Classe Aoba

classe de croiseurs lourds, Marine Impériale japonaise (1927->1945)

Classe Aoba
Image illustrative de l'article Classe Aoba
L'Aoba, en essais en 1938
Caractéristiques techniques
Type croiseur lourd
Longueur 185,87 m
Maître-bau 18,83 m
Tirant d'eau 5,7 m
Déplacement 7 100 tonnes (8 900 tonnes à pleine charge)
Propulsion 4 turbines à engrenages
12 chaudières mixtes
Puissance 102 000 cv
Vitesse 34,5 nœuds maxi
Caractéristiques militaires
Blindage ceinture = 75 mm
pont = 35 mm
magasin = 35-75 mm
tourelle = 25 mm
barbette = 57 mm
Armement initial :
(3X2) x 200 mm 1GÔ
(4X1) x 120 mm (DCA)
(2X2) mitrailleuses x 13,2 mm (DCA)
(6x2)tubes lance-torpilles de 610 mm
final :
(3X2) x 203 mm 2GÔ
(4X1) x 120 mm (DCA)
42 x 25 mm AA Type96
(2X2) mitrailleuses x 13,2 mm (DCA)
(2X4) tubes lance-torpilles de 610 mm
Aéronefs 1 puis 2 hydravions, 1 catapulte, 1 grue
Rayon d’action 7 000 nautiques à 14 nœuds
puis 8 223 nautiques à 14 nœuds
(400 tonnes de charbon et 1 400 à 1 800 tonnes de mazout)
Autres caractéristiques
Équipage 643-657 hommes
Histoire
Constructeurs Chantiers navals de Nagasaki et Kōbe Drapeau du Japon Japon
A servi dans
Commanditaire Marine impériale japonaise
Période de
construction
1924-1927
Période de service 1927-1945
Navires construits 2
Navires prévus 2
Navires perdus 2

La classe Aoba a été la seconde classe de croiseurs construits pour la Marine impériale japonaise sous l'égide du traité de Washington de 1922. Très proches de ceux de la classe précédente, la classe Furutaka, ces deux croiseurs servirent durant la guerre du Pacifique, principalement dans le secteur des îles Salomon: ils ont participé notamment à la bataille de la Mer de Corail, à la bataille de l'île de Savo, à la bataille du Cap Espérance. L'un d'eux (le Kinugasa) a été coulé au large de Guadalcanal, le . L'Aoba qui a supporté plusieurs bombardements aériens et torpillages, jusqu'après la bataille du golfe de Leyte, a fini coulé en rade de Kure par l'aviation américaine, dans les derniers jours de .

Conception et caractéristiques modifier

Les croiseurs Aoba et Kinugasa avaient été planifiés comme troisième et quatrième unités de la classe Furutaka. Ils ont donc eu des caractéristiques inspirées du croiseur expérimental Yubari, conçu sous la direction du capitaine de vaisseau (plus tard vice-amiral) Hiraga. Mais certaines solutions retenues pour la première classe de croiseurs lourds japonais ne donnèrent pas pleinement satisfaction, notamment la disposition de l'artillerie principale en six pseudo-tourelles simples, les installations d'aviation avec une plate-forme orientable, et le calibre de 76,2 mm pour l'artillerie secondaire. Sur ces points, la classe Furutaka fut d'ailleurs modifiée, lors des refontes qui ont eu lieu en 1930-1931 et 1936-1939[1],[2].

Le Kinugasa lors de son armement en 1927

Aussi dès la construction de la nouvelle classe, l'artillerie principale y fut installée en trois tourelles doubles, deux à l'avant dont une superposée, une à l'arrière, pour des canons de 200 mm 1 GÔ (Mark I)[3]. Ces tourelles venaient d'être mises au point, à temps pour en doter les nouveaux croiseurs en construction, mais trop tard pour en doter la classe Furutaka, sans en retarder la mise en service. Ces tourelles, dites de type C, pesaient 157 tonnes. L'élévation maximale des canons était de 40° et non plus 25°, ce qui donnait une portée maximale de 26 700 mètres, au lieu de 24 000 mètres, avec une vitesse de rotation de 4°/s, une vitesse d'élévation de 6°/s, er une cadence de tir de 5 coups par minute, au lieu de 2 coups par minute en pratique. L'entraxe des canons était d'1,90 m.

