Cheval du Condroz

race de chevaux

Le Cheval du Condroz, ou Double ardennais, est une race de chevaux carrossiers belges, désormais disparue. Réputé pour son courage et sa résistance, il présente une taille et un format moyens, avec un excellent trot. Il est connu pour la grande énergie qu'il déploie pour la traction du matériel d'artillerie et des diligences lourdes. En 1873, plus de 52 000 de ces chevaux sont recensés dans le Condroz, l'Entre-Sambre-et-Meuse et le Pays de Herve. Originellement proche de l'Ardennais, le cheval du Condroz est finalement intégré à la race du Trait belge. Il disparaît vraisemblablement durant les années 1930.

Cheval du Condroz
Région d’origine
Région Condroz et Entre-Sambre-et-Meuse, Drapeau de la Belgique Belgique
Caractéristiques
Morphologie Cheval carrossier
Taille 1,60 m à 1,70 m
Tête Carrée
Caractère Courageux et énergique
Autre
Utilisation Traction hippomobile au trot

Histoire modifier

Paysage condrusien.

J. Leyder (1905) voit dans le plateau du Condroz le « lieu d'origine du cheval belge primitif »[1], car des restes de chevaux datés du quaternaire y ont été retrouvés[2]. La race de chevaux locale est également nommée « Double ardennais » ; elle se développe naturellement dans la région du Condroz[3],[4] et le Nord des Ardennes, ce qui la rattache au rameau ardennais[5]. Le cheval du Condroz est cité dans les encyclopédies belges du XIXe siècle :

« Le cheval du Condroz est dérivé de l'Ardennais, dont il offre les grands traits de conformation. Mais il a plus de taille, plus d'ampleur, plus de figure, et on le désigne avec raison sous le nom de double Ardennais. C'est aussi un excellent cheval de trait léger, très-convenable pour l'artillerie. »

— Eugène Van Bemmel, Patria belgica encyclopedie nationale[6]

Le cheval du Condroz est à l'origine assez proche du cheval ardennais[7],[6],[8], aussi son origine se confond t'elle avec celle de cette dernière race[9],[10].

Le vétérinaire du gouvernement à Verviers F. Gerard conseille dans le Journal vétérinaire et agricole de Belgique, en 1848, d'élever des chevaux de grosse cavalerie et d'attelage de luxe dans le Condroz[11]. D'après Louis Moll, la race locale du Condroz est déjà disparue en 1861, car les éleveurs achètent des poulains issus d'autres régions pour les élever[12]. En revanche, dans le Bulletin de la Société royale de géographie d'Anvers, en 1931, la race est citée comme étant « en voie d'« absorption » par le cheval du limon ; cette « absorption » sera bientôt complète »[3]. Robert Ulens ajoute dans son mémoire (1921) que les éleveurs locaux ne regrettent pas cette situation, préférant élever un type de cheval recherché par le marché[7].

Description modifier

Les chevaux du Condroz sont de taille moyenne[13], et qualifiés de « type moyen » par comparaison au Hesbignon ou au Brabançon (lourd) et à l'Ardennais (léger)[14],[9],[15]. D'après la thèse de Sandrine Bouillot, leur taille va de 1,60 m à 1,70 m[5]. Ils sont comparés à l'Ardennais en termes de morphologie et de qualités, avec « un peu plus de taille et de volume »[8].

La tête est carrée, la poitrine ample, la croupe arrondie ou avalée, les membres sont forts avec des paturons courts[13]. Les chevaux de Hesbaye sont plus grands, gros et massifs, que ceux du Condroz[13]. La race du Condroz est « postière »[12], soit, adaptée à la traction rapide des lourds chariots des postes.

Sa classification comme race séparée fait débat : la Géographie générale (1875) affirme ainsi que « La Belgique a quatre races ou sortes de chevaux : le cheval flamand, le cheval du Hainaut (Hainaut et Namur), le cheval du Brabant (Brabant, Hesbaye et Condroz), et le cheval ardennais »[16]. Par ailleurs, le stud-book du cheval belge, créé en 1884, ne comporte pas de section pour le cheval du Condroz, mais uniquement pour le type Ardennais dit « cheval de trait léger », et le type Brabançon dit « cheval de trait lourd »[17].

La race est réputée déployer beaucoup d'énergie et de courage, ainsi qu'une grande résistance à la fatigue[13],[18],[8]. La qualité de son trot est également soulignée[8].

Utilisations modifier

Ces chevaux sont utilisés par le service des messageries, des postes et de l'artillerie[13],[12],[6]. Adaptés au trait léger[6], ils sont réputés pour leur capacité à tracter rapidement des diligences lourdement chargées[12].

