Catherine Sauve

brûlée pour hérésie en 1417 à Montpellier

Catherine Sauve est une béguine brûlée en 1417 pour hérésie à Montpellier.

Catherine Sauve
Gravure sur bois représentant une béguine, tirée de l'ouvrage Des dodes dantz, Lübeck, 1489.
Biographie
Décès
Activité
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Condamnée pour
Lieu de détention

Biographie modifier

Catherine Sauve est originaire des Thons, en Lorraine. C'est une béguine qui vit seule et mendie sa nourriture à Montpellier près de la fontaine de Préveirargues ou de Lattes, située à deux pas du couvent des frères mineurs[1],[2].

Ses aveux selon Michel Jas la révèlent proche des conceptions cathares[2],[3], relançant le débat d'une présence des cathares à Montpellier et des racines cathares de la Réforme protestante par la suite[4].

Elle est arrêtée et incarcérée le à la maison de la Recluse à Montpellier et condamnée en 1417 à être brûlée pour hérésie[1],[5].

Son cas est instruit le dimanche à environ deux heures de l’après-midi au tribunal, dans un chapiteau situé sous la porte de l'hôtel du consulat par Raimond Cabassa, vicaire de l'inquisiteur appartenant à l'ordre des prêcheurs. Sont présents notamment Pierre Adhémar, évêque de Magdelonne[6], le lieutenant du gouverneur, le recteur de l’université de Montpellier, des théologiens des quatre ordres, des docteurs en droit civil et en droit canon de l’université, des consuls et des ouvriers[1].

Elle est condamnée pour hérésie à cause de ses croyances : elle nie la fonction du baptême, affirme que la hiérarchie catholique ne tient pas son autorité de Dieu, nie le rôle du purgatoire, de la confession, de la transsubstantiation et de l’adoration sacramentelle. Tout comme les cathares elle considère que tout acte sexuel est un péché[7].

Assise sur une sellette, elle répond aux inquisiteurs et une fois la sentence prononcée, Raimond Cabassa la remet aux pouvoir séculier, c'est-à-dire au bailli, pour l'exécution de la sentence.

D'Aigrefeuille dans son histoire sur Montpellier[7], et Alexandre Germain dans son livre sur Catherine Sauve[5] indiquent que cette dernière aurait été condamnée par le feu à la portalière ("portail" en patois occitan). Cet endroit étant réputé être le lieu où l'on brûlait les hérétiques et autres personnes accusées de sorcellerie, les habitants de Montpellier prirent l'usage de l'appeler le "portal de las masques" (masques, masc ou masco signifiant sorcier en patois du Languedoc)[8]. Ce chemin existe encore de nos jours sous la dénomination de la rue Portalière-des-Masques ("porte des sorcières")[9]. Le juge de l'Inquisition semble avoir effectivement résidé non loin de cette porte[10],[11]. Mais il a été confirmé par la suite que Catherine Sauve n'a pas été suppliciée devant cette porte (qui se trouvait en fait à l'extrémité du couvent des Dominicains, et à proximité du juge Inquisiteur[8]). La sentence aurait été appliquée au lieu-dit "Col de Fin" près de l'actuel cimetière Saint-Lazare, au chemin alors appelé de la Justice du fait de la présence de fourches patibulaires[8],[12],[10].

Références modifier

  1. a b et c « Le « Petit Thalamus » de Montpellier : édition critique numérique du manuscrit AA9 des Archives municipales : annales occitanes, année 1417 », sur thalamus.huma-num.fr (consulté le )
  2. a et b Eglise protestante unie de France, « Catherine Sauve », sur Eglise protestante unie de France (consulté le )
  3. Yves Krumenacker, « Michel Jas, Incertitudes. Les cathares à Montpellier, Institut d’études occitanes, 2007, 163 p. », Chrétiens et sociétés. XVIe – XXIe siècles, no 16,‎ (ISSN 1257-127X, lire en ligne, consulté le )
  4. « Évangile & Liberté : Lire », sur www.evangile-et-liberte.net (consulté le )
  5. a et b Alexandre-Charles Germain, Catherine Sauve, éclaircissement relatif à un fait spécial d'hérésie survenu à Montpellier au commencement du XVe siècle, par A. Germain, Impr. de Boehm,
  6. « Le « Petit Thalamus » de Montpellier : édition critique numérique du manuscrit AA9 des Archives municipales, index des personnes : lettre A », sur thalamus.huma-num.fr (consulté le )
  7. a et b Charles d' Aigrefeuille, Histoire de la ville de Montpellier, Chez Jean Martel, (lire en ligne)
  8. a b et c Alexandre Germain, Le couvent des Dominicains de Montpellier, Le Couvent, (lire en ligne)
  9. Joseph Duval-Jouve, Les noms des rues de Montpellier : étude critique et historique, Coulet, (lire en ligne)
  10. a et b Louis Grasset-Morel, Montpellier, ses sixains, ses îles et ses rues, ses faubourgs, Collection XIX, , 542 p. (ISBN 978-2-346-07628-4, lire en ligne)
  11. Société Archéologique (Montpellier), Mémoires de la Société Archéologique de Montpellier, (lire en ligne)
  12. Jean Crespin, Histoire des martyrs persecutez et mis à mort pour la vérité de l'Evangile depuis les temps des apostres jusques à present : comprinse en douze livres, contenant les actes mémorables du Seigneur en l'infirmité des siens, non seulement contre les efforts du monde, mais aussi contre diverses sortes d'assaux et hérésies monstrueuses, en plusieurs provinces de l'Europe, notamment à Rome, en Espagne, et ès Pays bas : les préfaces monstrent une conformité de l'estat des Eglises de ce dernier siècle, avec celui de la primitive Eglise de Jésus Christ, héritiers d'Eustache Vignon, (lire en ligne)