Canal de Caen à la mer

canal français

Canal de Caen à la mer
Illustration.
Pegasus Bridge sur le canal de Caen à la mer.
Géographie
Pays France
Coordonnées 49° 10′ 57″ N, 0° 21′ 12″ O
Début Bassin Saint-Pierre à Caen
Fin Manche à Ouistreham
Traverse Calvados
Caractéristiques
Longueur 14 km
Altitudes Début : m
Fin : m
Maximale : 4 m
Minimale : 0 m
Mouillage 10 m
Infrastructures
Écluses 2
Histoire
Année début travaux 1837
Année d'ouverture 1857
Schéma

Le canal de Caen à la mer est une voie d'eau reliant le port de Caen au port de Ouistreham sur la Manche dans le département du Calvados.

Situation géographique modifier

Le canal débute au bassin Saint-Pierre à Caen. Il traverse ensuite le territoire des communes de Mondeville, Hérouville-Saint-Clair, Colombelles, Ranville, Blainville-sur-Orne, Bénouville, Amfreville et Ouistreham où il se jette dans la Manche au cœur de la Baie de Seine.

Propriété et concessions d'exploitation modifier

Partie constitutive d'un ancien port d'État (port d'intérêt national), le canal a changé de propriétaire en 2007 à la suite de la promulgation des lois de décentralisation de 2004. Il a été placé dans un premier temps sous la tutelle du syndicat mixte « Ports normands associés » créé alors pour la gestion du domaine public maritime de Caen et de Cherbourg et qui regroupait la Région de Normandie, le Conseil départemental du Calvados et le Conseil départemental de la Manche[1].

Depuis le , sa propriété a été transférée au syndicat mixte Ports de Normandie qui est désormais l'autorité portuaire des ports de Caen-Ouistreham, Cherbourg et Dieppe.

La Chambre de commerce et d'industrie Caen Normandie a conservé les concessions d'exploitation « pêche » et « commerce » du port (dont son canal) qu'elle avait obtenues en 1995 et qui ont été renouvelées jusqu'en 2045[2]. En revanche la concession « plaisance-nautisme » a été déléguée depuis le à la société publique locale (SPL) « Nautisme Caen Ouistreham »[3].

Histoire modifier

Un port est attesté sur le petit bras de l'Orne, appelé Noë, depuis le XIe siècle[4]. Robert Courteheuse, fils aîné de Guillaume le Conquérant, donne au port son premier bassin en agrandissant le lit de l'Odon dans les prairies de Saint-Gilles, à l'emplacement de l'actuel bassin Saint-Pierre ainsi que ses premiers quais[5]. La navigation sur l'Orne n'est cependant pas aisée, avec son embouchure ensablée, son cours paresseux soumis aux marées et son lit sinueux traversant des zones marécageuses[6].

Les premières tentatives pour améliorer le cours de l'Orne modifier

Mais à partir du XVIe siècle et XVIIe siècle, l'Orne, marquée par de nombreux méandres, s'envase peu à peu, ce qui rend la navigation de plus en plus difficile. Les notables et commerçants de Caen font part au roi de leurs inquiétudes et un premier aménagement du fleuve a lieu sous François Ier en 1531 : le méandre situé au droit du hameau de Longueval est coupé et un canal construit, qui écourte le trajet de navigation. Ce premier redressement a par ailleurs pour effet bénéfique de réduire les inondations fréquentes résultant des débordements de l'Orne[6]. Un siècle plus tard, Colbert envoie Vauban en mission pour inspecter les côtes de France. L'ingénieur se rend à Caen et à Colleville. Face à cette rade, il projette d'y construire un port d'asile, de faire s'y jeter l'Orne et de redresser le cours du fleuve entre Caen et les carrières de Ranville[5]. Colbert autorise le redressement du lit du fleuve entre Ranville et Clopée[7] par lettres patentes du mais sa mort, survenue en 1683, met fin au projet de Vauban.

