Bolet royal

espèce de champignons

Butyriboletus regius

Butyriboletus regius, le Bolet royal[1], anciennement Boletus regius, est une espèce rare de champignons basidiomycètes du genre Butyriboletus dans la famille des Boletaceae. Il est caractérisé par son chapeau rosâtre et une absence ou quasi absence de bleuissement.

Taxonomie

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Le nom correct complet (avec auteur) de ce taxon est Butyriboletus regius (Krombh.) D. Arora & J.L. Frank, 2014[2].

L'espèce a été initialement classée dans le genre Boletus sous le basionyme Boletus regius Krombh., 1832[2].

Synonymes

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Butyriboletus regius a pour synonymes[2] :

  • Boletus regius Krombh., 1832
  • Boletus subtomentosus subsp.* cerasinus C. Martín, 1903
  • Dictyopus appendiculatus var. regius (Krombh.) Quél., 1886
  • Dictyopus regius (Krombholz) Quélet., 1888
  • Suillus regius (Krombh.) Kuntze, 1898
  • Tubiporus regius (Krombh.) P. Karst., 1882

Phylogénie

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Collection de sporophores de B. regius en Sardaigne.

L'espèce a été décrite pour la première fois par le mycologue allemand Krombholz en 1832[3] sous le binôme Boletus regius. Les progrès de la systématique font éclater l'ancien genre Boletus ss. lato et migrer toute la section Appendiculati[4] vers le nouveau genre Butyriboletus[5] (ou « Bolets beurrés », en raison de leur chair « jaune de beurre », ferme et mate) en 2014[6].

Étymologie

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L'épithète spécifique regius « royal » est amplement méritée par ce majestueux Bolet, robuste et trapu, aux allures de Cèpe[7], son chapeau rouge rosé ou framboise, contrastant avec ses pores et son stipe réticulé jaune, procure un mémorable plaisir des yeux, renforcé par sa rareté.

Description du sporophore

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Les bolets sont des champignons dont l'hyménophore, constitué de tubes et terminés par des pores, se sépare facilement de la chair du chapeau. Ce chapeau d'abord rond, recouvert d'une cuticule, devient convexe à mesure qu’il vieillit. Ils ont un pied (stipe) central assez épais et une chair compacte. Les caractéristiques morphologiques de Butyriboletus regius, le Bolet royal, sont les suivantes :

Son chapeau mesure 7 à 15 cm, robuste, il est feutré à méchuleux, rose pourpre à rose vineux[8], d'un beau rouge rosé à framboise, décolorant à carmin pâle, groseille ou rouge bigarreau sur fond jaune visible par endroits. La cuticule est entièrement séparable à maturité. La marge est épaisse, incurvée, légèrement débordante, un peu ondulée.

L'hyménophore présentes des tubes jaune vif puis jaune verdâtre à la fin, non bleuissants, exceptionnellement légèrement bleuissants. Les pores sont serrés, concolores aux tubes[8]. Sa sporée est de couleur brun olive.

Son stipe mesure 5 à 10 cm x 2 à 5 cm, il est épais et trapu, relativement court, cylindro-clavé, rarement obèse, de couleur jaune à jaune soufre pâle, parfois lavé de lilacin à la base, se tachant de brunâtre à la manipulation. Il est orné d'un fin réseau concolore[8].

La chair est épaisse, ferme, de couleur jaune citron, immuable ou parfois légèrement bleuissante. Elle est souvent rose sous la cuticule et rouge vineux à la base du pied. Sa saveur est douce et son odeur est agréable, d'écale de noix puis un peu iodée[9],[8].

Caractéristiques microscopiques

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Ses spores sont lisses, hyalines, elliptiques à subfusoïdes à plus ou moins cylindriques, elles mesurent 11 à 15 μm x 3,5 à 5 μm[8].

Galerie

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Variétés et formes

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  • Butyriboletus regius f. aureus (Lambert & Estades) Klofac, 2016, est une forme au chapeau décoloré, de couleur blanc crème jaunâtre.

