Château de Nemours
Le château de Nemours est un ancien château-fort, devenu château-musée, situé dans la commune de Nemours dans la région naturelle du Gatinais et à l’extrême sud-est du département de Seine-et-Marne en région Île-de-France.
Château de Nemours | ||
Le château de Nemours en hiver | ||
Période ou style | Médiéval / Renaissance / Classique | |
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Type | Forteresse | |
Début construction | XIIe siècle | |
Propriétaire initial | Gauthier Ier de Villebéon (1125-1205), grand chambellan des rois de France Louis VII et Philippe Auguste | |
Propriétaire actuel | Ville de Nemours | |
Destination actuelle | Musée d'art | |
Protection | Classé MH (1977) | |
Coordonnées | 48° 15′ 56″ nord, 2° 41′ 49″ est | |
Pays | France | |
Région historique | Gâtinais | |
Région | Île-de-France | |
Département | Seine-et-Marne | |
Commune | Nemours | |
Géolocalisation sur la carte : France
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Site web | https://www.nemours.fr/chateau-musee | |
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Il constitue un ensemble d'époque médiévale initié au XIIe siècle particulièrement bien conservé qui a été classé au titre des Monuments historiques le 10 février 1977.
Depuis 1903, ce bâtiment est transformé en Château-Musée de Nemours.
Situation
modifierLe château de Nemours se situe à mi-chemin entre Fontainebleau et Montargis, le long de la rive gauche du Loing et à hauteur d'un ancien passage à gué. Il est ceint par la rivière sur trois de ses quatre faces ce qui lui offre une protection naturelle.
Situé aux marches du royaume de France il constitue un des verrous de protection des rois de France face au puissant comté de Champagne alors ennemi.
L'édifice possède également la particularité d'être l’un des seuls châteaux de ville en Île-de-France parvenus jusqu'à nous. Ses anciennes dépendances et sa cité médiévale sont également particulièrement bien conservées et lisibles aujourd'hui.
Histoire
modifierXIe siècle : Premier château hypothétique
modifierLa ville de Nemours appartient au XIe siècle au comté de Gâtinais[1] dont le seigneur, le vicomte du Gâtinais est installé à Chateau-Landon qui fait allégeance au roi de France en devenant son vassal en 1068.
À la mort du vicomte Foulques en 1126, le roi de France Louis VI démembre la vicomté à la suite de troubles et devient le Seigneur en titre. Cependant, malgré ce passage à la couronne royale, le troisième fils de Foulques, Orson, est installé comme gouverneur et siège à Nemours.
Un hypothétique château aurait pu être construit à cette période pour marquer l’installation d’Orson comme seigneur de la ville, mais il n'en reste aucun vestige ni aucune information.
XIIe siècle : Édification du château actuel
modifierLe château actuel est vraisemblablement l’œuvre de Gauthier Ier de Villebéon.
Ce modeste fonctionnaire de la Cour, seigneur de Beaumont-en-Gâtinais et de la Chapelle en Brie, hérite du fief de Villebéon par sa mère ce qui lui permet de se battre aux côtés du roi lors de la Deuxième Croisade. Au retour, il épouse en 1149 Aveline de Château-Landon, fille d’Orson ce qui fait de lui le seigneur de Nemours et en récompense des services rendus devient chambellan du roi de France sous Louis VII puis sous Philippe-Auguste.
Cette nouvelle situation exige la construction d'un château signifiant son autorité et digne de sa nouvelle charge. Le chantier se déroule alors entre les années 1160 et 1190 et comprend également l'édification de l'Église Saint-Jean Le Baptiste.
Du fait de sa position stratégique, au passage d’un gué, aux marches de la Champagne, région alliée de l’Angleterre et ennemie du royaume de France, le château constitue un péage pour les personnes et de marchandises.
XIIe siècle : Ruine économique des Villebéon et vente au roi de France
modifierEn 1274, le seigneur de Nemours, Philippe III de Villebéon, est contraint de vendre le comté et le château.
Les croisades ont ruiné la famille, les alliances avec la Champagne et les frontières ont changé et le rôle de péage de Nemours rapporte beaucoup moins tandis que les bailliages ne rapportent pas suffisamment.
Le roi de France Philippe III le Hardi qui cherche par ailleurs à étendre le domaine royal intègre le comté dans son giron.
XVe siècle : Des Navarre aux Armagnac
modifierEn 1404, Nemours est transformé en duché-pairie par Charles VI, qui offre ces terres à Charles III, roi de Navarre, en échanges de terres appartenant à ce dernier. Cette session implique toutefois un droit de réversion des bailliages au trésor royal.
Le château est occupé par la famille de Navarre et reste sous son contrôle jusqu’en 1461, lorsque Eléonore de Bourbon, seule héritière de Charles III de Navarre, devient duchesse de Nemours en épousant Bernard d’Armagnac.
