Collégiale Notre-Dame de Mantes-la-Jolie

collégiale située dans les Yvelines, en France

La collégiale Notre-Dame de Mantes-la-Jolie est une ancienne collégiale des XIIe et XIIIe siècles située à Mantes-la-Jolie (Yvelines, France) en bord de Seine. Elle fut classée Monument historique en 1840[1].

Collégiale Notre-Dame
Image illustrative de l’article Collégiale Notre-Dame de Mantes-la-Jolie
Présentation
Culte Catholique romain
Dédicataire Notre-Dame
Type Collégiale
Rattachement Diocèse de Versailles
Début de la construction XIIe siècle
Style dominant gothique
Protection Logo monument historique Classé MH (1840)
Site web Paroisse Mantes la Jolie – Catholiques du Mantois
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Région Île-de-France
Département Yvelines
Ville Mantes-la-Jolie
Coordonnées 48° 59′ 25″ nord, 1° 43′ 13″ est

Carte

Cette église rappelle la cathédrale Notre-Dame de Paris par le style et par son élévation sur trois niveaux. La collégiale Notre-Dame se compose, au-delà du massif de façade, d’une nef de sept travées voûtées d’ogives sexpartites flanqués de collatéraux voûtés d’ogives quadripartites. Le haut vaisseau est à trois niveaux : grandes arcades en arcs brisés reposant sur une alternance de piles faibles et piles fortes, tribunes voûtées d’ogives quadripartites et en berceaux brisés transversaux, et enfin fenêtres hautes en arc brisé. Le chevet, qui vient compléter la composition, n’était originellement ceint d’aucune chapelle. Les chapelles rayonnantes, ainsi que celles des bas-côtés sont des adjonctions des XIIIe et XIVe siècles[2]. La façade occidentale est percée de trois grands portails sculptés surmontés d'une rose, que viennent couronner deux tours dont l'aspect a été profondément modifié par les restaurations du XIXe siècle. Cette disposition s'inspire du modèle de la cathédrale de Laon. Le portail central, dédié à la Vierge Marie, a été fortement endommagé pendant la Révolution.

Histoire

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Notre-Dame vers 1840, avant les campagnes de restauration.

La collégiale se trouvait autrefois au diocèse de Chartres, province ecclésiastique de Sens, dans l'archidiaconé du Pincerais.

Les dernières recherches[3],[4],[5] ont mis en évidence une construction probablement commencée vers 1150. Elle aurait connu trois campagnes de construction.

La première campagne concerne l'élévation d'une plateforme au nord pour pallier la déclivité du terrain, l'élévation du niveau inférieur de la façade occidentale et de ses portails, et la construction des murs latéraux d'ouest en est auxquelles s'ajoute le voûtement des bas-côtés et du rond-point.

La deuxième campagne concerne l'élévation des murs gouttereaux des tribunes jusqu'à la travée des tours, puis l'élévation des arcades ouvrant sur la nef, suivies par leur voûtement en berceaux brisés transversaux. Les voûtes d'ogives, si l'on omet les deux premières travées qui sont de la première et de la seconde moitié du XIIIe siècle, appartiennent au XIVe siècle. Les arcs-boutants auraient été élevés en même temps que cette deuxième campagne, soit au XIIe siècle. Enfin, le niveau des fenêtres hautes aurait été élevé jusqu'à la quatrième travée, seules les quatre travées orientales auraient été montées dans le dernier quart du XIIe siècle.

La construction de la tour sud aurait été entamée vers 1240, tandis que la tour nord aurait été terminée vers 1266, date à laquelle elle reçoit les cloches. L'étage supérieur de la tour nord a été reconstruit de 1492 à 1508 après un effondrement[6],[7],[8].

On voit dans la nef la trace d'une litre funéraire.

Pendant la Révolution française, la collégiale est saccagée. En particulier, de nombreuses statues de la façade ont été mutilées en 1794. Quelques-unes de ces sculptures ont été retrouvées par Alphonse Durand, dans les fondations de l'ancien couvent des Ursulines. Elles sont aujourd'hui en partie exposées au Musée de l'Hôtel-Dieu de la ville, l'autre partie est conservée dans le dépôt lapidaire des tribunes.

L'édifice a été alors converti en « temple de la Raison », puis est devenu successivement une fabrique de salpêtre et un arsenal.

Après la signature du Concordat en 1801, quelques travaux de restauration d'urgence ont été réalisés.

