Conservatisme (optimisation)

En optimisation, introduire du conservatisme dans un problème d'optimisation consiste à introduire un problème d'optimisation , généralement plus simple à résoudre que , et dont la résolution permet d'obtenir une solution admissible (éventuellement sub-optimale) au problème initial . On dit alors que est une version conservative de . L'absence de solution à ne permet cependant pas de conclure sur la faisabilité du problème initial . Pour le dire autrement, une solution admissible au problème implique l'existence d'une solution admissible au problème , mais la réciproque n'est pas vérifiée[1],[2].

Définition

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Le conservatisme est une notion dont la définition formelle est souvent relative à son contexte d'utilisation. Par exemple, si et sont deux problèmes d'optimisation de même dimension cherchant à résoudre un même problème initial , on dit généralement que est moins conservatif que si , l'ensemble des solutions admissibles de , occupe un volume plus grand que , l'ensemble des solutions admissibles de [2]. Formellement :

En particulier, cela ne signifie pas forcément que résoudre via soit toujours avantageux par rapport à suivant où sont situés les ensembles et . De plus, la comparaison en terme de volume n'a pas forcément de sens dans tous les contextes (par exemple ce volume est toujours nul en optimisation discrète). On compare parfois uniquement les ensembles solutions en terme d'inclusion, soit . Dans ce cas, on peut dire que le problème relaxe le conservatisme du problème .

Exemple

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Problème A — On cherche tel que l'inégalité matricielle suivante soit vérifiée pour tout tel que

avec des fonctions affines à valeur dans l'espace des matrices symétriques réelles, c'est-à-dire de la forme

pour tout .

Ce problème A est connu pour être particulièrement difficile à résoudre. Il est néanmoins possible d'introduire du conservatisme dans sa formulation afin de le résoudre à l'aide de techniques d'optimisation SDP, par exemple en trouvant un tel solution via les problèmes B1, B2 ou B3[3],[4].

Problème B1 — On cherche tel que l'inégalité matricielle linéaire suivante soit vérifiée pour tout
Problème B2 — On cherche tel que l'inégalité matricielle linéaire suivante soit vérifiée pour tout
Problème B3 — On cherche et tels que et que les inégalités matricielles linéaires suivantes soient vérifiées pour tout

Trouver une solution à un seul de ces problèmes d'optimisation fournit une solution au problème A. En général, le problème d'optimisation B3 est considéré comme moins conservatif que le problème d'optimisation B2, lui-même étant moins conservatif que le problème d'optimisation B1. Dans tous les cas, ne pas trouver de solution aux problèmes B1, B2 et B3 n'exclut pas qu'une solution existe au problème A.

Voir aussi

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Notes et références

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  1. (en) Ernst Roos et Dick den Hertog, « Reducing Conservatism in Robust Optimization », INFORMS Journal on Computing,‎ (ISSN 1091-9856 et 1526-5528, DOI 10.1287/ijoc.2019.0913, lire en ligne, consulté le )
  2. a et b (en) Aharon Ben-Tal, Laurent El Ghaoui et Arkadi Nemirovski, « Robust Optimization », Princeton University Press,‎ (DOI 10.1515/9781400831050, lire en ligne, consulté le )
  3. (en) A. Kruszewski, A. Sala, T.M. Guerra et C. Arino, « A Triangulation Approach to Asymptotically Exact Conditions for Fuzzy Summations », IEEE Transactions on Fuzzy Systems, vol. 17, no 5,‎ , p. 985–994 (ISSN 1063-6706 et 1941-0034, DOI 10.1109/tfuzz.2009.2019124, lire en ligne, consulté le )
  4. (en) A. Kruszewski, A. Sala, T. M. Guerra et C. Arino, « Sufficient and asymptotic necessary conditions for the stabilization of Takagi-Sugeno model », IFAC Proceedings Volumes, 3rd IFAC Workshop on Advanced Fuzzy and Neural Control, vol. 40, no 21,‎ , p. 55–60 (ISSN 1474-6670, DOI 10.3182/20071029-2-FR-4913.00010, lire en ligne, consulté le )