Catastrophe de Montceau-les-Mines

Catastrophe de Montceau-les-Mines
Illustration.

Type Catastrophe minière
Localisation Montceau-les-Mines
Coordonnées 46° 39′ 59″ nord, 4° 21′ 36″ est
Date 4 février 1895

Carte

La catastrophe de Montceau-les-Mines est un accident minier survenue le à Montceau-les-Mines, en France. Il est probablement dû à un coup de grisou et provoque la mort de 28 mineurs.

Le puits Sainte-Eugénie, ou puits Cinq-Sous modifier

Vieux Puits Ste-Eugénie

Le puits de Cinq-sous est fondé en 1835 (creusement d'un puits de mine, en descendant à partir de la surface). Après l’effondrement des installations en 1836, le fonçage reprit de 1846 à 1848, et entra en exploitation en 1849[1].

Le puits Cinq-sous était très dangereux et les accidents furent nombreux. Avant la catastrophe du , les miniers du puits avaient déjà subi plusieurs coups de grisou mortels en :

  • 1851 (6 morts) ;
  • 1853 (13 morts) ;
  • 1867 (89 morts) ;
  • 1872 (39 morts).

Les ouvriers touchaient une prime spéciale de 5 sous pour le risque encouru, d’où son nom. Après d’importantes réparations, le , le puits fut rebaptisé puits Sainte-Eugénie, en l’honneur de l’impératrice Eugénie, qui avait envoyé de nombreux secours aux familles des victimes.

La catastrophe modifier

Le dimanche , un incendie s’est déclaré dans une galerie : des ouvriers remarquent un dégagement de fumée au lieu-dit « quartier Saint Laurent » à 364 m de profondeur. Afin d’étouffer la propagation du feu, une construction de barrages en bois (planches et madriers) est mise en place pour isoler le foyer de l’incendie et le priver d’air. Cependant, ces efforts furent insuffisants[2].

Le lundi , à 4h du matin : descente dans le puits de 51 hommes choisis parmi les meilleurs ouvriers de la mine.

Une heure plus tard, l’incendie éventrait le barrage : un jet de flamme de plus de 600 mètres fusa dans la galerie et incendia tout sur son passage, brûlant et ensevelissant ceux qui s’y trouvaient.

On dénombrera 21 morts et 7 disparus, soit 28 victimes et une vingtaine de blessés[3].

Réactions modifier

Président de la république visitant l'hôpital Saint-Antoine

L'histoire bouleverse la France entière, et les journaux s’emparent de l’évènement. Dès le au soir, des représentants du Président de la République et du Ministre de l’Intérieur se sont rendus sur place. Le , nombre d’élus locaux (députés, sénateurs) également[4].

Les funérailles des victimes réunirent 15 000 personnes dont de nombreuses personnalités et plusieurs journalistes[5].

Le supplément illustré du Petit Journal s'indigne des mesures de sécurité :

« La science fait des progrès énormes et le grisou peut être évité [...]

Que l’on perfectionne les appareils qui révèlent sa présence, que l’on multiplie les procédés d’aérage [...] et nous auront moins de veuves et moins d’orphelins »

Et de la priorité politique donnée :

« Pourquoi, au lieu de dépenser tant d'efforts et d'argent à trouver des engins de guerre, les savants ne s’appliquent-ils pas à trouver le moyen de préserver la vie humaine? […]

Cela vaudra mieux que de faire de la politique »

Deux ingénieurs des mines de Blanzy sont condamnés à la suite de l’accident, pour homicide et blessures par imprudence. M. Saverot, ingénieur de service, à payer 500 francs d’amende et M. de Bellefond, ingénieur sous les ordres du précédent, à verser 400 francs d’amende.

Une règlementation plus stricte est mise en place en France cette même année (1895)

Liste des victimes modifier

Monument élevé à la mémoire des victimes de la mine

Parmi les victimes, on compta 21 morts, 7 disparus, et une vingtaine de blessés. Ainsi, 56 enfants devinrent orphelins à la suite de la catastrophe.