Des campagnes de restaurations auront lieu du XIXe au XXIe siècle. Une campagne de restauration importante est menée durant le XIXe siècle. La restauration de la tour nord est réalisée de 1851 à 1855 sous la direction d'Alphonse Durand, architecte de Mantes-la-Jolie, élève de Viollet-le-Duc. Il décida de la reconstruire à l'identique de la tour sud, outrepassant quelque peu le principe d'une restauration.

Le , un important bombardement aérien allié, visant le pont de Mantes, détruit une grande partie du vieux centre de Mantes-la-Jolie. La collégiale est légèrement touchée.

La toiture, remarquable pour son motif décoratif à swastikas, a été entièrement refaite en 2001 et 2002. Ces travaux ont nécessité la pose de 44 650 tuiles vernissées. La rose a été restaurée en 2003.

La face nord est restaurée en 2012. Le 27 septembre 2012, à l'occasion du lancement d'un timbre à l’effigie de la collégiale, Michel Vialay, maire de Mantes-la-Jolie, annonce son intention de demander l'inscription du bâtiment au Patrimoine mondial de l'UNESCO[9].

Dimensions

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La collégiale de Mantes-la-Jolie a des dimensions proches de celles de la cathédrale de Senlis.

  • Longueur totale : 67,70 m ;
  • longueur de la nef et du chœur : 57,70 m ;
  • largeur de la nef : 11,75 m ;
  • hauteur sous voûtes : 29,90 m ;
  • hauteur totale des tours : 61 m ;
  • largeur de la façade : 29,70 m ;
  • largeur des bas-côtés : 6,10 m ;
  • hauteur jusqu'à l'étage des galeries : 31,25 m.

Ces mesures avaient été données par André Rhein en 1932.

Andrew J. Tallon, historien de l'art américain, a pu prendre de nouvelles mesures lors du projet Mapping Gothic France.

  • Hauteur de la nef : 28,77 m
  • Largeur de la nef : 9,9 m
  • Hauteur des bas-côtés : 8,73 m
  • Largeur des bas-côtés : 4,61 m
  • Largeur totale : 19,12 m

Les portails

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Portails de la façade ouest de la Collégiale Notre-Dame

Le portail de la Résurrection

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L’œuvre la plus ancienne de l'édifice. Il aurait été réalisé vers 1150 en pierre blanche de Vernon ou blonde d'Île-de-France par les ateliers qui travaillèrent à Saint-Denis et Notre-Dame de Paris. Ce portail est dédié à la Résurrection du Christ. Sculpté dans un style plus archaïque, il démontre une moins grande maîtrise technique de l'artiste. On peut néanmoins apprécier la simplicité qui s'en dégage et qui est en lien sans aucun doute avec sa vocation pédagogique.

Le portail de la Vierge

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L'entrée principale de la Collégiale vouée à Marie et à son Assomption[10]. Le portail de la Vierge est considéré comme un chef-d'œuvre de la sculpture occidentale. Il se compose de deux ensembles conçus à dix ou quinze ans d'intervalle. La partie basse, sous le niveau de la base du linteau, a dû être exécutée très peu de temps après le portail de la Résurrection. Toute la partie supérieure (voussure et tympan), est sensiblement postérieure. Il se rapproche du portail dédié à la Vierge de la cathédrale de Senlis. En 1998, lors des restaurations du portail, des fragments de polychromie sont mis au jour. Le rouge, le vert et bleu se détachent sous nos yeux.

Le portail des Échevins

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Situé à droite de la façade, ce portail très richement décoré a été construit en 1320[11] à la demande des échevins de la ville. Il ressemble par sa composition et son style au portail sud la Calende de la cathédrale de Rouen. Il fut saccagé lors de la Révolution, notamment la totalité des statues des ébrasements en partie basse et une partie de la décoration du tympan où les têtes des statues ont disparu[12].

La nef gothique est une des plus élevées du XIIe siècle. De son temps, seule Notre-Dame de Paris la dépassait de seulement deux mètres. L'élévation de la nef est partagée en trois étages de hauteurs sensiblement égales : les grandes arcades du rez-de-chaussée, celles des tribunes et enfin les fenêtres hautes. La disposition de la nef est en grande partie due à ses trois voûtes d'ogives à six branches (sexpartites), chacune embrassant deux travées. L'adoption de ce type de structure a une conséquence évidente : les piles ne supportent pas toutes la même charge. D'où l'alternance de fûts cylindriques simples et de piles flanquées de colonnettes qui se retrouve dans d'autres grandes églises du premier gothique (Laon, Paris, Sens, Lausanne ...).

