Congrès de Marseille (2023)
Le congrès de Marseille est le 80e congrès ordinaire du Parti socialiste, réuni au Centre des congrès du Palais du Pharo à Marseille du au .
Congrès de Marseille | ||
Logo du 80e Congrès du Parti socialiste | ||
Date | 27 au | |
---|---|---|
Lieu | Marseille | |
Olivier Faure, Premier secrétaire sortant et reconduit. | ||
Premier secrétaire élu | Olivier Faure | |
Vote sur les motions | ||
Élection du premier secrétaire | ||
modifier |
Modalités
modifierConformément aux statuts du Parti socialiste, un congrès doit avoir lieu dans les six mois suivant une élection présidentielle[1]. Le retard de la tenue de ce congrès est dû aux redoutables dissentions internes encore exacerbées par la défection de figures politiques importantes et le cuisant recul des voix obtenues lors de l'élection présidentielle de 2022.
Contexte
modifierLe congrès de Marseille fait suite à l'élection présidentielle de 2022, où le Parti socialiste subit une défaite historique : sa candidate Anne Hidalgo, maire de Paris, réalise le plus faible score de toute son histoire avec 1,74 % des suffrages, arrivant en 10e position sur les 12 candidats présents.
En vue des élections législatives de 2022, le Parti Socialiste (PS) engage des pourparlers avec la France insoumise (LFI) pour établir un accord avec les autres partis de gauche, dont le Parti communiste français et Europe Écologie Les Verts. Après plusieurs jours de négociations, un accord est finalement trouvé le puis validé par le conseil national du PS deux jours plus tard[2]. Un candidat de gauche unique est ainsi présent dans chaque circonscription avec une répartition basée sur les derniers résultats électoraux de chaque parti, avec une priorité donnée aux députés sortants. Le PS obtient 70 circonscriptions et en remporte une trentaine, lui permettant de sauver son groupe parlementaire[3].
Des tensions apparaissent néanmoins rapidement dès l'engagement des discussions avec le parti de Jean-Luc Mélenchon : de nombreux cadres historiques, les « éléphants », sont farouchement hostiles à toute alliance avec LFI, notamment Anne Hidalgo, Stéphane Le Foll et Carole Delga[4]. Certains annoncent, à la suite de l’approbation de l'accord, leur départ du parti comme l'ancien premier ministre Bernard Cazeneuve[5].
Malgré le succès relatif de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES) aux législatives, Olivier Faure est fortement contesté en interne[6], certains élus souhaitant une sortie immédiate de la NUPES, y voyant une soumission à Jean-Luc Mélenchon[7], tandis que d'autres sont plus mesurés[8]. Le secrétaire sortant, qui joue son élection à un troisième mandat, veut lui poursuivre l'union de la gauche[9].
Le , le PS confirme que le corps électoral est d'environ 41 000 votants, soit quasiment le double que lors du précédent congrès de Villeurbanne.
Trois motions sont alors en lice, représentant chacune l'une des trois tendances du Parti socialiste vis à vis de la NUPES : favorable, réservée et hostile. De nombreux observateurs affirment que le résultat du congrès déterminera l'avenir de l'union de la gauche[10],[11].
Organisation du congrès
modifierLieu de réunion
modifierLe lieu de réunion choisi est le Centre des congrès du Palais du Pharo à Marseille, principale ville française du littoral méditerranéen de Provence (Sud-Est de la France), chef-lieu du département des Bouches-du-Rhône et préfecture de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur. C'est la première fois depuis 1937 et le 34e congrès national de la SFIO que les Socialistes organisent leur congrès dans cette ville.
Calendrier du congrès
modifier- : Conseil national de dépôt des contributions générales ;
- : Conseil national de synthèse - Dépôt des textes d’orientation ;
- : Vote sur les textes d’orientation ;
- du au : Congrès fédéraux ;
- : Vote sur la Première ou le Premier secrétaire ;
- du au : 80e congrès du Parti socialiste à Marseille ;
- du au : Vote des Premiers secrétaires fédéraux et des secrétaires de sections.
Un débat télévisé est organisé le sur France Info entre les trois candidats au poste de Premier secrétaire[12].