Diffusion de l'élevage modifier

La race avait autrefois une grande réputation, notamment en raison de son courage[12]. Son berceau est le Condroz, un plateau ondulé[1] qui s'étend le long de la rive droite de la Meuse, de Dinant à Liège, entre l'Ardenne et la région limoneuse[9], dans les provinces de Liège et de Namur[13] ; il inclut aussi l'Entre-Sambre-et-Meuse[9],[19]. Les chevaux des alentours de Nivelle et de Hesbaye appartiennent d'après certains avis à la race du Condroz, d'autres les classant parmi la race de l'Hesbignon[13].

En 1873, d'après Eugène Van Bemmel, le nombre des chevaux condrusiens (en considérant comme tels, non-seulement ceux du Condroz proprement dit, mais aussi ceux de l'Entre-Sambre-et-Meuse et ceux du Pays de Herve) est de 52 019[6].

Notes et références modifier

  1. a et b Leyder 1905, p. 26.
  2. Leyder 1905, p. 34.
  3. a et b Société royale de géographie d'Anvers, « Le Condroz », Bulletin de la Société royale de géographie d'Anvers, vol. 51,‎ , p. 311.
  4. Clovis Lamarre, La Belgique et l'Exposition de 1878, Libraire Ch. Delagrave, coll. « Pays étrangers et l'Exposition de 1878 », , 381 p., p. 347.
  5. a et b Sandrine Bouillot, Le cheval d'attelage en France : situation actuelle et développement, Thèse de doctorat vétérinaire de l'École nationale vétérinaire de Toulouse, , p. 44.
  6. a b c d et e Eugène Van Bemmel (dir.), Patria belgica encyclopedie nationale, ou Expose methodique de toutes les connaissances relatives a la Belgique ancienne et moderne, physique, sociale et intellectuelle, vol. 1 : Belgique physique, Bruylant-Christophe, , 664 p., p. 538.
  7. a et b Ulens 1921, p. 171.
  8. a b c et d Journal de médecine vétérinaire militaire, vol. 13, E. Donnaud, , p. 177-178.
  9. a b c et d Leyder 1905, p. 36.
  10. Diffloth 1923, p. 216.
  11. F. Gerard, « Congrès agricole. Économie rurale », Journal vétérinaire et agricole de Belgique, L'imprimerie de A. Byl., vol. 7,‎ , p. 423.
  12. a b c d et e Louis Moll, La Connaissance générale du cheval... par les auteurs de l'Encyclopédie pratique de l'agriculteur, Firmin-Didot frères, , p. 568-569.
  13. a b c d e f et g van der Meer 1866, p. 492.
  14. Laurent Dechesne, Histoire économique et sociale de la Belgique depuis les origines jusqu'en 1914, Librairie du Recueil Sirey, , 519 p., p. 458.
  15. Diffloth 1923, p. 214.
  16. Géographie générale : contenant la géographie physique, politique, administrative historique, agricole, industrielle et commerciale de chaque pays : avec des notions sur le climat, les productions naturelles, l'ethnographie, les langues, les religions, les voies de communication, les frontières..., Libr. J. Lecoffre, , 1025 p., p. 340.
  17. Diffloth 1923, p. 216-217.
  18. Halluent, correspondant, « Art vétérinaire. Sur les haras et l'amélioration de nos animaux domestique », Journal Belge des connaissances utiles,‎ , p. 106.
  19. Diffloth 1923, p. 215.

Annexes modifier

Article connexe modifier

Bibliographie modifier

  • [Diffloth 1923] Paul Diffloth, Zootechnie. Races chevalines. Élevage et Exploitation des chevaux de trait et des chevaux de selle, Paris, libr. J.-B. Baillière et fils, , 5e éd., 512 p. (lire en ligne), p. 214-216
  • [Leyder 1905] J. Leyder, Le cheval belge : Sa caractéristique et les conditions de son élevage, Maison d'édition Castaigne, , 128 p.Voir et modifier les données sur Wikidata
  • [van der Meer 1866] Felix van der Meer, Connaissances complètes du cavalier, de l'écuyer et de l'homme de cheval, Lebegue, , 703 p. (lire en ligne)
  • [Ulens 1921] Robert Ulens, Le Condroz, sa population agricole au XIXe siècle : contribution à l'étude de l'histoire économique et sociale, vol. 13, Académie royale de Belgique. Classe des lettres et des sciences morales et politiques. Mémoires. imprimé par M. Lamertin, coll. « in-8o, 2. sér., t. XIII fasc. II », , 208 p.