Charles-Hubert Perrault

Charles Hubert Perrault est un homme d’affaires québécois, né le à Montréal et mort le à Sherbrooke.

Charles Hubert Perrault
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(à 96 ans)
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Biographie modifier

Né le à Montréal, Charles Hubert Perrault est le fils de Jean-Julien Perrault, architecte, et de Laurette Beaubien. Perrault descend d’une longue lignée d’architectes, dont son arrière-grand-père, Henri-Maurice Perrault (1828-1903), son grand-oncle Maurice Perrault, et son grand-père, Joseph Perrault (1866-1923). Sa mère, Laurette Beaubien, est la fille de Joseph Beaubien, longtemps maire d'Outremont, et la petite-fille de Louis Beaubien, ministre de la colonisation et l’un des fondateurs de la ville d'Outremont.

Parcours modifier

Après des études en métallurgie à l'Université McGill, il servit dans le Corps du génie électrique et mécanique royal canadien en Europe puis comme ingénieur dans plusieurs compagnies, entre autres à l’Alcan et à la QIT Fer et Titane[1].

Casavant Frères modifier

Depuis sa fondation en 1879, la maison Casavant Frères de Saint-Hyacinthe ne fabriquait que des orgues électro-mécaniques selon une conception artistique datant du 19e siècle. À partir des années 1950, il y eut un renouveau d’intérêt, initié en Europe, pour les orgues à traction mécanique conçus au 18e siècle, et pour lesquels étaient destinée la musique des grands compositeurs baroques, tels que Jean-Sébastien Bach et Dietrich Buxtehude[2]. Cette réforme artistique fut adoptée par de jeunes organistes du Québec (Gaston Arel, Raymond Daveluy, Bernard Lagacé) qui réussirent à convaincre les administrateurs de trois importantes églises de Montréal de confier à l’Allemand Rudolf von Beckerath la facture de leurs instruments. La maison Casavant est rudement touchée dans sa fierté et admet qu’en dépit de ses succès commerciaux récents, il est temps de changer de direction[3],[4],[5].

Perrault entre chez Casavant en 1956 comme directeur de production, et il convainc le conseil qu’en dépit des succès commerciaux des années 50, il est urgent de changer la direction artistique de l’entreprise. Sous sa gestion et celle de son nouveau directeur artistique, Lawrence Phelps, Casavant s’adapte à la réforme et, en 1969, 20% de ses nouveaux instruments sont à traction mécanique et l’entreprise demeure le plus important facteur d’orgues en Amérique du Nord. Perrault est nommé président en 1963 et président du conseil en 1966, poste qu’il occupe jusqu’à la vente de Casavant en 1976[3],[6].

Conseil du patronat du Québec modifier

À partir de 1963, à la suggestion du gouvernement du Québec sous le premier ministre Jean Lesage, les organisations patronales du Québec se regroupent sous l’égide d’une nouvelle fédération, le Conseil du patronat du Québec. Perrault participe à la gestation du CPQ et en devient le président fondateur de 1969 à 1976[7],[8]. Au cours de son mandat, le CPQ s’engage dans un nombre de dossiers dont le progrès a été retardé par le manque de coordination des entreprises québécoises vis-à-vis le gouvernement provincial et les syndicats. Parmi les plus importants, on trouve les débats sur la langue d’éducation et au travail[7], la réforme de l’assurance chômage[7], le bannissement des travailleurs substituts en cas de grève[7], le développement d’aménagements hydroélectriques à la baie James[7] et la loi sur les mesures de guerre suivant la Crise d’Octobre de 1970[7],[9].

Perconsult modifier

En 1975, il fonde Perconsult, un cabinet de consultation en relations humaines, qui assiste nombre d’entreprises à se décharger de leurs obligations sous la nouvelle loi 101 concernant l’usage de la langue française[10].

Aluminerie Alouette modifier

Un consortium mené par la Société générale de financement et regroupant Austria Metall, Hoogoovens (en), Kobe Steel, Marubeni et VAW (de), annonce en 1989 le lancement de l’Aluminerie Alouette et la construction d’une usine à Sept-Îles qui prévoit produire 215 000 tonnes d’aluminium par an [11]. La construction débute en septembre et Perrault est nommé président du conseil d’administration le [12]. Sa tâche n’est pas de tout repos, car il doit annoncer en qu’à cause de la découverte de poches d’argile dans un sol qu’on croyait être du roc, et de l’augmentation dans la demande internationale pour les matériaux de construction, le coût de celle-ci a augmenté de $1.25 milliards à $1.4 milliards, et l’ouverture de l’usine pourrait être retardée d’un an[13]. L’avenir du projet est remis en question. Le suivant, Perrault annonce que les partenaires ont accepté de continuer le projet avec un plan technique plus simple et une remise des opérations de deux mois[14]. Un nouveau président, David Chen, est nommé[15]. La première cuve d’électrolyse démarre le , permettant une inauguration de l’usine par les premiers ministres Brian Mulroney et Robert Bourassa en septembre[16]. Perrault quitte le conseil en 1993. Alouette, après une deuxième phase de construction terminée en 2005, produit maintenant 600 000 tonnes par an et est la plus grosse aluminerie en Amérique[17].

Mandats sociaux modifier

Tout au long de sa carrière, Perrault est actif dans des organismes impliqués dans les questions économiques et les relations du travail. Au Québec, de 1961 à 1968, il est un des premiers membres du nouveau Conseil d’orientation économique[18]. Il est membre de la Commission royale d'enquête sur la fiscalité de 1963 à 1965[19] et du Conseil consultatif du travail et de la main-d'œuvre du Québec de 1969 à 1976[7].

A Ottawa, il est membre du Conseil économique du Canada (en) de 1968 à 1976[20], et du Conseil consultatif du ministre fédéral de l'Industrie et du Commerce de 1969 à 1971[21],

Il sert sur le conseil des gouverneurs de l'Université McGill de 1981 à 1991[22] et de l'Institut C. D. Howe[23].

Il a siégé sur plusieurs CA, dont Abitibi-Consolidated[24], Aluminerie Alouette, Avon Canada[25], Banque Morgan[26], BP Canada[27]. Canron[25], Celanese Canada[25], Gaz Metropolitain[25], Molson[25],[28], Montrusco[29], La Nord Américaine[25],[30], Nortel[25], Oshawa Group[25],Placements Schroder[24], Quaker Oats[25], et SNC-Lavalin[25],[23].

Distinction modifier

Il est élu membre de l’Ordre du Canada en 1987[31].

Références modifier

  1. (en) Who's Who in Canada,
  2. (en) Lawrence Phelps, « A short history of the organ revival, Church Music », Church Music Quarterly,‎ (lire en ligne)
  3. a et b Laurent Lapointe, Casavant frères, 1978-1979, St-Hyacinthe, Québec, La Société, , 143 p. (ISBN 2-920107-00-3)
  4. Jacquelin Rochette, « Les 125 ans de Casavant Frères: des célébrations en musique », Mixtures,‎ (lire en ligne)
  5. Claire Versailles, Rachelle Taylor, « Casavant Frères », sur thecanadianencyclopedia.ca/fr (consulté le )
  6. (en) Stephen Branch, « How Pipe Organ Regained Majesty: True Renaissance Begun by Montreal Craftsmen », National Post,‎ (lire en ligne)
  7. a b c d e f et g Ghislain Dufour, Ghislain Dufour témoigne des 30 ans du CPQ, Montréal, Les Editions Transcontinental, , 541 p. (ISBN 2-89472-135-8), p. 216
  8. Ghislain Dufour, Pour le meilleur et pour le pire: Trente ans de relations patronales-gouvernementales au Québec (169-1998), Montréal, Les Malins, , 229 p. (ISBN 978-2-89657-059-1)
  9. "Le patronat du Québec veut dialoguer avec les syndicats", La Presse, 21 janvier 1969
  10. "La francisation amène des problèmes et des emplois", La Presse, 19 octobre 1981.
  11. « Alouette: début des travaux mardi, à Sept-îles », Le Soleil,‎ (lire en ligne)
  12. « Nominations Alouette », La Presse,‎ (lire en ligne)
  13. « Les coûts excessifs mettent en péril l'aluminerie Alouette », La Presse,‎ (lire en ligne)
  14. Marc Saint-Pierre, « L'aluminerie Alouette de Pointe-Noire coulera ses premiers lingots en juin 1992 », Le Soleil,‎ (lire en ligne)
  15. « Nouveau PDG pour l'Aluminerie Alouette », Le Soleil,‎ (lire en ligne)
  16. Michel Venne, « Le fédéralisme est rentable et gage de stabilité, clament Mulroney et Bourassa, lors du troisième "lancement" de l'aluminerie Alouette à Sept-Iles », Le Devoir,‎ (lire en ligne)
  17. Maxime Bergeron, « Nouvelles alumineries: pas à n'importe quel prix », La Presse,‎ (lire en ligne)
  18. « La nomination de M. Charles Perrault », Le Clairon de St-Hyacinthe,‎
  19. Les commissions d'enquête au Québec depuis 1867: La Commission Bélanger, http://bibliotheque.assnat.qc.ca/content.php?pid=513865&sid=4242098#15508738, consultée le 18 décembre 2013.
  20. « Nominations au Conseil économique », Le Devoir,‎ (lire en ligne)
  21. (en) Clive Baxter, « Business and government get a common meeting ground », National Post,‎ (lire en ligne)
  22. "McGill 175th Garden Party", McGill News, Fall 1996
  23. a et b « Nomination chez SNC », Le Devoir,‎ (lire en ligne)
  24. a et b Valérie Beauregard, « Abitibi-Consolidated: le suspense se prolonge », La Presse,‎ (lire en ligne)
  25. a b c d e f g h i et j Claude Picher, « Le risque de poursuites rend plus difficile le recrutement de dirigeants d'entreprises », La Presse,‎ (lire en ligne)
  26. (en) « Morgan Bank Statement of income », Calgary Herald,‎ (lire en ligne)
  27. "Charles Perrault chez BP", Le Devoir, 1er février 1977
  28. "Charles Perrault chez Molson", Le Devoir, 28 août 1976
  29. « Nominations chez Montrusco », La Presse,‎ (lire en ligne)
  30. « La Nord Américaine », La Presse,‎ (lire en ligne)
  31. « L'ordre du Canada » (consulté le )