Le style de l'architecture frappe par sa sobriété. Les grandes baies des tribunes ne sont pas moulurées. De vastes pans de murs nus, dus à l'absence de division horizontale, y apparaissent notamment à l'étage des fenêtres hautes. Cette sobriété est parfaitement dans l'esprit des architectes parisiens du XIIe siècle. La longueur modeste de la nef, l'écartement du pilier qui ouvre largement sur les bas-côtés, ainsi que les amples zones horizontales confèrent à l'ensemble une étonnante majesté.

Les vitraux

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La rose

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La grande rosace de Mantes est l'une des plus anciennes de France. Les plus anciens panneaux remontent aux environs de 1210. Elle représente le jugement dernier. L'oculus central est occupé par une mandorle où trône le Christ juge, se détachant sur un fond bleu peuplé d'étoiles rouges. Il est entouré d'un chœur d'anges dont les bustes ailés sortent des nuées. Le premier cercle, qui obéit à un axe de symétrie vertical, est celui des anges et des intercesseurs. Le fond bleu des quadrilobes figurés s'oppose au rouge sur lequel se détachent les rinceaux décoratifs qui complètent chaque compartiment[12].

La chapelle de Navarre

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Au bas-côté sud de l'église, la chapelle de Navarre ou du Rosaire, est sans doute la plus célèbre. Elle fut fondée en 1313 par le souhait de Marie de Brabant, seconde épouse de Philippe III le Hardi. Son souhait était de doter la collégiale de deux chapelles dédiés à saint Paul et saint Louis. C'est une chapelle double, résultat de la réunion de deux chapelles entre 1352 et 1364. Quatre sculptures du XIVe siècle, de saintes et de reines donatrices sont apposées aux murs[13]. Des traces de polychromie (un reste de crucifixion) et un décor de faux appareil à joints rouges sur fond blanc sont encore visibles aujourd'hui. Les armes de Navarre peintes en rouge sur fond jaune, s'observent sur certaines piles. Un morceau de dalle funéraire a été réemployée dans les marches.

Galerie

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Notes et références

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  1. Notice no PA00087508, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. Yves Gallet, « Les chapelles du chevet de la collégiale de Mantes. Un petit chef-d'œuvre du gothique rayonnant », Bulletin Monumental, vol. 163, no 2,‎ , p. 101–114 (DOI 10.3406/bulmo.2005.1252, lire en ligne, consulté le )
  3. Stéphanie Zweifel, L'architecture de la collégiale Notre-Dame de Mantes : premières analyses et pistes de recherches, Dany Sandron dir., Paris, 1997.
  4. Irina Oboukhova, La Collégiale Notre-Dame de Mantes aux XIIe-début du XIIIe siècle : approche historique à travers les textes et les documents, recherches sur la chronologie du chantier gothique, A. Erlande-Brandenburg dir., Paris, 2004.
  5. Aline Warie (sous la direction de Brigitte Boissavit-Camus et Arnaud Timbert), La collégiale Notre-Dame de Mantes-la-Jolie et l'architecture gothique du XIIe siècle (mémoire de recherche Master II), Univ. Paris Ouest Nanterre, (lire en ligne).
  6. Alphonse Durand et Eugène Grave, La Chronique de Mantes, ou Histoire de Mantes depuis le IXe siècle jusqu'à la Révolution, Mantes, Impr. du Petit Mantais, , § 162.
  7. Véronique Icole, « Les restaurations de la collégiale au XIXe siècle », Mantes médiévale : la collégiale au coeur de la ville,‎ , p. 144.
  8. Jean Bailleau, Marc Delacotte, Paul Jolas et al., Mantes et Mantes-la-Ville de 1789 à nos jours. Cent ans d'histoire : 1789-1889., Groupe d'études et d'éditions mantaises, , p. 214.
  9. « Mantes-la-Jolie: la collégiale à l'Unesco? », sur Le Figaro (consulté le ).
  10. Alain Erlande-Brandenburg, « Le portail royal de Notre-Dame de l'Assomption à Mantes », Les choix de la mémoire : patrimoine retrouvé des Yvelines,‎
  11. Philippe Plagnieux, « Entre piété des fidèles et conscience civique : le portail des Echevins », Mantes médiévale : la collégiale au coeur de la ville,‎ , p. 128-133.
  12. a et b Notre-Dame de Mantes-la-Jolie, Thomas Schwob, Cédric Sidobre, Éd. Italique
  13. Arnaud Ramière de Fortanier, « Statues de saintes et de reines donatrices », Les choix de la mémoire, patrimoine retrouvé des Yvelines,‎ , p. 94-97.

