Chartreuse de Prémol

chartreuse située en Isère, en France

Chartreuse de Prémol
Ruines de la Chartreuse de Prémol au XIXe siècle, illustrées par Victor Cassien (1808 - 1893).
Ruines de la Chartreuse de Prémol au XIXe siècle, illustrées par Victor Cassien (1808 - 1893).

Ordre Ordre des Chartreux
Fondation 1234
Fermeture 1791
Diocèse Grenoble
Fondateur Béatrice de Montferrat
Dédicataire Sainte Marie
Personnes liées Guigues VI de Viennois
Guigues VII de Viennois
Localisation
Pays Drapeau de la France France
Région Auvergne-Rhône-Alpes
Département Isère
Commune Vaulnaveys-le-Haut
Coordonnées 45° 06′ 04″ nord, 5° 50′ 42″ est
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Chartreuse de Prémol
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Chartreuse de Prémol
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Chartreuse de Prémol

La chartreuse de Prémol est un ancien monastère féminin de l'ordre des Chartreux, fondé en 1234 sur le lieu-dit de Prémol, à Vaulnaveys-le-Haut (Isère), province cartusienne de Provence, par Béatrice de Montferrat, épouse du Dauphin André (Guigues VI) de Viennois. Il existait là un monastère dont la création remontait à la fin du XIIe siècle (cité dans deux bulles papales de 1179 et 1182). Au début du XIIIe siècle, il dépendait de la Prévôté d'Oulx (Dauphiné d'outre-monts).

Après de nombreuses péripéties (voir le paragraphe "Histoire"), le couvent fut fermé et vendu en 1791, pendant la Révolution française, une partie importante des bâtiments étant alors détruite et laissée à l'abandon. Quelques ruines sont toujours visibles au sud-ouest de la chaîne de Belledonne, notamment la maison forestière et les ruines de la Porterie (celle-ci est en cours de reconstruction en 2020-2022).

Histoire modifier

En 1234, Béatrice de Montferrat, seconde épouse du Dauphin Guigues VI de Viennois (André de Bourgogne), demande au prieur de Saint-Jean-de-Vaulnaveys, chanoine régulier de saint Augustin dépendant de la prévôté d'Oulx, de lui donner les terres qu'il possède à Vaulnaveys au lieu-dit Prémol (Prattis Mollis, le Pré Mou). En ce lieu existe depuis la seconde moitié du XIIe siècle un monastère. Les chanoines donnent les terres à la Dauphine qui les offre aux moniales au début de l'année 1235. Le Dauphin Guigues VII de Viennois, fils de Béatrice de Montferrat, y est inhumé en 1270, ainsi que sa mère, fondatrice de la chartreuse.

La Chartreuse de Prémol, durant son existence, a subi plusieurs dommages et incendies, notamment en 1467 et pendant les guerres de religion en 1562/1563 où il fut dévasté par les "religionnaires". S'en sont-ils pris aux tombeaux princiers ? Seules des fouilles détaillées pourraient le dire.

Elle fait l'objet d'importants travaux au début du XVIIIe siècle à la suite d'un incendie dévastateur en 1707 (retour des moniales en 1715), suivis de près par Dom le Masson, Prieur général de Chartreuse. Dans la disposition des bâtiments, mais aussi dans la cohabitation avec le vicaire et les moines, on constate une étroite parenté avec la maison féminine de Salettes.

Supprimée de fait par la loi qui abolit les communautés religieuses en 1790, la Chartreuse de Prémol cessa d'exister légalement, même si les religieuses continuèrent, par tolérance, à y vivre plus d'une année. Les biens du monastère (sur 397 hectares) furent ensuite aliénés et les populations voisines l'envahirent et en emportèrent tout, jusqu'aux bois et aux fers. Les ravages du temps et du climat ont fait le reste : il n'en reste que des ruines.

Lorsque les chartreux eurent obtenu le droit de revenir après 1816, la sœur Hévrard de Fond-Galand fit l'acquisition fin 1819 de l'ancien couvent des Augustins à L'Osier, près de Parménie (site d'une chartreuse issue de Prémol et fondée en 1252) puis en 1820 du domaine de Beauregard sur la commune de Coublevie, où elles entrent en octobre 1821. Cette même année 1821, lorsque les moniales s'occupent de transférer les restes de quelques-unes de leurs anciennes compagnes du cimetière de leur communauté d'autrefois à Prémol à celui de Beauregard, elles ne transfèrent pas les restes de la dauphine Béatrix - fondatrice du monastère - ni ceux de son fils, le dauphin Guigues VII. Ces tombeaux sont désormais ensevelis sous la végétation, on sait juste qu'ils étaient dans l'église, près du grand autel[1].

