Claude Dupin

financier français du XVIIIe siècle

Claude Dupin, seigneur de Chenonceaux, est un financier français, né à Châteauroux le et mort à Paris le [1].

Claude Dupin
Fonction
Fermier général
à partir du
Biographie
Naissance
Décès
(à 82 ans)
Paris
Nationalité
Activité
Père
Philippe Dupin (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Jeanne Denis (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Conjoint
1) Marie-Jeanne Bouilhat de Laleuf
2) Louise de Fontaine
Enfants
Autres informations
Propriétaire de
Blason

Biographie

modifier

Originaire d'une ancienne famille bourgeoise du Berry, Claude Dupin est le fils de Philippe Dupin, conseiller du Roi, receveur des tailles de la ville de Châteauroux, paroisse Saint-André. Il fait ses études au collège de Blois et devient capitaine d'infanterie[note 1] au régiment de Noailles, mais il est « cassé pour avoir fait du tapage à Issoudun »[2]. Il reprend en 1714 la charge de son père.

D'un premier mariage célébré le avec la fille d'un notable de Châteauroux, Marie-Jeanne Bouilhat de Laleuf (1696-1720), naît un fils, Louis-Claude, le à Châteauroux dit « Dupin de Francueil », grand-père de George Sand.

Il doit son élévation au hasard[3]. En 1722, Mme de Barbançois, fille aînée de Madame de Fontaine, revenant des eaux thermales de Bourbon-l'Archambault, se trouve incommodée en passant à Châteauroux. Dupin lui offre l'hospitalité dans sa maison avec toute sa suite, lui procure des soins « sans vouloir consentir qu'elle déboursât un sol pour toute sa dépense », et la raccompagne jusqu'à Paris. Sa mère veut remercier un jeune homme aussi obligeant, et lui offre de rencontrer le richissime financier Samuel Bernard — amant de Mme de Fontaine — qui, lui trouvant des capacités, le fait nommer receveur général des finances de Metz et d'Alsace.

Claude Dupin épouse en secondes noces la fille illégitime de son protecteur Samuel Bernard, Louise de Fontaine, le à Paris en l'église Saint-Roch. Elle lui donne un second fils, Jacques-Armand dit « Dupin de Chenonceaux », né à Paris le en la paroisse Saint-Roch.

Le , sur une nouvelle intervention de Samuel Bernard et grâce à un prêt de celui-ci, il obtient l'une des quarante places extrêmement lucratives de fermier général. Nommé à un âge sensiblement inférieur à la moyenne, il fait une carrière de trente-six ans au sein de la Ferme générale. Il est envoyé en tournée dans le Royaume pendant quatorze ans et est membre pendant près de douze ans du Comité des caisses, instance dirigeante de la Ferme. Il se consacre particulièrement à la Régie du tabac et à la Régie des grandes gabelles, ce qui lui vaudra d'être sollicité par Diderot et d'Alembert pour écrire l'article « salines » de l'Encyclopédie.

Il est pourvu le , de l'office de Secrétaire du roi au Grand Collège qui lui permet d'accéder à la noblesse, ainsi que ses deux fils.

L'un des hommes les plus fastueux de son temps, Claude Dupin a bâti une fortune imposante et acquis des propriétés prestigieuses.

Ainsi le , l'hôtel Lambert, dans l'île Saint-Louis à Paris, est acheté conjointement avec sa belle-mère, Madame de Fontaine, et vendu en 1739 dans le cadre de la succession de Samuel Bernard[note 2]. Puis le , le château de Chenonceau et ses dépendances, sont achetés au duc de Bourbon et demeurent dans la famille Dupin jusqu'en 1864. Le , le marquisat du Blanc, situé aux confins du Berry et du Poitou, est acheté à la marquise de Parabère, ancienne maîtresse du Régent. Après la vente de l'hôtel Lambert, le couple loue l'ancien hôtel de Vins[note 3], rue Plâtrière à Paris où il emménage, après deux années de travaux, en 1741. Les Dupin n'en feront l'acquisition que le [4].

Jean-Jacques Rousseau est le secrétaire particulier de l'épouse du financier de 1745 à 1751, et remplace, pendant quelques jours, le précepteur de son fils, Jacques-Armand (de Chenonceaux), qui fait le désespoir de son père. C'est chez Claude Dupin qu'il compose le Discours sur les sciences et les arts. Il reste toujours en relation avec les époux Dupin qu'il évoque dans Les Confessions.

