Chemins de ronde (Paris)
Le mur des Fermiers généraux était longé à l'intérieur (dans Paris) par des « chemins de ronde » et à l'extérieur (coté banlieue) par des « boulevards ».
Chemins de ronde
modifierLes fermiers généraux commencèrent dès 1784 la formation de la nouvelle enceinte de Paris et firent l'acquisition d'une grande quantité de terrains nécessaires à l'exécution de ce vaste projet.
Le premier contrat porte la date du et le dernier est du .
Dans cet intervalle l'ordonnance suivante, est rendue :
- « De par le Roi, etc.
- Sur ce qui a été représenté au bureau par le procureur du Roi que Sa Majesté avoit ordonné qu'il seroit fait une nouvelle enceinte de Paris, dont une » partie étoit déjà circonscrite par des murs, et que le surplus seroit au plus tôt provisoirement achevé en planches ; qu'il seroit aussi fait un boulevard de 15 toises de largeur pour enceindre extérieurement cette clôture et qu'il seroit réservé 36 pieds de largeur au long et en dedans de la nouvelle enceinte pour former un chemin d'isolement qui pût se convertir par la suite en une rue, et que Sa Majesté avoit encore ordonné qu'il ne seroit point élevé de constructions sur les terrains qui resteront hors l'enceinte, qu'à 50 toises de distance de la clôture, et dans Paris qu'à 36 pieds de distance, etc. Sur quoi, vu le réquisitoire, la déclaration du Roi du et autres règlements, et ouï le rapport de maître Nicolas-Jacques Hébert de Hauteclair, trésorier de France, commissaire du conseil pour la direction du pavé de la Ville, faubourg et banlieue de Paris, le bureau fait défenses d'élever ou de réparer aucuns murs de clôture et bâtiments hors la nouvelle enceinte de Paris qu'à la distance de 50 toises de la clôture et en dedans de ladite enceinte qu'à 36 pieds d'éloignement de ladite clôture; en conséquence, fait aussi défenses sous les peines portées par la déclaration du Roi, du , à tous propriétaires, entrepreneurs et ouvriers, d'en commencer aucunes fouilles et constructions au dedans et au dehors de ladite nouvelle enceinte sans avoir préalablement pris les permissions et alignements nécessaires. Fait pareillement défenses sous les mêmes peines de continuer aucune construction qui y soit encommencée avant d'avoir pris lesdites permissions et alignements, et ordonne que la présente sera imprimée et affichée partout où besoin sera, notamment sur les nouvelles clôtures de Paris.
- Fait au bureau des finances de Paris, le . »
Cette ordonnance, en ce qui concerne la largeur des chemins de ronde, a été confirmée par une décision ministérielle du 18 messidor an IX () et successivement par divers décrets et ordonnances relatifs à chacun des chemins de ronde.
Les fermiers généraux n'ont acheté que la moitié des terrains nécessaires à la formation des chemins de ronde, c'est-à-dire une zone de 5,84 m à partir du mur d'enceinte. Il en résulte que la Ville a payé les terrains qui sont livrés par les propriétaires pour l'exécution complète de l'alignement.
On compte 45 chemins de ronde, dont la longueur totale est de 19 921 m.
Il n'en existait pas :
- entre la barrière d'Italie et le poste d'observation de la barrière d'Enfer (les Boulevard Auguste-Blanqui (alors boulevard des Gobelins), Saint-Jacques et Raspail (alors boulevard d'Enfer) forment sur ce point la limite de Paris)
- entre les barrières de Monceau et de Courcelles, où se trouve le parc Monceau.
Ces terrains occupaient une longueur de 3 400 m.
Les chemins de ronde sur les deux rives prennent leur dénomination de la barrière la plus rapprochée de l'amont de la Seine.
Ainsi, sur la rive droite, le chemin qui s'étend de la barrière de la Rapée à celle de Bercy s'appelle chemin de ronde de la Râpée... etc. (Toutes les propriétés particulières bordant les chemins de ronde sur cette rive n'ont que des numéros impairs).
Sur la rive gauche, le chemin entre les barrières de la Gare et d'Ivry porte le nom de chemin de ronde de la Gare, etc., et les propriétés particulières n'ont que des numéros pairs.
