Canadia

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Canadia, signifiant « du Canada », est un genre éteint d'annélides polychètes ayant vécu il y a environ 505 millions d'années au Cambrien moyen, et qui a été découvert dans le lagerstätte de Burgess, dans les montagnes rocheuses, au Canada[1]. Il a été nommé par le Professeur Charles D. Walcott, du Smithsonian Institute de Washington, en 1911, et redécrit par Conway Morris en 1979[2].

Photographies par le Pr Walcott de différents spécimens de Canadia setigera (1 à 3) et Canadia spinosa (4 à 7), ainsi qu'un autre animal de Burgess, Aysheaia pedunculata (8 et 9).

Anatomie

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Canadia était vraisemblablement un annélide, bien que la position phylogénétique exacte de cette espèce soit débattue. Long de quelques centimètres, il est caractérisé par de larges parapodes biramés tout le long du corps, comportant chacun un élément dorsal (notosetae) et un élément ventral (neurosetae), arborant des chètes rigides chitineuses, ce qui est une caractéristique des polychètes. Des branchies lobées ont été retrouvées préservées dans les espaces inter-ramaux. Une paire de tentacules d'origine vraisemblablement péristomiale prolongeait sa tête et lui permettaient de se nourrir. Ils servaient probablement aussi d'organes sensoriels[3]. Une telle condition existe chez de nombreux polychètes actuels comme les Nereis. L’intestin pouvait être dévaginé pour former un proboscis[3].

Écologie et évolution

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Canadia a vécu au moment de l'explosion cambrienne, période de diversification rapide des métazoaires, au sein d'un écosystème marin complexe. Il cohabitait avec une faune d'arthropodes comme Opabinia, Anomalocaris ou Canadaspis, d'onychophores probables tels Hallucigenia et Aysheaia, de cnidaires, d'éponges, de mollusques, des priapuliens vivant dans le sédiment, tels Ottoia ; et également des échinodermes et les premiers chordés comme Pikaia. Il s’agissait très probablement d’un animal benthique, fréquentant les eaux peu profondes. L’absence de sédiments dans le tube digestif suggère qu’il s’agissait d’un prédateur ou d’un détritivore[3]. Cet animal était probablement un nageur actif, se déplaçant grâce au battement de ses parapodes[2].

Classification

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La plupart des auteurs classent Canadia parmi les annélides polychètes. Une étude suggère une forte parenté entre Canadia et Wiwaxia[4], un autre organisme très commun de la faune cambrienne de Burgess, du fait de la forte proximité histologique de leurs soies. Ils ont donc été regroupés au sein de la super-famille des Canadiacea et de l'ordre des Phyllodocida, avec des familles actuelles de polychètes, les Chrysopetalidae et les Aphroditidae[4]. La classification de Wiwaxia au sein des annélides n'est toutefois pas reconnue par certains spécialistes, ce qui remet également en question celle de Canadia.

Wiwaxia corrugata des schistes de Burgess, un contemporain et possible proche parent de Canadia.
Aphrodita aculatea, polychète Aphroditidae actuel, qui serait l'un des plus proches parents actuels de Canadia.

Voir aussi

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Références taxinomiques

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(en) Référence Paleobiology Database : Canadia Sagne 2001

Annexes

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Articles connexes

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Notes et références

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Références

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  1. (en) Caron, Jean-Bernard; Jackson, Donald A. (October 2006). "Taphonomy of the Greater Phyllopod Bed community, Burgess Shale". PALAIOS. 21 (5): 451–65. doi:10.2110/palo.2003.P05-070R. JSTOR 20173022, [1]
  2. a et b (en) Conway Morris, « Middle Cambrian Polychaetes from the Burgess Shale of British Columbia », Philosophical Transactions of the Royal Society of London. Series B, Biological Sciences, vol. 285, no 1007,‎ , p. 227–274 (DOI 10.1098/rstb.1979.0006, JSTOR 2418139, Bibcode 1979RSPTB.285..227M)
  3. a b et c (en) Canadia spinosa, a polychaete annelid, National Museum of Natural History, 10 novembre 2017
  4. a et b (en) Nicholas J. Butterfield, « A Reassessment of the Enigmatic Burgess Shale Fossil Wiwaxia corrugata (Matthew) and Its Relationship to the Polychaete Canadia spinosa Walcott », Paleobiology, vol. 16, no 3,‎ , p. 287-303