Chinatown (film)

film de 1974
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Chinatown est un film néo-noir américain réalisé par Roman Polanski et produit par Robert Evans, sorti en 1974. Il est originellement distribué par la Paramount Pictures. C'est le dernier film de Polanski aux États-Unis avant son départ pour l'Europe.

Chinatown
Description de cette image, également commentée ci-après
Affiche du film.
Réalisation Roman Polanski
Scénario Robert Towne
Musique Jerry Goldsmith
Acteurs principaux
Sociétés de production Paramount Pictures
Long Road Productions
Robert Evans Company
Pays de production Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre Néo-noir, thriller
Durée 131 minutes
Sortie 1974

Série

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Inspiré des guerres de l'eau en Californie du début du 20e siècle lors desquelles Los Angeles a obtenu des droits sur l'eau de la vallée de l'Owens[1], il présente de nombreux éléments du film noir, en particulier une histoire à plusieurs niveaux qui est à la fois un suspense et un drame psychologique[2].

Chinatown sort aux États-Unis le 20 juin 1974 et est acclamé par la critique. Lors de la 47e cérémonie des Oscars, il est nommé dans 11 catégories, Robert Towne remportant l'Oscar du meilleur scénario original. Aux Golden Globes, il remporte les prix de meilleur film dramatique, meilleure réalisation, meilleur acteur, et meilleur scénario. L'American Film Institute le classe au deuxième rang de sa liste des dix meilleurs films à énigme en 2008. En 1991, le film est sélectionné par la bibliothèque du Congrès des États-Unis pour conservation au National Film Registry en raison de son importance « culturelle, historique, ou esthétique significative[3],[4] ». Il est aussi souvent cité comme l'un des meilleurs films jamais réalisés[5],[6],[7].

Une suite, The Two Jakes, sort en 1990, toujours avec Nicholson, qui occupe également le poste de réalisateur, et avec de nouveau Robert Towne au scénario. Le film est cependant un échec critique et commercial.

Synopsis

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Dans les années 1930, Los Angeles est en pleine sécheresse. Evelyn Mulwray engage le détective privé Jake Gittes pour suivre son mari, ingénieur haut placé au département des eaux de la ville et soupçonné d'adultère. Hollis Mulwray s'oppose à la construction d'un barrage, qui permettrait d'alimenter les cultures et les élevages en eau potable. Gittes finit par prendre Hollis en photo avec une autre femme. Un article racontant l'infidélité parait dans le journal, mais une femme qui se présente comme Evelyn Mulwray vient se plaindre auprès de Gittes. Il s'avère que la personne qui avait engagé Gittes n'était pas la vraie Evelyn Mulwray.

Peu de temps après, Hollis Mulwray est retrouvé mort, noyé. Mécontent d'avoir été utilisé et trompé par quelqu'un, Gittes continue d'enquêter sur la mort d'Hollis et se rend compte qu'il a été assassiné pour avoir découvert que de l'eau potable est régulièrement rejetée dans la mer, ce qui accentue la sécheresse. Il découvre également que Noah Cross, le père d'Evelyn est l'ancien associé d'Hollis, du temps où la compagnie des eaux leur appartenait, avant qu'elle ne devienne une utility publique.

Il informe Evelyn Mulwray que son mari a probablement été tué. Elle l'engage alors pour continuer l'enquête. Il rend visite à Noah Cross qui l'engage à son tour pour retrouver la maitresse d'Hollis. Il découvre enfin que la plupart des terrains autour du projet de barrage ont été achetés peu auparavant. Il se rend enfin sur un terrain autour du projet de barrage, où il apprend que les fermiers suspectent que le département des eaux sabote des réservoirs d'eau et empoisonne des puits pour les pousser à partir. Gittes en conclut que toutes ces manœuvres sont faites pour faire baisser la valeur des terrains, valeur qui augmentera lorsque le projet du barrage sera avalisé.

Lorsqu'il enquête sur les nouveaux propriétaires, les noms le mènent à des pensionnaires séniles d'une maison de retraite qui sont utilisés comme prête-noms à leur insu pour l'achat des terrains. Mais le directeur de la maison de retraite devient méfiant, Gittes réussit à s'enfuir grâce à Evelyn.

Gittes et Evelyn passent la nuit ensemble, mais elle doit partir précipitamment. Gittes la suit et voit Evelyn et son majordome chinois s'occuper de la jeune femme dont Mulwray était l'amant présumé, qui est dans un état agité, et lui donner des drogues. Il rejoint Evelyn qui lui dit que la jeune femme est sa sœur.