En 1731 puis en 1740, les notables de Caen tentent en vain de relancer le projet. En 1748, le gouvernement confie cependant à Henri Louis Duhamel du Monceau une étude du cours de l'Orne qui confirme l'intérêt de la proposition de Vauban. De leur côté, les habitants de Caen tentent de prouver les avantages qui justifieraient la dépense jugée exorbitante en chargeant un ingénieur géographe du roi, Jean Bourroul, de réunir tous les renseignements utiles à leur requête. Son travail est soumis au lieutenant général des armées du roi. Deux ans plus tard, pour emporter l'adhésion du gouvernement, un groupe de notables et de marchands se constitue en Compagnie mais sa proposition ne connaît pas de suite. Les rapports et les requêtes pressantes se multiplient en vain. Une pétition recueillant 94 signatures est même envoyée en décembre 1762. En 1765, un ingénieur nommé Lefèvre fait une synthèse des différentes solutions avancées par ses prédécesseurs et propose trois aménagements : une nouvelle embouchure de l'Orne dans la baie de Colleville, un redressement complet du fleuve et des aménagements portuaires. Le projet reçoit le consentement de l'intendant du roi, Charles d'Esmangart, qui obtient des fonds du roi Louis XVI. Un nouveau redressement de l'Orne est mené à bien entre Clopée et Caen et à partir de 1774, deux bataillons d'infanterie sont chargés de corriger le cours du fleuve entre Colombelles et Ranville[5]. Mais il reste tributaire des marées. Durant la seconde moitié du XVIIIe siècle, les riverains s'emploient de leur côté à fixer le cours de l'Orne entre le port de Caen et le bac de Colombelles en édifiant des digues et en plantant des pieux. Des travaux de même nature sont entrepris à l'embouchure du fleuve. Malgré ces efforts, la situation de la navigation reste précaire[8]. En 1786 commence la construction des murs des quais dans le bassin Saint-Pierre mais la Révolution arrête ces travaux[5].

La genèse du projet de canal modifier

En 1797, l'ingénieur en chef Joseph Cachin propose de creuser un canal de navigation parallèle à l'Orne entre Caen et Colleville : ce canal partirait du canal Saint-Pierre à Caen, qui serait alors transformé en bassin à flot. Devant le coût financier des travaux jugé exorbitant, le projet est mis en sommeil mais non abandonné. Pourtant l'on sait que l'Assemblée nationale, en la personne du député caennais Gabriel Moisson de Vaux, durant son court mandat, avait mis tout son poids dans cette relance[9].

Le , Napoléon Ier, convaincu de l'avenir portuaire du site, promulgue un décret pour la réalisation du canal et en février 1813 une somme de 700 000 francs est attribuée au projet repris par l'ingénieur des Ponts et Chaussées Pattu qui préconise un canal latéral partant d'un bassin dans les jardins de Courtonne et débouchant par une écluse à sas à l'intérieur de la pointe du Siège[5]. Mais le décret ne sera pas appliqué, faute de moyens financiers et la chute de l'Empire aidant[6]. Vers 1830, le port de Caen ne répond plus aux besoins du commerce maritime : le nombre de navires fréquentant le port chute de 751 en 1834 à 572 en 1835. Les avaries se multiplient et les navires, pris dans les vases, sont forcés de se faire apporter leur cargaison par des allèges. Le fret pour Caen est de ce fait 25 % plus cher que celui de Cherbourg, du Havre ou de Honfleur. En mars 1836, la Ville de Caen délibère pour une contribution financière au projet de construction d'un canal latéral au fleuve préconisé par Napoléon Ier. Sous la pression conjuguée des armateurs, des négociants et de la population, le projet définitif est élaboré par l'ingénieur Eustache qui en présente le programme le  : « le canal maritime doit partir du milieu du canal Saint-Pierre, longer les pieds des coteaux de la rive gauche de l'Orne et déboucher à la mer au travers des dunes de Oyestreham par l'intermédiaire d'une écluse à sas munie d'appareils de chasses, d'un avant-port et de jetées à claire voie prolongées jusqu'à la laisse de basse mer »[5].

Huit jours plus tard, le conseil municipal de Caen vote en faveur d'une contribution de la Ville à hauteur de 700 000 francs sur les 4 700 000 francs estimés pour la réalisation du projet. Le conseil général du Calvados vote quant à lui en septembre une aide de 240 000 francs[8]. Le projet est accepté et voté par la loi du [10] qui affecte une somme de trois millions de francs à sa mise en œuvre[8]. En 1845, une somme complémentaire de 4 960 000 francs est allouée pour financer l'intégralité des travaux[5]. Le coût réel du creusement du canal sera chiffré à son achèvement, en 1860, à 9 040 000 francs[8].

Le creusement du canal modifier

Plan général du fleuve de l'Orne et du canal latéral de Caen à la mer, 1888.
Plan général du fleuve de l'Orne et du canal latéral de Caen à la mer, 1888.