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Marcel Aubert, « Têtes gothiques de Senlis et de Mantes. », Bulletin Monumental, tome 97, n°1, 1938, p. 5-11.
  • Robert Bailly, La collégiale Notre-Dame de Mantes-la-Jolie, Conseil général des Yvelines et ville de Mantes-la-Jolie, , 224 p.
  • Rémy Baudry, Notre Dame de l'Assomption, une Collégiale à Mantes la Jolie, Paris, Rezé, , 250 p. (ISBN 978-2-7543-0694-2)
  • Jean Bony, « La collégiale de Mantes », Congrès archéologique de France, Paris, Société archéologique de France / A. Picard, vol. 104 « 104e session tenue à Paris et à Mantes en 1946 »,‎ , p. 163-220 (ISSN 0069-8881)
  • Lucien Bresson, « La chapelle royale de Navarre de la Collégiale Notre-Dame de Mantes. Recherches pour une nouvelle datation », Le Mantois : Bulletin de la Société des amis du Montois, N°28, 1977, p. 3-7
  • Alain Erlande-Brandenburg, « Le portail royal de Notre-Dame de l'Assomption à Mantes », Le Choix de la mémoire. Patrimoine retrouvé des Yvelines, Paris, Somogy Éditions d'art,‎ , p. 84-87 (ISBN 2850562912)
  • Yves Gallet, « Les chapelles du chevet de la Collégiale de Mantes. Un petit chef-d'œuvre du gothique rayonnant », Bulletin Monumental, Tome 163 N°2, 2005, p. 101-114.
  • Thomas H. King, The study-book of mediaeval architecture and artwhereof the plans, sections, and details are drawn to uniform scales : being a series of working drawings of the principal monuments of the middle ages, Edinburg, John Grant, 1893 (seconde édition, 1re ed. en 1868)
  • Aubin-Louis Millin, « Notre-Dame de Mantes », Antiquités nationales ou de recueil de monuments pour servir l'histoire générale et particulière de l'Empire français, tels que tombeaux, inscriptions, statues, vitraux, fresques, etc. ; tirés des abbayes, monastères, châteaux et autres lieux devenus domaines nationaux, Tome II, Chapitre XIX, Paris, 1791, p. 301-354.
  • Irina Oboukhova, La Collégiale Notre-Dame de Mantes aux XIIe-début du XIIIe siècle : approche historique à travers les textes et les documents, recherches sur la chronologie du chantier gothique, A. Erlande-Brandenburg (dir.), Paris : [s.n.], 2004.
  • Anne Prache, "L'architecture de la collégiale de Mantes au XIIe siècle", Bulletin de la Société nationale des antiquaires de France, 2001, p. 174-175.
  • André Rhein, « Notre-Dame de Mantes », Congrès archéologique de France, Paris, A. Picard / Levé, vol. 82 « 82e session tenue à Paris en 1919 »,‎ , p. 210-226 (ISSN 0069-8881, lire en ligne)
  • André Rhein, L'église Notre-Dame de Mantes, Paris, H. Laurens, coll. « Petites monographies des grands édifices de la France », , 103 p.
  • Thomas Schwob et Cédric Sidobre, Notre Dame de Mantes-la-Jolie, Bonnières-sur-Seine, éditions Italique, , 159 p. (ISBN 978-2-915749-05-2)
  • Aline Warie, Brigitte Boissavit-Camus (dir.) et Arnaud Timbert (dir.), La collégiale Notre-Dame de Mantes-la-Jolie et l'architecture gothique du XIIe siècle : Mémoire de recherche Master 2, spécialité histoire de l'art et art médiéval, Université Paris-Nanterre, , 172 p. (lire en ligne)
  • Stéphanie Zweifel, L'Architecture de la Collégiale Notre-Dame de Mantes : Premières analyses et pistes de recherches, Dany Sandron (dir.), Paris IV, DEA, 1998.
  • Mantes médiévale : la Collégiale au cœur de la ville : ouvrage publié à l’occasion de l’exposition tenue au Musée de l'Hôtel-Dieu à Mantes (17 décembre 2000 au 31 mai 2001), Paris, Somogy, Mantes-la-Jolie, Musée de l’Hôtel-Dieu, 2000, 179 p.
  • Les choix de la mémoire : patrimoine retrouvé des Yvelines : catalogue de l’exposition tenue au Musée de l'Hôtel-Dieu à Mantes (18 octobre 1997 au 15 février 1998), Paris, Somogy, Versailles, Archives Départementales des Yvelines, 1997, 215 p.

Articles connexes

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Liens externes

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