Rituximab
Le rituximab (commercialisé par les laboratoires Hoffmann-La Roche et sa filiale Genentech sous les noms Rituxan et MabThera) est un anticorps monoclonal chimérique dirigé contre la molécule de surface CD20 (présente sur la plupart des cellules B). Il permet de diminuer de façon substantielle le nombre de lymphocytes B par un effet toxique direct sur ces cellules[2], y compris lorsque ceux-ci prolifèrent lors d'un cancer de la moelle osseuse.
Rituximab | |
Fragment Fab du rituximab avec épitope protidique | |
Identification | |
---|---|
No CAS | |
No ECHA | 100.224.382 |
Code ATC | L01 |
DrugBank | DB00073 |
Propriétés chimiques | |
Formule | C6416H9874N1688O1987S44 [Isomères] |
Masse molaire[1] | 143 858,028 ± 6,978 g/mol C 53,57 %, H 6,92 %, N 16,44 %, O 22,1 %, S 0,98 %, |
Unités du SI et CNTP, sauf indication contraire. | |
modifier |
Utilisation
modifierC'est un médicament utilisé dans le traitement de certains lymphomes[3], exprimant la molécule de surface CD20, c'est-à-dire la plupart des lymphomes B et la leucémie lymphoïde chronique. Ses principales indications sont les lymphomes diffus à grandes cellules B, les lymphomes folliculaires, les lymphomes du manteau et la leucémie lymphoïde chronique. Il est également actif dans la leucémie aiguë lymphoblastique dans les formes CD20[4].
Il est également utilisé aujourd'hui pour traiter les formes sévères de certaines affections auto-immunes, en particulier les anémies hémolytiques, les purpuras thrombopéniques, le lupus, le pemphigus, et aussi la polyarthrite rhumatoïde. Après une greffe de moelle ou d'organe il permet de traiter les lymphomes induits par le virus EBV. Enfin, il est également utilisé dans des formes particulières de rejet de greffes d'organes (rejet aigu vasculaire de mécanisme humoral).
Il est de plus en plus utilisé dans le traitement en seconde ligne de la myasthénie réfractaire ou résistante aux cortico-dépendante, après qu'une étude rétrospective a montré son efficacité[5].
Ce médicament est en cours de test pour le traitement de la sclérose en plaques[6] et a des résultats prometteurs lors d'une leucémie lymphoïde chronique[7].
Son efficacité s'avère être décevante dans le lupus érythémateux disséminé[8],[9].
Dans les vascularites avec anticorps antineutrophiles cytoplasmatiques (ANCA), le rituximab pourrait être une alternative au cyclophosphamide[10],[11]. Il pourrait avoir un intérêt dans le syndrome de Gougerot-Sjögren[12].
Il est administré sous forme de perfusion par voie IV lente ; le rythme dépend du type de pathologie à traiter.
Effets secondaires
modifierUne urticaire, une fièvre, des frissons, peuvent se voir dans près de la moitié des cas après une injection de rituximab[13]. Ces effets indésirables sont le plus souvent bénins mais parfois sévères (maladie sérique), dans 10 % des cas environ[14]. Ils tendent à s'estomper si on poursuit le traitement. Ils sont d'origine allergique et une désensibilisation peut en améliorer la tolérance[15].
Rarement, une pneumopathie interstitielle peut survenir, d'évolution parfois fatale[16]. Une perforation intestinale a été décrite en cas de localisation digestive du lymphome[17]. Des cas de leucoencéphalopathies multifocales progressives ont été décrits[18].
Du fait de son mécanisme d'action, il entraîne un certain degré d'immunodéficience ayant pour conséquence une plus grande sensibilité aux infections. Cette immunodéficience est relative puisque la fonction des lymphocytes T est préservée. Des cas de neutropénies retardées ont été décrits[19].
Biosimilaire
modifierLe Truxima du laboratoire Biogaran est passé en à la commission de transparence de la HAS en France avec un avis favorable [20].
Autres molécules anti-CD20
modifierL'ofatumumab, le tositumomab, l'obinutuzumab et l'ocrelizumab sont d'autres anticorps monoclonaux se fixant sur une autre zone de la molécule CD20.
Marché
modifierLe rituximab serait la cinquième molécule médicamenteuse vendue, en termes de valeur, en 2012, avec un chiffre projeté de 7,1 milliards de dollars[21].
Deux spécialités biosimilaires sont disponibles en France : la spécialité Rixathon commercialisée par le groupe Sandoz (filiale de Novartis) et la spécialité Truxima commercialisée par le groupe Celltrion Healthcare Hungary Kft représenté en France par Biogaran.