Rentré chez lui, il reçoit un appel disant qu'Ida Sessions, la femme qui s'était fait passer pour Evelyn Mulwray, veut le voir. Mais lorsqu'il arrive chez elle, il la trouve morte. Il apprend par la police déjà présente sur les lieux que la mort d'Hollis est suspecte parce que de l'eau salée a été retrouvée dans ses poumons, alors qu'il a été trouvé noyé dans de l'eau douce. Gittes suppose alors qu'Hollis a été tué chez lui, dans la mare de son jardin qui contient justement de l'eau salée, où il trouve une paire de lunettes cassée. Il comprend qu'Evelyn a tué son mari, la confronte avec la paire de lunettes et lui dit qu'elle a menti à propos de sa sœur. Evelyn lui dit alors que la jeune femme est bien sa petite sœur... mais également sa fille. Et que les lunettes à double-foyer retrouvées n'appartenaient pas à son mari.

Gittes aide Evelyn et sa fille à s'enfuir et à se cacher chez le majordome chinois dans Chinatown afin qu'elles puissent partir pour le Mexique, puis attend la police qui suspecte Evelyn du meurtre de son mari, prétendant qu'elle était partie avant qu'il arrive. La police l'oblige à l'accompagner où Evelyn se trouve, mais Gittes leur donne l'adresse d'un autre client à lui et se sert de lui pour filer au nez et à la barbe des policiers.

Il invite Noah Cross à le retrouver à la maison des Mulwray et lui fait comprendre qu'il sait quel lien lie Cross à la jeune fille qu'il devait rechercher, et que Cross a tué Hollis Mulwray en lui montrant les lunettes retrouvées. Un de ses hommes de main intervient, Gittes est obligé de rendre les lunettes et de les conduire à Evelyn Mulwray, qui est prête à partir. La police est déjà là et prend le parti de Noah Cross, qui tente de faire passer Evelyn pour folle et veut perversement s'approcher de sa deuxième fille. Evelyn le menace avec une arme et le blesse. Puis elle s'enfuit avec la jeune fille en voiture, mais les policiers tirent.

Fiche technique

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Distribution

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Production

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Genèse du projet

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Jack Nicholson est sur le projet depuis le début. C'est pourquoi on lui offre le rôle principal. Il demande personnellement à Roman Polanski de tourner le film à Hollywood, alors que son scénariste, Robert Towne, s'apprête à le réaliser. Polanski, qui vient d'essuyer deux échecs commerciaux avec Macbeth et Quoi ?, accepte son offre.

Dans une interview donnée en 2006, Roman Polanski explique ses réticences à l'époque vis-à-vis du tournage du film et sa venue à Los Angeles, en raison de l'assassinat en 1969 de son épouse Sharon Tate dans cette ville.

Attribution des rôles

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Jack Nicholson est attaché au projet depuis le début, pour le rôle de Jack Gittes, ainsi nommé d'après le nom du producteur Harry Gittes. Evelyn, le rôle féminin principal, est d'abord offert à Jane Fonda qui le refuse au profit de Faye Dunaway. Roman Polanski joue un petit rôle dans le film, celui du truand qui coupe le nez de Jack Gittes.

Tournage

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Avec un budget de six millions de dollars, le tournage se déroule de septembre à octobre 1973.

La scène où Polanski fend le nez de Nicholson est extrêmement complexe à filmer et les deux hommes sont tellement fatigués de l'expliquer qu'il leur arrive parfois de dire que le nez est vraiment coupé. Le couteau possède une pointe à lame articulée dont un des côtés est muni d'un tube et d'une poire remplie de sang. Polanski n'a qu'à presser la poire en même temps qu'il fait le geste de trancher la narine.

Roman Polanski et Faye Dunaway ont des relations conflictuelles pendant tout le tournage du film. Les relations avec Nicholson sont moins tendues, à l'exception d'un épisode où l'acteur ne veut terminer une scène parce qu'il souhaite regarder un match de baseball à la télévision. Pendant la dispute qui s'ensuit, Polanski casse le poste de télévision.

Selon le script original de Robert Towne, le film devait se terminer avec une fin heureuse. Polanski, toujours traumatisé par l'assassinat de son épouse, insiste pour obtenir la fin tragique qui sera finalement retenue.

Transposition de la guerre de l'eau à Los Angeles

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Dans une scène clé du début du film, le corps de l'ingénieur Hollis Mulwray est retrouvé dans un aqueduc similaire à celui de Los Angeles sur cette photo (vallée de San Fernando).