L'artillerie secondaire était constituée de 4 affûts simples de 120 mm[4] à double usage, qui tiraient des obus de 20 kg, à 16 000 mètres, à l'élévation de 45°, ou avec un plafond de 10 000 mètres, à l'élévation de 75°, à une cadence de 6 à 8 coups par minute en pratique.

Pour les installations d'aviation, le système de la plate-forme pivotante montée sur le toit d'une tourelle a été abandonné, au profit d'une catapulte orientable, installée juste en avant de la tourelle double arrière. Ce furent les premières catapultes montées sur des croiseurs japonais dès l'origine[1].

Pour le reste, qu'il s'agisse des installations lance-torpilles, de la protection ou de la propulsion, la classe Aoba était identique à la classe Furutaka d'origine[5],[6].

Une première refonte est intervenue au début des années 1930, qui a consisté essentiellement à équiper l'artillerie secondaire de 120 mm, jusqu'alors opérée manuellement de mécanismes de chargements électro-hydrauliques. Une reconstruction plus importante a été prévue à la fin des années 1930, que le début de la guerre sino-japonaise a perturbée, au moins en ce qui concerne l'Aoba. Il s'est agi essentiellement de remplacer les canons de 200 mm 1 GÔ (Mark I) par des canons de 203 mm 2 GÔ (Mark II) ce qui impliquait une modification des mécanismes d'alimentation des obus et des charges de poudre. La Défense Contre Avions à courte portée a été renforcée par l'installation de deux mitrailleuses bitubes de 13,2 mm et quatre affûts doubles de canons antiaériens de 25 mm Type 96 automatiques[7], qui étaient dérivés de matériels Hotchkiss français et qui ont été le principal matériel anti-aérien à courte portée de la Marine impériale japonaise. Les tubes lance-torpilles fixes installés dans la coque ont été remplacés par deux plates-formes quadruples orientables sur le pont principal, toujours pour des torpilles Long Lance de 610 mm de diamètre[2].

L'appareil propulsif a été modernisé. Sur l'Aoba, cette modernisation s'est limitée à transformer les deux chaudières mixtes mazout-charbon en chaudières uniquement à mazout, mais, sur le Kinugasa, on procéda à l'installation de nouvelles chaudières [8].

Les unités de la classe modifier

Nom Quille Lancement Armement Chantier naval Fin de carrière Photo
Aoba Chantiers navals Mitsubishi
NagasakiDrapeau du Japon Japon
coulé en rade de Kure,
par l'aviation de l'U.S. Navy,
le
Kinugasa Chantiers navals Kawasaki
KōbeDrapeau du Japon Japon
coulé au large de Guadalcanal
le

Service modifier

Les croiseurs de la classe Aoba et de la classe Furutaka formaient, au début de la guerre du Pacifique, la 6e Division de Croiseurs[9], aux ordres du contre-amiral Gotō, qui en avait reçu le commandement le et avait sa marque sur l'Aoba.

Ils ont participé en , à l'occupation de Guam, et à l'attaque de l'île de Wake. Fin , ils ont participé à la couverture de l'occupation de Rabaul en Nouvelle-Bretagne et Kavieng en Nouvelle-Irlande. En mars, ils couvrent les débarquements japonais, à Lae et Salamaua, sur la côte nord-est de la Papouasie-Nouvelle-Guinée, à Buka, et Kieta sur l'île de Bougainville et aux îlots Shortland, et en avril sur les îles de l'Amirauté[8].

En mer de Corail (mai 1942) modifier

Début mai, ils ont participé à l'opération Mo. Il s'agissait, sous l'autorité du vice-amiral Inoue, commandant-en-chef de la 4e flotte, dont le quartier général était à Truk dans les îles Carolines, d'aller attaquer Port-Moresby, sur la cote sud-est de la Nouvelle-Guinée, après avoir débarqué dans les îles Salomons. La couverture rapprochée devait être confiée à une force aéronavale, aux ordres du contre-amiral Kajioka, centrée sur le porte-avions Shōhō, et à la 6e Division de Croiseurs du contre-amiral Gotō, et la couverture éloignée à la 5e Division de Croiseurs, les Myōkō et Haguro, aux ordres du vice amiral Takagi, et à la 5e Division de Porte-avions (Shokaku et Zuikaku du contre-amiral Hara).

le porte-avions Shōhō a été coulé, le , par l'aviation embarquée américaine, dans une des premières actions de la bataille de la mer de Corail, ce qui a entrainé l'abandon de l'attaque sur Port-Moresby. Après des combats qui ont vu, le 8 mai, la destruction du porte-avions américain USS Lexington, les grands porte-avions japonais Shokaku et Zuikaku ont été endommagés, le Kinugasa et le Furutaka les ont escortés lors de leur retour vers Truk.

