Camp de Royallieu
Le camp de Royallieu (Frontstalag 122) à Compiègne (Oise) en France est un camp de transit nazi, ouvert de juin 1941 à août 1944[1].
Camp de Royallieu Frontstalag 122 | ||||
Baraques du camp. | ||||
Présentation | ||||
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Nom local | Camp de Royallieu | |||
Type | Camp de transit et d'internement nazi | |||
Gestion | ||||
Date de création | Juin 1941 | |||
Date de fermeture | Août 1944 | |||
Victimes | ||||
Type de détenus | Communistes, syndicalistes, résistants, civils, Juifs, Sintés | |||
Nombre de détenus | 54 000 | |||
Morts | 50 000 | |||
Géographie | ||||
Pays | France | |||
Région | Hauts-de-France | |||
Commune française | Compiègne | |||
Coordonnées | 49° 24′ 09″ nord, 2° 48′ 29″ est | |||
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Hauts-de-France
Géolocalisation sur la carte : Oise
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Historique
modifierEntre-deux-guerres
modifierLe camp héberge le 54e régiment d'infanterie puis le 67e régiment d'infanterie.
Seconde Guerre mondiale
modifierLa publication en 2008 de la première étude historique réalisée sur le camp d'internement de Royallieu permet d'établir et de faire connaître l'histoire de celui-ci. Ce camp est l'un des plus importants rouages du système totalitaire et génocidaire sur le sol français pendant la guerre[2].
L'ancienne caserne de Royallieu devient en juin 1940 un camp où l'armée allemande regroupe des prisonniers de guerre[3]. Il est transformé ensuite en camp de transit avant la déportation des prisonniers vers l'Allemagne ou la Pologne.
Le camp de Royallieu est le seul camp en France dépendant exclusivement de l’administration allemande (SD : Service de Sécurité). À partir de 1941, Royallieu devient un « camp de concentration permanent pour éléments ennemis actifs » et constitue une réserve d'otages : résistants, militants syndicaux et politiques, tziganes, juifs, civils pris dans des rafles, ressortissants étrangers, etc. 45 000 personnes transitent par ce camp avant d'être déportées vers les camps de concentration ou d'extermination nazis.
De nombreuses personnes appartenant aux ethnies roms (appelés tsiganes) sont déportés depuis Royallieu vers le camp de concentration d'Oranienbourg-Sachsenhausen (victimes du Porajmos)[4]. Depuis le décret-loi du 6 avril 1940 du président Albert Lebrun[5], qui assigne à résidence forcée les nomades, par crainte que leurs fréquents déplacements nuisent à la sécurité intérieure[6]. De nombreux tsiganes sont ainsi internés pour des motifs prétendument politiques. En témoigne Eugène Fauveau, interné "politique" alors qu'il est âgé de six ans.
C'est de Royallieu que part le le premier convoi depuis la France vers Auschwitz, emportant plus de mille juifs.
Après la rafle de Marseille du 22 au , 1 642 personnes sont transférées vers le camp de Royallieu. Le , 786 Juifs (dont 570 de nationalité française) sont envoyés au camp de Drancy puis déportés à Sobibor (Convois 52 et 53 des 23 et : aucun survivant pour le convoi du 23 mars et cinq pour le convoi du 25 mars)[7].
Le camp de Royallieu est de 1942 à 1944 le lieu de transit des déportés pour Mauthausen, Ravensbrück, Buchenwald ou Neuengamme. Plus de 54 000 résistants, militants syndicaux et politiques, Tziganes (Sinté, Manouches, Yeniches, etc..) civils raflés, juifs y ont été internés[8],[1]. 50 000 d'entre eux[8],[9] sont déportés dans les camps de concentration et d'extermination d'Auschwitz, Ravensbrück, Buchenwald, Dachau, Sachsenhausen, Mauthausen, Neuengamme[8]. Le Frontstalag 122 s'est caractérisé notamment par l'internement et la déportation des « politiques » et personnalités « otages » : communistes, syndicalistes, résistants, Sinté (appelés Tziganes) et civils[1]. Le « camp C »[10], ou le camp juif, tenu au secret, est déjà, vu les conditions d'internement qui y règnent, un lieu d'extermination par la faim et la maladie[10].
En 2024, des listes de convois de déportés du camp de Royallieu sont retrouvées à Compiègne[11].
Convois
modifierDu camp de Royallieu de Compiègne, sont partis les convois de la déportation des Juifs de France suivants :
Vingt-cinq autres convois emportent des internés politiques, résistants et Tziganes vers les camps de concentration nazis, dont :
- le convoi des 45000 du ,
- le convoi des 31000 du ,
- le « Train de la mort » du .
Après la guerre
modifierDevenu « quartier Royallieu » après la guerre, ce camp sert de centre d'instruction (CI) de l'Armée de l'Air pour les appelés du contingent dans la fin des années 1950 et au-delà. Formé au combat militaire terrestre en 60 à 70 jours, chaque contingent d'appelés d'environ 1 000 recrues par trimestre quitte ce centre d'entraînement à l'issue de la formation. Les appelés de chaque contingent sont alors dispersés dans les diverses bases aériennes (BA) tant en France qu'en Algérie.
