Brouillards toxiques dans la vallée de la Meuse
Les brouillards toxiques dans la vallée de la Meuse sont un épisode de très forte pollution atmosphérique ayant eu lieu du 1er au 5 décembre [1], dans la vallée de la Meuse, de Seraing à Huy, en Belgique).

Causes et conséquences
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Cette pollution, d'origine industrielle (27 importantes usines sidérurgiques locales), a eu pour cause de très mauvaises conditions de dispersion atmosphérique (brouillards intenses, couche d'inversion de température basse et épaisse), associées à de fortes émissions de SO2, de particules en suspension et d'aérosols divers. C'est donc un phénomène extrême de pollution acido-particulaire[2].
Les conséquences en furent importantes : on a relevé 60 décès dès le troisième jour de brouillard (soit, pour la période de pollution, une mortalité accrue de 10,5 %, par rapport à une période normale). La commune d'Engis en souffrit le plus.
Plusieurs milliers de personnes ont également présenté des problèmes respiratoires graves ; le bétail fut également atteint.
Une commission d'enquête fut formée. En résulta la première étude scientifique au monde sur la mortalité et les maladies liées à la pollution de l'air. Elle annonçait la possibilité de nouvelles catastrophes comme celle du Grand_smog_de_Londres.
Retentissement mondial
modifierLa presse diffusa largement l'information, tant en Belgique que dans le monde :
- 6 décembre : The Evening Independent (U.S.A.) : « Mysterious fog in Meuse valley », The Times (Angleterre) : « Over forty deaths in Belgium », Sydney Morning Herald (Australie) : « Fog of death », Rotterdamsch Nieuwsblad (Pays-Bas) : « De doodende mist »
- 7 décembre : New York Times : « Fog brought death only to old and ill. Peasants still in terror », Le Matin (France) : « Le brouillard fait des victimes en Belgique », Het Vaderland (Pays-Bas) : « De moordende mist »
- 8 décembre : L’Humanité (France) : « Un brouillard mortel descend sur neuf villages et tue près de 70 personnes », Canberra Times (Australie) : « The breath of death ».
Notes
modifier- ↑ Zimmer 2016.
- ↑ « Brouillards toxiques : un air, un corps, une nation - Entretien avec Alexis Zimmer », sur Lundi matin, (consulté le ).
Bibliographie
modifierSources d'époque :
- André Allix, « À propos des brouillards lyonnais : 4. Le brouillard mortel de Liège et les risques pour Lyon », Études rhodaniennes, vol. 8, nos 3-4, , p. 133–144 (DOI 10.3406/geoca.1932.3903, lire en ligne).
- (en) J. Firket, « Fog along the Meuse Valley », Transactions of the Faraday Society (en), vol. 32, , p. 1192–1197 (DOI 10.1039/TF9363201192, S2CID 95431647, lire en ligne).
- (en) Kaj Roholm (en), « The fog disaster in the Meuse Valley, 1930 : A fluorine intoxication », The Journal of Industrial Hygiene and Toxicology, vol. 19, no 3, , p. 126–137 (S2CID 130256532, lire en ligne).
Sources contemporaines :
- (en) Benoît Nemery, Peter H.M. Hoet et Abderrahim Nemmar, « The Meuse Valley fog of 1930 : An air pollution disaster », The Lancet, vol. 357, no 9257, , p. 704–708 (PMID 11247570, DOI 10.1016/S0140-6736(00)04135-0, S2CID 664860).
- Alexis Zimmer (sous la dir. de Christian Bonah et Jean-Christophe Weber), Brouillards mortels : Une histoire de la production de météores industriels, 19e/20e siècles, le cas de la vallée de la Meuse (thèse de doctorat en épistémologie et histoire des sciences et des techniques, no 2013STRAB014), Université de Strasbourg, Sociétés, acteurs, gouvernement en Europe (SAGE), (OCLC 1245850418, HAL tel-01941714, SUDOC 179236784, présentation en ligne).
- Alexis Zimmer, Brouillards toxiques : Vallée de la Meuse, 1930, contre-enquête (texte remanié de Zimmer 2013), Bruxelles, Zones sensibles, , 263 p. (ISBN 978-293-0601-23-6, présentation en ligne).
Voir aussi
modifier- Pollution de Londres, autre exemple de grave pollution acido-particulaire d'origine industrielle