À la suite de la bataille de Midway, à laquelle la 6e Division de Croiseurs n'a pas participé, une réorganisation est intervenue dans la Flotte japonaise à la mi-juillet, une 8e Flotte a été créée, basée à Rabaul, avec à sa tête le vice-amiral Mikawa, dont le Chōkai, était le navire-amiral[10]. La 6e Division de Croiseurs a été affectée fin juillet à la 8e Flotte.

Devant Guadalcanal (août-novembre 1942) modifier

Pendant les premiers combats autour de Guadalcanal en août, la 6e Division de Croiseurs a constitué une part très importante des forces que le vice-amiral Mikawa a menées à la bataille de l'île de Savo, coulant quatre croiseurs australien et américains, et en endommageant gravement un cinquième, avec des pertes légères du côté japonais. Le lendemain, , en rentrant à Kavieng, le Kako, de la classe Furutaka a été torpillé et coulé[11].

Dans la nuit du 11 au , les trois croiseurs lourds restants de la 6e Division de Croiseurs, aux ordres du contre-amiral Gotō, accompagnant un convoi japonais, venant de Rabaul, avaient mission d'aller bombarder le terrain d'aviation Henderson. Ils se sont heurtés à deux croiseurs lourds américains, les USS Salt Lake City et San Francisco, et deux grands croiseurs légers USS Boise et Helena aux ordres du contre-amiral Scott, qui venaient d'escorter un convoi arrivant de Nouméa. Au large du Cap Espérance, à l'extrémité nord-ouest de Guadalcanal, l'escadre américaine, prévenue par des avions de reconnaissance, a repéré au radar l'escadre japonaise, et lui a « barré le T ». Le contre-amiral Gotō, après avoir donné l'ordre de faire demi-tour, a été mortellement blessé, dès le début de l'engagement, sur la passerelle de l'Aoba sous le feu du croiseur USS Helena. L'Aoba a été très sérieusement endommagé, recevant une quarantaine d'obus de 152 mm et 203 mm, mais a gardé sa capacité de manœuvre. Le Furutaka, aux prises avec des destroyers américains, a encaissé une torpille de l'USS Duncan, qui lui a noyé la salle de machines avant[12], tandis que le Kinugasa engageait l'USS Salt Lake City et endommageait l'USS Boise. Le Furutaka, écrasé par le feu américain, a coulé dans la nuit, mais le reste de l'escadre japonaise s'est retiré sans bombarder Henderson Field[13],[14].

L'Aoba parti se faire réparer au Japon, le Kinugasa est resté la seule unité opérationnelle de la 6e Division de Croiseurs. Avec le Chōkai, il a participé à un bombardement d'Henderson Field, le 15 octobre, et assuré la couverture de plusieurs convois de renfort des forces japonaises de Guadalcanal. Après la première bataille navale de Guadalcanal et la destruction du cuirassé rapide Hiei, le vice-amiral Mikawa est revenu avec quatre croiseurs lourds, parmi lesquels le Kinugasa, bombarder Henderson Field, dans la nuit du au . Au retour de cette mission, regagnant les îlots Shortland, le Kinugasa a succombé, en fin de matinée du 14, aux attaques de l'aviation embarquée du porte-avions USS Enterprise[15] et de l'aviation basée sur Henderson Field, et a coulé[16].