Habitat et distribution

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Quatre jeunes sporophores de B. regius en Slovaquie.

Le Bolet royal est une espèce assez rare, méridionale à tendance acidophile, poussant dans les bois de feuillus[10], surtout sous châtaigniers en terrain siliceux[11], sur sol peu calcaire[8], plus rarement sous chênes et hêtres, de juillet à octobre. Il est plus rare au nord de la France et en Belgique[9]. Il se trouve généralement dans les forêts tempérées mais, en Europe, sa distribution est plus concentrée dans les zones méditerranéennes humides, avec une prédilection particulière en Italie pour les environnements thermophiles. En France et en Espagne, il est observé dans les forêts mixtes de feuillus sur sols calcaires. Dans les châtaigneraies, il n'est présent que si les sols sont siliceux[12].

En Europe, il a connu un passé florissant mais, avec le changement climatique et la diminution des précipitations et des écosystèmes forestiers, il devient de plus en plus rare, à tel point qu'il figure sur les listes rouges des espèces menacées dans de nombreux États tels que la République tchèque, la Slovaquie, les républiques caucasiennes, la Grande-Bretagne et d'autres encore[12].

Comestibilité

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Planche originale de Julius Vincenz von Krombholz illustrant le Bolet royal.

La comestibilité du Bolet royal, jugée excellente, est légendaire[9]. Il est consommé traditionnellement dans plusieurs régions d'Italie, là où il est inclus dans la liste des espèces pouvant être commercialisées à l'état frais et est très apprécié dans toutes les régions où il est encore présent et non menacé d'extinction[13]. Sa chair a une excellente texture. Elle est tendre et jamais fibreuse. Légèrement parfumée, elle présente une excellente saveur sucrée, fongique et fruitée, ainsi qu'une odeur et un goût caractéristiques de brou de noix sur fond de saveur de Cèpe[12].

Son classement de comestibilité ne connait qu'une seule exception ; R. Courtecuisse (2000) le donne toxique[10], mais ces anciens cas de rapports de toxicité isolés, comprenant ceux attribués de même à certains autres Butyriboletus, sont le résultat d'une confusion historique avec le toxique Bolet joli (Rubroboletus pulchrotinctus), l'espèce sœur du Bolet Satan (Rubroboletus satanas), décrite seulement dans les années 1980, qui présente des pores jaunes aux stades naissant et intermédiaire du développement du sporophore, et pouvant donc se confondre à ce stade avec le Bolet royal[13].

Le Bolet royal est néanmoins sur la liste rouge dans de nombreux pays[14],[15]. En France, sa rareté devrait inciter à ne pas le rechercher à des fins de consommation, ou à fortement limiter la quantité de sporophores ramassés sur ses zones de pousse.

Confusions possibles

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Le Bolet royal reste très reconnaissable avec son chapeau rose et sa chair jaune non bleuissante. La différence avec des espèces pouvant lui ressembler se fera surtout par la présence de bleuissement à la coupe :

  • Le Bolet faux royal (Butyriboletus fuscoroseus), comestible, pores bleuissants et chair bleuissante au niveau du chapeau à la coupe, chapeau vieux rose à fauve rougeâtre, stipe souvent orné d'une zone rose sur sa moitié inférieure.
  • Le Bolet des Emile (Baorangia emileorum), comestible mais espèce à préserver, très rare, chapeau rouge carmin à rosé, moitié basse du stipe rouge, tubes souvent décurrents, bleuissant au niveau du stipe à la coupe.
  • Le Bolet joli (Rubroboletus pulchrotinctus), toxique, au chapeau rose feutré, aux pores jaunes ou orangés, au pied jaunâtre rosâtre et à la chair bleuissante, souvent plus vers le chapeau.

Voir aussi

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Illustration de Boletus regius par Giacomo Bresadola.

