La cosmétopée est le recensement encyclopédique des usages des plantes dans la cosmétique. C'est un recueil des plantes et de leurs usages traditionnels dans le domaine de la beauté. L'étymologie du terme cosmétopée vient du grec « kosmos » (l'ornement) et du verbe « poiein » (faire, fabriquer) [1].

Intérêt modifier

Prunus africana utilisé dans le traitement du cancer de la prostate.
Callophyllum inophyllum ou tamanu utilisé en Polynésie française
Callophyllum inophyllum ou tamanu aux propriétés dermocosmétiques

Les avancées scientifiques du XXe siècle ont souvent laissé de côté les savoirs traditionnels phytothérapeutiques en médecine et en pharmacie, il en a été de même pour les produits cosmétiques.

Le recensement des savoirs dans ces domaines a cependant été réalisé dans le cadre de l'ethnopharmacologie, permettant de concevoir de nouveaux traitements.

Par exemple l'utilisation du prunus africana, de la famille des Rosacées, dans le traitement du cancer de la prostate[2], ou de l'if (taxus baccata, de la famille des taxacées) dans le traitement du cancer en général[3].

Aujourd'hui, il en va de même pour la redécouverte de l'utilisation des plantes dans les différents domaines de la cosmétique et de la parfumerie.

L'intérêt de la connaissance des cosmétopées[4] utilisées dans les différentes ethnies dans les différentes régions du monde, contribuent à la fois à l'élaboration d'outils d'innovation scientifiques, et à la découverte, ou redécouverte de composés actifs et aussi à la préservation et à la sauvegarde de cultures souvent basées sur la transmission orale, parfois même dévalorisées, et la préservation d'une nature souvent négligée.

La cosmétopée d'une région est indissociable du patrimoine culturel de la population qui y vit.

On citera par exemple le monoï, réputé en Polynésie pour les soins corporels, mélange de fleurs de tiaré et d'huile de coco[5],[6]( Cocos nucifera) et de nouvelles recherches ethnocosmétologiques dans différentes zones du monde donnent sans cesse des informations inédites.

Une autre plante largement utilisée sous forme d'huile en Polynésie est le tamanu[7], issu d'un arbre appelé takamaka ( Calophylum inophyllum), des travaux scientifiques ont permis de mettre en évidence ses propriétés régénératrices au niveau tissulaire et son activité cicatrisante. Celle-ci n'a pas encore livré tout son potentiel.

On peut citer également une autre plante oubliée endémique de cette région et des îles Cook, l'anei ( Fichtia nutans[4]) dont l'extrait a permis la découverte d'une nouvelle molécule naturelle, un sesquiterpenoïde, un anti-âge à investiguer.

De même, le thanaka[7] en Birmanie qui peut être obtenu à partir de rutacées, notamment le Limonia acidissima ou diverses espèces du genre murraya

Le rocou ( Bixa orelana, Bixacées) est utilisé en Amérique centrale et du Sud, et dans une moindre mesure en Afrique pour se protéger du soleil et des piqûres d'insectes, mais aussi pour teinter en rouge les lèvres ou le corps.

De par le monde, il est urgent de référencer les ressources naturelles, comme cela a déjà été le cas dans différents pays, notamment le Togo[8]

Femme birmane, marchande de thanaka au visage recouvert de thanaka
Limonia acidissima ou thanaka: marché en Birmanie, une marchande de thanaka, son visage est recouvert de thanaka pour la protection de sa peau

Ces travaux de recherche et de prospection permettent d'approfondir les connaissances scientifiques en ethnobotanique, phytochimie et biologie. ils permettront également de protéger la biodiversité en préservant des plantes jusque-là peu considérées.

son huile est un des composants du monoï, avec la fleur de tiaré
Coco nucifera :Son huile est un ingrédient utilisé dans toutes les zones tropicales, c'est un des composants du monoï, avec la fleur de tiaré

Notes et références modifier

  1. Alain Rey, Dictionnaire historique de la langue française, Paris, Robert, , 2556 p. (ISBN 2-85036-594-7), p. 540, p.1617
  2. Jean Bruneton, Pharmacognosie, Paris, Lavoisier, , 1269 p. (ISBN 978-2-7430-1188-8), p. 184
  3. Jean Bruneton, Pharmacognosie, Paris, Lavoisier, , 1269 p. (ISBN 978-2-7430-1188-8), p. 779
  4. a et b Jean-Luc ansel, Christian moretti, Phila Raharivelomanana et Christophe Hano, « Numéro thématique: Cosmetopoeia / la cosmétopée », Comptes rendus de l'Académie des sciences, chimie, Paris, Académie des sciences -Elsevier, no tome19 fascicule 9,‎ , p. 1027-1133 (ISSN 1631-0748)
  5. Paul Pétard, Plantes utiles de Polynésie ra'au tahiti, Papeete, editions Haere Po, , 351 p. (ISBN 978-2-904171-06-2), p. 279
  6. Jean-François Butaud, Jean Gérard et Daniel Guibal, Guide des arbres de Polynésie française : bois et utilisations, Pirae, Editions Au vent des îles, , 616 p. (ISBN 978-2-915654-37-0), p. 197
  7. a et b Jean-Luc Ansel, Le concept de cosmétopée à travers les usages traditionnels et les propriétés phytochimiques des ligneux de la Polynésie française (Thèse présentée en vue de l'obtention du titre de Docteur de l'Université de Polynésie française en département science, discipline CNU °32 chimie organique, minérale et industrielle, spécialité: produits naturelsSous la direction de Phila RAHARIVELOMANANA), Papetee, Tahiti, Université de la Polynésie française, Ecole doctorale du Pacifique, ED469 UMR 241 EIO, , 156 p. (lire en ligne), p. 117-126
  8. Hodabalo Pereki (Directeur de mémoire, Professeur koffi Akpagana), Contribution à l'inventaire des ressources naturelles utilisées en cosmétique traditionnelle au Togo (Mémoire dans le cadre du DEA de biologie de développement option biologie végétale appliquée), Lomé, Togo, Université de Lomé, faculté des sciences, laboratoire de botanique et d'écologie végétale, , 54 p., p. 1-54