Clémentine Dufaut
Clémentine Dufaut[Note 1], née Clémentine Joly-Pottuz le à Franconville et morte le à Châtillon, est une cochère française.
Naissance | |
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Décès | |
Nom de naissance |
Clémentine Marguerite Joly-Pottuz |
Autres noms |
Clémentine Richard |
Nationalité | |
Activité |
Première femme reçue à l'examen théorique du diplôme professionnel en , elle devient le mois suivant, avec Eugénie Charnier, l'une des deux premières cochères diplômées en France.
Biographie
modifierJeunesse et famille
modifierClémentine Marguerite Joly-Pottuz naît en 1881 à Franconville (Seine-et-Oise) dans un milieu populaire, fille de Louis Félix Joly-Pottuz et de son épouse Clémentine Maria Yoos, tous deux brossiers[1]. Elle est la septième d'une fratrie de huit enfants, dont quatre sont morts avant l'âge de 8 ans[2].
En , alors cuisinière, elle épouse à Clichy Alfred Dufaut, qui vit comme elle rue du Bois[3]. Installé à Paris, 20 rue Saint-Sébastien, le couple a un garçon, Roger Eugène, en 1908[4]. En 1912, alors que la famille s'est établie à Malakoff, 3 impasse Archin, Clémentine Dufaut perd successivement son fils âgé de trois ans, puis son mari, qui meurt à l'âge de 37 ans à l'hôpital Necker[5],[6].
Elle se remarie en 1917 avec Auguste Émile Richard, chiffonnier, avec lequel elle partage déjà un logement à Paris rue Sainte-Lucie (quartier de Grenelle)[7]. Il meurt en 1927 à Villeneuve-sur-Yonne, à l'âge de 44 ans[8].
Parcours
modifierEn , l’École des cochers et des charretiers est fondée par l’Assistance aux animaux, société de bienfaisance émanant de la Société protectrice des animaux[9]. Quatre ans après son mariage, Clémentine Dufaut, qui exerce la profession de cuisinière, postule à l'école. C'est, dit-elle, son « mari qui conduit le 11 902 du dépôt de Vaugirard qui [lui] a appris depuis longtemps le métier ». Dès l'annonce de candidatures féminines, la presse s'empare du sujet, « moins par un souci féministe d’encourager une “pionnière” que par une logique de concurrence dans la production de l’information ». Elle n'est pas encore diplômée que des journalistes la photographient déjà en tenue de cochère et l'interviewent[10]. De nombreuses plaisanteries et caricatures fleurissent dans les journaux, et dans la rue on ironise, au sujet de ces quelques femmes qui prétendent embrasser une profession jusque-là réservée aux hommes.
Le diplôme, décerné à la préfecture de police par un jury masculin, comporte deux parties[11]. Les épreuves théoriques attestent que les candidates possèdent les connaissances suffisantes en matière de soin des chevaux ou d'itinéraires de déplacement dans la capitale. Clémentine Dufaut est la première à être reçue à cet examen. La partie pratique comprend des manœuvres techniques des voitures, dont le remisage que Clémentine Dufaut rate une première fois en [11]. Mais elle réussit le mois suivant, tout comme Eugénie Charnier (1882-1966). Désormais titulaires de la licence, les deux femmes débutent au sein du dépôt de fiacres des frères Rabier rue Amelot[9]. En uniforme à boutons dorés, Clémentine Dufaut conduit une victoria immatriculée 9483, attelée à un cheval bai nommé Loulou, capitonnée de velours vert et dotée d'une lanterne bleue[12]. Elle se prête volontiers à sa propre médiatisation auprès de la presse, quitte à mettre en scène avec son mari de faux problèmes de couple pour alimenter les rubriques[11].
Pendant quelques mois, les débuts des premières cochères suscitent à la fois curiosité, moqueries, mais aussi compliments. Leurs photographies sont diffusées en cartes postales, de nombreux spectacles et chansons les évoquent, souvent de façon parodique. Mais l’engouement public retombe vite. Clémentine Dufaut, enceinte, cesse son activité, et elle est ainsi dite « ménagère » en à la naissance de son fils[4]. Si, comme de nombreux employés, les Dufaut ont aspiré à ouvrir leur propre compagnie[9], leur ambition ne s'est pas réalisée et Clémentine Dufaut ne semble pas avoir repris son activité de cochère par la suite : elle est redevenue cuisinière lorsque son enfant et son mari, toujours cocher, meurent en 1912. Remariée en 1917, elle s'est précarisée et vit désormais dans le milieu des chiffonniers[Note 2], chiffonnière elle-même[7].
Dix ans plus tard, Clémentine Dufaut réside à Bagneux quand son second mari meurt[8], et elle y demeure toujours lorsqu'elle décède, veuve et sans profession, en 1932 à Châtillon, trois jours avant son 51e anniversaire[13].
Bibliographie
modifier- Juliette Rennes, « Cochères parisiennes, le risque en spectacle », Travail, genre et sociétés, vol. 2, no 36, , p. 37-59 (DOI 10.3917/tgs.036.0037, lire en ligne)
- Agnès Sandras, « Automédone, cocherette ou cochonnette, un accès de fièvre satirique et machiste devant les premières femmes cochers ? », L'Histoire à la BnF, (lire en ligne)
Notes et références
modifierNotes
modifier- Selon les sources, elle est parfois prénommée à tort Amélie et son nom orthographié aléatoirement Duffaut, Duffault, Dufau, etc.
- En 1917, son second mari et trois de leurs témoins de mariage exercent le métier de chiffonnier.
Références
modifier- Acte de naissance no 11, , Franconville (avec mention marginale du 2d mariage), Archives départementales du Val-d'Oise
- « Généalogie de Louis Félix JOLY-POTTUZ », sur Geneanet (consulté le )
- Acte de mariage no 236, , Clichy, Archives départementales des Hauts-de-Seine [lire en ligne] (vue 148/229)
- Acte de naissance no 627, , Paris 12e, Archives de Paris [lire en ligne] (vue 16/31)
- Acte de décès no 11, , Malakoff, Archives départementales des Hauts-de-Seine [lire en ligne] (vue 148/229)
- Acte de décès no 1742, , Paris 15e, Archives de Paris [lire en ligne] (vue 19/31)
- Acte de mariage no 567, , Paris 15e, Archives de Paris [lire en ligne] (vue 24/31)
- Tables de successions et absences, Montrouge, [1925-1927], Archives départementales des Hauts-de-Seine [lire en ligne] (vue 113/133) [Note : le nom de l'épouse est transcrit par erreur « Pottier Jolly »]
- Juliette Rennes, « Cochères parisiennes, le risque en spectacle », Travail, genre et sociétés, vol. 2, no 36, , p. 37-59 (DOI 10.3917/tgs.036.0037, lire en ligne)
- Fernand Hauser, « Les femmes-cochers », sur Gallica, Le Journal, (consulté le ), p. 1
- Agnès Sandras, « Automédone, cocherette ou cochonnette, un accès de fièvre satirique et machiste devant les premières femmes cochers ? (partie I) », sur L'Histoire à la BnF, (consulté le )
- « Les premières cochères de Paris », sur La Bibliothèque mondiale du cheval, [s.d.] (consulté le )
- Acte de décès no 10, , Châtillon, Archives départementales des Hauts-de-Seine [lire en ligne] (vue 10/40)