Leur fils, Jacques d’Armagnac, devient duc de Nemours à partir de 1464, et transforme le château-fort en résidence de plaisance. Il subdivise le premier étage en deux étages distincts, détruit les deux grandes cheminées pour en faire quatre (deux par étage), élimine la coursive extérieure, perce le château de fenêtres et l’enrichit d’un décor, notamment accolades, bases prismatiques et riches moulures qui encadrent les baies.
Jacques d’Armagnac est exécuté pour trahison en 1477. Le roi confisque les biens des Armagnac, mais Charles VIII redonne le territoire de Nemours à la famille, qui le possède jusqu’en 1503.
Le château est possédé ensuite par la famille de Foix (1507-1512). Peu après la mort de Gaston de Foix, en 1515, le roi François Ier fait don du duché de Nemours à Julien de Médicis. Ce dernier meurt un an après et le château repasse à la couronne et pour ensuite parvenir dans les mains de la famille Savoie, qui en aura possession de 1528 à 1657. Parmi les ducs de Nemours Jacques de Savoie Nemours est particulièrement connu comme héros du roman de Madame La Fayette, La Princesse de Clèves, où il est décrit comme l’homme le plus beau de la cour, tant à être considéré comme « chef- d’œuvre de la nature ».
On attribue à la famille Savoie-Nemours aussi des travaux d’embellissement du château, comme l’aménagement de jardins d’agrément ainsi que d’une aire pour le jeu de paume.
XVIIe siècle : Prison et tribunal
modifierEn 1672, Louis XIV, le Roi-Soleil, donne le château en apanage à son frère Philippe d’Orléans, dit « Monsieur ».
Celui-ci transforme l'édifice en lieu de « juridiction du bailliage, de l'élection et de l'hôtel de ville », les cachots en sous-sol, déjà présents au Moyen Âge sont alors réaménagés à partir de 1644 ainsi que le bâtiment du geôlier qui contient lui aussi des cellules.
Un perron monumental répond à la nécessité d’un accès direct au rez-de-chaussée, tandis que le portail côté rue donne une plus grande noblesse à l’entrée de la haute-cour, suivant les principes de symétrie et harmonie classiques.
XIXe siècle : école, théâtre, salle de bal, magasins...
modifierAprès la Révolution, le château est vendu comme bien national en 1810 avec autorisation de l'Empereur Napoléon Ier[2]. Il est acheté par Anne-Antipas Hédelin, alors maire de Nemours, qui le revend l’année suivante à la Mairie, réalisant une plus-value substantielle dans le cadre de la transaction. La mairie en fait une école publique, puis le château devient dans un premier temps, une salle bal au rez-de-chaussée, une salle de spectacle au premier étage tandis que d'autres espaces sont loués à des commerçants, mais il reste assez mal entretenu jusqu’au XXe siècle.
En 1894, le sculpteur Auguste Rodin, alors à la recherche d'un nouvel espace pour créer un atelier, obtient l'autorisation de la mairie de louer le château. Il règle le loyer pour une période d'un an sans occuper les lieux. L'année suivante, ses choix l'orientent vers Meudon et la Villa des Brillants[3].
En 1901, renouvelant sa première demande de 1884, le sculpteur nemourien Justin-Chrysostome Sanson obtient de la municipalité l'autorisation d'effectuer quelques menus travaux dans le château afin d'envisager d'y installer une partie de ses créations. Ces derniers aboutiront en 1903 à l'ouverture du Château-Musée de Nemours[4].
Architecture
modifierLe donjon
modifierDe plan rectangulaire flanqué de quatre tourelles d'angles, le donjon du château se composait au Moyen Âge de trois niveaux au lieu de quatre actuellement : le sous-sol, le rez-de-chaussée surélevé et le premier étage.
Le premier niveau, correspondant au sous-sol, se constituait d'une salle basse à pilier central. Sans accès de plain-pied, on y accédait par le second niveau. Cet espace était sans doute affecté au stockage (cellier ou réserve).
On pénétrait au sein du second niveau par une porte ménagée sur la façade ouest à laquelle on accédait probablement par une passerelle en bois depuis la cour. Cet étage était en partie résidentiel, comme le suggère la présence de latrines et de lavabos ou encore la baie à meneau située dans la tourelle nord-ouest.
Le dernier niveau constituait l’étage du seigneur et le lieu de résidence de sa famille, doté de deux grandes cheminées son plafond mesurait 8 m de haut. La présence de deux cheminées, attestées par la trace des anciens conduits, et de l'oratoire privé du seigneur le prouvent. Le corps central et les tourelles, surélevées de quatre mètres, étaient vraisemblablement crénelés.
Sur ce niveau, on trouve encore l’oratoire du château dans la tour sud-est du donjon : joyau architectural construit à la charnière entre l’architecture romane et gothique. La présence des latrines, attestées par des ouvertures excavées dans la tour nord-est et ensuite dans la tour de guet, témoigne une certaine aisance, ce qui suggère le statut d’extraordinaire importance du seigneur.
La galerie et la tour de guet
modifierLa galerie s'élève sur cinq niveaux tandis que la tour de guet comptait sept niveaux et culminait à 30 mètres.
