La commenda était un type de contrat développé en Italie au XIIIe siècle[1],[2]. Il s'agit d'un accord entre deux partenaires, un investisseur et un voyageur, dans le but de réaliser une entreprise commerciale, le plus souvent sous la forme d'un voyage maritime[3]. Ces contrats, variables d'une situation à l'autre, sont généralement classés par les historiens en commendas unilatérales et commendas bilatérales, en fonction de la part de risque et de profit que prenait chaque partie dans l'entreprise[4]. A Venise, la commenda était nommée collegantia ou colleganza[5]. Ce contrat est considéré comme une innovation majeure dans l'histoire de la finance et du commerce[4],[6],[7].

La commenda constituait un partenariat entre un investisseur (appelé commendator ou socius stans) et un entrepreneur, le plus souvent un voyageur (appelé le contractant ou socius procertans.)[8] L'investisseur apportait le capital et le contractant exécutait l'entreprise commerciale, le plus souvent sous la forme d'un voyage maritime. Au terme du contrat, l'investisseur récupérait son capital et le bénéfice était partagé entre les parties[9]. Les historiens identifient deux types de commendas :

  • Commenda unilatérale : ici l'investisseur apporte l'intégralité du capital; les bénéfices sont partagés à hauteur des trois quarts pour l'investisseur et un quart pour le contractant[10]. L'investisseur supporte l'intégralité des risques[4]. Les statuts de Marseille de 1253 protègent le contractant contre d'éventuelles poursuites en cas de naufrage ou de capture du navire[4]. Ce contrat s'appelait commendatio à Venise[8].
  • Commenda bilatérale : dans ce cas, l'investisseur apporte les deux tiers du capital et le contractant apporte le tiers restant. Les profits sont partagés pour moitié[10]. L'investisseur supporte les pertes à hauteur des deux tiers, et le contractant à hauteur de un tiers[4]. Ce contrat s'appelait collegantia ou colleganza à Venise et societas à Gênes[8],[1].

Les contrats variaient d'un situation à l'autre et l'investissement constituait parfois une part dans un navire[10].

A Venise, cette institution économique est considérée comme facteur majeur du succès économique de la ville au Moyen Âge. Elle fait notamment émerger une nouvelle classe d'homines novi, entreprenants et désireux de s'enrichir, contribuant ainsi à la prospérité de la ville[11].

Références

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  1. a et b (en) Robert Sabatino Lopez, Irving Woodworth Raymond et Olivia Remie Constable, Medieval Trade in the Mediterranean World: Illustrative Documents, Columbia University Press, (ISBN 978-0-231-12356-3, lire en ligne)
  2. (it) Gino Luzzatto, Studi di storia economica veneziana., Padova, CEDAM, (OCLC 7341360, lire en ligne)
  3. Van Doosselaere, Quentin, 1961-, Commercial agreements and social dynamics in medieval Genoa, Cambridge, UK, Cambridge Univ. Press, (ISBN 978-0-511-51790-7, OCLC 371197311, lire en ligne)
  4. a b c d et e (en) John H. Pryor, « The Origins of the Commenda Contract », Speculum, vol. 52, no 1,‎ , p. 5–37 (ISSN 0038-7134, DOI 10.2307/2856894, JSTOR 2856894, S2CID 162370493, lire en ligne)
  5. (en) Kenneth M. Setton, A History of the Crusades: The Impact of the Crusades on the Near East, Univ of Wisconsin Press, (ISBN 978-0-299-09144-6, lire en ligne)
  6. Max Nisen, « How Globalization Created And Destroyed The City Of Venice », sur Business Insider (consulté le )
  7. (en-US) Chrystia Freeland, « Opinion | The Self-Destruction of the 1 Percent (Published 2012) », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  8. a b et c (it) « Eta Ducale - Le risorse: MERCATURA E MONETA in "Storia di Venezia" », sur www.treccani.it (consulté le )
  9. (en) Lincoln Paine, The Sea and Civilization: A Maritime History of the World, Knopf Doubleday Publishing Group, (ISBN 978-0-307-96225-6, lire en ligne)
  10. a b et c (en) Robert Sabatino Lopez, Irving Woodworth Raymond et Olivia Remie Constable, Medieval Trade in the Mediterranean World: Illustrative Documents, Columbia University Press, (ISBN 978-0-231-12356-3, lire en ligne)
  11. (en) Daron Acemoglu et James A. Robinson, Why Nations Fail: The Origins of Power, Prosperity, and Poverty, Currency, (ISBN 978-0-307-71921-8)

Voir aussi

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Articles connexes

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