Chansonnier d'Arras

chansonnier du XIIIe siècle

Le Chansonnier d'Arras est un manuscrit enluminé de la fin du XIIIe siècle contenant une variété de textes et de chants religieux ou philosophiques, disposés en 220 feuillets[1]. Il est écrit en dialecte picard[2]. Il est désormais classifié manuscrit 657 à la bibliothèque municipale d'Arras, sachant qu'il était classifié numéro 139 auparavant. Dans les études au sujet des trouvères, il est conventionnellement connu sous le siglum A[3].

Première page

Production et provenance modifier

Deux mains de scribe sont responsables du texte et une de la notation musicale, qui a été ajoutée en dernier. Un scribe nommé Jehans d'Amiens li petis a signé et daté le dernier ouvrage en août 1278[3]. Il est possible que la section chansonnier n'ait été ajoutée qu'au début du XIVe siècle[1]. Le manuscrit est ainsi un produit de l'Artois, et peut-être d'Amiens. Il appartenait à l'abbaye de Saint-Vaast vers 1625, mais fut saisi par le gouvernement lors de la Révolution française en 1790[3]. Un fac-similé du manuscrit fut publié en 1926 par Alfred Jeanroy, qui remarqua que certaines pages étaient en désordre[1]. Le manuscrit a depuis été restitué par la Bibliothèque nationale de France en 1955[3].

Contenu modifier

Bien que l'ensemble du manuscrit soit communément appelé chansonnier, seule la section centrale correspond vraiment à cette description[1]. Le manuscrit peut être divisé en trois sections. Les 128 premiers feuillets sont consacrés à des textes religieux, philosophiques et éthiques[3]. Une rubrique sur le premier feuillet identifie les ouvrages suivant comme philosophie et morale, on y retrouve notamment le poème Le Livre de philosophie et de moralité. Au folio 32, un explicit annonce la fin de la première partie. Il est suivi de quelques textes voués à la vénération de la Sainte Vierge (dont une paraphrase de l'Ave Maria), ainsi que d'une série de légendes de saints chrétiens, et enfin du Bestiaire d'Amour de Richart de Fournival. Le manuscrit de cette section contient cependant quelques lacunes.

La deuxième section, composée de 32 in-folio, contient 42 chansons sur le sujet de l'amour courtois, ainsi que 31 jeux partis (à savoir des chansons de débat)[3],[4]. Tous bénéficient d'une notation musicale[3]. Cinq trouvères dont les œuvres sont présentées dans cette section se trouvent portrayés en miniature. Il s'agit du Chastelain de Couci, de Gautier de Dargies, de Ugon de Bregi, de Richart de Fournival et enfin d'Adam de la Halle[5],[6]. A ceux-ci succèdent quatre autres trouvères qui sont nommés mais non illustrés : le Vidame de Chartres, Pierres de Molaine, le duc Henri III de Brabant et Guillaume li Vinier[7]. La plupart des chansons et des jeux partis du Chansonnier d'Arras sont signés anonymement, mais la paternité de la plupart nous est transmise par d'autres sources[3],[7].

La dernière section, composée de 52 feuillets, contient deux romans, le Roman des sept sages et le Roman de Marques de Rome[3].

Liste des trouvères modifier

Le Chansonnier d'Arras référence les trouvères suivants[8] :

Notes et références modifier

  1. a b c et d Lockert 1993, p. 1–2.
  2. Lockert 1993, p. 3–4.
  3. a b c d e f g h et i Aubrey 2001.
  4. Lockert 1993, p. 5.
  5. Huot 2019, p. 55.
  6. Lockert 1993, p. 10.
  7. a et b Lockert 1993, p. 9.
  8. Lockert 1993, p. 224–230.

Bibliographie modifier

  • Elizabeth Aubrey, Sources, MS: III. Secular monophony, 4. French, (DOI 10.1093/gmo/9781561592630.article.50158)
  • Sylvia Huot, From Song to Book: The Poetics of Writing in Old French Lyric and Lyrical Narrative Poetry, Cornell University Press,
  • Robin R. Lockert, The Chansonnier d'Arras: A Critical Edition (thèse), (lire en ligne)

Liens externes modifier