Breitbart News

média conservateur américain fondé par Andrew Breitbart

Logo de Breitbart News

Adresse breitbart.com
Commercial Oui
Langue Anglais
Siège social Los Angeles
Drapeau des États-Unis États-Unis
Propriétaire Breitbart News Network
Lancement 2007
État actuel En activité

Breitbart News Network (ou Breitbart News, Breitbart ou Breitbart.com) est un média politique ultra-conservateur américain[1],[2],[3] créé en 2007 par Andrew Breitbart. Il est qualifié d'extrême droite par de nombreux médias[4],[5],[6], considéré comme suprémaciste et complotiste[7].

Le siège de Breitbart News est situé à Los Angeles, avec des bureaux au Texas, à Londres et à Jérusalem. Breitbart a joué un rôle important dans plusieurs affaires et controverses comme le scandale sexuel d'Anthony Weiner, un homme politique américain.

Président exécutif de Breitbart News depuis 2012, Steve Bannon quitte son poste en 2016 pour diriger la campagne de Donald Trump puis devient son conseiller stratégique à la Maison-Blanche. Après avoir dû abandonner son rôle au cœur du pouvoir à Washington, D.C. le , il reprend la direction éditoriale de Breitbart News, qu'il quitte toutefois en janvier 2018.

Histoire modifier

Création modifier

Andrew Breitbart lance le site d'actualité Breitbart.tv en 2007. Il publie des dépêches d'Associated Press, de Reuters, de l'Agence France-Presse, Fox News, PR Newswire et de U.S. Newswire, ainsi que des liens vers d'autres sites de grands journaux internationaux[8],[9].

Andrew Breitbart en 2012.

En 2010, Andrew Breitbart fonde breitbart.com, un site web conçu pour devenir « le Huffington Post de la droite »[1]. Larry Solov, cofondateur, raconte en 2015 que, quand Breitbart et lui décident de fonder Breitbart News, leur intention était de créer un média pro-liberté (« pro-freedom ») et favorable à Israël (« pro-Israel »)[10].

En février 2014, le président exécutif de Breitbart News, Stephen Bannon, annonce le recrutement de douze autres journalistes et l'ouverture de bureaux au Texas et à Londres. C'est l'entame d'un plan de développement du site qui consiste à s'implanter notamment en Floride, en Californie et, à l'étranger, au Caire et à Jérusalem[11].

Mort d'Andrew Breitbart modifier

Le fondateur du site meurt en mars 2012[12]. Larry Solov devient directeur général, propriétaire principal et président de Breitbart News[13]. En octobre 2012 un article de BuzzFeed laisse sous-entendre qu'il y a des tensions internes dans la rédaction du site web depuis la mort de Breitbart[14]. Steve Bannon devient son président exécutif[15].

Selon Politico, Robert Mercer (informaticien devenu milliardaire en créant des algorithmes capable d'anticiper le marché boursier ou d'influer sur lui), est avec sa femme l'un des investisseurs importants du site[16], mais les rédacteurs en chef de Breitbart ne « souhaitent pas communiquer l'identité de leurs investisseurs et leurs soutiens, étant donné que Breitbart est une société privée[17]. »

Crise interne de 2016 modifier

À l'approche de l'élection présidentielle américaine de 2016, en juillet 2015, Politico considère que Ted Cruz « est sûrement le candidat ayant le plus de relations avec la machine Breitbart[17]. » En août 2015, un article de BuzzFeed révèle que des employées de Breitbart ont déclaré de façon anonyme que Donald Trump a payé le site pour avoir une couverture médiatique favorable de leur part. La direction du site a « fermement contesté » cette accusation[14].

En mars 2016, Lloyd Grove de The Daily Beast qualifie le site de « Trump-friendly » (favorable à Trump), affirmant que Breitbart « critique régulièrement l'establishment du Parti républicain, les élites médiatiques, les consultants de Washington et la chaîne d'information continue Fox News[18]. » Le 11 mars, la journaliste de Breitbart Michelle Fields affirme s'être fait agresser par un membre de l'équipe de campagne de Trump, Corey Lewandowski (en), alors qu'elle tentait de poser une question[19],[20]. Après avoir considéré que les journalistes de Breitbart n'ont pas assez soutenu leur consœur Michelle Fields, cette dernière et l'envoyé spécial du site Ben Shapiro démissionnent du site[21],[20],[22]. Un article publié sur le site accuse Shapiro de trahir les lecteurs de Breitbart. L'envoyé spécial pour Breitbart Joel Pollak s'est ensuite excusé d'avoir publié cet article[23],[24]. Le porte-parole du site Kurt Bardella remet également sa démission à la suite de cet événement, reprochant à Breitbart la gestion de cet incident ainsi que la bienveillance que les journalistes portent pour Trump[25],[23]. Le 14 mars, plusieurs cadres dirigeants et des journalistes de Breitbart démissionnent de leurs postes car « […] ils [ont] perçu le soutien sans réserve de Breitbart pour Trump, jusqu'au détriment apparent d'une de leurs journalistes, comme une trahison[26]. »

Ligne éditoriale modifier

Selon de nombreux média internationaux, Breitbart.com est un site d'extrême droite[27].

