Bible de Castellion
La Bible de Castellion, Bible de Sébastien Castellion ou Bible de Châteillon (titre complet : La Bible nouvellement translatée, avec la suite de l'histoire depuis le tems d'Esdras jusqu'aux Maccabées : e depuis les Maccabées jusqu'à Christ. Item avec des annotacions sur les passages difficiles.) est une traduction de la Bible en français du protestant Castellion publiée en 1555 chez Johann Herwagen à Bâle.
Cette Bible fut republiée pour la première fois par Bayard en 2005 à l'occasion du 450e anniversaire de sa publication.
Publication
modifierLa traduction française de Castellion est le fruit de dix ans de travail. Auparavant, en 1550, Castellion achève sa traduction latine de la Bible ; elle fut publiée par Jean Oporin[1] en 1551 à Bâle (son titre est : Biblia interprete Sebastiano Castalione [...])[2]. En 1553, Castellion achève sa traduction française qui est publiée par Johann Herwagen (francisé en "Hervage" sur la page de titre) à Bâle en 1555 (l'impression est terminée en mars de cette même année)[1]. Son titre est : La Bible nouvellement translatée [...])[2].
Style et particularités
modifierC'est en 1555 qu'est publiée la Bible de Castellion. Les principes de traduction employés par Castellion sont « révolutionnaires » : « D’abord, il reconnaît l'obscurité de certains passages, et la possibilité de les comprendre de diverses manières. Ensuite, il veut s’adresser aux ignorants, non aux lettrés, et il utilise le langage populaire. Sa traduction choque, on estime qu’en employant "le jargon des gueux" Castellion ne respecte pas la majesté de la Bible. »[3] « [À] la littéralité, Castellion avait préféré l'écriture, et donc la création[4]». « Il n'hésita pas à forger des mots nouveaux, comme "enfantons", pour les petits enfants de l'Evangile ou "songe-malice" pour celui qui pense au mal[5].» « Castalion traduit les mots d'après leur étymologie. Au lieu d'holocauste, il dit brûlage. Il met flairement au lieu d'odorat (1 Cor. 12, 17) ; songe-malices au lieu d'inventeurs de méchancetés (Rom. 1, 30). Pour petits enfants, il forge le barbarisme enfantons. »[6]
Castellion ajouta les Antiquités judaïques à la fin de l'Ancien Testament, car il considérait que les Saintes Écritures étaient un livre d'histoire imparfait[4] : il s'agit d'extraits des Antiquités judaïques placés à la suite de 4 Esdras et du second livre des Maccabées[7].
La Bible de Castellion est traduite à partir des langues d'origine : l'hébreu pour l'Ancien Testament (si le texte original n'est pas en hébreu, il traduit à partir du grec) et le grec pour le Nouveau Testament[8].
Réception
modifierCalvin et Théodore de Bèze méprisèrent cette traduction de Bible[4]. Cette Bible fut « d'abord décriée et violemment critiquée, notamment par J. Calvin et Th. de Bèze, elle fut ensuite presque oubliée pendant quatre siècles »[9]. Henri Estienne fit le reproche suivant à Castellion au sujet de sa traduction : « Au lieu de chercher les plus graves mots et manières de parler, il s’est étudié à parler le jargon des gueux[5] »
Réédition
modifierCette Bible ne fut plus jamais rééditée avant 2005, année où elle fut rééditée par Bayard à l'occasion des 450 ans de l'édition originale[4].
Seuls 21[5] ou 22 exemplaires de l'édition originale de 1555 existent encore à ce jour ; trois d'entre eux sont conservés en Suisse[10].
