Boletaceae

famille de champignons

Les Boletaceae (Bolétacées) sont une large famille de champignons basidiomycètes de l'ordre des Boletales, sous-ordre des Boletineae. Ils présentent généralement une silhouette boletoïde : soit un chapeau en forme de coussin portant des tubes sur la partie inférieure, et un pied épais et souvent ventru. C'est une famille importante qui est, depuis 2008, constituée de 36 genres et regroupe près de 800 espèces[1]. Seuls quelques genres contiennent des espèces nommées « bolet » en français. Des études moléculaires ont permis de revoir la classification et de préciser les relations phylogénétiques entre genres[2].

Caractéristiques générales modifier

Boletoïde

Les spécimens au stade juvénile ressemblent à de petits bouchons de champagne. Adultes, ils prennent une forme dite boletoïdes : Ils présentent un chapeau qui ressemble à un coussin (pulviné) et un pied bulbeux. Le chapeau porte des tubes. La surface du chapeau est souvent recouverte d'un fin duvet (tomenteuse). Elle est généralement brune et peut devenir légèrement visqueuse avec l’humidité (viscidule). La chair est généralement blanche ou jaune, et peut parfois virer au bleu (cyanescente) lorsqu'on les blesse, qu'on les coupe ou les meurtrit. Ce bleuissement est dû à un chromogène (l'acide variégatique (en) appelé jadis bolétol, ou l'acide xérocomique (en), dérivés de l'acide pulvinique) qui, au contact de l'air, s'oxyde et se transforme en boletoquinone, de couleur bleue[3].

Le pied est enflé mais reste cylindrique chez les petits bolets. Ils peuvent présenter un réseau de nervures croisées comme les mailles d'un filet (réticulées) ou être couverts de petites saillies noires (scabreux).

Exception, évolution et origine modifier

Si les anciennes classifications se basaient surtout sur la morphologie, soit principalement un chapeau convexe portant des tubes, la phylogénétique a intégré de nouveaux genres dans la famille. Ces nouveaux genres n'ont pas de pied, se présentent comme une boule en forme d'estomac (gastéroïde) ou ont la forme de paxille. Ils portent des lames ou des pores, présentent des alvéoles dans le chapeau ou sur le pied ou encore de nombreuses couleurs jusque-là non représentées dans les espèces européennes (rose, jaune citron, mauve, etc.). Ceci démontrant une évolution dans la même famille de la recherche d'une évolution plus raffinée dans l'efficacité de sa reproduction[4]. Enfin, les hypothèses proposées suggèrent que l'ancêtre des Boletaceae était un champignon saprophyte, présentait une morphologie soit resupinée, soit polyporoïde quoique les sporophores clavarioides et les coralloïdes sont absents dans ce groupe, et que cet ancêtre commun était un champignon lignivore, spécifiquement des cônifères[5].

Liste des genres modifier

En 2008, le dictionnaire des champignons[6] distingue 36 genres dans la famille des Boletaceae. Cependant, tout ce qui n'était pas encore morphologiquement et phylogénétiquement défini se trouvait dans le genre Boletus. En 2020, de nombreuses requalifications ayant eu lieu, 103 genres sont reconnus ; certains étant toujours monospécifiques[7].



Classement phylogénétique modifier

Genre Boletus modifier

Dans les Boletaceae, le genre Boletus reste considéré comme le genre basique après que tous les autres aient été séparés en fonction des caractéristiques idiosyncrasiques et morphologiques. Il n'est donc pas homogène ou monophylétique et apparaît dès lors provisoirement dispersé dans les différents clades. Le plus important est celui des edulis sensu lato.

Alignement des trois sous-ordres modifier

Les genres des Boletaceae énumérés ici sont conçus dans un sens large et classique respectant la morphologie classique : des sporophores charnus avec des pores. Depuis 2011, les inférences phylogénétiques à partir de séquences d'ADN suggèrent l'alignement des trois clades (sous-ordres) des Boletineae, Suillineae et Sclerodermatineae. Tous les genres ne sont pas tous bien connus voire inégalement circonscrits. Certaines associations mycorhiziennes peuvent être confirmées, mais la plupart ne sont que soupçonnées. Les inférences phylogénétiques récentes basées sur des séquences d'ADN suggèrent que certains taxons seraient de vrais gasteroïdes (mis à part ceux classés dans les Sclerodermatineae) intégrés ici dans le classement (Durianella, Spongiforma, Royoungia, Chamonixia sensu lato)[8].

Phylogramme des Boletaceae ou du Clade des Boletineae modifier

Phylogramme et aire d'indigénat des Boletaceae modifier

Arborescence simplifiée de la classification génétique des Boletaceae,

Bibliographie modifier

  • Publication originale  : Chevallier, François-Fulgis, Flore générale des environs de Paris, selon la méthode naturelle, Chez Ferra Jeune, librairie, rue des Grands-Augustins, nº. 23 (Paris, imprimerie de Decourchant rue d'Erfurth nº. 1), (lire en ligne Accès libre), p. 248Voir et modifier les données sur Wikidata
  • (en) Carl B. Wolfe, Austroboletus and Tylopilus subgenus Porphyrellus, with emphasis on North American taxa, Vaduz Liechtenstein, J. Cramer, , 148 p. (ISBN 3-7682-1251-3)
  • (en) Paul M. Kirk, Paul F. Cannon, David W. Minter et Joost A. Stalpers, Dictionary of the Fungi, Wallingford, CABI, , 10e éd., 772 p. (ISBN 978-0-85199-826-8, présentation en ligne)
  • (en) A.R. Bessette, A. Bessette et W.C. Roody, North American Boletes : A Color Guide to the Fleshy Pored Mushrooms, Syracuse, New York, Syracuse University Press, , 180 p. (ISBN 0-8156-0588-9)
  • (es) R. Singer et A.P.L. Digilio, Pródromo a la flora agaricina Argentina, vol. 25, , 438 p.
  • (en) R. Singer, The Agaricales in modern taxonomy, Königstein, Germany, Koeltz Scientific Books., , 4e éd., 981 p.
  • (en) M. Binder et D. Hibbets, Toward a global phylogeny of the Boletales : Complete figure of the propose research based on Nuc-Isu rDNA,

Références modifier

  1. Kirk et al. 2008, p. 49
  2. (en) Manfred Binder et David S. Hibbett, « Molecular systematics and biological diversification of Boletales », Mycologia, The Mycological Society of America, Lawrence, KS 66044-8897, vol. 6, no 98,‎ , p. 971–98 (lire en ligne)
  3. (en) Jan Velišek & Karel Cejpek, « Pigments of Higher Fungi: A Review », Czech J. Food Sci., vol. 29, no 2,‎ , p. 93 (lire en ligne).
  4. Binder et Hibbets 2006, p. 972, Fig 1
  5. Binder et Hibbets 2006, p. 971, 976, 977 et 979
  6. Kirk et al. 2008, p. 96
  7. Index Fungorum, consulté le 25 septembre 2020
  8. Halling R.E., Synopsys Boletales- Boletaceae 2011
  9. Position incertaine

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