Le , l’impératrice le promut au grade de général-major de ses armées ; au mois d’octobre de l’année précédente, il avait cédé le commandement du 2e régiment wallon au prince de Stolberg, pour prendre celui du régiment de Baden-Baden.
Il fut l’un des généraux qui, lors du siège de Maestricht par les Français, en 1748, reçurent l’ordre de s’enfermer dans cette place.
La guerre terminée par la paix d’Aix-la-Chapelle avait fait reconnaître à la cour de Vienne la nécessité de prendre de nouveaux arrangements avec les puissances maritimes pour la sûreté des Pays-Bas ; dans cette vue, elle crut devoir demander aux États de ces provinces un subside extraordinaire et annuel de 1 400 000 florins. Le prince Charles-Marie-Raymond d’Arenberg fut choisi pour faire cette demande, au nom de l’Impératrice, aux États de Hainaut et de Luxembourg : c’était en 1753. La même année, le duc Charles-Alexandre de Lorraine le chargea de se rendre dans le Franc-de-Bruges, pour visiter les environs de L'Écluse et proposer les moyens de faciliter l’écoulement des eaux qui inondaient souvent les terres des wateringues de ce quartier. Il s’acquitta avec succès de ces différentes commissions.
Lorsqu’en 1754, il avait pris possession du grand bailliage de Hainaut, l'Impératrice lui avait continué la faveur, qu’elle avait accordée à son père, de pouvoir nommer le magistrat de Mons.
Quelques jours après, le maréchal et lui repartirent pour l’armée. D’Arenberg assista à la sanglante bataille de Prague () ; il avait, le , amené au général Browne, à Tuschkau (« Touškov(de) »), une vingtaine de milliers d'hommes, malgré les Prussiens, qui avaient essayé de le couper près de « Schlan » (Slaný).
À l’entrée de l’armée autrichienne en Silésie, la réserve fut placée sous ses ordres, et il alla, avec le général Franz Leopold von Nádasdy (Ferenc III Nádasdy ou Nádasdy Ferenc en magyar), faire le siège de « Schweidnitz » (Świdnica) : là encore il donna des preuves d’intrépidité et de talents militaires qui ajoutèrent à l’estime dont il jouissait dans l’armée.
Dans la campagne de 1758, où il commanda tantôt l’avant-garde et tantôt la réserve, le duc d’Arenberg, que Marie-Thérèse venait d’élever au grade de « Feldzeugmeister », se signala en plusieurs occasions, nommément le , lorsque, ayant opéré sa jonction avec le général Laudon en Lusace, ils défirent un corps prussien assez considérable.
Mais il se fit surtout honneur à la bataille de Hochkirch (), l’une des plus glorieuses pour les armes autrichiennes de toutes celles qui furent livrées pendant la guerre de Sept Ans. Il avait le commandement de l’aile droite de l’armée impériale : le comte de Daun lui donna l’ordre d’attaquer l’aile gauche des ennemis et de se rendre maître des redoutes qui la couvraient ; il l’aborda avec une telle résolution que, malgré une défense opiniâtre, il obligea les Prussiens de reculer : son infanterie enfonçait leurs rangs le sabre à la main ou la baïonnette au bout du fusil. Après qu’il se fut emparé des redoutes, il força et franchit les défilés qu’il lui avait été prescrit de passer. La bataille, commencée à cinq heures, était terminée à neuf : la victoire était complète. Dans son rapport à l’Impératrice, le comte de Daun mentionna spécialement les excellentes dispositions que le duc d’Arenberg avait prises.
À l’issue de cette campagne, le duc reçut la plus belle récompense qu’il pût ambitionner : le chapitre de l’ordre de Marie-Thérèse, réuni, les et , au quartier général de l’armée impériale, sous la présidence du comte de Daun, l’élut grand'croix de cet ordre, réservé au mérite et aux services militaires, et l’Empereur l’autorisa à en porter les insignes avec ceux de la Toison d’or.
Les deux campagnes suivantes le virent encore figurer parmi les chefs de l’armée autrichienne ; mais il n’y fut pas aussi heureux : le , il essuya un échec. Le maréchal Daun, voulant couper à l’armée du roi de Prusse la communication de Wittenberg, lui avait ordonné de marcher à Kemberg (Saxe-Anhalt) ; il avait avec lui 16 000 à 17 000 hommes. Arrivé sur les hauteurs de Schmölling, il trouva les ennemis rangés en bataille dans la plaine : c’étaient les corps des généraux de Rebentisch et Johann Jakob von Wunsch, qui lui étaient supérieurs en nombre. Dans le même temps, le prince Henri de Prusse occupait Pretzsch. Se trouvant par là entre deux feux, il prit le parti de se retirer vers Düben, et, dans ce mouvement, une de ses colonnes fut atteinte par les Prussiens, aux mains desquels elle laissa 1 200 prisonniers. Les rapports officiels constatèrent toutefois qu’il avait fait tout ce que la prudence pouvait suggérer pour opérer sa retraite avec le moins de désavantage possible.
À la terrible bataille de Torgau (), qui commença si bien et finit si mal pour l’armée autrichienne, il déploya une bravoure héroïque et prit des dispositions au-dessus de tout éloge : ce sont les propres termes de la relation qui fut publiée à Vienne. Dans cette sanglante affaire, il dut la vie à sa Toison d'or : une balle le frappa à la poitrine ; elle lui aurait passé au travers du corps, si sa Toison d’or, qui pendait de ce côté, n’eût fait bouclier à la côte. La meurtrissure qu’il reçut fut cependant assez grave pour l’obliger à quitter l’armée.
Soit qu’il ne se fût pas entièrement rétabli de sa blessure, soit pour toute autre raison, il ne fut pas employé dans la campagne de 1761 : du moins, son nom n'apparait pas entre ceux des généraux dont parlent les gazettes du temps comme y ayant pris part. En 1762, les hostilités en Allemagne se ralentirent, et des négociations de paix furent entamées entre les parties belligérantes ; ces négociations aboutirent aux préliminaires de Fontainebleau d’abord (), et ensuite aux traités de Paris et de Hubertsbourg ( et ), lesquels furent suivis de longues années de paix.
Le duc d’Arenberg ne parut donc plus sur les champs de bataille. Marie-Thérèse, appréciant les services qu’il lui avait rendus, le revêtit des deux plus hautes dignités qu’il y eût dans l’ordre civil et dans l’ordre militaire de son Empire : celles de « conseiller d'État intime actuel » () et de feld-maréchal ().
Charles-Marie-Raymond d’Arenberg mourut en son château d’Enghien, le , des suites de la petite vérole ; il n’avait que cinquante-sept ans. Marie-Thérèse, qui perdait en lui un serviteur dont le dévouement et le zèle étaient à toute épreuve, le regretta extrêmement[1].
↑Le baron de Lederer, référendaire pour les affaires des Pays-Bas autrichiens à la chancellerie de cour et d’État, à Vienne, écrivait, le , au secrétaire d'État et de guerre Joseph de Crumpipen, à Bruxelles : « Sa Majesté, aux pieds de laquelle je me suis trouvé ce matin, a daigné me témoigner qu’elle étoit extrêmement affectée de la mort de M. le duc d'Arenberg, en ajoutant que ce qui la consoloit encore, c’étoit qu’elle venoit d’apprendre qu’il étoit mort en bon chrétien. »