Coq (logiciel)

assistant de preuve
(Redirigé depuis Coq (Logiciel))

Coq est un assistant de preuve utilisant le langage Gallina, développé par l'équipe PI.R2[2] de l’Inria au sein du laboratoire PPS du CNRS et en partenariat avec l'École polytechnique, le CNAM, l'université Paris Diderot et l'université Paris-Sud (et antérieurement l'École normale supérieure de Lyon).

Coq
Description de l'image Coq logo.png.
Description de cette image, également commentée ci-après
Informations
Développé par INRIA, Université Paris Diderot, École polytechnique, Université Paris-Sud, École normale supérieure de Lyon
Première version Voir et modifier les données sur Wikidata
Dernière version 8.20.0 ()[1]Voir et modifier les données sur Wikidata
Dépôt Coq sur GitHub
État du projet  En développement actif
Écrit en OCaml et CVoir et modifier les données sur Wikidata
Système d'exploitation MultiplateformeVoir et modifier les données sur Wikidata
Langues Anglais
Type Assistant de preuve
Politique de distribution Gratuit et open source
Licence GNU LGPL 2.1
Site web coq.inria.frVoir et modifier les données sur Wikidata

Le nom du logiciel (initialement CoC) est particulièrement adéquat car : il est français ; il est fondé sur le calcul des constructions (CoC abrégé en anglais) introduit par Thierry Coquand. Dans la même veine, son langage est Gallina et Coq possède un wiki dédié, baptisé Cocorico!.

En 2013, Coq a été récompensé du Programming Languages Software Award par l'ACM SIGPLAN[3]. Coq a reçu en 2022 le premier prix science ouverte du logiciel libre de la recherche dans la catégorie « scientifique et technique »[4].

Historique du projet

modifier

Au début des années 1980, Gérard Huet lance un projet de fabrication d’un démonstrateur interactif de théorème. Il s'agit d'un assistant de preuve. Thierry Coquand et Gérard Huet conçoivent la logique de Coq et le calcul des constructions. Christine Paulin-Mohring étend cette logique avec une nouvelle construction, les types inductifs et un mécanisme d’extraction qui permet d’obtenir automatiquement un programme zéro défaut à partir d’une preuve[5].

Caractéristiques du logiciel

modifier

Coq est fondé sur le calcul des constructions, une théorie des types d'ordre supérieur, et son langage de spécification est une forme de lambda-calcul typé. Le calcul des constructions utilisé dans Coq comprend directement les constructions inductives, d'où son nom de calcul des constructions inductives (CIC).

Coq a été récemment doté de fonctionnalités d'automatisation croissantes. Citons notamment la tactique lia qui décide l'arithmétique de Presburger[6], les tactiques field et ring pour manipuler des expressions polynomiales et rationnelles.

Plus particulièrement, Coq permet :

  • de manipuler des assertions du calcul ;
  • de vérifier mécaniquement des preuves de ces assertions ;
  • d'aider à la recherche de preuves formelles ;
  • de synthétiser des programmes certifiés à partir de preuves constructives de leurs spécifications.

C'est un logiciel libre distribué selon les termes de la licence GNU LGPL.

Parmi les grands succès de Coq, on peut citer :

Éléments du langage

modifier

Coq utilise la correspondance de Curry-Howard. La preuve d'une proposition est vue comme un programme dont le type est cette proposition. Pour définir un programme ou une preuve, il faut :

  • soit l'écrire dans le langage Gallina, proche du langage de programmation fonctionnelle OCaml ;
  • soit déclarer son type (ou la proposition que l'on veut démontrer). Le langage Ltac permet alors de définir cette preuve/programme par chaînage arrière, de façon interactive. Cette méthode est privilégiée pour les preuves mathématiques car Coq est alors capable de deviner certaines étapes intermédiaires. Des procédures entièrement automatiques existent pour certains fragments de logique ou d'arithmétique.

Diverses fonctionnalités permettent par ailleurs de définir un programme en Gallina en y laissant des trous correspondant à des preuves à fournir, et ensuite compléter ces trous à l'aide du prouveur interactif.

Il est aussi possible d'utiliser SSReflect à la place de Ltac. Autrefois développé séparément, il est maintenant inclus par défaut dans Coq.

Exemples de programmes

modifier
Require Import Nat.

Fixpoint factorielle n :=
  match n with
  | 0 => 1
  | S p => n * factorielle p
  end.
  • La fonction factorielle (avec Ltac) :
Require Import Nat.

Definition factorielle (n : nat) : nat.
  (* On fait une définition par récurrence *)
  induction n.
  - (* Si l'argument est 0, on retourne 1 *)
    exact 1.
  - (* Si l'argument de la forme (S n), on retourne un produit *)
    apply Nat.mul.
    + (* 1er facteur du produit : le successeur de n *)
      exact (S n).
    + (* 2nd facteur du produit : valeur de factorielle en n *)
      exact IHn.
  (* On indique que la définition est terminée et que l'on souhaite pouvoir calculer cette fonction. *)
Defined.

Exemple de démonstration (avec Ltac)

modifier
Require Import Lia.

Lemma odd_or_ind : forall (n : nat),
    (exists (p : nat), n = 2 * p) \/ (exists (p : nat), n = 1 + 2 * p).
Proof.
  intro n.
  induction n.
  - (* Cas 0 *) left. now exists 0.
  - (* Cas (n + 1) *)
    destruct IHn as [[p Hpair] | [p Himpair]].
    + (* n est pair *)
      right. exists p. auto.
    + (* n est impair *)
      left. exists (S p). lia.
  (* On indique que la preuve est terminée et qu'elle ne sera pas utilisée comme un programme. *)
Qed.

Notes et références

modifier
  1. « Release Coq 8.20.0 »,
  2. « Bienvenue », sur univ-paris-diderot.fr (consulté le ).
  3. « Programming Languages Software Award » (consulté le )
  4. « Remise des prix science ouverte du logiciel libre de la recherche », (consulté le )
  5. binaire, « Christine Paulin et les Logiciels Zéro Défaut », sur binaire, (consulté le )
  6. L'arithmétique de Presburger, contrairement à l'arithmétique usuelle due à Peano, est une théorie complète, c'est-à-dire que pour tout énoncé de son langage on peut décider si c'est un théorème de la théorie ou non (sa négation étant alors théorème). Cette arithmétique de Presburger, qui n'a pas d'axiome pour la multiplication, échappe donc à l'incomplétude énoncée par le théorème d'incomplétude.
  7. (en) « Feit-Thompson theorem has been totally checked in Coq », Msr-inria.inria.fr, (consulté le ).
  8. Patrick Massot, « Pourquoi raconter des maths à un ordinateur », La Recherche (magazine),‎ (lire en ligne)
  9. « Le défi du « castor », une conjecture mathématique vieille de plus de 30 ans, résolu par une équipe constituée en partie d’« amateurs » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

modifier

Liens externes

modifier