Décompte d'hiver

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Les décomptes d'hiver (en lakota : waníyetu wówapi ou waníyetu iyáwapi) sont des supports d'information de type calendriers d'évènements ou succession d'évènements historiques sur lesquels les Amérindiens d'Amérique du Nord notaient les évènements importants. Les Pieds-Noirs, les Mandans, les Kiowas, les Lakotas et d'autres peuples des Plaines utilisaient les décomptes hivernaux de façon régulière. Une centaine de dénombrements hivernaux sont encore conservés, dont beaucoup sont des doublons.

Le décompte hivernal kiowa par Anko couvre les étés et les hivers pendant 37 mois, 1889-92, ca. 1895. Administration des archives et archives nationales [1]

Description

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Une copie du décompte hivernal tenu par Lone Dog, Sioux Yanktonai.

Les décomptes d'hiver sont des calendriers sous forme de représentation picturale, traditionnellement peints sur des peaux de bison, qui présentent successivement les événements les plus remarquables d'une série d'années. Le terme décompte d'hiver lui-même vient du nom lakota waniyetu wowapi, « waniyetu » se traduisant par « hiver » tandis que « wowapi » fait référence à « tout ce qui est marqué et peut être lu ou compté »[2]. La plupart des décomptes hivernaux ont un seul pictogramme symbolisant chaque année, basé sur l'événement le plus mémorable de cette année. Pour le peuple Lakota, les années s'écoulaient entre les premières chutes de neige et les premières chutes de neige de l'année suivante[2]. Les décomptes hivernaux des Kiowas comportent généralement deux marques par an : une pour l'hiver et une pour la danse du Soleil en été[3]. Les glyphes représentant la succession des événements marquants servaient de référence. Elles pouvaient être consultées en cas de doute sur la séquence chronologique.

À l’instar d’autres traditions des nations autochtones d’Amérique du Nord, les décomptes hivernaux étaient utilisés comme documents mnémotechniques afin d’aider à structurer des récits plus complets de l’histoire qui seraient transmis oralement. Les peuples autochtones d’Amérique du Nord disposaient de nombreuses façons de consigner l’histoire au cours de la période pré-européenne qui ne dépendaient pas de l’écriture alphabétique. En l'absence de documents écrits, la tradition orale était un aspect extrêmement important des modes de vie autochtones et constituait le principal moyen de transmission des connaissances de génération en génération. Souvent, des images ou d’autres dispositifs mnémotechniques étaient utilisés comme guides pour la pratique de la transmission orale. C'est particulièrement le cas dans la tradition culturelle Sioux de préservation de l'histoire orale sous la forme de décomptes hivernaux. Situés dans les Grandes Plaines du Nord, les peuples Dakota, Nakota et Lakota ont physiquement enregistré les événements importants de chaque année sur divers matériaux avant mais également après leur contact avec les colons.

L'analyse des décomptes hivernaux permet de déduire l'année correspondante au glyphe par comparaison à d'autres sources. Par ailleurs, les similitudes entre certains décomptes hivernaux démontrent également les relations entre tribus, reflétant les systèmes d'alliances inter-tribus caractéristiques des populations des Grandes Plaines.Les chercheurs ont noté que les décomptes hivernaux de Lone Dog, The Flame, The Swan et Major Bush sont très similaires pour cette raison ; parce que ces tribus vivaient à proximité et interagissaient souvent les unes avec les autres[2].

Les décomptes hivernaux des Lakota révèlent des liens historiques précoces et importants avec les commerçants européens. Ces liens sont déjà observables dans la période qui précède l'expédition Lewis et Clark qui conduira à l'extrême marginalisation et à l'oppression des peuples autochtones d'Amérique du Nord. De la fin des années 1870 au début des années 1880, des copies de décomptes hivernaux (notamment l’American Horse, le Cloud Shield et le Battiste Good) ont été commandées par des collectionneurs européens en tant qu’objets ethnographiques autochtones[2].

Création de décomptes hivernaux

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Traditionnellement, chaque bande choisissait un seul "gardien du décompte hivernal". Jusqu'au XXe siècle, ces gardiens étaient toujours des hommes. Ils consultaient les anciens de la tribu pour parvenir à un consensus sur le choix d'un nom pour l'année. Le gardien choisissait son successeur qui était souvent un membre de sa famille[2]. Dans de nombreux cas, les décomptes d'hiver étaient enterrés avec leurs gardiens à leur décès, de sorte que de nombreux décomptes hivernaux étaient des copies recréées réalisées par un apprenti ou un collectionneur.