Références
modifier- Ferdinand Buisson, Sébastien Castellion, sa vie et son œuvre (1515-1563) : étude sur les origines du protestantisme libéral français, t. 1, Paris, Librairie Hachette, (lire en ligne), chap. X (« Les deux traductions de la Bible, en latin (1550) en français (1555) »), p. 294
- Nicole Gueunier, Biblia, Presses Paris Sorbonne, , 148 p. (ISBN 9782840505372), « Le Cantique des cantiques dans la Bible Latine de Castellion »
- « Sébastien Castellion (1515-1563) », sur Musée protestant (consulté le )
- « La Bible sulfureuse de Castellion », Le Temps, (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
- « Genève: La Bible de Castellion rééditée pour la première fois depuis 1555 », sur Portail catholique suisse, (consulté le )
- « Histoire de la Bible en France », sur www.bibliquest.net (consulté le )
- La Bible nouvellement translatée (trad. Sébastien Castellion), t. 1, Bâle, Jehan Heruage, (lire en ligne), « Regiſtre des liures du vieux teſtament. »
- Castellion, Sébastien ; Amherdt, David & Giraud, Yves (éds) (préf. Amherdt, David), Dialogues sacrés. Dialogi sacri (Premier livre), Librairie Droz, , 264 p. (ISBN 978-2-600-00930-0, lire en ligne), « Introduction », p. 10
- Carine Skupien Dekens, « Traduire pour le peuple de Dieu. La syntaxe française dans la traduction de la Bible par Sébastien Castellion, Bâle, 1555 - Résumé de thèse », Bull. Soc. Hist. Prot. Fr., vol. 153, , p. 146-147 (lire en ligne).
- Jean-Michel Roessli, « La Bible nouvellement translatée par Sébastien Castellion (1555). Préfaces de Pierre GIBERT et Jacques ROUBAUD, introduction, notes et commentaires de Marie-Christine GOMEZ-GERAUD, assistée de Laure MISTRAL, Paris : Éditions Bayard, 2005 », Revue de Théologie et de Philosophie, no 140, , p. 83-84 (lire en ligne, consulté le )
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifierBibliographie complémentaire
modifier- Marie-Christine Gomez-Géraud et al., Sébastien Castellion : Des Écritures à l’écriture, Paris, Classiques Garnier, coll. « Bibliothèque de la Renaissance » (no 9), , 562 p. (ISBN 978-2-8124-0923-3, DOI 10.1086/690404)
- Patrick Goujon, « La Bible de Sébastien Castellion (1555) », sur Revue Études - Culture contemporaine, (consulté le )
- Jacques Roubaud, « « Traduire pour les 'idiots' » : Sébastien Châteillon et la Bible », Recherches de Science Religieuse, vol. 89, , p. 353-376 (lire en ligne)
- Carine Skupien Dekens, Traduire pour le peuple de Dieu. La syntaxe française dans la traduction de la Bible par Sébastien Castellion, Bâle, 1555, Genève, Droz, coll. « Travaux d'Humanisme et Renaissance » (no 456), (présentation en ligne)
- « EDITION La Bible de Sébastien Castellion (1515-1563), destinée à ceux qui ne savaient pas les langues savantes, est rééditée, chez Bayard, pour la première fois depuis 1555 "La traduction de Castellion est un mélange d'audace et de réserve" », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
- Patrick Kéchichian, « Cinq siècles après, la Bible de Castellion sort de l'oubli », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- « Sébastien Castellion : Bible & Protestantisme », sur LEXILOGOS (consulté le )
Éditions
modifier- Castellion, Sébastien ; Gomez-Géraud, Marie-Christine & Mistral, Laure (éds) (préf. Gibert, Pierre & Roubaud, Jacques), La Bible nouvellement translatée par Sébastien Castellion (1555), Paris, Bayard, , 2974 p. (ISBN 2-227-47544-7 et 978-2-227-47544-1, OCLC 470374019)
Liens externes
modifier- La Bible nouvellement translatée (trad. Sébastien Châteillon), t. 1, Bâle, Jehan Heruage, (lire en ligne)
- La Bible nouvellement translatée (trad. Sébastien Châteillon), t. 2, Bâle, Jehan Heruage, (lire en ligne)