Comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire

Le Comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire (CVUH) est une association regroupant des historiens, fondée en France en par les universitaires Gérard Noiriel, Michèle Riot-Sarcey et Nicolas Offenstadt afin de veiller sur les usages publics de l'histoire à des fins mémorielles, notamment par les hommes politiques.

Comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire
Histoire
Fondation
Cadre
Sigle
CVUHVoir et modifier les données sur Wikidata
Forme juridique
Association déclaréeVoir et modifier les données sur Wikidata
Domaine d'activité
Autres organisations fonctionnant par adhésion volontaire (France)Voir et modifier les données sur Wikidata
Siège
Pays
Organisation
Fondateurs
Présidente
Natacha Coquery (d) (depuis )Voir et modifier les données sur Wikidata
Site web
Identifiants
RNA
SIREN
OpenCorporates

Son action consiste en la publication de tribunes ou la participation à des émissions audiovisuelles lorsque surviennent des polémiques mémorielles, l'organisation également de journées d'études et ateliers, la coordination d'une collection des éditions Agone et la maintenance d'un site Internet proposant une veille sur les questions d'histoire et de mémoire.

Créée dans le sillage de l'affaire Olivier Grenouilleau et en opposition à la loi du reconnaissant le « rôle positif de la présence française outre-mer, en particulier en Afrique du Nord », l'association apparaît publiquement le avec la publication de son manifeste. Contrairement au mouvement Liberté pour l'histoire, le CVUH ne s'oppose cependant pas aux lois mémorielles.

Présentation

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Le Comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire est fondé en [1], au moment du débat « sur les effets positifs de la colonisation »[2] arqué autour de la loi portant reconnaissance de la Nation et contribution nationale en faveur des Français rapatriés[3]. Elle est déclarée à la préfecture de police de Paris en [4].

Selon l'historien Sébastien Ledoux, le CVUH regroupe surtout, outre des enseignants du secondaires, des « historiens travaillant sur des objets de recherche marginalisés dans le champ académique (genre, immigration, esclavage, colonisation) »[5]. Les historiens Jean-François Sirinelli et Yann Potin rappellent que les membres fondateurs sont ancrés à gauche ou l'extrême gauche[6], comme l'atteste le nom de l'association qui fait allusion au Comité de vigilance des intellectuels antifascistes de l'entre-deux-guerres[7].

Présidents

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Prises de positions

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Le refus de condamner les lois mémorielles ne visant pas directement à régenter le travail de l'historien a conduit le CVUH à s'opposer régulièrement à Liberté pour l'histoire, autre mouvement d'historien présidé par René Rémond puis Pierre Nora, né fin à la suite d'une plainte déposée par un collectif d'outremer contre Olivier Pétré-Grenouilleau[11] et qui réclame la suppression de toutes les lois mémorielles[12]. Le CVUH a notamment critiqué en l'ouvrage publié par CNRS Éditions Liberté pour l'histoire (dirigé par Pierre Nora et Françoise Chandernagor) et l'« Appel de Blois » diffusé par ce mouvement à l'occasion des Rendez-vous de l'histoire[13].

Se pensant donc comme un intellectuel collectif, le comité ne dénie pas la légitimité en soi aux « lois mémorielles » qui peuvent apparaître comme des déclarations d'une société sur elle-même, et qui, en ce sens, s’inscrivent dans la logique du fonctionnement démocratique[14], ce qui l'oppose à Liberté pour l'histoire, autre mouvement d'historien né en dans le même contexte et qui rejette en bloc les lois mémorielles[15].

Selon le politologue Johann Michel, le CVUH, en ne s'opposant pas en bloc aux lois mémorielles, fait montre d'« une préférence pour le régime mémoriel victimaire et anticolonialiste (et donc une volonté de déconstruction du mythe ou du roman national), une antipathie pour les lois mémorielles de « droite » et, réciproquement, une sympathie pour les lois mémorielles de « gauche » »[12].

Activités

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Journées d'études et ateliers

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Une journée d'études est tenue par le CVUH à la Sorbonne le [16].