Claude Dupin est l'auteur d'un traité d'économie politique intitulé Économiques, publié en 1745. Il y préconise notamment la liberté de circulation intérieure des grains en contrepartie d'une réglementation des importations et exportations en fonction de l'abondance des récoltes.

À la suite de la publication de De l'esprit des lois de Montesquieu en 1748, Dupin, ulcéré par les critiques de l'auteur contre la Ferme générale, publie une virulente critique intitulée : Réflexions sur l'Esprit des lois. Se reprochant la violence du ton, il en fait détruire la plupart des exemplaires et publie ensuite des Observations sur l'Esprit des lois, plus modérées.

Il contribue, avec soixante-quatre autres fermiers généraux, aux frais de l'édition des Fables de La Fontaine établie par Barbou à Paris en 1762, ainsi que son fils Louis-Claude Dupin de Francueil.

Œuvres

modifier
  • Économiques, 1745, 3 vol. in-4°[5]
  • Mémoires sur les blés, 1748
  • Réflexions sur l'Esprit des lois, 1749, 2 vol. in-8°
  • Observations sur l'Esprit des Lois, 1757-1758, 3 vol. in-8°
  • Il portait : d'azur à trois coquilles d'or[6],[7].
  • Selon l'Armorial Général de 1696, sa famille portait : de sinople à un chevron d'or accompagné en chef de deux étoiles d'argent et en pointe d'un pin arraché du même.

Bibliographie

modifier

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Robert Ranjard, Le secret de Chenonceau, Tours, Éditions Gibert-Clarey, (1re éd. 1950), 256 p., « Monsieur et madame Dupin », p. 177 à 210. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Barthélemy François Joseph Mouffle D'Angerville, Vie Privée de Louis XV : ou principaux événements, particularités et anecdotes de son règne, t. 1, Londres, Éditions John Peter Lyton, (réimpr. 1796, sous le titre de Siècle de Louis XV) (1re éd. 1781), 398 p. (lire en ligne), chap. XXXIII, p. 288 à 290. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Voir aussi

modifier

Articles connexes

modifier

Liens externes

modifier

Notices et ressources

modifier

Notes et références

modifier
  1. Capitaine ou lieutenant d'infanterie suivant les sources.
  2. Plusieurs ouvrages mentionnent la vente de l'Hôtel Lambert pour régler une dette d'honneur de son fils cadet, Jacques-Armand Dupin de Chenonceaux. Mais l'Hôtel Lambert est vendu le (Minutier central des notaires de Paris, LXXXVIII-856) et cette année-là, Jacques-Armand a douze ans. Ce qui est bien jeune pour jouer et perdre au jeu, dont le montant de la dette est estimé à 700 000 livres.
  3. Hôtel de Vins qui porte le nom de son ancien propriétaire, le marquis de Vins d'Agoult de Montauban. Aujourd'hui Hôtel Dupin, au no 68 rue Jean-Jacques-Rousseau dans le 1er arrondissement de Paris.

Références

modifier
  1. Archives de Paris : Paroisse de Saint-Eustache. État civil - Acte de décès reconstitué. Cote du document : V3E/D508. Archives de Paris 18 boulevard Sérurier 75019 Paris
  2. « Dupin Claude », sur Dictionnaire des journalistes.
  3. Barthélémy Mouffle d'Angerville, Vie privée de Louis XV, ou principaux événements, particularités et anecdotes de son règne : Origines, noms, qualités, etc., des fermiers-généraux, depuis 1720 jusqu'en 1751, t. 1, Londres, , p. 227-269.
  4. Minutier central des notaires de Paris, étude de maître Louis Bronod, cotes du document : AN-MC-ET-LXXXVIII, liasse 646.
  5. Jacob H. Hollander, « Review of Œconomiques, 1745 », The American Economic Review, vol. 4, no 4,‎ , p. 865–867 (ISSN 0002-8282, lire en ligne, consulté le )
  6. Édouard de Barthélémy, Mémoires pour servir à l'histoire du publicanisme, ou l'origine des receveurs généraux des finances du royaume., Paris, Tardieu, coll. « extr. de la Revue Historique et Nobiliaire », , 504-521 p., p. 273a
  7. Rietstap, Armorial général (Dupin de Francueil)