Commanderie de Saint-Maurice

commanderie située dans le Var, en France

Commanderie de Saint-Maurice
Présentation
Fondation Drapeau de l'Ordre du Temple Templiers 1160
Reprise Drapeau des chevaliers hospitaliers Hospitaliers 1312
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Région Provence-Alpes-Côte d'Azur
Département Var
Ville Régusse
Géolocalisation
Coordonnées 43° 40′ 47,75″ nord, 6° 03′ 20,02″ est
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Commanderie de Saint-Maurice
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Commanderie de Saint-Maurice

La commanderie de Saint-Maurice est située dans le département du Var, sur la commune de Régusse, près des basses gorges du Verdon, à cinq kilomètres au nord de Montmeyan et à deux kilomètres au sud de Quinson.

Historique modifier

La commanderie de Saint-Maurice est implantée vers les années 1160 sur les terres de Saint-Maurin. Située aux confins des territoires de Coutelas[1] et de La Roquette[2], actuelles communes de Régusse et de Montmeyan, c'est l'une des cinq commanderies templières du Var.

Elle est mentionnée pour la première fois en , lorsque le seigneur Hugues de Montmeyan entre dans l’Ordre et donne la terre de Camp Long ainsi que les droits de pâturage sur tout son territoire[3],[4],[5],[6]. Il renonce à tous ses droits et héritages au profit de la commanderie. La même année, les Templiers fortifient le Castelar à La Roquette[7].

En , le seigneur de Blachère donne et concède aux chevaliers du Temple toutes les terres cultes et incultes, le droit de pâture ainsi que les eaux des rives du Verdon. Il donne en outre la libre faculté de construire un moulin dans le vallon de Beau Rivé et un local pour préparer le pain[8],[9].

La maison de Saint-Maurice rayonne entre les territoires de Riez au nord, de La Verdière à l’ouest, de Régusse et Moissac à l’est, de Montmeyan et Fox-Amphoux vers le sud[10]. Comme la commanderie du Ruou, elle fait partie des grosses maisons abritant une communauté moyenne d’une dizaine de frères tandis que les autres sites du Var n’en comptent pas plus de trois[11].

Après l'ordre d'arrestation des membres de l’ordre du Temple en 1308[Note 1], les biens de la commanderie sont réunis au domaine de la cour royale de Provence en 1309, puis passent aux mains des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem en 1312[12]. En 1322, Arnaud de Trians, comte d’Alife dans le royaume de Naples et neveu du pape Jean XXII, fait l’acquisition de la terre de Montmeyan[13].

Les guerres et les calamités de la seconde moitié du XIVe siècle affectent la maison de Saint-Maurice qui commence à décliner[14]. Elle est alors associée à la maison de Bras pour former une unique commanderie, puis absorbée dans des circonscriptions plus vastes comme la commanderie hospitalière d’Aix, ou bien celle de Marseille[15].

Commandeurs Templiers modifier

Nom du commandeur[16] Dates
Guillaume de Vion 1164
Ripert 1170
Guillaume de la Tour 1206
Gordon 1207
Guillaume de Moissac 1222
Guillaume de Moissac 1229
Bernard 1232
Bernard 1236
Raymond Ermengaud[Note 2] 1237
Pons Niel 1249
Gui d’Avignon 1255
Bernard de Saint-Just 1258
Pierre Geoffroy 1261
Albert de Blacas 1293
Albert de Blacas 1302

En 1308, Albert de Blacas est gardé dans les prisons d'Aix. Non seulement il ne périt pas, mais il jouit pendant toute sa vie de la commanderie de Saint-Maurice avec le consentement des Hospitaliers[17],[Note 3].

Commandeurs Hospitaliers modifier

Pour la période qui précède sa dévolution aux Hospitaliers, on trouve Guillaume Aymeria qualifié de recteur et administrateur de la maison du Temple de Saint-Maurice, vraisemblablement au nom du comte Robert d'Anjou[18].

Nom du commandeur Dates Commentaires
Pierre Autran 1313[18] Précepteur et recteur[Note 4]
Béranger Puget 1319 - 1341 [19] Précepteur puis à partir de février 1334, précepteur de la baillie regroupant Bras et Saint-Maurice
Isnard d'Albaron 1342[19] Prieur de Capoue, précepteur d'Aix et de Saint-Maurice
Réforciat de Castellane 1373[19] Commandeur

Possessions modifier

Les bâtiments de la commanderie de Saint-Maurice constituent le centre de la seigneurie ecclésiastique et sont construits en pierres de taille[20]. On peut encore y voir une bergerie, une habitation, une annexe et une chapelle dédiée à Saint Maurice. Cette chapelle a probablement été construite vers la fin du XIIe siècle, une église étant mentionnée en 1170 ; elle rappelle par bien des aspects celle de la commanderie du Ruou.