Selon Laure Mandeville, grand reporter au Figaro, Breitbart.com se positionne comme « un site de combat anti-élites et populiste », critique contre l'establishment qu'il soit républicain ou démocrate[28]. C'est d'ailleurs ce discours anti-élites qui caractériserait sa ligne éditoriale en premier lieu[28]. Site conservateur, il n'hésite pas à prendre position contre l'idéologie traditionnelle du parti républicain[28]. Répondant à une « demande massive » parmi une partie de la population américaine qui désapprouve les excès du politiquement correct dans la plupart des médias, Breitbart News adopte un discours offensif sur les questions sociétales[28].

Des courriels internes à Breitbart échangés notamment entre Stephen Bannon et Milo Yiannopoulos montrent que l'organisation a offert une plateforme médiatique aux nationalistes blancs et aux néo-nazis[29].

Audience modifier

Selon les chiffres disponibles en 2017, le site rassemble près de 50 millions de visiteurs uniques ce qui en ferait l'un des premiers sites mondiaux en termes de présence sur les réseaux sociaux[28].

Critiques modifier

Selon Gaétan Mathieu de Télérama, Breitbart publie régulièrement des articles misogynes ou xénophobes[30]. Le site a notamment publié des articles intitulés « Il n’y a pas de préjugé à l’embauche contre les femmes dans le monde de la tech, elles sont simplement nulles en entretien » ou encore « la contraception rend les femmes moches et folles »[30].

Pour Laure Mandeville, « Breitbart sacrifie souvent la nuance et l'honnêteté à son agenda idéologique ». Elle cite à cet égard les « campagnes de calomnies » menées par le site en 2017 contre le conseiller à la sécurité nationale, le général H. R. McMaster[28].

Le réseau d'activistes Sleeping Giants mène à partir de 2016 une campagne visant à convaincre les publicitaires de boycotter le site afin de couper toute rémunération à l'entreprise. Ce boycott fait suite à différentes critiques reprochant à Breibart News sa tendance misogyne ou xénophobe[31],[32].

D'après un sondage Gallup, Breitbart est considéré par les Américains comme étant le média le plus partisan et le moins objectif du pays[33].

Antennes régionales effectives modifier

Londres modifier

Breitbart London, section londonienne de Breitbart, est lancée en février 2014. Nigel Farage et Gerald Warner sont des intervenants réguliers du site.

Jérusalem modifier

Le 17 novembre 2015, le site lance Breitbart Jérusalem, qui couvre l'actualité en Israël et au Moyen-Orient[34].

Texas modifier

Breitbart Texas est lancée en février 2014, en même temps que Breitbart London. Le rédacteur en chef de la section texane de Breitbart est Brandon Darby[35].

Californie modifier

Le 6 avril 2014, Breitbart lance Breitbart California. Kevin McCarthy, homme politique américain et l'acteur Orson Bean en sont des intervenants réguliers[36].

Antennes en projet modifier

France modifier

En juillet 2016, Stephen Bannon annonce son intention d'ouvrir une version française du site, avant l'élection présidentielle de 2017 ; il présente alors la France comme « l’endroit où il faut être, avec ses jeunes entrepreneurs, les femmes de la famille Le PenMarion Maréchal Le Pen est la nouvelle étoile montante »[37]. Ce projet est mis à mal par un étudiant français qui a racheté plusieurs url clés[38].

Allemagne modifier

Breitbart News compte également ouvrir une antenne en Allemagne[37].

