Chabbè
Chabbé est un site archéologique situé dans l'ancienne province de Sidamo et intégré depuis 1995 à la région des nations, nationalités et peuples du Sud, dans l'actuelle Éthiopie, à environ 10 km à l'ouest de Dila. Il possède environ 50 sculptures selon Anfray (gravures selon Le Quellec) rupestres représentant du bétail et en particulier des bovidés[1]. Le site, qui se présente désormais sous la forme d'une ravine, était peut-être antérieurement une grotte.
Chabbè | |
Localisation | |
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Pays | Éthiopie |
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Histoire
modifierFrancis Anfray pense que les sculptures ont une parenté avec les peintures de Laga-Oda, datées d'au moins 2000 ans[2]. Cette parenté semble plus que contestable selon Jean-Loïc Le Quellec[3].
Roger Joussaume, Sylvie Barbier et Xavier Gutherz proposent quant à eux une datation au IIIe ou IIe millénaire av. J.-C.[4]
Jean-Loïc Le Quellec est très prudent pour la datation pour sa part[5]. Il avance à la fois que les gravures de bovinés peuvent être âgées de 6500 à 2500 ans par rapport à la domestication, et aussi que les bovins représentés ont fait partie du bétail utilisé dans le pays jusqu'au IIIe – IVe siècle de notre ère. Il indique que « des indices techniques (...) laissent supposer que plusieurs des gravures auraient pu être réalisées à l'aide d'outils métalliques »[6].
Les sculptures ont été signalées en 1965 aux autorités[7].
Le véritable nom du site serait Mantcheti[8] ou Mancheti, et situé à une altitude de 1300 m[9].
Description
modifierLes animaux représentés sont des Bos africanus[3], représentés de façon stylisée et en champlevé[9].
Les gravures, du moins pour ce qui en est conservé, sont réparties en 4 panneaux, dont 3 sont situés à l'est[9]. Le plus important de ces panneaux couvre environ 30 m2[10]. Des gravures devaient orner la paroi ouest de la ravine, mais cette paroi s'est effondrée dans le passé[11].
Les gravures mesurent de 0,40 m à 0,70 m [11].
Le panneau le plus important figure une vingtaine d'animaux sur cinq rangs et se dirigeant vers la droite, « disposition fréquente dans l'art rupestre de l'Afrique de l'Est »[9].
Plusieurs animaux « portent au haut de l'encornure comme un morceau d'étoffe triangulaire »[11]. Le caractère de proximité avec Laga Oda mis en avant par Anfray est contesté par Jean-Loïc Le Quellec qui démontre les grandes différences dans la façon de représenter les animaux sur les deux sites[12].
Interprétation
modifierFrancis Anfray évoque, « hypothèses sans grand appui » selon lui, une finalité religieuse du site, visant à gagner la faveur de divinités pouvant améliorer la fécondité des troupeaux[2]. Jean-Loïc Le Quellec évoque pour sa part « une puissante motivation symbolique »[6].
Selon Francis Anfray, les « figures de Chabbè, dont certaines (...) ont une qualité de trait indéniable, constituent encore une énigme »[2].
Jean-Loïc Le Quellec considère que les gravures ont été réalisées par « une communauté humaine précise, qui reste à déterminer »[13].
Notes et références
modifier- Anfray 1967, p. 21.
- Anfray 1967, p. 24.
- Le Quellec 2002-2003, p. 59.
- Joussaume, Barbier et Gutherz 1994, p. 10.
- Le Quellec 2002-2003, p. 58-59.
- Le Quellec 2002-2003, p. 65.
- Anfray 1967, p. 19.
- Le Quellec 2002-2003, p. 58.
- Joussaume, Barbier et Gutherz 1994, p. 7.
- Anfray 1967, p. 20.
- Anfray 1967, p. 23.
- Le Quellec 2002-2003, p. 59-60.
- Le Quellec 2002-2003, p. 64.
Bibliographie
modifier: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Francis Anfray, « Les sculptures rupestres de Chabbè dans le Sidamo », Annales d'Ethiopie, no 7, , p. 19-32 (lire en ligne)
- Jean-Loïc Le Quellec, « L'art rupestre de style dit "arabo-éthiopien" et l'école de Chabbé-Galma », Afrique : Archéologie et Arts, no 2, 2002-2003, p. 47-68 (lire en ligne)
- Roger Joussaume, Sylvie Barbier et Xavier Gutherz, « L'art rupestre du Sidamo (Ethiopie) », International Newsletter on Rock Art, no 9, , p. 7-11 (lire en ligne)