En , les seigneurs Pons Albert et Guy de Baudinard[21] donnent leur domaine sur le plateau Saint-Vincent[22] avec une bastide et des droits de pâturage sur les terres de Coutelas[23]. Les Templiers développent un hameau sur ce plateau autour de la grange dite Bastida Sancti Vincencii, au lieu aujourd’hui appelé Villeneuve.

En 1221, la commanderie achète le castrum de Montmeyan avec son château, ses terres et tous ses droits[24],[25]. L’acte de vente est d’un grand intérêt en ce qui concerne les modalités d’une telle acquisition[26].

En , l'abbaye de Lérins[27],[Note 5] donne le territoire de Brauch[28] avec son église[29], ce qui constitue un autre ensemble dont les bâtiments de la Grande Bastide rappellent l'importance[30].

En 1249, le seigneur Jacques d'Oraison confirme la donation de sa famille autorisant à bâtir et utiliser des matériaux tirés du territoire de La Roquette[Note 6] (approvisionnement en bois, pierres de construction et chaux)[31]. En 1258, plusieurs moulins sont alimentés en eau par un bief à l'endroit où le Verdon débouche dans la dépression de Quinson-Montmeyan[32].

Dans ce milieu rural, la commanderie a un rôle prépondérant dans l’encadrement des fidèles et dans l’organisation du réseau paroissial. Les églises et chapelles placées sous sa juridiction sont des centres de prélèvement de taxes ecclésiastiques : Sainte-Thècle de La Roquette, Notre-Dame de Coutelas, Saint-Pierre de Brauch, Régusse et Saint-Vincent[33],[34],[Note 7]. Les églises servent également de points de contrôle de l'activité des exploitations agricoles sur les terres de Saint-Vincent et Coutelas, de Brauch et de Saint-Maurin.

Reliques de saint Marcel modifier

Saint Marcel, évêque de Die, est mort et enterré dans un monastère de La Roquette en 510. Vers la fin du XIIe siècle, selon la tradition, le corps du saint est transféré dans les bâtiments de la commanderie qui va l'abriter pendant presque deux siècles. En 1350, les reliques de saint Marcel sont transférées dans la collégiale de Barjols.

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Après la bulle de Clément V du , Charles II ordonne l'arrestation des Templiers du comté de Provence le .
  2. On le retrouve par la suite commandeur de Bayle en 1244.
  3. Il est permis de croire qu'en Provence les Templiers ont été non seulement épargnés, mais aussi traités comme s'ils avaient été reconnus innocents.
  4. Il n'est pas certain qu'il s'agisse d'un frère Hospitalier. Il pourrait avoir été agent comtal ou administrateur au nom du pape Clément V.
  5. Eliana Magnani précise que c'est la famille de Pontevès qui offre aux moines en 1033 l'église Saint-Pierre de Brauch et son territoire alentour ; autour de cette église, Lérins établit un prieuré.
  6. Le castrum de Roqueta Auraisoni apparaît pour la première fois dans la liste des localités du diocèse de Riez dressée en 1232-1244. Il appartient aux seigneurs d’Oraison qui le conservent jusqu’au XVIIe siècle.
  7. Thierry Pécout distingue les églises dont le Temple percevait le cens sans entretenir de prêtre (Sainte-Thècle de La Roquette, Saint-Vincent), celles qui étaient placées au centre d’un domaine agricole auxquelles étaient attachés dîmes et droits d’autel et où l’ordre entretenait un prêtre (Saint-Pierre de Brauch, Saint-Maxime de Coutelas, Notre-Dame de Régusse) et enfin, la chapelle de la commanderie dédiée à saint Maurice qui, dans ce cas, n’a pas développé de fonction paroissiale.

Références modifier

  1. « Elisabeth Sauze, Bourg castral de Coutelas à Régusse », notice no IA83001262, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  2. « Elisabeth Sauze, Bourg castral de La Roquette à Montmeyan », notice no IA83001253, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  3. Inventaire-sommaire des archives départementales antérieures à 1790, Bouches-du-Rhône, Archives ecclésiastiques, Série H, Éditions Paul Dupont, 1869.
  4. Joseph-Antoine Durbec, Les Templiers en Provence, formation des Commanderies et répartition géographiques de leurs biens, Provence historique, 1959.
  5. Jean-Luc Aubarbier, La France des Templiers, Éditions Sud Ouest, 2007.
  6. Ivy-Stevan Guiho, L'ordre des Templiers, Éditions L'Harmattan, 2009.
  7. Bernard Marchand, Dictionnaire des noms de lieux du Var, Éditions de la Société des amis du vieux Toulon et de sa région, 2008.
  8. Bulletin de la Société d'études scientifiques et archéologiques de Draguignan et du Var, 1962.
  9. Laurent Dailliez, Les Templiers en Provence, Éditions Alpes-Méditerranée, Nice, 1977.
  10. Jean-Luc Aubarbier, La France des Templiers, Bordeaux, Éditions Sud Ouest, , 317 p. (ISBN 978-2-87901-700-6, présentation en ligne), p. 271.
  11. Joseph-Antoine Durbec, Les Templiers dans le diocèse de Fréjus, Toulon et Riez : maisons de Riou, Hyères, Saint-Maurice, Bras, Peirasson et autres, Provence historique, 1963.
  12. Thierry Pécout, La commanderie de Saint-Maurice (diocèse de Riez) au début du XIVe siècle : du Temple à l'Hôpital, Provence historique, vol. 45, Fédération Historique de Provence, 1995.
  13. M.J. Roman, Arnaud de Trians, Bulletin de l'Académie Delphinale, 1901.
  14. Pierre-André Sigal, Une seigneurie ecclésiastique en Provence orientale au Moyen-Âge : la commanderie du Ruou, Provence historique, 1965.
  15. Pécout 1995, p. 49
  16. Joseph-Antoine Durbec, Templiers et Hospitaliers en Provence et dans les Alpes-Maritimes, Éditions Le Mercure Dauphinois, , 430 p. (ISBN 978-2-913826-13-7, présentation en ligne), p. 112, 185-187
  17. François Raynouard, Les Templiers, Tragédie en cinq actes, Éditions Giguet et Michaud, 1805.
  18. a et b Pécout 1995, p. 50
  19. a b et c Pécout 1995, p. 51
  20. La commanderie de Saint-Maurice sur le site Eligis de la DRAC PACA.
  21. Frédo Mathéron, Lou Felibre dei péd-terrous, Baudinard devant l'histoire, 1949.
  22. Archives départementales des Bouches-du-Rhône (56 H 4719 et 5314).
  23. Le bourg castral de Coutelas sur le site Patrimages de la DRAC PACA.
  24. Raymond Boyer, À propos des Templiers de Provence, Bulletin de la Société d'études scientifiques et archéologiques de Draguignan et du Var, Tome VII, 1962.
  25. Joseph-Antoine Durbec, Templiers et Hospitaliers en Provence et dans les Alpes-Maritimes, Éditions Le Mercure Dauphinois, 2001.
  26. E.-G. Léonard, Introduction au Cartulaire manuscrit du Temple (1150–1317), constitué par le marquis d’Albon et conservé à la Bibliothèque nationale, suivie d’un Tableau des maisons françaises du Temple et de leurs précepteurs, éditions Champion, Paris, 1930.
  27. Eliana Magnani, Histoire de l'abbaye de Lérins, Association pour le rayonnement de la culture cistercienne, 2005.
  28. « Elisabeth Sauze, Bourgs castraux de Montbrien et de Brauch à La Verdière », notice no IA83001280, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  29. H. Moris et E. Blanc, Cartulaire de l'abbaye de Lérins, 1883.
  30. Joseph Piégay, Au Moyen Âge entre Durance et Verdon, Éditions Résonnances, 2004.
  31. Archives départementales des Bouches-du-Rhône (56 H 5316).
  32. Archives départementales des Bouches-du-Rhône (56 H 4720).
  33. Damien Carraz, La territorialisation de la seigneurie monastique : les commanderies provençales du Temple (XIIe – XIIIe siècle), Mélanges du l'École française de Rome - Moyen Âge, 2011.
  34. Honoré Jean Fisquet, La France pontificale, histoire des archevêques et évêques, Éditions Étienne Repos, 1864.

Annexes modifier

Bibliographie modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier