Cornelius Sulla
Les Cornelii Rufini Sullae sont des patriciens romains membres d'une branche de la gens des Cornelii.
Sous la République | Rufinus, Sulla, Felix |
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Légende :
♦Patricien, ♦Plébéien, ♦Consulaire, ♦Sénatorial, ♦Équestre
Dictature | 3 fois |
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Consulat | 14 fois |
Apparus en 333 av. J.-C. avec le dictateur Publius Cornelius Rufinus, Rufinus signifie « le petit roux » mais le cognomen est abandonné et on lui substitue celui de Sulla qui signifie « qui a le teint couleur viande de porc » ou « petite jambe » selon les sources.
Plusieurs hypothèses expliquent ce changement, soit le cognomen est abandonné après la condamnation et l'exclusion du Sénat de Publius Cornelius Rufinus en 275 av. J.-C. par les censeurs Caius Fabricius et Quintus Aemilius Papus, soit Servius Cornelius Rufus qui s'était illustré durant la troisième guerre de Macédoine au côté de Lucius Aemilius Paullus Macedonicus, jugeant certainement le « Rufus » de mauvais augure, l'abandonna et prit le cognomen de « Sylla » donné à son père, seul.
Le membre le plus illustre de la branche est Sylla, dictateur au dernier siècle de la République, vainqueur de Mithridate et de Caius Marius.
C'est une illustre famille de la Rome antique qui est peut-être à l'origine de l'actuelle Maison Ruffo.
Origines : l'hypothèse romaine
modifierLes Ruffo actuels descendraient de la gens patricienne Cornelia Rufa ou Rufina[1]. Celle-ci donna de nombreux magistrats, gouverneurs et généraux et semble avoir été très puissante à Pompéi, étant donné les nombreuses inscriptions que l'on y trouva et la riche demeure dite de Cornelius Rufus. Cette origine est rapportée par de nombreux historiens et par la tradition séculaire mais néanmoins, rien ne l'atteste formellement.
Les Rufi romains appartenaient à cette illustre gens Cornelia, la plus illustre entre toutes dont les membres occupèrent un peu plus de trente pour cent des consulats sous la république. Ces Rufi partageaient donc un ancêtre commun avec les familles les plus puissantes de Rome telles celles des Scipions, Cethegi, Cinnae, Cossi, Dolabella, Lentuli ou Maluginensis.
La branche des Cornelii Rufi est certainement la moins illustre de ces grandes maisons. Pourtant, elle fut très tôt promise comme ses cousines aux plus hauts honneurs. Elle donna ainsi un dictateur en 334 av. J.-C. en la personne de Publius Cornelius Rufinus pour ce qui fut la toute première année de dictature de la république romaine. Son fils et homonyme, Publius Cornelius P. f. Rufinus, homme avare et grand chef de guerre, fut élu consul à deux reprises en -290 et -277 et dictateur en -276. Il sema la terreur parmi les Samnites et les Bruttiens, s'empara de Crotone par la ruse mais si l'on se souvient de lui, c'est davantage pour la flétrissure qu'il reçut que pour ses exploits martiaux. En effet, au faîte de la gloire, il fut accusé par le censeur Fabricius[2], son ancien allié, de posséder plus de dix livres de vaisselle d'argent et d'être corrompu. Cette contravention à la loi le fit chasser du sénat et la famille Rufa devint une famille modeste, patricienne certes mais de second plan. Elle dut se contenter de magistratures mineures et n'obtint aucun consulat jusqu'à celui de Lucius Cornelius Sylla en -88.
De Rufini en Sullae
modifierOr en -212, en pleine deuxième guerre punique, devant les défaites cinglantes que Hannibal infligeait aux armées de Rome, le Sénat décréta des jeux en l'honneur d'Apollon. L'origine de ces jeux se trouve dans la découverte d'un nouveau livre de prédiction, les Carmina Marciana. Les Romains consultèrent les livres sibyllins qui firent la même prédiction, qui suggérait donc d'honorer Apollon par des jeux grandioses. Ce furent les premiers jeux apollinaires promis dès lors à une glorieuse longévité. Le sénat chargea alors le préteur urbain de cette année de leur organisation et il lui alloua une importante somme d'argent. Ce préteur n'était autre qu'un certain Publius Cornelius Rufus, descendant des deux autres. À cause de ces jeux, le préteur fut surnommé Sibylla ou Sylla (orthographié souvent Sulla).
C'est pourquoi son fils Servius Cornelius Rufus qui s'était illustré durant la troisième guerre de Macédoine au côté de Lucius Aemilius Paullus Macedonicus, jugeant certainement le « Rufus » de mauvais augure, l'abandonna et prit le cognomen de « Sylla », seul. C'est ainsi qu'au sein de cette modeste famille sénatoriale naquit le grand Lucius Cornelius Sylla (-138 à -78), plus connu sous le simple nom de Sylla. Ce dernier, vainqueur de Jugurtha et de Mithridate, adversaire de Marius fut le chef des optimates et le premier imperator à marcher sur Rome. Il fut deux fois consul et dictateur "rei publicae constituendae causa" de -82 à -79 et laissa le souvenir d'un tyran. C'est lui qui fit la fortune de Pompée auquel il décerna le titre de "Grand" et les honneurs du triomphe, il fit celle de Crassus aussi, grâce aux nombreuses proscriptions qu'il décréta et ses réformes conservatrices durèrent un demi-siècle au moins.
Les Rufi et Sullae continuent à se distinguer longtemps sous l'empire, notamment les Sullae qui au Ier siècle appartiennent à la famille impériale. Cette famille patricienne est connue pour être très tôt devenue chrétienne. Ainsi, un certain sénateur, nommé Pudens Rufus, époux de Claudia Rufina, cité dans les Actes des apôtres comme chrétien, appartiendrait à la gens Cornelia Rufa, durant le principat de Néron. De même sainte Rufine, martyre du IIIe siècle appartiendrait aux gentes romaines Caecillia et Cornelia Rufina[3].
Cornelii Rufini (ou Rufi) et Sullae
modifier- Publius Cornelius Rufinus, dictateur en -334 pour guerroyer contre les Samnites, il se résigna à la suite d'augures défavorables.
- Publius Cornelius P. f. Rufinus, consul en -290 et -277, et dictateur en -276, grand chef de guerre il combattit Pyrrhus Ier, les Grecs, les Samnites et les Bruttiens. Par la suite, il fut chassé du sénat pour corruption, c'est-à-dire qu'il avait montré un luxe excessif.
- Publius Cornelius P. n. Rufinus Sulla, Flamen Dialis, et préteur en 212.
- Publius Cornelius P. f. Sulla, préteur en 186, obtint la Sicile comme province[4].
- Servius Cornelius P. f. Sulla, procurateur, envoyé pour assister Lucius Aemilius Paullus Macedonicus dans les affaires de Macédoine en -167[5].
- Lucius Cornelius P. f. P. n. Sulla, père du dictateur Lucius Cornelius Sulla[6].
- Lucius Cornelius L. f. P. n. Sulla Felix, dit Sylla (138-78 av. J.-C.), consul en -88 et -80, et dictateur rei publicae constituendae causa de -81 à -79.
- Servius Cornelius L. f. P. n. Sulla, frère du dictateur[7],[8].
- Cornelia Sylla, fille du dictateur par sa première femme, Ilia ou Julia; mariée d'abord à Quintus Pompeius Rufus, et après sa mort, à Mamercus Aemilius Lepidus Livianus.
- Cornelius L. f. L. n. Sulla, fils du dictateur par sa quatrième femme, Caecilia Metella, mourut avant son père[9],[10].
- Faustus Cornelius Sulla, questeur en -54, et futur partisan de Pompée, tué peu après la bataille de Thapsus.
- Fausta Cornelia L. f. L. n., sœur jumelle de Faustus Cornelius Sulla.
- Postuma Cornelia L. f. L. n., fille du dictateur par sa cinquième femme, Valeria.
- Publius Cornelius Ser. f. L. n. Sulla, élu consul en -66, mais disqualifié de sa charge à cause de ses liens avec la première conjuration de Catilina, général de César à la bataille de Pharsale.
- Servius Cornelius Ser. f. L. n. Sulla, prit part aux deux conspirations de Catilina[11],[12].
- Publius Cornelius P. f. Ser. n. Sulla, père de Lucius Cornelius Sulla, consul en -5[13].
- Lucius Cornelius P. f. P. n. Sulla, consul en -5[14],[15].
- Lucius Cornelius L. f. P. n. Sulla Felix, consul en 33 ap. J.-C[16],[17].
- Lucius Cornelius (L. f. L. n.) Sulla, consul suffect en 52[18].
- Faustus Cornelius Sulla Felix, consul en 52, cousin de Neron, gendre de Claude et demi-frère de Messaline, fut mis à mort par Neron en 63.
- Cornelius Sulla, gouverneur de Cappadoce, mis à mort par Héliogabale[19].
- Faustus Cornelius Sulla Felix Barbatullus, consul en 60.
Une rameau cadet de cette famille serait allé s'installer à Constantinople au temps de l'empereur Constantin le Grand. Alors que les Rufi occidentaux sombrent définitivement dans l'oubli, cette branche orientale reste au sommet de l'aristocratie romaine.
Notes et références
modifier- Cette hypothèse sur l'origine romaine des Ruffo n'est attestée par aucun écrit ni aucune preuve tangible, cependant elle fut rapportée avec force par la tradition tant par la tradition orale que par de nombreux historiens qui y donnèrent foi. Mais il semble plus exact car davantage certain que les Ruffo actuels soient issus d'une famille de chevaliers romains moins prestigieuse, les Antonii Rufi auxquels avait été déléguée la perception des impôts de Pannonie au IIe siècle :La Maison Ruffo. Au fil de l'Histoire Jusqu'au XVe siècle. Chapitre 3
- Tite-Live : Histoire romaine, Livre XI (Wikisource)
- Notons que Rufus est la contraction de Rufinus, ces deux formes sont équivalentes
- Tite Livius, Ab Urbe Condita xxxix. 6, 8.
- Titus Livius, Ab Urbe Condita xlv. 17.
- Plutarque, Vies parallèles des hommes illustres Sulla 1.
- Salluste, La conspiration de Catilina 17.
- Dion Cassius, Histoire romaine xxxvi. 27.
- Senec. Cons. ad Marc. 12.
- Plutarque, Vies parallèles des hommes illustres Sulla 37.
- Salluste, La conspiration de Catilina 17, 47.
- Ciceron, Pro Sulla 2.
- Ciceron, Epistulae ad Familiares xv. 17, Pro Sulla 31.
- Gaius Plinius Secundus, Histoire naturelle vii. 11. s. 13.
- Dion Cassius, Histoire romaine index, lib. lv.
- Dion Cassius, Histoire romaine lviii. 20.
- Tacite, Annales vi. 15.
- Fastes consulaires
- Dion Cassius, Histoire romaine lxxix. 4.