Bradel-Derome est un nom porté par deux grands relieurs français de la première moitié du XIXe siècle, héritiers de deux illustres lignées de relieurs : la famille Bradel et la famille Derome, remontant au XVIIe siècle.

François-Paul Bradel modifier

Les Bradel sont relieurs à Paris depuis le XVIIe siècle ; Ernest Thoinan — qui fit quelques erreurs — en cite au moins dix-sept représentants, et fait remonter la lignée à Marin Bradel, ouvrant boutique de relieur à Paris en 1586[1],[2].

Fils du maître relieur parisien Paul Bradel (?-1785) et de Marie-Louise Lecornu, François-Paul Bradel (vers 1757 - 1827), actif entre 1770 et 1795[3], fut l'un des relieurs les plus réputés de son temps et inventeur de la reliure portant son nom. Il épouse en 1783 Catherine-Jeanne Derome, nièce et héritière du relieur Nicolas-Denis Derome dit le jeune (mort en 1790). François-Paul Bradel avait repris l'atelier de son oncle par alliance.

Selon Culot (2015), François-Paul Bradel aurait importé d'Allemagne, dans les années 1770, un procédé nouveau de reliure d'attente ou d'emboîtage, préfigurant la reliure industrielle du début du siècle suivant.

Selon Le Bris (2002), qui corrige Thoinan, François-Paul Bradel aurait eu un frère cadet, Pierre-Jean Bradel, relieur actif entre 1775 et 1787.

Antoine Louis François Bradel-Derome modifier

Fils du couple précédent, ce relieur, tout aussi réputé que son père de son vivant, avait sombré dans l'oubli jusqu'à ce qu'un expert en livres anciens, Roch de Pillot de Coligny[4], inventoriant une bibliothèque de 2 000 volumes constituée en pleine époque romantique par le vicomte Eugène de Bourbon-Busset (1799-1863), put établir avec certitude que ces livres furent entièrement reliés par lui.

Pour le distinguer de son père, il fut donc appelé Bradel-Derome le Jeune (1790-1855)[5], dont les ateliers restent actifs jusqu'à la fin des années 1840[6]. L'une des premières adresses semble se trouver rue Jean-de-Beauvais.

Cette découverte, exceptionnelle pour l'histoire de la reliure française, donna lieu à une étude publiée en 2004, où sont reproduites presque toutes les reliures de Bradel-Derome le Jeune.

Notes et références modifier

  1. E. Thoinan, Les relieurs français (1500-1800) : biographie critique et anecdotique, Paris, Paul et Huard, 1893, pp. 219-221sur Gallica.
  2. Marius Michel, La Reliure française, Paris, D. Morgand & C. Fatout, p. 233, note XI — sur Wikisource.
  3. « François-Paul Bradel (v. 1757-1827) », sur BnF (consulté le ).
  4. Les reliures de Bradel-Derome le Jeune (Antoine Louis François Bradel) relieur de la bibliothèque royale constituant la bibliothèque du vicomte E. de B.-B. Cousin de nos derniers rois (1820-1855) : époque Romantique, Axor-Danaé et Honoré d’Urfé Editeurs, 2004.
  5. Dates citées par Samuel Gras (IRHiS, 2016) — [PDF] lire en ligne, p. 32.
  6. « Première partie de la Bibliothèque du vicomte E. de B.-B. reliée par Bradel-Derome le Jeune (Antoine Louis François) & par son atelier », résultats vente Drouot du 25 mai 2004, sur Bibliorare.com.

Bibliographie modifier

  • Julien Fléty, Dictionnaire des relieurs français ayant exercé de 1800 à nos jours, Paris, Technorama, 1988, p. 33.
  • Sabrina Le Bris, « Bradel, famille », in: Dictionnaire encyclopédique du livre, [tome 1], A-D., Paris, Édition du Cercle de la librairie, 2002, p. 381.
  • Paul Culot, Le décor néo-classique des reliures françaises aux temps du Consulat, du Directoire et de l'Empire, Bruxelles, Bibliotheca Wittockiana, 2015, pp. 45-51.

Voir aussi modifier