Le surnom de « coronapiste » a été donné aux aménagements cyclables provisoires créés lors de la pandémie de Covid-19 en dans le but de fluidifier la circulation urbaine, décongestionner les transports publics, favoriser le respect des distances de sécurité et encourager un mode de transport décarboné.

Coronapiste à Berlin.
Coronapiste en Pologne.

Durant la crise, ces aménagements sont promus notamment par des instances nationales ou internationales, telles que l'Organisation mondiale de la santé (OMS)[1] ou les gouvernements français et britannique.

Alors que certaines villes font le choix de les effacer rapidement, d'autres comme Paris ou Boston manifestent leur envie de les pérenniser[2]. D'autres encore comme Tokyo ou Londres annoncent la création d'aménagements pour répondre à la forte croissance du nombre de cyclistes depuis le début de la pandémie[3],[1].

Les villes qui ont créé de nouveaux aménagements à l'occasion de la pandémie ont vu le nombre de déplacements à vélo augmenter très significativement[4].

En Europe

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Durant la pandémie, les gouvernements et municipalités européennes ont promis d'installer un total de 2 315 km de coronapistes. Début juillet, plus de 1 000 km d'installations avaient été effectivement créés et maintenus[1].

Une étude publiée en a montré que la pérennisation des coronapistes en Europe permettrait d'économiser l'équivalent de 3 milliards de dollars américains chaque année en dépense de santé. De plus, il ressort de cette étude que chaque kilomètre de piste temporaire créé a permis de faire augmenter de 0,6 % la pratique du vélo dans la ville en question[1].

En Belgique

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Durant l'été , la Région bruxelloise trace 40 km de coronapistes, avec pour conséquences une diminution de 7 à 10 % du trafic automobile et une augmentation de 65 % du nombre de vélos[précision nécessaire][5].

En France

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Coronapiste avenue de Saint-Ouen à Paris.

Entre et (avant la pandémie de Covid-19), pendant une longue grève contre le projet de réforme des retraites qui a vidé les transports en commun de leurs voyageurs (offre réduite ou interruption de trafic), le trafic vélo a déjà augmenté[6].

En France, la plupart des grandes villes (comme Paris[7], Lyon[8], Nantes[9], Bordeaux[10], Nice[11], Montpellier et Toulouse[12]) ont créé de tels aménagements, pour un total de 500 nouveaux kilomètres de pistes[13], et beaucoup ont manifesté leur envie de les pérenniser à l'issue du confinement.

Alors que le gouvernement appelle les collectivités à pérenniser ces pistes, certaines villes (Besançon, Saint-Étienne, Argenteuil, Quimper, Marseille ou Aix-en-Provence) font le choix de les effacer[14].

Un sondage Ifop réalisé en révèle que les habitants de Paris, Lyon et Marseille souhaitent à 62 %, 75 % et 88 % respectivement la pérennisation de tous les aménagements cyclables provisoires[15],[13].

En Île-de-France, elles rencontrent un fort succès, en particulier en banlieue où elles sont plébiscitées par 64 % des habitants. Selon Stein van Oosteren, porte-parole du Collectif Vélo Île-de-France, ce n'est pas à Paris qu'a eu lieu la « dernière révolution du vélo » mais en banlieue. Ainsi, le Val-de-Marne a été le premier à réaliser un important réseau de 40 kilomètres de coronapistes, et les Hauts-de-Seine ont suivi quelque temps plus tard. La Seine-Saint-Denis a eu plus de mal a imposer un réseau cyclable malgré la volonté de son président Stéphane Troussel, en raison de nombreux véhicules stationnés dessus en permanence. Les départements de la grande couronne n'ont pas participé à la construction du réseau cyclable régional, où ce sont plutôt les agglomérations (comme Évry-Courcouronnes, Cergy-Pontoise ou Paris-Saclay) qui ont agi[16]. Leur pérennisation est soutenue par le plan « France Relance »[17].

Au Royaume-Uni

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Au Royaume-Uni, Londres et Leicester notamment ont installé des coronapistes. Celles de Londres ont rapidement été rendues semi-permanentes[1].

