Comstock Lode est un important gisement d'argent aux États-Unis, exploité au XIXe siècle.

Découvert au printemps 1859, dans le Nevada (alors Territoire de l’Utah), en pleine montagne entre 1800 et 2000 m d'altitude sur la pente Est du Mont Davidson dans le comté du Virginia Range, le Comstock Lode a été le plus important gisement d'argent de l'histoire des États-Unis. Sa découverte, rendue publique vers 1859, déclencha une « ruée vers l’argent » à peine 11 ans après la ruée vers l'or en Californie de 1848.

Au cours de son exploitation principale, dans les quinze années qui suivirent, le Comstock Lode révéla une exceptionnelle richesse en argent et en or. Certains filons découverts (Ophir Mine, Big Bonanza) mesuraient plusieurs dizaines de mètres d’épaisseur (à comparer aux quelques mètres des mines habituelles) sur des centaines de mètres de profondeur. Ces importants volumes récupérables suscitèrent une exploitation proprement industrielle du filon, le besoin de financements très importants et la constitution progressive de nombreuses compagnies minières par actions, cotées à la bourse de San Francisco.

De fabuleuses fortunes furent faites, et il en résulta l’émergence de plusieurs millionnaires : en 1877, à son pic d’activité, le gisement produisit pour plus de 270 millions de dollars d’aujourd’hui d’or et 400 millions d’argent. Le commerce des actions des différentes compagnies minières exploitant le filon favorisa le développement de la Bourse de San Francisco. Les sommes investies étant énormes, de nombreux scandales de manipulation des cours eurent lieu.

Par ailleurs, la jeune Bank of California fit de fabuleux profits avec le Comstock Lode, en finançant les opérations minières et par le rachat de compagnies minières en faillite.

En 1880, le gisement avait produit 7 millions de tonnes de minerai d'or et d'argent, permettant à la ville minière de Virginia City, fondée sur place dans la foulée, d'atteindre une population de 30 000 habitants. Les mines, cotées à la Bourse de San Francisco étaient creusées jusqu'à une profondeur de 900 mètres. D'autres villes minières, parfois éphémères, comme Gold Hill et Silver City (Nevada), furent hâtivement construites dans les environs.

L’afflux soudain d’une grande quantité d’argent-métal bouleversa le marché américain et mondial. En conjonction avec la décision du gouvernement américain d’arrêter de frapper de la monnaie en argent entre 1873 et 1878, et la découverte d’autres mines d’argent aux États-Unis, la valeur de l’argent-métal se retrouva en 1893 diminuée de moitié par rapport à l’or.

L’exploitation du Comstock Lode culmina en 1877, avant de décliner lentement jusqu’à un relatif arrêt dans les années 1920 avec l’ennoiement de la plupart des galeries. Depuis, des remises en exploitation sporadiques ont été menées, et elle est encore faiblement exploitée aujourd’hui.

Découverte du gisement d'argent

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C’est d’abord de l’or qui fut découvert dans la région du Comstock Lode. Au printemps 1850, des émigrants mormons faisant partie du Bataillon Mormon, arrivèrent beaucoup trop tôt dans la saison pour franchir les montagnes. Ils campèrent sur la rivière Carson, dans le voisinage de Dayton, afin d’attendre la fonte des neiges. Ils trouvèrent de l’or dans les graviers du Gold Canyon en travaillant à la battée, mais ne restèrent pas, passant les montagnes dès que cela fut possible, espérant ramasser plus d’or en atteignant la Californie. D’autres émigrants arrivèrent, campèrent dans le canyon et commencèrent à exploiter le lieu. Mais quand l’eau du canyon s’arrêta de couler à la fin de l’été, ils poursuivirent aussi leur chemin à travers les montagnes vers la Californie.

Le camp n’eut pas de population permanente avant l’hiver-printemps 1852-53. À ce moment, 200 hommes prospectaient les graviers du Gold Canyon avec battées, long toms et sluices. L’or du Gold Canyon provenait de veines de quartz situées au début du filon à proximité de la zone où sont aujourd’hui situés les villages de Silver City et Gold Hill.

En remontant la rivière, les mineurs fondèrent la ville de Johntown, sur un plateau. En 1857, des mineurs de Johntown trouvèrent de l’or dans Six-miles Canyon, au Nord de Gold Canyon. Ces deux canyons sont situés au-dessus de ce qui est maintenant connu comme le Comstock Lode. À la recherche d’or et non pas de minerais d’argent, les premiers prospecteurs de la zone ne pensèrent pas à remonter jusqu’au début des canyons pour inspecter les veines de quartz, se contentant d’exploiter l’or déjà libéré, dans les dépôts de surface de graviers et de terre. En dépit de ces premières installations et exploitations –pour l’or-, le Comstock Lode -gisement d’argent- restait encore à découvrir.

La paternité finale de la découverte de l’argent du Comstock Lode reste disputée  : découvertes et redécouvertes se sont succédé entre trois ou quatre groupes de mineurs ayant parfois découvert simplement des zones différentes –des branches- du même gisement.

C’est vraisemblablement Ethan Allen Grosh et Hosea Balou Gorsh qui auraient découvert en premier lieu, en 1857, la présence de minerai d’argent. Ces fils d’un pasteur de Pennsylvanie, mais vétérans de la ruée vers l'or en Californie et surtout minéralogistes avertis, découvrent une veine contenant à la fois de l’or et un minerai bleu métallique qu’ils comprennent être d’argent. Mais Hosea se blesse au pied et meurt de septicémie la même année. Allen accompagné d’un associé, Richard Bucke, part lever des fonds en Californie, emportant des échantillons et la carte de son claim. Allen met alors Henry Comstock, un homme simple, presque simplet, à la garde leur cabine, de leur matériel ainsi que d’un coffre fermé contenant d’autres échantillons de minerais d’or et d’argent et des documents de leur découverte. C’est cet homme simple, Henry Comstock, qui va laisser son nom au filon.

