Biais inflationniste

Le biais inflationniste est la propension supposée des banques centrales à chercher à atteindre un taux d'inflation supérieur à celui attendu par les agents économiques.

Selon cette théorie, les banques centrales cherchent tacitement à dépasser leur cible d'inflation afin de réduire le coût réel des salaires, et ainsi inciter les entreprises à augmenter leurs recrutements. Cela a pour double conséquence, au moins à court terme, une baisse du pouvoir d'achat et des épisodes inflationnistes. Il s'agit d'une conclusion du modèle Barro-Gordon.

Concept modifier

Selon Robert Barro et Robert J. Gordon (1983), les autorités monétaires sont conscientes du rapport inverse entre inflation et taux de chômage (courbe de Philips), à savoir qu'une augmentation du niveau des prix réduit le salaire réel des salariés, et donc réduit le coût du travail, au moins sur le court terme. Cela inciterait les entreprises à embaucher et réduirait le chômage, mais aurait pour conséquence une inflation élevée[1].

En plus de cela, une inflation élevée reviendrait périodiquement du fait des cycles électoraux. La théorie du cycle électoral de William Nordhaus (1975), les autorités cherchent à augmenter le taux d'inflation dans l'année qui précède une élection, afin de réduire le chômage et ainsi maximiser leurs chances de rester au pouvoir[2].

A partir de ce concept, plusieurs économistes ont proposé des solutions pour réduire le biais inflationniste. La position la plus courante est celle de l'indépendance des banques centrales : ces institutions, si elles sont dirigées par des technocrates ne cherchant pas à être élus, n'auraient plus de raison de chercher à générer de l'inflation. Une autre position a trait à l'idéologie des personnes nommées aux postes décisifs des banques centrales : Kenneth Rogoff propose dans un article de 1985 que le banquier central soit toujours conservateur, c'est-à-dire qu'il ait une préférence constante pour une inflation faible[3].

Vérification empirique modifier

Plusieurs études ont été menées sur l'existence du biais inflationniste. La plupart d'entre elles montrent empiriquement que l'indépendance des banques centrales réduit le biais inflationniste[4]. Alberto Alesina et Lawrence Summers montrent en 1993 qu'il y a bien une corrélation inverse entre indépendance de la banque centrale et inflation. Empiriquement, cette réduction de l'inflation n'a pas d'effet significatif sur le taux de chômage ou sur la croissance[4]. Ce résultat demeure confirmé par une étude de 2008[5].

Notes et références modifier

  1. (en) Robert Barro et David Gordon, « Rules, Discretion and Reputation in a Model of Monetary Policy », NBER Papers, National Bureau of Economic Research, no w1079,‎ , w1079 (DOI 10.3386/w1079, lire en ligne, consulté le )
  2. Vincent Drobinski, Introduction à l'économie, Editions Ellipses, (ISBN 978-2-340-05977-1, lire en ligne)
  3. Bernard Landais, Leçons de politique monétaire, De Boeck Supérieur, (ISBN 978-2-8041-5846-0, lire en ligne)
  4. a et b Alberto Alesina et Lawrence H. Summers, « Central Bank Independence and Macroeconomic Performance: Some Comparative Evidence », Journal of Money, Credit and Banking, vol. 25, no 2,‎ , p. 151–162 (ISSN 0022-2879, DOI 10.2307/2077833, lire en ligne, consulté le )
  5. Crowe, Christopher W., Central Bank Independence and Transparency, International Monetary Fund, (ISBN 1-4623-7396-8, 978-1-4623-7396-3 et 1-4527-8944-4, OCLC 1316640972, lire en ligne)