Chlemoútsi

château fort franc du XIIIe siècle dans le Péloponnèse

Le château de Clermont ou Chlemoútsi (grec moderne : Χλεμούτσι), parfois appelé le château Tournois (Καστέλ Τορνέζε), est une forteresse construite en Élide vers 1223 par Geoffroy I d'Achaïe ou son fils. Il s'agit du plus important château de la principauté d'Achaïe.

Château de Clermont
Chlemoútsi
Vue aérienne.
Présentation
Type
Construction
XIIIe siècle
Commanditaire
Gestionnaire
Patrimonialité
Site archéologique de Grèce (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Il s'agit du plus important château de la principauté d'Achaïe, dans le Péloponnèse. Il perdit cependant son importance stratégique quand il passa sous contrôle de Byzance (1427), puis sous le contrôle la conquête de la principauté par les Byzantins. Abandonné sous la domination ottomane, il joua à nouveau un rôle pendant la révolution grecque, au cours de laquelle il fut assiégé par Ibrahim Pacha.

Le nom français de Clairmont ou Clermont a très probablement donné naissance à la forme grecque de Chlomoutsi (ou Chloumoutsi), devenue plus récemment Chlemoutsi, bien que diverses théories aient été proposées quant à l'origine du nom, avec des suggestions de racines grecques, albanaises ou slaves antérieures à la forteresse franque[1]. À partir du XVe siècle, les sources italiennes l'ont appelé Castel Tornese, nom qui apparaît dans la version italienne de la Chronique de Morée[1]. Selon l'explication la plus vraisemblable, il a pu y avoir confusion avec le siège de l'hôtel des monnaies de la Principauté à Clarentza qui, jusqu'au milieu du XIVe siècle, frappait des pièces en argent tornese (la livre tournois)[2],[3].

Situation et fonction

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Chlemoutsi (Χλεμούτσι) avec au nord, Clarentza (Γλαρέντζα) et à l'est, Andravida (Ανδραβίδα).

Bâti entre 1220 et 1223[4], le château se trouve aujourd'hui dans la localité de Kástro-Kyllíni, sur un des rares points élevés de la région, et il surplombe à 228 m la mer et la plaine d'Élide. Il est tourné vers la mer Ionienne et l'île de Zante[5],[6]. Sa position en surplomb permettait de surveiller la mer Ionienne à l'ouest, ainsi que le passage vers l'intérieur du Péloponnèse[4], ce qui en fit la forteresse la plus importante du royaume franc[5].

Geoffroi II de Villehardouin élève le château également dans le but de protéger le port voisin de Clarenza (aujourd'hui Kyllini), situé au nord, ainsi que la ville d'Andravida à l'est (qui est alors la capitale de la partie nord-ouest de la principauté)[5].

En 1429, les Byzantins prennent la forteresse, sous la conduite de Constantin XI Paléologue qui s'en servira comme base pour lancer son attaque contre Patras. En 1460, elle passe aux mains des Ottomans[4]. Elle perd alors son importance, tout en restant en activité jusqu'à la guerre d'indépendance grecque[5].

Architecture

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Parmi les nombreux châteaux bâtis par les Francs dans le Péloponnèse aux XIIIe et XIVe siècles, Chlemoutsi est le plus important, le plus imposant et le plus remarquable[7]. Sa construction est beaucoup plus soignée que celle des édifices contemporains du même type. En outre, il est particulièrement bien conservé[8].

La forteresse est composée de deux grandes parties. Une première enceinte en forme d'hexagone irrégulier constitue le réduit, qui mesure environ 90 mètres (est-ouest) sur 60 mètres (nord-sud). Cet hexagone est constitué d'une série de bâtiments réunis autour d'un cour centrale de 61 mètres sur 31 mètres. La deuxième partie, à l'ouest, consiste en une seconde enceinte, elle-même bordée de bâtiments qui s'appuient sur elle[8].

