Bretonische Regierung

Le Bretonische Regierung (en allemand : « Gouvernement breton ») est le « gouvernement en exil » des nationalistes bretons ayant fui la France (certains étant condamnés à mort) à la déclaration de guerre de septembre 1939.

Origine

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Début mai 1940, Olier Mordrel et François Debauvais dirigent un « gouvernement breton en exil » (Bretonische Regierung) à Berlin, au domicile de Mordrel, au n° 7 de la Traunsteinerstrasse. Les 2 fondateurs du Parti national breton ne font pas pourtant figure de chefs alliés en exil. Leur présence est à l'encontre des décisions officielles, ils peuvent cependant circuler grâce à la complicité des agents des services secrets allemands acquis à l'idée de l'indépendance bretonne, qui leur a fait délivrer des passeports de « Staatenlos », réservés aux apatrides. Olier Mordrel prend alors le nom d'emprunt d'« Otto Mohr », Debauvais de « Durieux ».

Mai 1940

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Olier Mordrel décrit dans son livre Breiz Atao (p. 265) la tentative de constitution de troupes auxiliaires des armées d’invasion :

« Pouvez-vous, demande-t-il, recruter parmi vos prisonniers des éléments sûrs, pour précéder nos colonnes dans leur progression vers la Bretagne et en Bretagne ? (…) Combien de temps nous donnez-vous ? — Sans délais. Il ne pouvait nous faire un plus grand plaisir »

Au début de mai 1940, la clandestinité des chefs bretons devient pour les services officiels du Reich « une situation tolérée mais discrète ». Dans ce bureau, on se livre à une grande activité amplifiée par l'invasion allemande du 10 mai 1940. Le premier travail politique et administratif, relève de Mordrel, consiste en l'édition de tracts, de brochures, de rédaction de rapports destinés aux autorités étrangères et à la préparation du retour en Bretagne en cas de victoire allemande, avec tout ce que ce problème peut soulever (ligne politique à observer, établissement des textes constitutionnels fondamentaux, etc.). La seconde partie se préoccupe d'obtenir des renseignements, d'établir des liaisons de plus en plus hypothétiques avec la partie clandestine du PNB ou l'étranger, mais aussi le contact avec les agents allemands de l'Abwehr dont le représentant qualifié est le baron von Stauffenberg. Le secrétariat de ce « Regierung » est assuré par Fred Moyse, et sa fiancée flamande. En dehors de ces activités, le bureau de Berlin communiquait également par téléphone au poste émetteur de Kremsir, en Moravie, le texte de deux émissions radiophoniques quotidiennes de Mordrel destinées aux Bretons demeurés en Bretagne, ou appelés aux armées, qui ne prirent fin que dans les derniers jours de juin.

Mais l'essentiel de la mission des deux hommes consistait à avoir des entrevues avec des personnalités civiles assez haut placées dans le régime, pour les convaincre d’établir un État breton, après la défaite de la France. Ce fut un échec pour les autonomistes, que Debauvais expliqua par la suite par le manque d'interlocuteurs valables. Le plus haut dignitaire nazi rencontré fut Otto Abetz. Les pourparlers pour l'indépendance restèrent lettre morte. "L'Allemagne avait choisi de stabiliser l'Etat français en négociant avec le régime du Maréchal Pétain. L'administration française restait par ailleurs massivement jacobine et s'avéra anti-autonomiste[1]". Les deux fondateurs du PNB furent alors requis pour une tâche nouvelle, plus urgente, celle de la libération éventuelle des prisonniers bretons, qui pouvait être d'une importance capitale pour l'avenir et le succès de leur mouvement.