Le personnage de l'ingénieur des eaux qui est retrouvé mort au début du film est inspiré de William Mulholland, du département des eaux et de l'énergie de Los Angeles. Lors de son audition dans le film, le personnage met sa responsabilité en jeu et indique qu'il ne fera pas la même erreur deux fois, faisant ainsi référence à l'écroulement du barrage de St. Francis, ouvrage nécessaire à la rétention d'un lac de barrage (« reservoir ») pour alimenter l'aqueduc de Los Angeles ; la catastrophe eut bien lieu le . L'ouvrage visait également à alimenter des terrains dans la vallée de San Fernando, zone qui fait l'objet de manipulations immobilières pour le moins suspectes (ce que découvre Gittes dans la scène aux archives du cadastre). Le film retranscrit, notamment au travers d'une scène dans une orangeraie, les enjeux et oppositions qui prirent corps dans les guerres de l'eau en Californie.

La différence avec l'histoire de L.A. dans les années 1930 dans le film réside dans le personnage fictif de Noah Cross, joué par John Huston, associé de l'ingénieur Hollis Mulwray, et qui fait figure de pouvoir derrière le trône, manipulant les personnages de l'avant-scène.

Musique

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Roman Polanski confie initialement la musique au compositeur Phillip Lambro. Le producteur Robert Evans est mécontent du résultat et confie en toute urgence au compositeur hollywoodien, Jerry Goldsmith, le soin d'écrire une nouvelle partition dans un délai très serré de dix jours. Goldsmith parvient à tenir le délai et livre une musique, qui obtient une nomination à l'Oscar de la meilleure musique (décerné cette année-là au film Le Parrain II).

La musique de Goldsmith figure également à la neuvième place dans le classement des 25 meilleures musiques de films établi par l'American Film Institute.

Accueil

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Le film reçoit onze nominations à la 47e cérémonie des Oscars en 1975. Les critiques sont élogieuses sur le film, atteignant notamment une note de 100 % sur Rotten Tomatoes[11].

Une suite au film est tournée en 1990 par Jack Nicholson lui-même. Elle s'intitule The Two Jakes, ou Piège pour un privé au Québec. Nicholson y reprend son rôle de détective, entouré de Harvey Keitel, Meg Tilly, Madeleine Stowe et Eli Wallach.

Initialement, le film devait être réalisé par le scénariste Robert Towne et était conçu comme le second volet d'une trilogie centrée sur le personnage de Jake Gittes. Devant le peu de succès remporté par The Two Jakes, le projet de tourner une deuxième suite de Chinatown est abandonné.

Polanski et les États-Unis

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Il s'agit du dernier film de Polanski tourné aux États-Unis. À la suite d'une affaire où il est accusé de viol sur une jeune fille mineure, en 1977, il est incarcéré pendant 47 jours, avant d'être libéré sous caution. Mais pour échapper à son procès, il se réfugie en Europe. Il ne reviendra alors plus jamais sur le sol américain.

Distinctions

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Récompenses

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Nominations

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Mention dans les paroles d'une chanson

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Chinatown est mentionné dans les paroles de la chanson Le Film de Polanski, de l'album Raconte-toi, sorti en 1975, de l'auteur-compositeur-interprète Yves Simon : « Dans un ciné / Place de Clichy / Y avait un film / De Polanski / Pas Chinatown / Mais Cul-de-sac / Celui avec / La Dorléac. […] »[12].

Notes et références

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  1. « Barringer, Felicity. 'The Water Fight That Inspired Chinatown' in The New York Times, 25 April 2012 » [archive du ], (consulté le )
  2. Wasson, Sam. The Big Goodbye. Chinatown and the Last Years of Hollywood, Flatiron Books, 2020.
  3. (en-US) Dave Kehr, « U.S. FILM REGISTRY ADDS 25 'SIGNIFICANT' MOVIES » [archive du ], sur chicagotribune.com, (consulté le )
  4. Wayne D. McGinnis, « "Chinatown": Roman Polanski's Contemporary Oedipus Story », Film Quarterly, vol. 3, no 3,‎ , p. 249–251 (JSTOR 43795625, lire en ligne)
  5. Andrew Pulver, « Chinatown: the best film of all time », The Guardian, London,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  6. « 100 Greatest Films » [archive du ] (consulté le )
  7. « Greatest film ever: Chinatown wins by a nose », The Sydney Morning Herald,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  8. (en) Joe Temple, Chinatow: A Neo-Noir Essential, 19 mai 2020, So the Theory Goes.
  9. Visa d'exploitation no 43240 sur Centre National du Cinéma
  10. http://www.rsdoublage.com/film-966-Chinatown.html
  11. Chinatown sur Rotten Romatoes
  12. « LE FILM DE POLANSKI », sur yves-simon.com via Wikiwix (consulté le ).

Bibliographie

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Liens externes

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