Le corps politique est un concept de philosophie politique qui désigne l'ensemble des citoyens d'un État. Il a été introduit par Thomas Hobbes dans son De Cive.

Concept modifier

L’État, en tant qu'abstraction, n'est situé nulle part en particulier, et est donc partout. Il se trouve donc dans la pluralité des citoyens qui composent le corps politique[1]. Jean-Jacques Rousseau scinde, selon Bruno Bernardi, la théorie du corps politique en deux parties. Il y a, en premier, la question de la constitution du corps politique (sa souveraineté), et, ensuite, la question de l'administration du corps politique (son gouvernement)[2].

Dans ses cours de préparation à l'agrégation de philosophie, Émile Durkheim dressait un parallèle entre la science physique et la sociologie. Il énonce que « la science a pour objet tout ce qui est corps, et la société est un corps elle-même, elle est le corps politique. La science de la société fait donc partie du même cycle que les autres sciences »[3].

L'homologie entre les sciences et le corps politique a été utilisée par Voltaire pour réfléchir aux maux dont le corps politique peut souffrir. « Il en est du corps politique », affirme-t-il, « comme du corps humain : on distingue un état sain et bien constitué d'un état malade ». Voltaire soutient que les maladies du corps politique trouvent leur origine dans « l'abus du pouvoir souverain, ou de la mauvaise constitution de l’État », et que donc « il faut en chercher la cause dans ceux qui gouvernent »[4].

Le corps politique peut, par homologie, se retrouver incarné dans le corps du dirigeant[5]. Il s'agit de la thèse des Deux Corps du roi. Lorsque le dirigeant n'est plus un roi mais un homme ou une femme politique élu, le corps politique se trouve sécularisé en la personne du dirigeant élu[6].

Références modifier

  1. Dominique Linhardt, Adèle Blazquez, Francesco Callegaro et Julia Christ, État et société politique : approches sociologiques et philosophiques, (ISBN 978-2-7132-3105-6 et 2-7132-3105-1, OCLC 1193020533, lire en ligne)
  2. Bruno Bernardi, Discours sur l'économie politique, Librairie philosophique J. Vrin, (ISBN 2-7116-1541-3 et 978-2-7116-1541-4, OCLC 422202058, lire en ligne)
  3. Marcel Mauss et Jean-François Bert, Hobbes à l'agrégation : un cours d'Émile Durkheim suivi par Marcel Mauss, École des hautes études en sciences sociales, (ISBN 978-2-7132-2319-8 et 2-7132-2319-9, OCLC 798544518, lire en ligne)
  4. La Porte, Joseph de, 1713-1779., L'Esprit de l'encyclopédie, ou choix des articles les plus curieux, les plus agréables, les plus agréables, les plus qpiquants, les pius philosophiques de ce grand dictionnaire..., chez Briasson, libr. rue S. Jacques; Le Breton, premier impr. ord. du roi, rue de la Harpe, 1769-1772 (OCLC 1154675484, lire en ligne)
  5. Anne impr. Floch)), A quoi rêvent les sociétés?, O. Jacob, 2001;( (ISBN 2-7381-1004-5 et 978-2-7381-1004-6, OCLC 421684837, lire en ligne)
  6. Dictionnaire des idees & notions en science politique., Encyclopædia Universalis, (ISBN 2-85229-127-4 et 978-2-85229-127-0, OCLC 946010723, lire en ligne)