Références

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  1. a b c d et e (en) Carlton Reid, « Pop-Up Coronavirus Cycleways Deliver $3 Billion In Annual Health Benefits Across Europe », Forbes, .
  2. (en) Adam Vaccaro, « Boston to make new downtown bike network permanent », sur boston.com, The Boston Globe, .
  3. (en) « Tokyo’s bike lanes to expand as interest in cycling grows », Honolulu Star-Advertiser, .
  4. (en) Veronica Penney, « If You Build It, They Will Bike: Pop-Up Lanes Increased Cycling During Pandemic », The New York Times, .
  5. Simon Bourgeois, « Alors, rentrée chaotique sur les routes ? "Non, le bilan est bon, ça roule" », RTBF, (consulté le ).
  6. Nathalie Doménégo, « Conséquence de la grève : succès du vélo dans Paris », France Bleu, .
  7. MT, « Avenir des coronapistes, radars Crit'Air ou stationnement payant des deux-roues : les pistes de la mairie de Paris », sur francetvinfo.fr, France 3 Paris Île-de-France, .
  8. J.-P. C., « Conserver les coronapistes ? Trois Grands Lyonnais sur quatre sont pour, selon un sondage », Le Progrès, .
  9. Vincent Enjalbert, « Nantes. Les « coronapistes » à l’épreuve de la rentrée », Ouest-France, .
  10. Mickaël Bosredon, « Bordeaux : « Nous enregistrons une hausse de 10 à 15 % de cyclistes sur la métropole » », 20 Minutes, .
  11. Fabrice Pouliquen, « Faut-il graver dans le marbre les « coronapistes » dédiées au vélo ? », 20 Minutes, (consulté le ).
  12. Olivier Descamps, « Les pistes cyclables temporaires parties pour durer », La Gazette des communes, (consulté le ).
  13. a et b Frédéric Mouchon, « À Paris, Lyon, Marseille... les coronapistes et les terrasses élargies plébiscitées », Le Parisien, .
  14. « Ces coronapistes à peine tracées, déjà effacées à la demande de certains maires », sur radiofrance.fr, France Inter, .
  15. Mattis Meichler, « Paris, Lyon, Marseille : la limitation de la place de la voiture au profit du vélo plebiscitée », CNews, .
  16. Stein van Oosteren, « Les coronapistes marquent un tournant décisif dans la pratique du vélo en Île-de-France », sur enlargeyourparis.fr, .
  17. « E. Gay : "La pérennisation du réseau de pistes cyclables sanitaires est soutenue par France Relance" », sur Le journal du Grand Paris, (consulté le ).

Voir aussi

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Bibliographie

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Berlin :

  • (en) Sophia Becker, Dirk von Schneidemesser, Alexandre Caseiro, Katharina Götting, Seán Schmitz et Erika von Schneidemesser, « Pop-up cycling infrastructure as a niche innovation for sustainable transportation in European cities : An inter- and transdisciplinary case study of Berlin », Sustainable Cities and Society, vol. 87,‎ , article no 104168 (DOI 10.1016/j.scs.2022.104168).
  • (en) Philipp Schrauth, « The Causal Effect of Cycling Infrastructure on Traffic and Accidents : Evidence from Pop-Up Bike Lanes in Berlin », CEPA Discussion Papers, Center for Economic Policy Analysis (CEPA), université de Potsdam, no 48,‎ (DOI 10.25932/publishup-55335) SSRN 4333192.

Paris :

  • Jérôme Denis et Nolwenn Garnier, « Une expérimentation urbaine en temps de pandémie : les coronapistes à Paris », dans Hervé Dumez (dir.), Benjamin Loveluck (dir.) et Alexandre Mallard (dir.), Innover en temps de crise : Réactions et adaptations à la crise du Covid-19, Paris, Presses des Mines, coll. « Sciences sociales », , 204 p. (ISBN 978-2-35671-833-4, HAL hal-03609658, lire en ligne), p. 165–174.
  • (en) Marcel E. Moran, « Treating COVID with Bike Lanes : Design, Spatial, and Network Analysis of ‘Pop-Up’ Bike Lanes in Paris », Transport Findings,‎ (lire en ligne).

Articles connexes

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