Du Pacifique sud-ouest en 1943, jusqu'à Kure, en 1945 modifier

L'épave de l'Aoba coulée après avoir été bombardée à Kure, fin juillet 1945

L'Aoba, remis en état, a retrouvé fin le secteur des Salomon. Endommagé à Kavieng en avril, par un bombardement de B-17, au point de devoir être échoué pour éviter sa perte, il a été de nouveau en réparations à Kure, d'août à fin novembre, et a été doté à cette occasion d'un radar de veille et de deux affûts doubles de canons antiaériens de 25 mm Type 96 automatiques, mais sa vitesse maximale a dû être réduite à 26 nœuds. Il a été alors affecté à la 2e Flotte Expéditionnaire du Sud, et a opéré de Singapour à Penang, Mergui, Port Blair dans les Îles Andaman. Fin , devenu le navire-amiral de la 16e Division de Croiseurs, avec le croiseur léger Kinu, il a effectué un raid contre le commerce allié dans l'Océan Indien, puis a opéré de Balikpapan (Borneo) à Penang. Il a participé en mai au renforcement de la défense japonaise, lors de l'attaque américaine de Biak, en juin il a opéré entre Sumatra et les Celèbes. En juillet, où l'Aoba a passé quinze jours en cale sèche à Singapour, sa Défense Contre Avions rapprochée s'est trouvée très nettement renforcée, atteignant 6 affûts triples, 12 affûts doubles et de 10 à 15 pièces simples de 25 mm[2]. Fin , il a rejoint la Flotte au mouillage des îles Lingga[8]..

La 16e Division de Croiseurs a appareillé le , avec la Force d'Attaque de Diversion no 1, que le vice-amiral Kurita devait mener à l'attaque des forces américaines qui allaient débarquer dans le golfe de Leyte, mais elle s'en est séparée le 21, à Brunei, pour aller débarquer des troupes en renfort aux Philippines. Le 24, vers h 40, l'USS Bream (en), a repéré, à 400 nautiques dans le nord-ouest de Palawan, les navires japonais et il a mis une torpille à l'Aoba, qui a réussi à gagner, en remorque d'un destroyer, la base navale de Cavite[17]. Réparé sommairement, sous les bombes de l'aviation embarquée de la IIIe Flotte américaine, il partit escorter un convoi, échappant à un violent bombardement sur Manille, le 5 novembre. Il a échappé le lendemain aux torpilles d'une meute de sous-marins américains, qui ont sérieusement endommagé le Kumano avec qui il naviguait de conserve. Il a réussi à rejoindre le Japon, où il a été jugé irréparable[8]. Il a finalement été coulé en rade de Kure, par l'aviation embarquée américaine, dans les derniers jours de [2].

Bibliographie modifier

  • (en) Eric LaCroix et Linton Wells II, Japanese Cruisers Of The Pacific War, Naval Institute Press, , 882 p. (ISBN 0-87021-311-3)
  • (en) H.T. Lenton, Navies of the Second World War American battleships, carriers and cruisers, Londres, Macdonald&Co Publishers Ltd, (ISBN 0-356-01511-4)
  • (en) H.T. Lenton, Navies of the Second World War British Cruisers, Macdonald & Co Publishers Ltd, (ISBN 0-356-04138-7)
  • (en) Donald Macintyre, Famous fighting ships, London New York, Hamlyn, , 160 p. (ISBN 978-0-600-35486-4, OCLC 941404025)
  • Philippe Masson, Histoire des batailles navales : de la voile aux missiles, Paris, Éditions Atlas, , 224 p. (ISBN 2-7312-0136-3)
  • Antony Preston (trad. de l'anglais), Histoire des Croiseurs, Paris, Fernand Nathan Editeurs, , 191 p. (ISBN 2-09-292027-8)
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  • Antony Preston, Histoire des Destroyers, Paris, Fernand Nathan Éditeurs, (ISBN 2-09-292039-1)
  • (en) Shuppan Kyodo-sha, Navies of the Second World War Japanese battleships and cruisers, Macdonald & Co Publishers Ltd., (ISBN 978-0-356-01475-3)
  • Oliver Warner, Geoffrey Bennett, Donald G.F.W. Macintyre, Franck Uehling, Desmond Wettern, Antony Preston et Jacques Mordal (trad. de l'anglais), Histoire de la guerre sur mer : des premiers cuirassés aux sous-marins nucléaires, Bruxelles, Elsevier Sequoia, (ISBN 2-8003-0148-1)
  • (en) Anthony Watts, Japanese Warships of World War II, Ian Allen Ltd, , 400 p. (ISBN 0-7110-0215-0)
  • (en) M.J. Whitley, Cruisers Of World War Two : An International Encyclopedia, Brockhampton Press, , 288 p. (ISBN 1-86019-874-0)
  • (en) C. Vann Woodward, The battle for Leyte Gulf, New York, Ballantine Books,

Notes et références modifier

Voir aussi modifier

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Articles connexes modifier

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