Il héberge ensuite le 58e régiment de commandement et de transmissions dans les années 1970 puis le 51e régiment de transmissions de 1984 à 1997.
Lieu de mémoire
modifierL'Armée se retirant, un Mémorial de l'internement et de la déportation peut être créé dans les trois bâtiments conservés du site. Il est inauguré et ouvert au public le [12]. De plus, un chantier est mis en œuvre à proximité des voies de la gare de Compiègne, présentant deux wagons de déportation d'époque.
Galerie
modifier-
Monument pour le camp de Royallieu.
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Entrée du mémorial du camp de Royallieu.
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Le « mur des noms » à Royallieu en .
-
Plaque commémorative place de l'École-Militaire à Paris, en mémoire des 743 personnalités juives françaises arrêtées le et internées à Royallieu, avant d'être déportées, pour la plupart, dans le premier convoi parti de France à destination d'Auschwitz, en .
-
Mémorial du quai des Déportés.
Détenus connus
modifierListe triée par ordre alphabétique
- Jean-Bernard Badaire
- Gustave Barlot
- Anne-Marie Bauer
- Abraham Berline (en)
- Jean-Jacques Bernard
- Jean-Baptiste Biaggi
- René Blum, frère de Léon Blum
- René Boulanger
- Claude Bourdet
- Maurice Bourdet
- Joseph Brau
- Jean Bréjaud
- Léon Bronchart
- Lucien Bunel dit Jacques de Jésus
- André Robert Carpentier, commandant, résistant
- Henry de Champagny, maire de Somloire et conseiller général du canton de Vihiers (Maine-et-Loire)
- André Chauvat
- André Clavé
- Michel Clemenceau
- Noël Cohard
- Adolphe Coll
- Charlotte Delbo
- Robert Desnos
- Louis Dupiech (1900-1945), préfet résistant
- Marguerite Fabre
- Pierre-André Farcy
- Adrien Faure
- Roger Fossé
- Geneviève de Gaulle-Anthonioz, nièce du général de Gaulle
- Émile Ginas
- Ernest Ginsburger, grand-rabbin de Bayonne
- Marcel Girault
- Léon Gontier
- Armel Guerne
- Michel Hollard, un résistant qui a combattu les rampes de lancement de missiles V1, dit « L'homme qui a sauvé Londres »
- Dimitri Klépinine
- Robert-Hugues Lambert
- Henri Lang
- Eugène Maës
- Henri Manhès
- André Marie
- Pierre Masse est interné au camp de décembre 1941 à mars 1942. Il y organise un système judiciaire.
- Jean-Charles Millet (petit-fils du peintre Jean-François Millet)[13],[14]
- Marie-Louise Moru
- Marcelle Mourot
- Mila Racine
- René Renard
- Vladimir Andréïevitch Romanoff, fils du grand-duc Andreï Vladimirovitch de Russie
- Noëlla Rouget née Peaudeau
- Benjamin Schatzman
- Léonce Schwartz, grand-père d'Anne Sinclair
- Mgr Bruno de Solages, recteur de l'Institut catholique de Toulouse
- Georges Tcherkessof
- Mgr Pierre-Marie Théas, évêque de Montauban
- Édouard Til
- André Tollet
- André Verchuren, accordéoniste[14]
- André Verdet
- Alexandre Villaplane
- Macario Vitalis[15]
- Alice Yahiel, Georges Yahiel, Simone Jacques-Yahiel
Notes et références
modifier- J-CV, « Compiègne. Le camp d’internement de Compiègne-Royallieu par Sarah Desève », sur criminocorpus.hypotheses.org, (consulté le ).
- Beate Husser, Jean-Pierre Besse et Françoise Leclère-Rosenzweig (préf. Denis Peschanski), Frontstalag 122 Compiègne-Royallieu : un camp d'internement allemand dans l'Oise, 1941-1944, Beauvais, Archives départementales de l'Oise, , 198 p. (ISBN 978-2-86060-024-8, OCLC 228783175)
- « Le camp de Royallieu », sur histoire-compiegne.com (consulté le ).
- « Sachsenhausen Archives », sur Mémorial des Nomades de France, (consulté le ).
- « L’internement des Nomades, une histoire française (1940-1946) », sur Mémorial de la Shoah (consulté le ).
- « Journal officiel de la République française. Lois et décrets », sur Gallica, (consulté le )
- « Les rafles de janvier 1943 », sur ares-assoc.net (consulté le ).
- « Le camp de Compiègne-Royallieu 3/3 », sur le site de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONAC), Service départemental des Yvelines – Mémoires 78, consulté le 3 janvier 2009.
- Emmanuel Filhol, « L'internement et la déportation de Tsiganes français sous l'Occupation : Mérignac-Poitiers-Sachsenhausen, 1940-1945 », Revue d’Histoire de la Shoah, vol. 170, no 3, , p. 136–182 (ISSN 1281-1505, DOI 10.3917/rhsho1.170.0137, lire en ligne, consulté le )
- « Le camp de Compiègne-Royallieu 2/3 », sur le site de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONAC), Service départemental des Yvelines – Mémoires 78, consulté le 3 janvier 2009.