Contributions
modifierContributions générales
modifierPlusieurs contributions générales, ayant pour but de présenter et faire s'exprimer les différents courants du Parti, sont déposées[13] :
- Refondations ! déposée par des proches d'Anne Hidalgo et de Carole Delga comme Nicolas Mayer-Rossignol, Lamia El Aaraje, Claire Fita ou Patrick Kanner.
- Gagner ! Pour les socialistes, pour la gauche, pour les français déposée par Olivier Faure et les partisans de la NUPES.
- Osons ! déposée par Johanna Rolland, maire de Nantes et plusieurs élus locaux.
- Refonder, rassembler, gouverner déposée par le courant Debout les socialistes ! mené par Hélène Geoffroy, Marie-Arlette Carlotti, Patrick Mennucci, François Kalfon ou encore Jean-Christophe Cambadélis.
- Pour Christine et toutes les autres déposée par Fatima Yadani, Marie Le Vern et Cécillia Gondard, elle est la première contribution féministe de l'histoire du Parti socialiste.
- Le sens du combat déposée conjointement par des militants socialistes pro-Faure et issus du Mouvement des Jeunes Socialistes.
- Ancré à gauche et unitaire déposée par Laurent Baumel et Nora Mebarek.
Contributions thématiques
modifierUn grand nombre de contributions thématiques a été déposé sur l'art, l'Union européenne, la démocratie interne du Parti[14]...
Textes d'orientation
modifierTextes d'orientation déposés
modifier- Texte d'orientation 1 « Refonder, Rassembler, Gouverner » avec comme premier signataire Hélène Geoffroy. Il est soutenu entre autres par Jean-Christophe Cambadélis, Stéphane Le Foll et Rachid Temal et 1 200 signataires.
- Texte d'orientation 2 « Pour Gagner » avec comme premier signataire Olivier Faure. Il réunit les contributions Osons, Pour Christine, Combats socialistes et Ancré à gauche et unitaire. Il est soutenu entre autres par Boris Vallaud, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Laurent Baumel, Johanna Rolland, Pierre Jouvet et 60 premiers secrétaires fédéraux et plus de 4 500 signataires[15].
- Texte d'orientation 3 « Refondations » avec comme premier signataire le maire de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol. Il est soutenu entre autres par Michaël Delafosse, maire de Montpellier, Anne Hidalgo, maire de Paris et plus de 2 000 signataires[16].
Vote sur les textes d'orientations
modifierConditions de vote et corps électoral
modifierLe Parti socialiste est parmi les derniers partis politiques français à proposer un vote uniquement physique, à l'exception des socialistes de l'étranger, qui votent sur une plateforme internet dédiée. Les adhérents à jour de cotisation doivent se déplacer dans leur section ou leur fédération départementale pour voter, à bulletin secret, de 17h à 22h. Il a été décidé de rendre possible le fait de se mettre à jour de cotisation le jour du vote et ainsi permettre aux adhérents ou ex-adhérents ayant cotisé en 2019 pour la dernière fois de voter au congrès (en rattrapant donc leurs cotisations de 2020, 2021 et 2022).
Résultats[17] | |||||
---|---|---|---|---|---|
Textes d'orientation | Titre | Premier signataire | Résultat | ||
Voix | % | ||||
2 | Pour Gagner ! | Olivier Faure | 11 277 | 49,15 % | |
3 | Refondations | Nicolas Mayer-Rossignol | 7 001 | 30,51 % | |
1 | Refonder - Rassembler - Gouverner | Hélène Geoffroy | 4 666 | 20,34 % | |
Inscrits | 42 365 | 100,00 | |||
Votants | 23 185 | 54,76 | |||
Abstentions | 19 180 | 45,24 | |||
Suffrages exprimés | 22 944 | 99,41 | |||
Blancs ou nuls | 241 | 0,59 |
Élection du premier secrétaire
modifierCandidats
modifierNom et âge | Fonctions et notes | |
---|---|---|
Olivier Faure (54 ans) |
| |
Nicolas Mayer-Rossignol (45 ans) |
|
Vote
modifierLes premiers signataires des deux motions ayant récolté le plus de voix peuvent se présenter à l'élection du Premier secrétaire du Parti socialiste. Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol s'affrontent ainsi le . Le vote se déroule selon les mêmes dispositions que pour le vote sur les motions, en présentiel, à bulletin secret, dans les sections ou les fédérations départementales de 17h à 22h.