Notes et références
modifier- Masse molaire calculée d’après « Atomic weights of the elements 2007 », sur www.chem.qmul.ac.uk.
- (en) Reff ME, Carner K, Chambers KS et al. « Depletion of B cells in vivo by a chimeric mouse human monoclonal antibody to CD20 » Blood. 1994;83:435-445
- (en) Schulz H, Bohlius JF, Trelle S et al. « Immunochemotherapy with rituximab and overall survival in patients with indolent or mantle cell lymphoma: a systematic review and meta-analysis » J Natl Cancer Inst. 2007; 99: 706-714
- Maury S, Chevret S, Thomas X et al. Rituximab in B-lineage adult acute lymphoblastic leukemia, N Engl J Med, 2016;375:1044-1053
- « Le rituximab fait ses preuves en vie réelle dans la myasthénie réfractaire ou cortico-dépendante », sur www.institut-myologie.org/,
- (en) Hauser SL, Waubant E, Arnold DL et al. « B-Cell Depletion with Rituximab in Relapsing–Remitting Multiple Sclerosis » New Eng J Med. 2008;358:676-688
- (en) Hallek M, Fischer K, Fingerle-Rowson G et al. « Addition of rituximab to fludarabine and cyclophosphamide in patients with chronic lymphocytic leukaemia: a randomised, open-label, phase 3 trial » Lancet 2010;376:1164-1174
- (en) Merrill JT, Neuwelt CM, Wallace DJ et al. « Efficacy and safety of rituximab in moderately-to-severely active systemic lupus erythematosus: the randomized, double-blind, phase II/III systemic lupus erythematosus evaluation of rituximab trial » Arthritis Rheum. 2010;62:222-233
- (en) Rovin BH, Furie R, Latinis K et al. « Efficacy and safety of rituximab in patients with active proliferative lupus nephritis: the Lupus Nephritis Assessment with Rituximab study » Arthritis Rheum. 2012;64:1215-1226
- (en) Stone JH, Merkel PA, Spiera R et al. « Rituximab versus cyclophosphamide for ANCA-associated vasculitis » N Engl J Med. 2010;363:221-232
- (en) Specks U, Merkel PA, Seo P, Spiera R, Stone JH et al. RAVE-ITN Research Group, « Efficacy of remission-induction regimens for ANCA-associated vasculitis », N Engl J Med, vol. 369, no 5, , p. 417-27. (PMID 23902481, DOI 10.1056/NEJMoa1213277)
- (en) Meijer JM, Meiners PM, Vissink A et al. « Effectiveness of rituximab treatment in primary Sjögren's syndrome: a randomized, double-blind, placebo-controlled trial » Arthritis Rheum. 2010;62:960-968
- (en) Maloney DG, « Anti-CD20 antibody therapy for B-Cell lymphomas » N Engl J Med. 2012;366:2008-2016
- (en) Plosker GL, Figgitt DP, « Rituximab: a review of its use in non-Hodgkin's lymphoma and chronic lymphocytic leukaemia » Drugs 2003;63:803-843
- (en) Brennan PJ, Rodriguez Bouza T, Hsu FI, Sloane DE, Castells MC, « Hypersensitivity reactions to mAbs: 105 desensitizations in 23 patients, from evaluation to treatment » J Allergy Clin Immunol. 2009;124:1259-1266
- (en) Hadjinicolaou AV, Nisar MK, Parfrey H, Chivers ER, Ostor AJ, « Non-infectious pulmonary toxicity of rituximab: a systematic review » Rheumatology (Oxford). 2012;51:653-662
- (en) Kollmar O, Becker S, Schilling MK, Maurer CA. « Intestinal lymphoma perforations as a consequence of highly effective anti-CD20 antibody therapy » Transplantation. 2002;73:669-670
- (en) Carson KR, Evens AM, Richey EA et al. « Progressive multifocal leukoencephalopathy after rituximab therapy in HIV-negative patients: a report of 57 cases from the Research on Adverse Drug Events and Reports project » Blood. 2009;113:4834-4840
- (en) Wolach O, Bairey O, Lahav M, « Late-onset neutropenia after rituximab treatment: case series and comprehensive review of the literature » Medicine (Baltimore). 2010;89:308-318
- (fr) « évaluation & recommandation » Haute Autorité de Santé.
- (en) « Biologic drugs set to top 2012 sales » Nature Medicine. 2012;18,636
Voir aussi
modifierArticles connexes
modifierLiens externes
modifier- Compendium suisse des médicaments : spécialités contenant Rituximab