- Jennifer Alberts, « Des listes de convois de déportés du camp de Royallieu retrouvées dans un grenier 80 ans plus tard : "ces documents sont inestimables" », sur France 3,
- « Ouverture du Mémorial de l'internement et de la déportation - Camp de Royallieu », sur le site du Mémorial de l'internement et de la déportation, memorial.compiegne.fr, consulté le 3 janvier 2009.
- Christian Bernadac, Le Train de la mort, Paris, France-Empire, , 365 p. (OCLC 4597885), p. 79-355.
- André Verchuren et Jean-Charles Millet sont déportés dans le « Train de la mort ». Ville de départ : Compiègne, destination : camp de concentration de Dachau, le . Dans ce train portant le numéro 7909, dans des conditions épouvantables, 2 500 hommes sont transportés dans 44 wagons à bestiaux. [source : ministère de la Défense, le nombre d'hommes et de wagons a été déterminé à la suite du procès militaire de 1950]. 1 632 prisonniers survivent à ce terrible voyage. Sous une chaleur caniculaire, sans eau, asphyxiés, beaucoup de déportés sont pris d'une folie meurtrière, s'entretuant. À l'arrivée, on dénombra plus de cinq cents morts [source : Christian Bernadac, Le Train de la mort.
- (en) Claude Tayag, « Rediscovering Macario Vitalis the road less taken », sur www.philstar.com, (consulté le ).
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Jean-Jacques Bernard (préf. Serge Klarsfeld), Le camp de la mort lente : Compiègne 1941-1942, Paris, Ed. Le Manuscrit, coll. « Témoignages de la Shoah », (1re éd. 1944), 334 p. (ISBN 978-2-7481-6930-0, OCLC 85771999, lire en ligne).
- André Poirmeur, Compiègne, 1939-1945. Hitler à Compiègne, occupation et résistance, rapatriement des prisonniers de guerre, Laval inaugure, la relève, service du travail obligatoire, le camp de concentration de Royallieu, libération, Compiègne, , 159 p..
- Collectif (préf. Philippe Marini), Royallieu 80 ans d'histoire, Montargis, École d'application des transmissions de Montargis Caserne Gudin, , 126 p. (OCLC 417022805).
- Sylvain Pouteau, Historique de la caserne de Royallieu, Compiègne, 51e Régiment de transmissions, , 120 p..
- Xavier Leprêtre, De la Résistance à la déportation. Compiègne-Royallieu, 1940-1944, Compiègne, , 222 p. (OCLC 411561532).
- Le Camp de Royallieu durant la Seconde Guerre mondiale, Beauvais, Service départemental de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre, (OCLC 469764916).
- Saül Castro, Le camp juif de Royallieu-Compiègne, 1941-1943, Paris, Le Manuscrit Fondation pour la mémoire de la Shoah, coll. « Témoignages de la Shoah », , 490 p. (ISBN 978-2-304-00474-8, OCLC 259921754).
- Beate Husser, Jean-Pierre Besse et Françoise Leclère-Rosenzweig (préf. Denis Peschanski), Frontstalag 122 Compiègne-Royallieu : un camp d'internement allemand dans l'Oise, 1941-1944, Beauvais, Archives départementales de l'Oise, , 198 p. (ISBN 978-2-86060-024-8, OCLC 228783175). Ouvrage collectif sous la direction des Archives départementales de l'Oise.
- (de) Pierre Dietz, Briefe aus der Deportation: französischer Widerstand und der Weg nach Auschwitz, Verlag, 2010, 304 p. (ISBN 978-3-86841-042-6).
- William Letourneur (trad. de l'allemand par Annick et William Cabot, préf. René Louis Besse, postface Paul Le Goupil), Lettres d'un ouvrier déporté : de Maromme à Auschwitz, les deux résistances de William Letourneur, Condé-sur-Noireau, Éditions Charles Corlet, coll. « Résistance en Normandie », , 298 p. (ISBN 978-2-84706-585-5, OCLC 944441759).
- (de) Paul Le Goupil, Pierre Dietz (trad.), Résistance und Todesmarsch: Ein Franzose in Buchenwald, Halberstadt und Langenstein, Verlag, 2015 (ISBN 978-3-86841-137-9).
- Anne Sinclair, La rafle des notables, Grasset, 2020 (ISBN 2246824133) (son grand-père paternel a été détenu à Compiègne).
Filmographie
modifier- Marc Tavernier, Camp C, Compiègne-Royallieu, documentaire historique de 57 minutes, Purple Milk Production, 2010. avec des témoignages de survivants et la participation de Serge Klarsfeld.
Articles connexes
modifier- Porajmos
- Liste des camps d'internement de « nomades » en France
- Camp de Beaune-la-Rolande
- Camp de Drancy
- Camp de Gurs
- Camp de Pithiviers
- Camp d'internement français
- Collaboration policière sous le régime de Vichy
- Liste des mémoriaux et cimetières militaires de l'Oise