Catherine Mazenod
Catherine Mazenod (1649-1733), dite Madame de Servient, a laissé son nom à la postérité pour la donation qu'elle a faite à l'Hôtel-Dieu de Lyon de son fief de la Part-Dieu dans des circonstances particulières.
Histoire
modifierCatherine Mazenod est née en la paroisse de Sainte Croix de Lyon le 28 octobre 1649[1] dans une famille bourgeoise. Son père Marc-Antoine Mazenod (1606-1679), seigneur de Pavezin, écuyer, avocat, fut échevin au Parlement de Lyon en 1659-1660[2] et a eu six enfants, dont Catherine, avec sa femme Etiennette Berthon.
Mariée à Maurice-Amédée comte de Servient en mai 1694 en la paroisse de la Guillotière à l'âge de 44 ans, elle n'a pas d'enfants. En 1705, à la mort de son mari, elle peut alors administrer seule le domaine hérité de son père mort en 1679 constitué d'une maison forte à la Part-Dieu, de ses dépendances et des terrains attenants[3]. Elle décède le 23 février 1733[4].
La situation géographique de ce domaine est importante pour comprendre ce qui va suivre. En 1711, la maison forte constitue pour Catherine Mazenod une résidence de villégiature située au milieu d'un quartier marécageux dit la Part-Dieu situé sur la rive gauche du Rhône et accessible par le seul pont du Rhône construit à l'époque aujourd'hui pont de la Guillotière. Le dimanche 11 octobre 1711, Catherine Mazenod, devenue Madame veuve de Servient, se rend dans son domaine de la Part-Dieu sur la rive gauche du Rhône en s'engageant en carrosse sur le Pont du Rhône côté rive droite. Mais en même temps, une foule de piétons revenant de la fête de la Saint-Denis à Bron prend le pont en sens inverse. La rencontre causera une catastrophe qui fait 241 morts[5].
Par acte notarié du 8 juillet 1725, Catherine de Mazenod de la Part-Dieu, comme elle est appelée dans l'acte, fait donation "de son domaine de la Part-Dieu au grand hôpital de notre dame de Pitié du pont du Rhône de la ville de Lyon pour leur donner dès à présent des marques de l'affection particulière qu'elle a pour eux"[6].
Polémique historique
modifierSelon les différents historiens qui ont conté l'histoire de la catastrophe du pont de la Guillotière et de la donation de la Part-Dieu aux Hospices civils de Lyon, les circonstances du lien entre les deux évènements varient. Pour certains, la donation a été faite par Catherine Mazenod pour se faire pardonner sa responsabilité dans la catastrophe du 11 octobre 1711[7]. Pour d'autres, la donation n'en est pas une mais cache une vente car la donation est faite en contrepartie du versement d'une somme d'argent conséquente augmentée d'une rente viagère et de ce fait n'est pas liée à sa responsabilité dans la catastrophe du 11 octobre 1711[8]. Pour d'autres enfin, rien ne prouve que Madame de Servient était dans son carrosse à contre-courant sur le pont du Rhône ce soir là du 11 octobre et comme d'autre part elle avait, quatorze ans avant la catastrophe, fait des pauvres du grand Hôtel-Dieu ses héritiers universels dans un testament du 25 janvier 1697, sa donation du 8 juillet 1725 est dénuée de tout lien avec la catastrophe du pont[9].
Postérité
modifierIl existe à Lyon dans le quartier de la Part-Dieu deux rues à son nom: l'une s'appelle rue Mazenod, l'autre rue Servient[10].
Son nom est également mentionné sur les tableaux des donateurs illustres apposés autour de la cour du cloître de l'ancien Hôpital transformé en bâtiment historique de l'Hôtel-Dieu.
Liens externes
modifier- Blason de Marc-Antoine Mazenod échevin de Lyon en 1659-1660, père de Catherine Mazenod
Notes et références
modifier- Voir le registre de baptêmes de la paroisse de Sainte Croix de Lyon aux Archives municipales de Lyon, vue 62/135.
- Association de Condate à Lyon Confluence (DCLC), « Hotel-Dieu: destins croisés », sur Association culturelle "De Condate à Lyon Confluence", (consulté le )
- Voir acte de réitération du 6 mai 1679 de la donation de feu Marc Antoine Mazenod à sa fille Catherine du fief de la Part-Dieu aux Archives municipales de Lyon, cote HD/B/634.
- Acte de décès de Catherine Mazenod comtesse de Servient dans la paroisse d'Ainay sur Archives municipales, vue 20/264, du 23 février 1733.
- « Relation du grand malheur arrivé à la Porte du Rone à Lyon, le 11 octobre de l'année 1711, au retour de la promenade de Bron, hors le Faux-bourg de la Guillotière. », Nouvelle, (lire en ligne)
- Voir acte de donation du 8 juillet 1725 aux Archives municipales de Lyon.
- A. Vachez, La donation de la Part-Dieu aux Hospices, Lyon, Imprimerie Mougin-Rusand, (lire en ligne)
- Georges Thévard, Une page de l'histoire de Lyon: le tumulte du pont du Rhône, le procès de Bellair, la donation de Mme de Servient, Lyon, Imprimerie Mougin-Rusand, (lire en ligne)
- Emmanuel Vincent, « Pour la réhabilitation de Mme de Servient », La revue Rive gauche, , Dossier documentaire des Archives municipales de Lyon sur Catherine Mazenod, cote 3C/402
- Consulter l'origine des noms de rue de Lyon en consultant le fichier constitué par les Archives municipales de Lyon.