Notes et références modifier

  1. a et b (en) James Rainey, « Breitbart.com sets sights on ruling the conservative conversation », Los Angeles Times, .
  2. (en) David Freedlander, « Chuck Hagel, Friend of Hamas? », The Daily Beast, .
  3. (en) Joshua Green, « This Man Is the Most Dangerous Political Operative in America », Bloomberg, .
  4. (en) « AppNexus bans Breitbart from ad exchange, citing hate speech », The Japan Times, .
  5. (en) Paul McGeough, « Hate crimes surge in Donald Trump's America », The Sydney Morning Herald, (consulté le ).
  6. (en) « Is Trump’s new chief strategist a racist? Critics say so. », The Washington Post (consulté le )
  7. « Stephen Bannon éjecté de la Maison-Blanche », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  8. (en) Rob Owen, « The next wave: Ex-WTAE anchor Scott Baker changes channel to run Web news site », Pittsburgh Post-Gazette, .
  9. (en) Conor Friedersdorf, « Breitbart.com Struggles With the Contradictions of Its Namesake », The Atlantic, .
  10. (en) Larry Solov, « Breitbart News Network: Born In The USA, Conceived In Israel », Site officiel, .
  11. (en) Leslie Kaufman, « Breitbart News Network Plans Global Expansion », The New York Times, .
  12. (en) David Weigel, « Meet the Breitbarts », Slate, .
  13. (en) Paul Bond, « Breitbart News Names Executives Who Will Run Company in Wake of Founder's Death », The Hollywood Reporter, (consulté le )
  14. a et b (en) McKay Coppins, « Breitbart's Inheritors Battle Over His Legacy », BuzzFeed, .
  15. Giuliano da Empoli : Les ingénieurs du chaos, p. 105 & suiv., 2023, Éditeur Folio, (ISBN 978-2073019240)
  16. (en) Dylan Byers, « Hedge-fund magnate backing Cruz is major investor in Breitbart News Network », Politico, .
  17. a et b (en) Hadas Gold, Katie Glueck et Kenneth P. Vogel, « The Daily Cruz », Politico, .
  18. (en) Lloyd Grove, « How Breitbart Unleashes Hate Mobs to Threaten, Dox, and Troll Trump Critics », The Daily Beast, .
  19. (en) Ahizia Garcia et Dylan Byers, « Breitbart reporter says she filed charges against Trump's campaign manager », CNN, .
  20. a et b (en) Sarah Kaplan, « Reporter who says she was manhandled by Trump campaign manager resigns from Breitbart », The Washington Post, .
  21. (en) Rosie Gray et McKay Coppins, « Michelle Fields, Ben Shapiro Resign From Breitbart », BuzzFeed, .
  22. (en) « Campaign 2016: Upheaval at news website Breitbart over dustup with Donald Trump campaign », CBS News, .
  23. a et b « Infighting erupts at conservative news site after Donald Trump aide is accused of manhandling reporter ».
  24. (en) Hadas Gold, « Breitbart piece mocking editor who resigned was written under father's pseudonym », Politico, .
  25. (en) Jason Abbruzzese, « Breitbart staffers quit over the news site's 'party-line Trump propaganda' », Mashable, .
  26. (en) Michael M. Grynbaum, « Upheaval at Breitbart News as Workers Resign and Accusations Fly », The New York Times, .
  27. (en) David Weigel, « Is Trump's new chief strategist a racist? Critics say so. », The Washington Post, (consulté le ).
    (en) Mirren Gidda, « President Barack Obama Warns Against 'Us and Them' Nationalism », Newsweek, .
    (en) Dan Murphy, « Beyond Rhodesia, Dylann Roof's manifesto and the website that radicalized him », The Christian Science Monitor, (consulté le ).
    (en) « Donald Trump's Cabinet picks, so far », Associated Press, (consulté le ).
    (en) « AppNexus bans Breitbart from ad exchange, citing hate speech », The Japan Times, .
    (en) Paul McGeough, « Make America hate again: how Donald Trump's victory has emboldened bigotry », The Sydney Morning Herald, .
  28. a b c d e et f Laure Mandeville, « Steve Bannon est-il le Dark Vador de la politique américaine ? », Le Figaro, .
  29. (en) Tara Golshan, « 2 big takeways from a scandalous report on internal Breitbart documents », Vox, .
  30. a et b Gaétan Mathieu, « Steve Bannon, le conseiller très à droite et très adroit de Donald Trump », Télérama, .
  31. (en) Pagan Kennedy, « How to Destroy the Business Model of Breitbart and Fake News », The New York Times, (consulté le ).
  32. (en) Dara Kerr, « Tech companies' newest cause celebre? Boycott Breitbart », CNET,
  33. (en) « These are the most and least biased news outlets in the US, according to Americans », Business Insider France, (consulté le )
  34. (en) « Breitbart News Continues International Expansion With Launch Of Breitbart Jerusalem », Site officiel, .
  35. (en) Jesse Singal, « Monica Foy, the Victim of a Terrifying Right-Wing Internet-Shaming, Speaks Out », New York, .
  36. (en) « Breitbart News Network Announces Launch of Breitbart California », Site officiel, .
  37. a et b Thierry Noisette, « Breitbart, ce site facho dont le patron conseille Trump et vise la France », Rue89, .
  38. « Un jeune activiste français retarde l'arrivée en France du site pro-Trump « Breitbart News » », Journal du Geek, .

Lien externe modifier