Édition

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La CVUH participe à l'élaboration des ouvrages de la collection « Passé & présent » des Éditions Agone[17]. Ces ouvrages reprennent l'objectif affiché du CVUH : « alerter les citoyens à propos des détournements éventuels de la recherche historique et de réfléchir à la place et à la fonction de celle-ci dans notre société[17] ». Les droits d'auteurs de la collection étant pour moitié dévolus au CVUH, « Passé et présent » joue un rôle important dans le financement de l'association[18]. En , six titres étaient parus[19] et un septième était prévu pour le mois d'août[17] :

  1. À quoi sert « l’identité nationale », par Gérard Noiriel, (ISBN 9782748900804).
  2. Comment Nicolas Sarkozy écrit l’histoire de France, dirigé par Laurence De Cock, Fanny Madeline, Nicolas Offenstadt et Sophie Wahnich, (ISBN 9782748900934).
  3. Enjeux politiques de l’histoire coloniale, par Catherine Coquery-Vidrovitch, (ISBN 9782748901054).
  4. La Fabrique scolaire de l’histoire : Illusions et désillusions du roman national, dirigé par Laurence De Cock et Emmanuelle Picard, (ISBN 9782748901061).
  5. Pour quoi faire la Révolution, par Jean-Luc Chappey, Bernard Gainot, Guillaume Mazeau, Frédéric Régent et Pierre Serna, (ISBN 9782748901610).
  6. Conversation sur la naissance des inégalités, par Christophe Darmangeat, (ISBN 9782748901818).
  7. La Fabrique scolaire de l’histoire II, dirigé par Laurence De Cock, (ISBN 9782748903355).
    Deuxième édition, entièrement revue, de La Fabrique scolaire de l'histoire.

Notes et références

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  1. Anne-Marie Thiesse, « L'Histoire de France en musée : Patrimoine collectif et stratégies politiques », Raisons politiques, Paris, Presses de Sciences Po, no 37 « Nationalismes ordinaires »,‎ , p. 110 (ISBN 978-2-7246-3196-8, DOI 10.3917/rai.037.0103, lire en ligne).
  2. Sylvain Venayre, « Les faiseurs d’histoire dans les médias, une minorité très visible », Libération, (consulté le ).
  3. Frédéric Lemaire et Pauline Perrenot, « L'histoire racontée par les médias : un entretien croisé », sur acrimed.org, Acrimed, (consulté le ).
  4. Création de l'association : Comité de vigilance face aux usages publics de l'histoire (CVUH), annonce no 1304 du , Journal officiel Associations, no 11, , p. 1395 .
  5. Ledoux 2017, p. 115.
  6. Jean-François Sirinelli (dir.) et Yann Potin (dir.), Générations historiennes : XIXe – XXIe siècle, Paris, CNRS Éditions, , 799 p. (ISBN 978-2-271-12147-9), p. 484.
  7. Philippe Joutard, Histoire et mémoires, conflits et alliance, Paris, La Découverte, coll. « La Découverte-poche / Sciences humaines et sociales », (1re éd. 2013), 342 p. (ISBN 978-2-7071-8797-0), p. 182 [lire en ligne].
  8. « Compte rendu de l'Assemblée générale du CVUH du  », sur cvuh.blogspot.fr, .
  9. « Compte rendu de l'Assemblée Générale Extraordinaire du CVUH,  », sur cvuh.blogspot.fr, .
  10. « Qui sommes nous ? », sur cvuh.blogspot.fr, .
  11. Ledoux 2017, p. 113.
  12. a et b Michel 2010, p. 171.
  13. Michel 2010, p. 173, n. 2.
  14. Nicolas Offenstadt, « La position du CVUH sur les relations entre Histoire et Mémoire », dans Anthony Lozach et Caroline Jouneau-Sion, « Le CVUH et les usages actuels du passé : Quelle place pour les historiens ? », sur Clionautes.org, (version du sur Internet Archive).
  15. Luigi Cajani, « L'histoire, les lois, les mémoires : Sur quelques conflits récents en Europe », Revue française de pédagogie, Lyon, INRP, no 165 « L'éducation et les politiques de la mémoire »,‎ , p. 70 (ISBN 978-2-7342-1143-3, DOI 10.4000/rfp.1085, lire en ligne).
  16. George 2006.
  17. a b et c « Passé & présent », sur agone.org (consulté le ).
  18. Fanny Madeline, « Compte-rendu de l'assemblée générale annuelle du 9 février 2013 : Rapport financier », sur cvuh.blogsport.fr, .
  19. « Passé & présent (Marseille) », notice de collection éditoriale, no 41178797, Catalogue général, sur catalogue.bnf.fr, Bibliothèque nationale de France.

Annexes

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Bibliographie

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Sources secondaires centrées
Autres sources utilisées

Liens externes

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