Résultats et contestations
modifierDurant le dépouillement la nuit qui suit le vote, les deux candidats revendiquent la victoire[18], une situation qui n'est pas sans rappeler le congrès de Reims de 2008 qui avait vu la victoire de justesse de Martine Aubry sur Ségolène Royal sur fond d'accusations d'irrégularités[19]. Au matin du , le Parti socialiste proclame la victoire d'Olivier Faure et son élection à un troisième mandat avec 50,83 % des voix[20]. Le maire de Rouen et ses soutiens contestent néanmoins les résultats[21].
Une commission de récolement, chargée de recompter les voix, se réunit finalement le [22] et confirme après vérification des irrégularités la victoire de Olivier Faure avec cette fois 51,09 % des suffrages[23]. Le scrutin est également validé par un huissier[24].
Nicolas Mayer-Rosignol poursuit néanmoins sa contestation des résultats du scrutin, dénonçant un « passage en force »[25], et les fraudes « ayant lieu depuis trop longtemps » au sein du parti[26] et demande la création d'une direction collégiale[27]. Son adversaire affirme de son côté n'avoir « aucun doute » et que le résultat est « incontestable »[28].
Le déroulement du vote laisse alors craindre un affrontement fratricide lors du congrès[29],[30].
| ||||||||||||||
Congrès de Marseille (2023) | ||||||||||||||
Corps électoral et résultats | ||||||||||||||
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Inscrits | 42 365 | |||||||||||||
Votants | 23 759 | |||||||||||||
56,08 % | ||||||||||||||
Blancs et nuls | 232 | |||||||||||||
Olivier Faure – PS | ||||||||||||||
Voix | 12 020 | |||||||||||||
51,09 % | ||||||||||||||
Nicolas Mayer-Rossignol – PS | ||||||||||||||
Voix | 11 507 | |||||||||||||
48,91 % | ||||||||||||||
Premier secrétaire du Parti socialiste | ||||||||||||||
Sortant | Élu | |||||||||||||
Olivier Faure | Olivier Faure | |||||||||||||
modifier - modifier le code - voir Wikidata |
Synthèse
modifierLa crise se résout le samedi avec la confirmation de la réélection d'Olivier Faure au poste de Premier secrétaire à la quasi-unanimité des délégués au Congrès[31]. Après de longues négociations entre les trois premiers signataires des trois motions, un "pacte de gouvernance" est annoncé le même jour, avec Olivier Faure en tant que Premier secrétaire, et Nicolas Mayer-Rossignol et Johanna Rolland en tant que Premiers secrétaires délégués, alors qu'Hélène Geoffroy qui ne souhaite pas intégrer le secrétariat national devient présidente du Conseil national[31].
Après le vote des Premiers secrétaires fédéraux et des secrétaires de sections en février, la motion 2 menée par Olivier Faure acquiert la majorité absolue au Conseil National du Parti[32].
Nouvelle direction
modifierSecrétariat national
modifier- Premier secrétaire : Olivier Faure
- Premiers secrétaires délégués : Nicolas Mayer-Rossignol et Johanna Rolland
- Secrétaire nationale chargée de la coordination et des moyens du parti : Corinne Narassiguin
- Secrétaire national adjoint chargé de la coordination : Christophe Clergeau
- Secrétaire général : Pierre Jouvet
- Trésorière : Fatima Yadani
- Porte-paroles du Parti socialiste : Lounes Djroud, Rémi Cardon, Luc Carvounas, Dieynaba Diop, Jérôme Guedj, Fatiha Keloua Hachi, Céline Hervieu, Anna Pic, Chloé Ridel et Stéphane Troussel
- Présidente du Conseil national : Hélène Geoffroy
Notes et références
modifier- « Réforme des statuts », sur Parti socialiste (consulté le )
- « Législatives: le Conseil national des socialistes valide l'accord avec les insoumis », sur BFMTV (consulté le )
- « Législatives : le PS sauve son groupe à l'Assemblée », Les Échos, (consulté le )
- « Faure contre les éléphants : le PS se déchire en public à propos de l’accord avec LFI », sur Le HuffPost, (consulté le )
- « Bernard Cazeneuve quitte le PS après l’accord passé avec LFI, « une formation politique dont j’ai eu à subir la violence » », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « Faure répond à Cazeneuve : il n’est pas « toutouisé » par Mélenchon », L'Obs, (consulté le )
- « Parti socialiste. Si elle l'emporte, Hélène Geoffroy veut sortir de la Nupes », sur Tribune de Lyon, (consulté le )
- « Candidat à la tête du Parti Socialiste, Nicolas Mayer-Rossignol fait campagne à Cherbourg », sur actu.fr (consulté le )
- « Manifeste pour "une autre gauche" : le socialiste Olivier Faure fustige les "gens qui cherchent à créer de la tension" », sur Franceinfo, (consulté le )
- Olivier Biffaud, « L'avenir du PS va sceller celui de la Nupes », sur Slate.fr, (consulté le )
- Julien Duffé et Pierre Maurer, « Au congrès du PS, Olivier Faure joue son avenir et celui de la Nupes », Le Parisien, (consulté le )
- « Parti socialiste : ce qu'il faut retenir du débat entre les trois candidats à la tête du parti », sur Franceinfo, (consulté le )
- « Les contributions générales », sur Parti Socialiste (consulté le )
- « Les contributions thématiques », sur Parti Socialiste (consulté le )
- « Les signataires », sur Gagner ! (consulté le )
- « Qui ? », sur Refondations, (consulté le )
- À propos de l'auteur Parti socialiste Twitter Site web, « Résultat du vote du jeudi 12 janvier 2023 sur les textes d’orientation dans le cadre du 80e Congrès du Parti socialiste », sur Parti Socialiste (consulté le )
- Julien Duffé, « Congrès du PS : la nuit où Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol ont revendiqué la victoire », Le Parisien, (consulté le )
- Sacha Nelken et Charlotte Belaïch, « Congrès PS : Olivier Faure revendique la victoire, Nicolas Mayer-Rossignol aussi », Libération (consulté le )
- « Le Parti socialiste annonce la réélection d’Olivier Faure au terme d’une nuit de contestation », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « « On ne les laissera pas voler le congrès » : le Parti socialiste bascule dans la crise », L'Obs, (consulté le )
- Pierrick Baudais, « Congrès du PS : nouvelle journée de confusion, Faure réaffirme sa victoire », Ouest-France,
- Lucas Biosca et Sacha Nelken, « PS : Faure déclaré vainqueur par le parti, Mayer-Rossignol dénonce des «fraudes électorales» », Libération (consulté le )
- « Crise à la tête du PS: un huissier appelé pour valider les résultats du vote des adhérents », sur BFMTV,
- « Le PS confirme Olivier Faure vainqueur, Nicolas Mayer-Rossignol dénonce un «passage en force» », Le Figaro, (consulté le )
- « Crise au PS : "La fraude a cours depuis trop longtemps", dénonce Nicolas Mayer-Rossignol sur franceinfo », sur Franceinfo, (consulté le )
- « Crise au PS : Nicolas Mayer-Rossignol dénonce des "pratiques qui relèvent de la fraude" au sein du parti », sur Orange Actualités, (consulté le )
- « Crise au PS : "Je n'ai aucun doute, il y a un résultat qui est incontestable", assure Olivier Faure », sur Franceinfo, (consulté le )
- « Crise au PS : résultat "incontestable", "passage en force"... Que va-t-il se passer maintenant ? », sur Franceinfo, (consulté le )
- Pierre Maurer, « PS : «On est en train de se suicider»… les clans de Faure et de Mayer-Rossignol plus divisés que jamais », Le Parisien, (consulté le )
- « Au Parti socialiste, Olivier Faure confirmé comme premier secrétaire, Nicolas Mayer-Rossignol devient délégué », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « Olivier Faure majoritaire au conseil national du Parti socialiste », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )