que président de la ligue à cinq mille francs d'amende pour atteinte au crédit de l'État[39],[40].
S'il a d'abord été prudent[41], il est l'un des défenseurs de Maurras après la condamnation en 1926 de l'Action Française et du mouvement royaliste par le pape Pie XI, au prix d'un déchirement intime[42],[43]. En juillet 1928, une de ses filles, Gabrielle du Lac, membre de l'AF, meurt. Alors que Bernard de Vesins se trouve être excommunié à la suite de la condamnation de l'AF et que l'Église refuse les obsèques religieuses aux membres de l'AF qui refusent de se plier aux injonctions du pape, les autorités ecclésiastiques de Versailles acceptent des obsèques religieuses en l'église Saint-Symphorien et le curé affirme que la fille de Vesins s'est soumise à l'Église, ce qui provoque après la cérémonie une lettre de protestation de Vesins adressée au coadjuteur de l'évêque de Versailles[44],[45].
Bernard de Vesins démissionne de la présidence de la ligue d'Action française au début de l'année 1930 à la suite d'un conflit interne ayant entraîné l'expulsion des docteurs Paul Guérin et Henri Martin et le départ de plusieurs de leurs amis, dont François de la Motte, vice-président de la ligue et président de sa fédération de la région parisienne. Il est alors remplacé à la présidence de la ligue par l'amiral Antoine Schwerer[46],[47]. L'AF considère que Vesins et d'autres anciens ligueurs ne font plus partie des organisations d'AF en juillet 1930[48].
Il préside ensuite l'Association des officiers de complément de France[49] et collabore au quotidien Le Figaro en 1933-1934[50].
Âgé de plus de 70 ans durant la Seconde Guerre mondiale, il n'est pas inquiété lors de l'épuration malgré son soutien au régime de Vichy.
Publications
modifier- "Présentation", dans Joseph de Maistre, Considérations sur la France. Essai sur le principe générateur des Constitutions politiques, Paris, Nouvelle Librairie nationale, coll. « Nos maîtres », 1907.
- La Maison de France, Conférence prononcée le à Paris, Paris, Édition du Comité Tradition-Progrès, 1908.
- La Persécution religieuse. Politique d'abord !, Paris, Éditions de la Revue catholique et royaliste, [1908].
- (et al.), Comité royaliste de Montbrison, Réunion du à Montbrison, Discours de M. le Cte de Villechaize, Mme la Mise de Mac-Mahon, M. le Cte Bernard de Vésins, M. Flachaire de Roustan. Suivi de ″Philippe VIII″, par Jules Lemaître, avec un portrait du duc d'Orléans, Montbrison, Imprimerie de J. Méchin (Comité royaliste de Montbrison. Réunion du à Montbrison), [1912].
- La Résistance des catholiques français. Mesures à prendre, conseils pratiques, Paris, Librairie de l'Action Française, 1925.
- Introduction à l'étude des sciences sociales et économiques, Paris, Union des corporations françaises, "Les Cahiers de la corporation", [1927].
- Blanc de Saint-Bonnet, Paris, Union des corporations françaises, "Les Cahiers de la corporation", 1928.
Distinctions
modifierNotes et références
modifier- La Gazette de France, 14 février 1906
- Cahiers des états généraux, 15 juin 1924
- Journal officiel, 29 août 1890, Ibid., 25 avril 1900, Ibid., 13 juillet 1902
- Le Gaulois, 21 mars 1893
- Cote de la Bourse et de la banque, 10 août 1901
- winemax.fr, Château Pedesclaux
- Le Jockey, 26 octobre 1921
- Le Soleil, 19 août 1905, La Gazette de France, 10 février 1906, Le Soleil, 21 mars 1906
- Patrick Weil (dir.), Politiques de la laïcité au XXe siècle, Paris, PUF, 2007 (fondation en juillet)
- La Petite République, 9 février 1906, La Gazette de France, 10 février 1906, La Libre parole, 11 février 1906
- Patrick Weil, op. cit.
- Le Soleil, 22 mars 1906
- Patrick Weil, op. cit.
- La Gazette de France, 21 novembre 1906
- Cahiers des états généraux, 15 juin 1924 (amnistié en juillet 1906)
- Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables, 1929
- Le Gaulois, 2 février 1907
- L'Action française, 22 juin 1911
- La Mayenne, 2 juillet 1911
- « L'Action française : organe du nationalisme intégral / directeur politique : Henri Vaugeois ; rédacteur en chef : Léon Daudet », il s’agit de la une du premier numéro (le mouvement est présenté dans les deux premières colonnes de gauche de cette une), sur Gallica.Bnf.fr, (consulté le ) : « Le nationalisme intégral
[…] voilà bien des années que l’Action française travaille : elle n’a jamais cessé de redire qu’elle s’adresse au Peuple français tout entier.
Elle l’a dit dans sa Revue. Elle l’a enseigné dans son Institut. […] En tête du journal destiné à propager quotidiennement sa pensée, l’Action française a le devoir de répéter qu’elle n’a jamais fait appel à un parti
[…] À bas la République ! et, pour que vive la France, vive le Roi !
[signé] Henri Vaugeois, Léon Daudet, Charles Maurras, Léon de Montesquiou, Lucien Moreau, Jacques Bainville, Louis Dimier, Bernard de Vesins, Robert de Boisfleury, Paul Robain, Frédéric Delebecque, Maurice Pujo » - L'Action française, 20 mars 1938 (photographie)
- La Gazette de France, 21 décembre 1906
- L'Action française, 21 mai 1917
- L'Action française, 2 décembre 1912
- La Patrie, 28 octobre 1910, « Un Conseil d'enquête », L’Action française, 21 juillet 1910, Ibid., 6 août 1910, « Bernard de Vésins et Frédéric Delebecque révoqués », Ibid., 27 octobre 1910
- L'Action française, 17 février 1916, Ibid., 16 juin 1918, Aux écoutes, 3 novembre 1918
- Journal officiel, 13 août 1914, Ibid., 9 novembre 1915, Ibid., 23 février 1916, Ibid., 21 août 1917, Ibid., 9 juillet 1918
- L’Écho de Paris, 17 octobre 1933
- Journal officiel, 1er mai 1919
- Le Figaro, 9 mai 1919
- Journal officiel, 29 décembre 1933, Ibid., 18 juillet 1926
- Stéphane Giocanti, Maurras – Le chaos et l'ordre, éd. Flammarion, 2006, p. 332.
- L'Action française, 21 mars 1919, Ibid., 21 juin 1919
- L'Action française, 24 février 1920
- Eugen Weber, L'Action française, Stock, 1962, p. 177
- Le Matin, 13 mai 1924, Excelsior, 9 mai 1924 (photographie)
- La Mayenne, 30 août 1924, L'Action française, 13 octobre 1924
- Albert Marty, L'Action française racontée par elle-même NEL, 1968, p. 211
- Le Figaro, 25 novembre 1907
- Albert Marty, L'Action française racontée par elle-même, op. cit., p. 235
- Olivier Dard, Charles Maurras. Le nationaliste intégral, Dunod, 2019
- Eugen Weber, L'Action française, Stock, 1962, p. 307
- L'Action française, 15 janvier 1927 (Lettre de Vesins à Maurras), L'Action française, 8 mars 1927, Ibid., 28 novembre 1926, Ibid., 24 novembre 1926
- Marie-Thérèse Perrin (dir.), Dossier Laberthonnière. Correspondance et textes, éditions Beauchesne, 1983, p. 123
- L'Action française, 6 juillet 1928, Ibid., 8 juillet 1928, Ibid., 10 juillet 1928, Journal des débats, 9 juillet 1928
- Agnès Callu et Patricia Gillet (dir.), « L'amiral Antoine Schwerer (1862-1936) », Lettres à Charles Maurras - Amitiés politiques, lettres autographes, 1898-1952, Presses universitaires du Septentrion, 2008, p. 102
- « Avis des comités directeurs », L'Action française, 6 février 1930 (Lettre de Bernard de Vésins)
- L'Action française, 9 juillet 1930
- La Liberté, 31 mai 1932, Le Figaro, 27 janvier 1933, Le Temps, 13 mars 1934, Le Matin, 8 juin 1936
- Le Figaro, 2 janvier 1934, Ibid., 21 septembre 1933, Ibid., 27 avril 1933, Ibid., 23 mars 1933
- « Recherche - Base de données Léonore », sur leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le )
Liens externes
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