Allen et son associé n’arrivèrent jamais en Californie, se perdant et gelant dans leur traversée de la sierra Nevada. Un chirurgien les ampute pour les sauver, mais sans succès pour Allen Gorsh qui meurt le . Richard Burcke lui survit mais retourne directement dans son Canada natal, une fois remis sur pied.

Apprenant leur destin, et comprenant qu’aucun des deux hommes ne reviendra, Henry Comstock réclame pour lui maison et terrains. Mais il est incapable de déchiffrer et de tirer parti des documents tirés du coffre qu’il a ouvert. Il sait juste que les minerais d’or et d’argent des frères Gorsh proviennent de la même veine, et qu’elle n’a pas apparemment encore été trouvée, et surveille donc les trouvailles des autres mineurs. Apprenant qu’un nouveau minerai bleu vient d’être trouvé à Gold Hill, il se fait attribuer une zone encore libre immédiatement adjacente.

Cette trouvaille a Gold Hill –que l’on pense être la redécouverte de la mine des frères Gorsh- fut faite par 4 mineurs, Finney, Bishop, Henderson et Yount.

Mais le gros du gisement reste encore à découvrir. Au printemps 1859, deux mineurs, Peter O’Riley et Patrick Mac Laughlin, à la recherche de zones de prospection encore libres, remontèrent vers le haut du canyon et commencèrent à travailler le long d’une petite rivière sur le versant Est de la montagne. Les premiers résultats sont décourageants, mais avant d’abandonner le lieu, ils décident de creuser un petit puits assez profond pour collecter l’eau nécessaire au lavage des graviers. Ils découvrent bientôt en creusant un matériau différent, qui lavé à la battée se révèle pour partie de l’or ! Et en quantités suffisantes pour en tirer des centaines de dollars par jour !

Henry Comstock découvre par hasard la même journée la présence de ces deux mineurs sur cette zone qu’il s’est fait précédemment attribuer à des fins de « pâturage ». Voyant leur découverte d’or, il arrive à négocier un partenariat avec eux sur le produit minier de l’endroit, qui viendra à s’appeler ultérieurement Ophir Mine, et se révèlera une des plus riches de la zone.

Les environs étant tous réclamés par Comstock, comme l’apprennent les nouveaux prospecteurs qui arrivent bientôt, c’est ainsi que la mine prendra son nom définitif de Comstock Lode, même si Henry Comstock n’est en rien responsable d’aucune des découvertes.

Mais la zone n’est encore pour les prospecteurs qu’une mine d’or. L’argent n’a pas encore été découvert. De fait, associé à cet or, il y a une grande quantité d’un minerai bleu sombre, celui des frères Gorsh. Lourd et difficile à séparer de l'or, il les gène dans la récupération de l’or, il encombre leur battée, et ils ont beaucoup de mal à s'en débarrasser. Pendant plusieurs mois, les mineurs de la zone s’escriment à le jeter le plus loin possible d’eux.

C’est aux alentours du , que l’acte de naissance du 1er et plus important gisement d’argent des États-Unis va être écrit. Auguste Harrison, un ranchman de la région visite la mine et prélève -presque par hasard- des échantillons du minerai bleu. Au village de Grass valley sur sa route de retour, l’échantillon est -presque par hasard- analysé par un chimiste. Il s’avère être du sulfure d’argent, à presque 80 % d’argent. Bref de l’argent presque pur, et de plus contenant de l’or! La valeur de ce minerai dont les prospecteurs du Comstock Lode se débarrassent comme un déchet est de plusieurs milliers de dollars par tonne[1] ! En dépit d’une tentative de garder le secret, la nouvelle s’ébruite, d’abord à Grass Valley puis dans tout le comté. La ruée sur l’argent du Comstock Lode a commencé.

Innovations minières et métallurgiques

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L’exploitation du Comstock Lode amena des innovations dans les techniques minières (étayages cubiques des galeries) et dans le traitement du minerai d’argent. L’antique procédé espagnol d’extraction de l’argent par amalgame de mercure, le Pan Process, était trop lent face aux très importants volumes de minerai à traiter sur place, et du fait de leur haute teneur (minerai principalement constitué d’argentite, Ag2S, un sulfure d’argent à 76,5 % d’argent ). Il dut être accéléré par l’ajout d’une agitation mécanique, ce qui donna le Washoe Process.

Square set timbering, inventé par l'allemand Philip Deidesheimer

Le boisage complet, inventé pour l'Ophir Mine

Dans les grands filons du Comstock Lode, comme celui d’Ophir Mine, le minerai d’argent avait une si faible cohésion qu’il pouvait être creusé simplement à la pelle, avec pour conséquence des éboulements fréquents. De plus, le creusement ne se développait pas en étroites galeries classiques, mais devait suivre le contour de volumineuses chambres. Pour s’adapter à ces conditions particulières, Philip Deidesheimer, un Allemand qui était l'intendant de la mine, inventa le boisage complet (Square set timbering), un coûteux système d’épaisses poutres d’1,5 m de longueur organisées en un réseau cubique, réseau qui pouvait alors être développé dans n’importe quelle direction. Ce boisage complet était installé dans l’ensemble du volume creusé et maintenait solidement les parois des excavations.

Chronologie

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Bibliographie

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  • Villes fantômes de l'Ouest américain : leur vie, leur mort, leur survie, par Marijke Roux-Westers, Université de Saint-Étienne, 2006.
  • History of Nevada, par Russell R. Elliott, University of Nebraska Press, 1973

Voir aussi

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Articles connexes

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Références

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