En 1848 et 1849 la Ville de Paris a fait exécuter dans les chemins de ronde des travaux de nivellement et d'empierrement.
Boulevards extérieurs
modifierUne ordonnance du bureau des finances du et un décret impérial du , prohibèrent toute construction à la distance de 50 toises au-delà du mur d'enceinte de Paris. Cette prohibition avait pour but d'empêcher la fraude des taxes perçues aux barrières, d'assurer l'ordre public, et aussi d'assainir la ville en laissant un grand espace entre les constructions intérieures et extérieures. L'exécution de ces règlements, observée d'abord avec rigueur, excita les plaintes les plus vives et la résistance la plus opiniâtre de la part des propriétaires qui avaient à souffrir de cette servitude. Beaucoup d'entre eux, ne tenant aucun compte de la défense de bâtir, élevèrent des constructions assez importantes en deçà de la zone des 50 toises. Pour vaincre ces difficultés, il intervint, à la date du , une ordonnance royale qui, confirmant les règlements antérieurs, autorisa la Ville de Paris à acquérir, soit à l'amiable, soit par voie d'expropriation, tous les terrains et bâtiments compris dans le rayon des 50 toises. Mais la Ville n'usa pas de cette autorisation, et, dès 1825, le conseil municipal reconnut formellement que la mesure prohibitive, qui était si nuisible aux propriétés grevées de la servitude, et dont l'exécution pourrait occasionner une dépense de plusieurs millions, n'était plus nécessaire pour atteindre le triple but que le gouvernement s'était proposé. Le conseil déclara, en conséquence, qu'il renonçait aux droits que les règlements précités conféraient à la Ville de Paris. A plusieurs reprises cette déclaration fut confirmée par le conseil. L'administration de l'octroi, consultée sur la question, approuva la suppression de la servitude, et, après une longue instruction, intervint l'ordonnance suivante :
- « Article 1er : Sont et demeurent abrogés l'ordonnance du bureau des finances du , le décret du et l'ordonnance royale du , qui ont établi et maintenu la prohibition de bâtir dans un rayon de 50 toises, soit 98 pieds, à partir du mur d'enceinte de la ville de Paris.
- Article 2 : Il sera statué ultérieurement sur les alignements auxquels devront être soumis les propriétaires riverains des boulevards extérieurs de Paris.
- Article 3 : Les terrains que les propriétaires seront contraints de céder à la voie publique, par suite de nouveaux alignements qui leur seront donnés, leur seront payés conformément aux lois et règlements sur la voirie de Paris...
- Au palais de Neuilly, le .
- Signé Louis-Philippe. »
En vertu de cette ordonnance, les boulevards extérieurs sont régis par la préfecture de la Seine, qui délivre des alignements pour construire dans ces voies publiques.
Liste des chemins de ronde et des boulevards
modifierSources et bibliographie
modifier- Comte E. Frémy, « L'enceinte de Paris construite par les Fermiers généraux et la perception des droits d'octroi de la ville (1784-1791) », p. 115-148, Bulletin de la Société de l'histoire de Paris et de l'Île-de-France, 1912 (lire en ligne).
- Renaud Gagneux et Denis Prouvost, Sur les traces des enceintes de Paris. Promenades au long des murs disparus, Éditions Parigramme / Compagnie parisienne du livre (Paris), 2004 (ISBN 2-84096-322-1).
- Jacques Hillairet Dictionnaire historique des rues de Paris.
- Félix et Louis Lazare, Dictionnaire administratif et historique des rues de Paris et de ses monuments, 1844-1849.
- Jean Valmy-Baysse, La Curieuse Aventure des boulevards extérieurs, Éditions Albin Michel, 1950.
- Momcilo Markovic, « Mur des Fermiers généraux », sur Dictionnaire de la Ferme générale,
Articles connexes
modifierNotes et références
modifier- Ambroise Tardieu : Plan de Paris en 1838 avec le tracé de ses anciennes enceintes
- N.-J. Henriot : Nouveau plan complet de Paris avec ses fortifications
- Cadastre de Paris par îlot (1810-1836), plan du 41e quartier, Luxembourg, îlot n°6, F/31/93/06
- Cadastre révisé des communes annexées (1830-1850) Vaugirard, tableau d'assemblage,Toutes sections, CN/203