Bibliographie

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Articles connexes

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Sources

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  • André Marchand, Champignons du Nord et du Midi, t. I, Hachette, (ISBN 84-499-0649-0), pl. 63
  • Lannoy, A & Estades, G. (2001) Clé monographique des Boletaceae, Mémoire hors série 6, Documents Mycologiques (Flore Mycologique d'Europe).
  • Marcel Bon, Champignons de France et d'Europe occidentale, Flammarion, (ISBN 978-2082013215), p. 37
  • Régis Courtecuisse et Bernard Duhem Bernard, Guide des champignons de France et d'Europe, Delachaux & Niestlé, , 475 p. (ISBN 2603016911), no. 1666

Liens externes

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Notes et références

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  1. « Boletus regius, Bolet royal, Boletus pseudoregius, Boletus appendiculatus, Bolet appendiculé. », sur champyves.pagesperso-orange.fr (consulté le )
  2. a b et c V. Robert, G. Stegehuis and J. Stalpers. 2005. The MycoBank engine and related databases. https://www.mycobank.org/, consulté le 17 février 2024
  3. Boletus regius Krombholz (1832), Naturgetreue abbildungen und beschreibungen der essbaren, schädlichen und verdächtigen schwämme, 2, p. 3, tab. 7, fig. 1-11 (Basionyme)
  4. Une vingtaine d'espèces ont quitté le genre Boletus pour Butyriboletus en 2014, dont : Butyriboletus appendiculatus : Bolet de beurre, espèce type de la section Appendiculati, bleuissant, sous feuillus Butyriboletus subappendiculatus : Bolet des sapins, sous conifères en montagne, non bleuissant Butyriboletus fuscoroseus : Bolet faux-royal, bleuit légèrement Butyriboletus roseoflavus : comestible réputé en Chine
  5. Butter Boletes Butyriboletus
  6. (en) David Arora et Jonathan L. Frank, « Clarifying the butter Boletes: a new genus, Butyriboletus, is established to accommodate Boletus sect. Appendiculati, and six new species are described », Mycologia, vol. 106, no 3,‎ , p. 464–480 (ISSN 0027-5514 et 1557-2536, DOI 10.3852/13-052, lire en ligne, consulté le )
  7. Le vieux vocable gaulois« cèpe » qui a survécu pour désigner un "nœud précieux" appliqué à la vigne (cépage) et aux champignons charnus et fermes à souhait qui recouvre principalement quatre espèces : le cèpe de Bordeaux, le cèpe d'été, le cèpe des pins, et le cèpe bronzé.
  8. a b c d e et f Guillaume Eyssartier & Pierre Roux, Guide des champignons – France et Europe – 4ᵉ édition, Belin, 2017.
  9. a b et c Javi Calvo Pérez, « Butyriboletus regius », sur fungipedia.org, (consulté le ).
  10. a et b Courtecuisse, Régis, 1956-, Photo-guide des champignons d'Europe, Delachaux et Niestlé, (ISBN 2-603-01116-2 et 978-2-603-01116-4, OCLC 406939439, lire en ligne)
  11. Lannoy, A & Estades, G. (2001) Clé monographique Boletaceae, Mémoire hors série 6, Documents Mycologiques (Flore Mycologique d'Europe). p. 101
  12. a b et c (it) « Butyriboletus regius, il Porcino Reale - Funghi Magazine », (consulté le )
  13. a et b « GUIDA RAGIONATA ALLA COMMESTIBILITÀ DEI FUNGHI »
  14. Koune, Jean-Paul., Threatened mushrooms in Europe, Council of Europe Pub, (ISBN 92-871-4666-7 et 978-92-871-4666-3, OCLC 48849626, lire en ligne)
  15. (en) Michal Mikšik, « Rare and Protected Species of Boletes of the Czech Republic », Field Mycology, vol. 13, no 1,‎ , p. 8–16 (DOI 10.1016/j.fldmyc.2011.12.003, lire en ligne, consulté le )