Afin de contrôler encore mieux la rivière du Loing, une coursive en encorbellement de bois -aujourd’hui disparue- était adjointe au donjon du château sur trois de ses cotés. L’élévation extérieure du château a été modifiée au fil du temps : le donjon et les tourelles du donjon, auparavant crénelés, ont été dotés d’une toiture et les tourelles ont été abaissées au niveau du corps central au XVIIe siècle.
Les baies à meneaux et les coussièges, ménagés dans les ébrasements de fenêtres du sixième niveau, montrent un certain confort pour ces étages probablement dévolus à la surveillance et à la défense. Le sommet était lui-aussi crénelé. Les niveaux supérieurs étaient destinés à la circulation et également à la surveillance.
Trois arcs brisés sont discernables au niveau bas de la galerie. Anciennement percés, ils permettaient sans doute d'assurer l'accès entre la cour et le jardin.
Une fosse à latrine est conçue tout en bas de la tour de guet et recevait les défections des latrines installées en partie inférieure de la tour.
L'oratoire
modifierSitué à l'étage noble, il a conservé ses dispositions anciennes dans la tourelle sud-est du donjon.
Édifié à une période de transition, entre la fin du règne du roi Louis VII (1137-1180) et le début de celui de Philippe II, dit Philippe Auguste (1180- 1223) la construction de l'oratoire n'a pu être datée précisément à ce jour car aucune archive connue ne la mentionne. Cependant, l'étude de l'architecture et du décor sculpté de l'oratoire constituent un bon indicateur pour la situer à la période de transition entre roman et gothique.
Son architecture s'organise autour d'un double effet de verticalité et d'horizontalité qui marque l'espace et contribue à donner une harmonie propice au recueillement.
Le style Roman se retrouve au travers des chapiteaux tous différents et figurant notamment des feuilles d'acanthe stylisées, seules ou conjuguées d'un rinceau, nervées ou non. Cependant, la finesse du ciseau et le naturalisme qui s'en dégagent évoquent déjà le Gothique et son observation plus directe de la nature.
Le style Gothique naissant se traduit par un élan vertical (on parle d'élan vers Dieu) et l'utilisation d'ogives de huit mètres de haut et comportant sept voûtains autorisant l'entrée abondante de la lumière. La clé est percée de trous d'accroche pour un lustre.
Les trois murs sont décorés de deux niveaux superposés d'arcatures brisées : trois aveugles (c'est-à-dire sans ouvertures) en moitié basse et deux percées de fenêtres hautes diffusant la lumière.
Les ébrasements sont profonds. Les lignes horizontales sont données par les banquettes et par le bandeau mouluré séparant les deux niveaux.
Dans l'axe de la pièce, une niche indique l'emplacement d'un autel disparu, tout comme les vitraux d'origine.
Des traces de polychromie sont conservées sur certains chapiteaux nous rappelant ainsi l'habitude médiévale de peindre tous les ornements de pierre intérieurs comme extérieurs.
Vues aériennes
modifierNotes et références
modifier- Olivier Deforge, Sébastien Ronsseray, Maëva Abillard, Du château au musée, Histoires à raconter, Ville de Nemours,
- Jerome Fourmanoir et Château-musée, Du vieux château au château-musée: 1903-2023 : une exposition anniversaire, Editions du Sabot Rouge, (ISBN 978-2-9584965-1-7, lire en ligne)
- Jerome Fourmanoir et Château-musée, Du vieux château au château-musée: 1903-2023 : une exposition anniversaire, Editions du Sabot Rouge, (ISBN 978-2-9584965-1-7, lire en ligne)
- Jerome Fourmanoir et Château-musée, Du vieux château au château-musée: 1903-2023 : une exposition anniversaire, Editions du Sabot Rouge, (ISBN 978-2-9584965-1-7, lire en ligne)
Annexes
modifierBibliographie
modifier- BOUEX Paul, Le Château de Nemours, Nemours, Imprimerie Vaillot, 1927, 66p.
- Du château au musée, Histoires à raconter : livret d'exposition 2008, par Olivier Deforge, Sébastien Ronsseray, Maëva Abillard, éditions Ville de Nemours.
- VALDENAIRE Arnaud, Le château de Nemours : de la forteresse au musée : neuf siècles d'histoire(s), Paris, Édition Le Charmoiset, 2021, 63p.
- FOURMANOIR Jérôme (sous la direction de), Du vieux château au Château-Musée de Nemours : 1903-2023 : une exposition anniversaire, catalogue d'exposition, 21 octobre 2023 - 25 février 2024, Nemours, Édition du Sabot Rouge, 2023, 184p.
Articles connexes
modifierLiens externes
modifier- Ressources relatives à l'architecture :
- Ressource relative aux beaux-arts :
- Ressource relative au tourisme :
- Site officiel de la ville.
- Article réalisé par La République de Seine-et-Marne.
- https://video.lefigaro.fr/figarotv/video/la-vie-de-chateau-nemours/