Les terres des moniales s'étendaient notamment vers Chamrousse (première mention du toponyme sous la forme calmen ruffa en 1260), et comportaient également de nombreux domaines à Moras-en-Valloire (1271), à Vaulnaveys (les Alberges), à Meylan et La Tronche (vignes dès XIIIe siècle), à Grenoble (Tour Prémol) et dans l'Oisans (lac St Laurent).

La Chartreuse de Prémol et ses terrains font l'objet d'une inscription au titre de site naturel, par arrêté du [2].

La carte de la Chartreuse, faisant partie de la collection présentée au Monastère de la Grande Chartreuse, montre la reconstruction à la suite de l'incendie de 1707 (la partie « porterie-entrée » n'est figurée que par des bâtiments sans fenêtres, différents de la version reconstruite en 1739). Elle peut donc être datée d'environ 1715-1720. On reconnait la disposition des bâtiments sur le plan de 1791 (extrait du mémoire de Mastère de Thomas Pouyet - Annexes, p179).

En 2020/2022, une consolidation des arches est menée ainsi qu'une reconstruction du bâtiment de la Porterie, dans son aspect extérieur "de 1740" (dernière reconstruction après l'incendie de 1707 et avant la Révolution)

Héraldique modifier

Les armes de la chartreuse de Prémol se blasonnent ainsi :

« Parti : au 1er d'or au dauphin d'azur, crêté, barbé, loré, peautré et oreillé de gueules », qui est du Dauphiné de Viennois ; « au 2d d'argent au chef de gueules », qui est de Montferrat[3].
ou
« D'or au dauphin d'azur, surmonté d'une croisette de gueules »[4].
Suivant la tradition cartusienne, la chartreuse de Prémol porte des armes unissant à la fois celles des Dauphins et celles de Béatrice de Montferrat fondatrice de Prémol.

Notes et références modifier

  1. J.-J. A. Pilot, La Chartreuse de Prémol près d'Uriage, Grenoble, Xavier Frevet Editeur, librairie de l'académie (lire en ligne), pp. 90-97
  2. La Chartreuse de Prémol, www.herbeys.fr, accès le 5 octobre 2016.
  3. La Chartreuse de Saint-Hugon en Savoie par Eugène Burnier, 1869, p.80.
  4. Armorial général de France, dressé, en vertu de l'édit de 1696, par Charles D'Hozier.,t.XI, Dauphiné.

Bibliographie modifier

  • Quentin Rochet, Les Filles de saint Bruno au Moyen Âge, Les moniales cartusiennes et l'exemple de la chartreuse de Prémol (XIIe-XVe siècle), Presses universitaires de Rennes, coll. « Mnémosyne », 2013
  • Cayol-Gérin A., La chartreuse de Prémol, Pont-Saint-Esprit, Analecta Cartusiana nouvelle série t. I, n. 1, 1989
  • Pilot de Thorey J.-J.-A., La chartreuse de Prémol près d'Uriage, Grenoble, Drevet, 1878.
  • Thomas Pouyet, La Chartreuse de Prémol - Physionomie et représentation du bâti (XVIIe-XVIIIe siècles), Mémoire de Master I Sciences humaines et sociales 2009-2010 - sous la direction d'Alain Belmont.
  • [PDF] Thomas Pouyet, La chartreuse de Prémol, Volume II - Annexes.
  • Jérôme, Thomas, Entre apogée et déclin : vivre sa foi au Grand Siècle, dans les chartreuses féminines, 1570-1715 (Thèses, École doctorale Sciences de l'homme et de la société), Villeneuve d'Ascq, (présentation en ligne), [tome 1 & 2 [PDF]] [tome 3, Source, Bibliofraphie, Annexes].
  • Duriez, Mathilde, Clôture monastique et organisation spatiale des maisons de moniales cartusiennes (XIIe - XVIIIe siècle) : études archéologiques de plusieurs chartreuses féminines. (Thèses en préparation, École doctorale Sciences sociales), Lyon (présentation en ligne, lire en ligne).