Les prisonniers bretons

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La majorité des prisonniers bretons capturés lors de la campagne de France par les Allemands furent placés dans les oflags et les stalags. En 1940, grâce aux démarches effectuées par le baron Schenk von Stauffenberg pour persuader l'OKW de créer des camps spéciaux réservés aux Bretons, aux Flamands et aux Corses, près de 60 000 prisonniers bretons furent regroupés dans les camps de Luckenwalde, Bad Orb, Neubrandenburg, Sagan et Hoyerswerda où ils furent informés qu'un statut préférentiel pourrait sans doute être accordé aux autonomistes. Pendant ce temps là, les membres du « bureau breton » essayaient de retrouver dans la liste des prisonniers qui leur parvenaient les anciens membres et sympathisants du PNB afin de les faire libérer en priorité. Un des premiers à en bénéficier fut André Geffroy. Il accompagna alors Mordrel et Moyse pour tenir des conférences dans les camps de prisonniers pour ranimer « la flamme du nationalisme breton ». L'accueil fut très mitigé. Accueil enthousiaste à Luckenwalde[2], mais très réticent dans les autres camps. À Hoyerswerda, notamment où Moyse et Mordrel, pris à partie par plusieurs centaines d'officiers manquèrent de peu d'être lynchés et ne durent leur salut qu'à une intervention musclée d'une section de Landsturm.

La piste Rohan

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À Sagan, Fred Moyse eut un bref entretien avec Alain de Rohan que « Debauvais » aurait, dit-on, vu sans déplaisir occuper un poste honorifique dans le gouvernement de l’État breton libre. Mais celui-ci refusa de se laisser rapatrier sous l'étiquette d'autonomiste. Alain de Rohan est le père de l'homme politique Josselin de Rohan. Ce dernier, président du conseil régional de Bretagne, prend ses distances avec l’Institut culturel de Bretagne en 2000. Revenant sur cet épisode, il déclare à cette occasion « Cet institut culturel voulu par la Région a été colonisé par une mouvance qu'il jugeait pseudo-culturelle et marginale : Bretagne über Alles. Un nationalisme nostalgique de la collaboration, teinté de xénophobie et d'ethnocentrisme, alors que la tradition de la Bretagne a toujours été, au contraire, l'ouverture ! (sic) Mon père, prisonnier en Allemagne, a été démarché dans son Oflag par des collaborateurs bretons venus monnayer sa libération : il les a mis dehors ! Arrêtons tout ça ». Son grand-père utilisa les affiches anti-dreysfusardes aux législatives tandis que le comité consultatif de Bretagne fut reçu par son père au château de Josselin.

Une faute politique ?

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Pour certains membres de Breiz Atao, dont Yann Goulet par exemple, cette intervention des « émigrés bretons » fut une faute politique. Pour lui, seul un ancien soldat pouvait avoir une chance de convaincre d'autres soldats, qu'on avait froidement abandonnés. Il s'était d'ailleurs imposé comme chef de camp à Luckenwalde (où des conférences sur la « question bretonne » furent prononcées, et un programme prévu pour chaque heure du jour, comprenait notamment des cours de breton et d'histoire de la Bretagne). La messe, encore dite en latin ne s'accompagnait que de cantiques bretons.

Retour des prisonniers bretons ?

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Près d'une centaine de prisonniers de Luckenwalde sont rapatriés mi-juin 1940 dans un convoi dirigé par « Moyse » et « Debauvais ». Ce convoi est augmenté d'autres prisonniers à Lille, pendant que Debauvais rejoint seul en avant-garde la Bretagne, pour prendre sa température politique. Le convoi fait étape à Saint-Cloud et apprend la signature de l'armistice du 22 juin 1940. Le lendemain, les 150 premiers « autonomistes » sont de retour en Bretagne. La moitié de ceux-ci se rendent à Pontivy pour assurer le service d'ordre prévu pour la proclamation, au château de Rohan, de la « libération de la Bretagne ».

L'activité du bureau s'intensifie pour les prisonniers. Moyse, Mordrel et Debauvais revenus en Bretagne, les activités de Berlin furent confiées à Charles Gaonac'h, secrétaire de Breiz Atao, à Kerlann et à Kongar-Kervella, et d'autres « libérables » comme Yann Goulet qui prononcèrent des conférences dans les camps et alimentèrent ceux-ci en brochure de propagande, livres, revues, exemplaires de L'Heure Bretonne.

  1. (br) Olier Mordrel, An nos o skediñ, 2e édition [« La nuit qui rayonne »], Merdrignac, La Bretagne réelle, , p. 64
  2. Source : Hervé Le Boterf, La Bretagne dans la guerre.