Liste des victimes
Nom Age Métier Lieu de naissance Situation
Pierre LAURENT 51 ans Maître mineur né à Sainte-Radegonde époux de Françoise Virot
Philibert BAUDOT 52 ans chef de poste né à Blanzy époux de Pierrette Mercier
Nicolas MARLOT 51 ans mineur né à Saint-Brizier-sous-Charmiz époux de Marie Brugniaud
Philibert BERNARD 32 ans mineur né à Montceau-les-mines époux de Lazarette Gayet
François FLECHE 28 ans mineur né à St-Berain époux de Louise Ferrand
François DURAND 24 ans mineur né au Creusot célibataire
Claude GRAND 49 ans mineur né à Saint-Hilaire veuf de Marie Tauveron
Gilbert Alphonse GRAND 18 ans mineur né à Doyet célibataire
Benoit BERTRAND 20 ans mineur né à Mary célibataire
Théophile BRUGNAUD 47 ans mineur né à Robiae (Gard) époux de Marie Laforest
Philbert FOMMERAND 48 ans mineur né à Hautefond époux de Françoise Degueurce
Henri VACHEZ 42 ans mineur né à Génelard époux Claudine Guichard
Claude LAPRAIS 29 ans mineur né à Millay époux de Marie-Françoise Bertin
Jacques LEGER 34 ans mineur né à Sanvigues époux de Françoise Touillon
Antoine Jules FOUILLOUX 34 ans mineur né à Bruxières-les-Mines (Allier) époux de Jeanne-Marie Brétigny
Claude GUITTARD 40 ans mineur né à Vaudebarrier époux de Benoite Billoud
Charles GABON 44 ans mineur né à Saint-Vallier époux de Françoise Comu
Jean-Marie PARIZE 22 ans mineur né à Montceau-les-Mines célibataire
Jean DUVERNE 28 ans mineur né à Saint-Eugène époux de Philiberte Doyen
Claude MERCIER 28 ans mineur né à Saint-Bérain époux de Anne Gauthier
Claude GILLOT 35 ans mineur né à Saint-Romain-sous Gourdon (71) époux de Eugénie Baudot
Liste des ouvriers disparus. Leurs décès ont été reconnus ultérieurement
Nom Age Métier Lieu de naissance Situation
Claude BENOIT 35 ans / né à Issy-l'Evêque époux de Jeanne Rameau
Pierre LARAGE 48 ans mineur né au Creusot époux d'Anne Alliot
Benoit POTOGNON 35 ans manœuvre né à Sauvignes époux de Marie Breleau
Pierre BONNARD 29 ans mineur né à Aluze époux de Eugénie Bonnard
Mathieu NEANT 38 ans mineur né à Ternant époux de Jacqueline Portherat
Pierre RIGOLET 42 ans mineur né à Ecuisses époux d'Annette Brugnaud
François BENOIT 38 ans mineur né à Uxeau époux de Marie Segand

Les corps des 7 disparus seront retrouvés et inhumés en 1910. Une plaque commémorative fût scellée à l’occasion sur le monument aux morts de la mine, érigé en 1905

« À la mémoire des restes des victimes du grisou 4 Février 1895 du puits Sainte Eugenie, inhumés par la Cie le 24 octobre 1910 sans avoir prévenu les intéressés.

La chambre syndicale des mineurs et similaires et les familles reconnaissantes

6 Novembre 1910 »

Fermeture du puits modifier

Le puits subira encore un accident en 1897 (4 morts) avant l'arrêt des installations en 1918. Il sera transformé en bure (puits de mine intérieur creusé entre des galeries), et le remblayage effectué en 1926.

Références modifier

  1. « Histoire de Montceau-les-Mines », sur montceaulesmines.e-monsite.com (consulté le )
  2. « La Catastrophe de Monceau-les-Mines », sur www.hgrand.fr (consulté le )
  3. « Le Puits Cinq-Sous à Montceau-les-Mines », sur jeanmarcducerf.pagesperso-orange.fr (consulté le )
  4. « La Presse du 05 Février 1895 », sur Gallica, (consulté le )
  5. « Le Petit Parisien 5 février 1895 », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF (consulté le )