Constantin et Doruntine

légende et ballade albanaise

Constantin et Doruntine (albanais : Kostandini dhe Doruntina) ou Le Serment de Constantin (albanais : Besa[1] e Kostandinit) est une ballade et une légende albanaise. Elle a sa version en prose[2] et fut aussi contée par Ismail Kadaré dans Qui a ramené Doruntine ?[3]. Ce roman fut mis en scène en 1988 au Théâtre national dans une adaptation d'Edmond Budina (en) et de Pirro Mani (sq)

Timbre albanais illustrant la légende de Constantin et Doruntine

Doruntine est la seule fille d'une fratrie de treize enfants, et quand elle est demandée en mariage par un prince étranger lointain, personne n'est d'accord pour la laisser partir, à part Constantin, le plus jeune des douze frères, qui la souhaite heureuse et qui promet à leur mère qu'il ramènera Doruntine à chaque fois qu'elle voudra la revoir. Sur cette promesse, leur mère consent au mariage, suivie des douze frères, avant qu'ils ne meurent tous à la guerre.

La mère a du mal à supporter la mort de tous ses garçons, surtout qu'elle n'a plus sa fille près d'elle, et dans son chagrin et sa détresse elle maudit Constantin de lui avoir fait une promesse qu'il ne peut plus tenir.

Ayant entendu la malédiction, Constantin se réveille de sa tombe et en sort pour ramener Doruntine, car la malédiction d'une mère, même après la mort, est pire que tout. Il retrouve Doruntine en train de danser lors de Pâques, et lui apprend la mort de tous ses frères, ce qu'elle ignorait. Constantin lui dit de revenir immédiatement et la prend sur son cheval. Elle l'observe et lui trouve l'air fatigué et plein de poussière, mais il lui répond que c'est à cause du long voyage qu'il a dû faire pour la retrouver, et elle ne peut savoir qu'il est déjà mort. Lorsqu'ils arrivent à la maison, il la laisse à la porte et lui dit qu'il doit aller à l'église, mais au lieu de cela, il retourne dans sa tombe.

Lorsqu'elle dit à sa mère que c'est Constantin qui l'a ramenée, elle lui apprend qu'il est mort, et toutes deux sont sous le choc.

Version de Kadaré

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La version de Kadaré et la version théâtrale sont beaucoup plus complexes et font intervenir un enquêteur et la mort qui est aussi le narrateur. Il analyse toutes les hypothèses de cet étrange phénomène, car personne ne peut accepter la résurrection des morts. Après de nombreux entretiens avec de nombreuses personnes, il finit par arriver à la conclusion que le besa peut surmonter la vie et la mort des humains.

Pour Kadaré, la légende est pré-chrétienne, d'où le motif de la résurrection des morts.

Galerie

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Traduction depuis l'anglais

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Robert Elsie en a fait une traduction depuis la version de Margëlliç (aujourd'hui Margariti, en Épire) Kostandini e Dhoqina[4], ballade toujours chantée dans la région de nos jours[5].


Il y a longtemps une mère

Qui avait une fille et neuf fils

Tous des gars audacieux

La fille se nommait Dhoqina

Une jeune fille pas encore mariée

Agile comme un épervier.

De très loin vint une lettre

Lui demandant sa main

Ce que les frères ne voulaient pas

Sauf le plus jeune

Sauf Constantin

Jours et mois passèrent

Puis elle alla se marier au loin

Elle voyagea pendant sept jours

Et ses frères aussi partirent

Mais pour aller faire la guerre au loin

Et combattre la Russie

Ils tombèrent au champ d'honneur

Et leur mère devint veuve

"Constantin, mon fils, où est-tu ?

Qu'en est-il de ton serment ?"

Ainsi se lamentait-elle

Regrettant sa fille

Quand Constantin surgit de sa tombe

Qui se transforma en étalon

La terre du cimetière devint selle

Et il enfourcha son cheval noir

Traversant toutes les montagnes

Il voyagea lentement mais sûrement

Passant sept massifs alpins

Et trouva sa sœur en train de danser

"Oh Dhoqqina Dhoqina

Ne te languis-tu pas de ta famille ?

Des larmes coulent sur le visage de ta mère

Qui pleure pour voir sa fille"

"Apportes-tu de bonnes ou de mauvaises nouvelles ?"

"Viens avec moi maintenant, ma sœur

Viens dans ces vêtements"

Il la mit sur le cheval

Et les oiseaux dans les montagnes chantaient

"sili viu, tsili viu,

Les avez-vous vus, les avez-vous vus ?

Un mort chevauchant avec une vivante"

Puis Dhoqina demanda à son frère

"Ô Constantin, mon cher frère,

Qu'est-il arrivé, qu'est-ce qu'il y a ?

Qu'y a-t-il dans tes cheveux de si éblouissant

Et qui m'aveugle presque ?"

"Ne t'en fais pas ma chère sœur,

C'est juste la poussière soulevée par la route"

"Ô Constantin, mon cher frère,

Qu'est-ce qu'il y a avec notre maison ?

Pourquoi a-t-elle été repeinte ?

A-t-elle frappée par le sort ?"

"Ne t'inquiète pas, belle Dhoqina,

C'est juste notre mère qui a vieilli,

Elle n'aime plus les couleurs,

Elle a donc fait repeindre la maison en noir,

Comme symbole de sa vieillesse,

Rien de plus, rien de moins"

Lui dit-ol à l'arrivée.

"Saute du cheval, belle Dhoqina

Va dans la maison, ma chère sœur,

J'y serai avec toi dans un instant"

Constantin s'en alla

Retrouver sa tombe

Dhoqina franchit le seuil de la porte,

"Ouvre la porte, mère, c'est Dhoqina"

"Qui prétend être Dhoqina ?

Que la foudre te frappe !

Qui t'a conduit sur le seuil de ma porte ?

Tous mes fils sont partis et ont péri"

"Ouvre la porte, chère mère,

Car je suis revenu avec mon frère,

Je suis venue avec Constantin à cheval."

"Constantin est parti et a péri,

Il est tombé sur le champ de bataille,

Son corps s'est flétri et transformé en poussière."

Puis elle ouvrit la porte et

Vut sa fille sur le seuil,

Les deux femmes moururent dans la seconde

Articles connexes

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Notes et références

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