Jusqu'à la fin du XIXe siècle, les décomptes hivernaux étaient enregistrés sur les peaux de bisons. Lorsque les bisons sont devenus rares, les gardiens du décompte hivernal ont eu recours à la mousseline, au lin ou au papier[2]. Les pictogrammes correspondant à chaque année commençaient sur le côté gauche ou droit de la surface de dessin et pouvaient être tracés en lignes, en spirales ou en serpentins. Les maladies épidémiques étaient couramment décrites dans les décomptes hivernaux, fournissant des documents historiques sur les effets des maladies sur les tribus. En étudiant les récits écrits des commerçants de fourrures, des missionnaires et du personnel militaire de l'époque et du lieu d'origine d'un décompte hivernal, les chercheurs acquièrent une compréhension plus large des effets des épidémies.

De nos jours, les décomptes hivernaux sont des sources historiques de grande valeur pour la reconstitution de la chronologique des évènements majeurs concernant les amérindiens des grandes plaines. Ils permettent également de mieux comprendre le point de vue de ces peuples sur leur expérience du processus de colonisation.

La colonisation du XIXe siècle a conduit à la marginalisation de nombreux groupes de Sioux. Du fait de l'absence de registre écrit (d'un point de vue européen) des Sioux, leur histoire a été largement ignorée dans les récits historiques américains, qui sont principalement basés sur des sources écrites[4].

Datation

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Garrick Mallery, un chercheur du Smithsonian, a reconnu que l'un de ces événements, "L'année où les étoiles sont tombées", était corrélé avec la tempête de météores Léonides de . Il a utilisé cet événement pour corréler les décomptes hivernaux des Lakotas avec les calendriers occidentaux et analyser l'histoire de ce peuple[2].

Décomptes hivernaux connus

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  • Tradition 1: No Ears, John Colhoff, Flying Hawk, Baptiste Garnier
  • Tradition 2: Short Man
  • Tradition 3: White Cow Killer
  • Tradition 4: Iron Crow, Wounded Bear
  • Tradition 5: Red Horse Owner
  • Tradition 6: Cloud Shield
  • Tradition 7: American Horse
  • Tradition 8: Breast
  • Battiste Good et High Hawk
  • Rosebud
  • Swift Bear
  • Swift Dog
  • Iron Shell
  • Iron Dog
  • Lone Dog
  • Long Soldier
  • Major Bush
  • Swan
  • Thin Elk / Wata Peta (Steamboat), 1821-1877[5]
  • Hardin Winter Count
  • Mato Sapa
  • Northern
  • The Flame
  • Lone Dog's winter count[6],[7]
  • Bad Head, 1810-1883, oral count recorded[8]
  • Bull Plume, 1794-1924, survives only as copied drawings from 1912[8]
  • Percy Creighton, 1831-1938[9]
  • Butterfly, 1833-1870s[10]
  • Foolish Woman, 1833-1870s[10]

Voir aussi

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  • Ledger art
  • Plains hide painting

Bibliographie

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Liens externes

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Notes et références

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  1. "Pictures of Indians in the United States." The National Archives. (retrieved 4 Feb 2010)
  2. a b c d e f et g Hansen, 42-45
  3. Greene and Thorton, 300
  4. Candace S. Greene, « "Winter Counts and Coup Counts: Plains Pictorial Art as Native History" », AnthroNotes, vol. 26, no 2,‎ , p. 1 (DOI 10.5479/10088/22478).
  5. Sundstrom, Linea. "The Thin Elk/Steamboat Winter Count: A Study in Lakota Pictography", Buechel Memorial Lakota Museum, 2003 (retrieved 3 May 2010)
  6. Nancy McClure, « Treasures from our West: Lone Dog's winter count », sur Centerofthewest.org, Originally featured in Points West (Winter 2011), (consulté le )
  7. « Lone Dog Winter Count », sur www.smithsoniansource.org (consulté le )
  8. a et b Greene and Thornton, 301
  9. Greene and Thornton, 314
  10. a b et c Greene and Thornton, 302
  11. Greene and Thornton, 300
  12. a et b Greene and Thornton, 304
  13. Greene and Thornton, 306
  14. Greene and Thornton, 309
  15. Greene and Thornton, 310