L'administration des ponts et chaussées confie l'établissement des plans du canal à l'ingénieur Tostain. La construction ne se fait pas selon un plan d'ensemble d'amont en aval mais par tronçons dont l'exécution est attribuée à des entrepreneurs adjudicataires, l'administration coordonnant les travaux. Après une enquête préliminaire menée en 1837, le canal est creusé à partir de 1838 par des ouvriers terrassiers locaux qui utilisent des dragues et des machines d'épuisement mais très souvent à la force des bras, avec le pic et la pelle, à raison de 2 francs 25 centimes par jour pour un terrassier et de 2 francs pour un manœuvre[8].

Les travaux de creusement du nouveau lit de l'Orne sur les communes de Ranville et d'Amfreville sont lancés dès 1838 mais le tronçon ne sera ouvert à la navigation qu'en mars 1856. Le percement de la dune et la construction de l'écluse de Ouistreham commencent en 1853 et l'ensemble de l'avant-port avec son chenal élargi est terminé en 1857. Les deux jetées en charpente, achevées dès 1841, seront prolongées par des estacades en 1859[5]. Les travaux de consolidation des murs du canal Saint-Pierre, qui avaient connu un début d'exécution sous Louis XVI, démarrent en 1839 et ceux de l'aménagement proprement dit du bassin en 1844, son inauguration ayant lieu quatre ans plus tard[11]. En cette même année 1848, lors de la troisième révolution française, les ouvriers abandonnent les chantiers, entrainant la faillite de plusieurs entrepreneurs. Les tronçons dont ils avaient la charge sont alors mis en régie par les Ponts et Chaussées. Faute de bras suffisants, les travaux sont ralentis et il est envisagé d'arrêter le canal à Bénouville, face à l'église, où il devait emprunter le lit de l'Orne. Mais les travaux reprennent sous Napoléon III[8]. La nouvelle voie d'eau est ouverte officiellement le [12]. Le succès du canal est immédiat : entre le et le , 162 bateaux représentant 13 477 tonneaux entrent dans le port de Caen[5].

Travaux de creusement du canal[8]
tronçon longueur début des travaux fin des travaux
de l'écluse de la Fonderie à Caen à la chaussée du bac de Colombelles 3 509 m 1849 1852
du bac de Colombelles au grand Dan 2 900 m 1846 1854
du grand Dan à la chaussée de Bénouville 2 875 m 1846 1850
de Bénouville au Maresquier 2 658 m 1838 1856
du Maresquier à l'avant-port de Ouistreham 2 050 m 1847 1856
Affiche de l'inauguration du canal (août 1857).

La cérémonie d'inauguration est célébrée le 23 août 1857, en présence des autorités civiles et militaires[13]. L'achèvement complet du canal n'intervient cependant qu'en mars 1860[8]. Les travaux auront duré 23 années et mobilisé jusqu'à 600 ouvriers. L'Orne reste cependant utilisée pour la navigation à vapeur jusqu'en 1910[11].

À son achèvement, le canal comporte quatre ponts tournants métalliques (construits à partir de 1852 aux chaussées de Calix, Colombelles, Blainville et Bénouville), quinze aqueducs établis sous ses digues et deux réservoirs que sont les anciens lits de l'Orne aménagés à cet effet au lieu dit de Tournebourse (près de Clopée) et à Bénouville. Par décret impérial du 8 mai 1860, le tirant d'eau du canal est porté de 4 m à 4,5 m[8].

Les aménagements apportés au canal depuis 1860 modifier

Seconde moitié du XIXe siècle modifier

Le canal est approfondi par la suite en 1877, passant de 4,50 m à 5,22 m de tirant d'eau. Le port de Caen est agrandi en 1880. Le halage est supprimé en 1888 avec l'arrivée du premier remorqueur en fer propulsé par la vapeur : le Calvados. En 1899, pour permettre l'accès au port des navires de 1 400 tonneaux, le plan d'eau est de nouveau exhaussé de 0,50 m, entrainant la modification du barrage de l'Orne dont les aiguilles sont remplacées par des vannes Boulé[8].

De 1900 à 1960 modifier

Le , une nouvelle écluse, mise en chantier en 1895, est ouverte à Ouistreham pour permettre à deux navires de tirant d'eau différent d'entrer au port sans avoir à attendre la marée suivante[5]. La même année est construit en maçonnerie sur le terre-plein de la nouvelle écluse le phare actuel[8], qui remplace le phare construit en 1886 sous la forme d'une tour carrée, haute de 11 m, dont le feu blanc était alimenté par une lampe à pétrole[6]. En 1912 s'achève la construction d'un nouveau barrage sur l'Orne qui permet de porter la hauteur d'eau dans le canal à 6,12 m. Le nouveau phare de Ouistreham est électrifié en 1914[8].

Par peur d'une attaque par les sous-marins allemands, le port de Ouistreham est protégé et surveillé pendant la Première Guerre mondiale. Aucune détérioration du canal ou des installations portuaires n'est à déplorer pendant le conflit[5]. En 1916 intervient la première extension du bassin Saint-Pierre dont les quais sont prolongés vers Calix. Des ports privés se construisent en bordure du canal. Ainsi, en 1917, on édifie un complexe de construction navale à Blainville-sur-Orne. La société des Chantiers navals français s'y établit avec ses 16 cales de lancement réparties en éventail autour d'un bassin débouchant dans le canal par un chenal[8].

En 1922, est achevé le creusement d'un Nouveau Bassin sur la rive droite du canal, qui sera consacré au charbon nécessaire au fonctionnement des hauts-fourneaux de Colombelles et Mondeville[6]. Parallèlement, des travaux d'élargissement du canal ont été menés en rognant sur sa rive droite non urbanisée. Les différents secteurs du port le long du canal se spécialisent (charbon, minerai, bois du Nord)[5]. En 1931-32, le pont tournant de Bénouville est remplacé par un pont basculant à contrepoids et en 1938, le pont de la Fonderie est reconstruit en pont à volée unique[8].

Pendant l'Occupation, les dragueurs légers de la Kriegsmarine s'abritent le long du canal et dans le bassin Saint-Pierre. Les Allemands pillent du matériel de manutention[6] et s'emparent en 1942 des palplanches métalliques du quai construit en 1937 dans l'ancien port privé de la Société métallurgique de Normandie[8]. À la fin de la guerre, des dizaines d'épaves gisent dans le cours du canal et d'importants travaux de renflouage sont menés sur plusieurs années. Les ferrailles extraites par les scaphandriers sont chargées sur des barges qui les remontent par le canal jusqu'au bassin Saint-Pierre. De nombreux ouvrages d'art sont détruits comme les ponts de la Fonderie, de Colombelles et d'Ouistreham ou sinistrés comme les ponts de Calix et de Blainville[6]. Après juillet 1944, le canal n'est plus navigable, le barrage situé entre les cours Montalivet et Caffarelli, qui alimentait le canal en eau, ayant été détruit. L'écluse de Ouistreham étant restée intacte, l'eau manquante de l'Orne est remplacée par celle de la mer au moment du flot. Parallèlement, et afin d'éviter que l'eau du canal ne se déverse dans le fleuve, les Britanniques obstruent l'écluse de l'Orne par un batardeau. Ainsi, dans l'attente de la reconstruction des ouvrages d'art détruits, le canal a un tirant d'eau de 4,90 m en morte eau et de 6 m en vive eau. Les quais endommagés et les engins de levage sont rapidement réparés. Dès 1946, le port de Caen est doté d'une vingtaine de grues électriques et d'une grue fixe de 25 tonnes. La même année, le pont de la Fonderie est reconstruit et remplacé par un pont Bailey. L'année suivante, le barrage de l'Orne est reconstruit par les Ponts et Chaussées[8].

Très endommagé lors des bombardements de la bataille de Caen en 1944, le port est réparé avec l'aide des Britanniques puis par la Chambre de commerce et d'industrie de Caen. Il se développe de nouveau en 1950. Il devient un port comprenant deux originalités : l'exportation l'emporte sur l'importation (1 097 841 tonnes[Quand ?] contre 854 843 tonnes en 1953), et les navires français qui le fréquentent, sont majoritaires[réf. nécessaire]. A cette époque[Quand ?] le bassin Saint-Pierre n'était alors plus utilisé. La majeure partie du trafic transitait dans le bassin d'Hérouville, et dans le Nouveau Bassin.

De 1960 à la fin du XXe siècle modifier

En 1962, le bassin de Calix est ouvert. Il comporte un terminal d'agro-alimentaire et de colis lourds. La même année, un premier bassin de plaisance est inauguré à Ouistreham. Une nouvelle écluse est mise en service en 1963[6]. En 1972, on ouvre les quais de Blainville. Ceux-ci servent aussi de terminal pour les conteneurs, le bois, les céréales et le vrac. Le quai mesurant 600 m de long, c'est le 4e port français d'importation de bois exotique[Quand ?]. En 1972-1973, les écluses sont modernisées et le quai de Calix est doté d'un équipement Roll on- Roll off pour le déchargement et le chargement des navires.

Le port, qui avait décliné depuis la fin des années 1960, connaît un nouvel essor avec les passerelles transmanche qui sont inaugurées en 1986 et 1992.

Au milieu des années 1990, le canal est utilisé par les plaisanciers, le bassin historique Saint-Pierre étant désormais dévolu aux activités de loisirs et constituant un port de plaisance au cœur de la ville, ainsi que par les navires de commerce se rendant au terminal de Blainville-sur-Orne, pour y charger ou y déposer principalement des céréales mais aussi du bois, des conteneurs, de la ferraille et des marchandises diverses[5].

Dans le premier quart du XXIe siècle modifier

Caractéristiques modifier

Le canal mesure 14 km[14] de long et traverse le territoire de neuf communes[6]. Sur la commune de Bénouville, le canal longe le château.

Alimenté par l'Orne et par les eaux du grand et du petit Odon, le canal, qui ne subit pas les marées, a bénéficié de l'éclairage électrique dès 1911 afin d'en permettre la navigation de nuit[8].

Le canal suit la rive gauche de l'Orne. Il débute dans le bassin Saint-Pierre dans le port de Caen et tout au long de ses rives sont aménagés des quais. Il passe au nord de l'ancienne fonderie Sainte-Mathilde, suit les prairies et les jardins qui bordent la rue Basse de Caen, la rue des Sources, la rue des Carrières et la rue Verte d'Hérouville-Saint-Clair puis les coteaux de la rive gauche de l'Orne jusqu'à Bénouville. Au niveau de l'église de cette commune, le canal emprunte le lit de l'Orne qui a été creusé et régularisé de 1838 à 1850 avec des digues longitudinales en enrochements jusqu'au Maresquier. Le canal se dirige ensuite en ligne droite vers le chenal ouvert à la Pointe du Siège. Dans la portion comprise entre l'écluse de la Fonderie et l'ancien bac de Colombelles, le canal présente trois alignements raccordés entre eux par deux arcs de cercle. Le deuxième tronçon en comporte quant à lui deux. La troisième section présentait à l'origine une écluse à Bénouville, achevée en 1854-1855 mais qui fut définitivement détruite vers 1930, s'avérant de peu d'utilité. Le quatrième tronçon a été ouvert à travers les prairies de Ranville et d'Amfréville[8]. Les déblais ont servi à construire une digue et des chemins de halage[11].

La profondeur actuelle (mouillage) est de 10 mètres et sa largeur peut atteindre 200 mètres dans le bassin de Calix[15].

Sur la rive ouest du canal de Caen à la mer, entre Bénouville et Ouistreham, ont été implantées les cuves du dépôt de carburants de la zone d'activité du Maresquier. Ces cuves sont alimentées par un oléoduc en provenance directe du port du Havre. Ces cuves fournissent du combustible à toute la Basse-Normandie.

L'ancienne ligne à voie étroite Caen-Dives/Luc des chemins de fer du Calvados longeait le canal jusqu'à Ouistreham entre 1891 et 1944. Le chemin de halage qui longe la rive gauche du canal a été transformé en GR 36. La voie verte de Caen à Ouistreham longe la totalité du canal.

Le canal est emprunté par des navires à passagers. Avant la Seconde Guerre mondiale, Caen était reliée au Havre par une desserte de navires à vapeur. Depuis la construction du barrage sur l'Orne en 1910, les navires ne pouvant plus accoster sur les quais de l'Orne, devaient passer par le canal. Depuis la seconde moitié du XXe siècle, seules des liaisons locales sont assurées. De 2005 à 2013[16], Le Boëdic, après avoir navigué en mer d'Iroise, puis dans le golfe du Morbihan, a assuré à la belle saison une navette pour les touristes sur le canal de Caen à la mer[17]. L'activité a été reprise en 2019 par le bateau-promenade La Presqu'île[18]. Six à sept escales de navires de croisière sont également assurées annuellement à Caen en passant par le canal[19].

Ponts modifier

Le canal a été ou est enjambé par :

  • le pont de la Fonderie (pont tournant),
  • le viaduc de Calix, en remplacement du pont de Calix,
  • le pont de Colombelles (pont tournant),
  • le pont de Blainville, aujourd'hui disparu (pont tournant),
  • le pont de Bénouville, appelé le plus souvent Pegasus Bridge (pont levant),
  • les quatre passerelles des écluses d'Ouistreham.

Écluses modifier

Dimensions des écluses de Ouistreham :

  • écluse Ouest : 225 m x 28,45 m
  • écluse Est : 181 m x 18 m

L’écluse Ouest du port de Ouistreham, à l’embouchure du canal, peut accueillir des navires de plus de 200 mètres de long.

Notes et références modifier

  1. « Le Port de Commerce de Caen | Port de commerce Caen - Ouistreham », sur www.caen.port.fr (consulté le )
  2. « Port de Caen-Ouistreham », sur Ports de Normandie, (consulté le )
  3. « Nautisme Caen Ouistreham », sur www.nautisme-caen-ouistreham.com (consulté le )
  4. Christophe Collet, Pascal Leroux, Jean-Yves Marin, Caen cité médiévale : bilan d'archéologie et d'histoire, Calvados, Service Département d'archéologie du Calvados, 1996 (ISBN 2951017502)
  5. a b c d e f g h i j k l et m Archives départementales du Calvados, De Caen à la mer : Histoire d'un canal (catalogue d'exposition), Imprimerie alençonnaise, (1re éd. 1994), 41 p. (ISBN 2-86014-020-4, lire en ligne), p. 5 ; 7 à 12 ; 14 à 16 ; 21 ; 23
  6. a b c d e f g h et i Patrick David, Serge David, Chantal le Baron, Yves Marchaland, Un port dans la plaine de Caen à Ouistrreham, Amfreville, Editions du Bout du Monde, , 162 p. (ISBN 2917854049), p. 7 ; 9 ; 12 ; 17-18 ; 21 ; 23 ; 29
  7. Journal d'un bourgeois de Caen 1652-1733 [(fr) texte intégral (page consultée le 29 mai 2008)]
  8. a b c d e f g h i j k l m n o p q et r René Streiff, « Le port de Caen et le canal de Caen à la mer », Études Normandes, vol. 6, no 16,‎ , p. 269–296 (DOI 10.3406/etnor.1953.3052, lire en ligne, consulté le )
  9. Biographie de Moisson de Vaux.
  10. Collection complète des lois, décrets, ordonnances, règlements et avis du Conseil d'État, 1837, t. 37, p. 265 [lire en ligne]
  11. a b et c « Le creusement du canal », sur archives.calvados.fr (consulté le )
  12. Yves Lemarec, « Le port de Caen et les mines de chemin de fer de Basse-Normandie » dans les Annales de géographie, année 1912, volume 21, n°117, pp. 213-229 [lire en ligne]
  13. « L'inauguration du canal », L'ordre et la liberté,‎ .
  14. 13 992 mètres exactement.
  15. Nathalie LECORNU-BAERT, « Avec un canal, Caen se rapprochait enfin de la mer… », sur Ouest-France.fr, (consulté le )
  16. Benoît LASCOUX, « Caen. Épave du Boëdic , une histoire sans fin », sur Ouest-France.fr, (consulté le )
  17. « Balade sur le canal de l'Orne à bord du Boëdic », sur caen.maville.com (consulté le )
  18. « Balades, apéros et pique-nique sur un bateau... c'est ce que propose Sébastien à Caen », sur actu.fr, (consulté le )
  19. « Le club croisière veut développer les escales », Ouest-France, 30 mai 2017 [lire en ligne]

Bibliographie modifier

  • Élisabeth Olive, « Construction du canal de Caen à la mer, détournement du lit de l'Orne », dans 1000 ans de Normandie, Gand, Snoeck, (ISBN 978-94-6161-367-7), p. 190-191
  • Patrick David, Serge David, Chantal le Baron, Yves Marchaland, Un port dans la plaine de Caen à Ouistreham, Amfreville, Editions du Bout du Monde, mai 2011
  • René Streiff, « Le port de Caen et le canal de Caen à la mer », dans Etudes normandes (no 16), (lire en ligne), p. 269-296

Voir aussi modifier

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Articles connexes modifier

Liens externes modifier