Les bâtiments du réduit sont les plus intéressants. Ils sont constitués par une enfilade de vastes salles voûtées. L'ensemble se présente sur deux étages: un rez-de-chaussée et un étage noble, larges en moyenne de sept mètres pour une hauteur totale de neuf à dix mètres. L'étage noble était couvert d'une voûte ovoïde dont la hauteur atteignait sans doute un peu plus de 6,60 m. On trouve dans cet ensemble une chapelle donnant sur la cour, éclairée par des baies géminées; une grande salle de plus de trente mètres de long, ainsi qu'une salle secondaire; des cuisines; deux appartements, dont un disposant d'une salle et de deux chambres; un logement pour les soldats[7],[9].

Cet ensemble du château à proprement parler est entouré par une enceinte polygonale, sauf sur le côté est où la pente est plus marquée. Ce mur est couronné par un chemin de ronde protégé par un parapet crénelé[10]. À l'intérieur de la cour se trouvent différents bâtiments qui ne se laissent pas facilement identifier, à l'exception de celui qui a servi de mosquée : on y retrouve la niche du mihrab, et un escalier à vis qui marque la place du minaret[11].

Des dispositifs élaborés amenaient l'eau des toits vers d'immenses citernes situées sous les planchers[4].

Galerie

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Notes et références

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  1. a et b Bon 1969, p. 326.
  2. G. Sotiriou, « Le château-fort de Chlemoutsi et son atelier monétaire de tournois de Clarentia », Journal International d'Archéologie Numismatique, vol. XIX,‎ 1916–1917, p. 273–279
  3. Bon 1969, p. 326-327.
  4. a b c et d Gregory 1991.
  5. a b c et d Grèce continentale, Paris, Hachette, coll. « Guides bleus », , 100-101; 374 (ISBN 978-2-013-95971-1)
  6. (en) « The Chlemoutsi castle », sur visitkastro.com (consulté le )
  7. a et b Jean Longnon, « Antoine Bon. La Morée franque. Recherches historiques, topographiques et archéologiques sur la principauté d'Achaïe (1205-1430) », Bulletin Monumental, vol. 127, no 3,‎ , p. 254-256 (lire en ligne)
  8. a et b Bon 1969, p. 608.
  9. Bon 1969, p. 610.
  10. Bon 1969, p. 623.
  11. Bon 1969, p. 627.

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Voir aussi

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Bibliographie

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  • (en) Kevin Andrews (préf. Glenn R. Bugh), Castles of the Morea, American School of Classical Studies at Athens, (1re éd. 1953) (ISBN 978-0-876-61406-8, présentation en ligne, lire en ligne), p. 146-158 (chap. XIV)
  • Démétrios Athanasoulis, « Clermont-Chloumoutzi, le château-palais des princes francs d'Achaïe », dans Olivier Poisson et al. (Dir.), Un patrimoine commun en Méditerranée : Fortifications de l’époque des croisades, Paris, ICOMOS, , 120 p. (lire en ligne)
  • Antoine Bon, La Morée franque. Recherches historiques, topographiques et archéologiques sur la principauté d’Achaïe (1205-1430), Paris, E. de Boccard, , xvii, 746 (vol. I); Album de planches (vol. II) (présentation en ligne, lire en ligne), p. 608-629
  • (en) Timothy E. Gregory, « Chlemoutsi », dans Alexander P. Kazhdan (Ed.), Oxford Dictionary of Byzantium, Oxford, Oxford University Press, , 2366 p. (Vol. I, II, III en un seul ouvrage) (ISBN 978-0-195-04652-6), p. 424
  • (en) Ramsay Traquair, « Mediaeval Fortresses in the North-Western Peloponnesus », dans The Annual of the British School at Athens. No. XIII, Session 1906–1907, Nendel (Liechstenstein), Kraus Reprint, (1re éd. 1907), xi, 488 (lire en ligne), p. 268–284

Liens externes

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  • (en) Textes, photos et images dont un plan en couleur avec l'indication de la fonction des différents bâtiments sur kastra.eu [lire en ligne (page consultée le 8 janvier 2023)]
  • Vidéo réalisée avec une drone permettant de découvrir l'extérieur du château sur youtube.com (3'20) [voir en ligne (page consultée le 8 janvier 2023)]